Donald Trump a réussi son pari, celui de remporter une nouvelle fois l’élection présidentielle américaine, en battant le camp démocrate à plate couture. Il faut dire que le scénario était digne d’un film hollywoodien. L’attaque du Capitole, les documents confidentiels volés, les perquisitions à domicile du FBI, les procès en pagaille, une tentative d’assassinat en public, rien n’a semblé en mesure d’abattre le phénomène Trump ou de réduire sa trajectoire ascendante.
Mais, cette victoire de l’Amérique profonde est avant tout le témoin de l’état d’un pays dont les mutations socioéconomiques et démographiques sont exaspérées par leur ampleur. Une grande partie des Américains, un peu plus de la majorité même, est convaincue par son choix, celui d’élire un Président aux tendances ouvertement fascisantes qui promet l’élimination de tous ses opposants, l’expulsion des immigrés et la fin du droit à l’avortement. Pourquoi ?
Parce que les inégalités creusées par l’hyper capitalisme américain, la crise du logement et du pouvoir d’achat, le Fentanyl, le déclassement des classes moyennes, ont permis à Trump de faire le show. Même Beyonce et Taylor Swift ne font pas le poids face à la frénésie extrémiste et à l’engagement aux tripes des partisans de Trump, qui ont en plus bien souvent Jésus dans leur camp. L’Amérique blanche n’avait pas dit son dernier mot et les autres minorités à son service ont trop peur de ceux qui arrivent pour prendre leur place.
Mais, la victoire de Trump est aussi la mesure de l’ampleur de la défaite de ce que représente le camp démocrate aux États-Unis. L’espoir de se réveiller dans une Amérique présidée au féminin et en couleur aura pâti de la longue errance obstinée de Biden et donc d’un second choix par défaut plutôt qu’une campagne pleinement assumée pour cet objectif.
Le reste du monde, parsemé de crises et de guerres, attendait aussi le résultat de ces élections avec impatience. À Moscou, on a du sabrer le champagne, c’est presque un vieil ami qui est désormais de retours aux commandes à Washington et cela s’annonce plutôt bien pour la Crimée et le Donbass à la sauce russe. À Tel Aviv idem, on se rappelle certainement la belle idée d’installer l’ambassade américaine à Jérusalem que Donald avait eu avec son beau-fils Jared Kushner, et on l’imagine surement désormais avec une vue sur Gaza et la Cisjordanie.
Le problème c’est que même Donald Trump ne sait pas ce qu’il va faire pendant ces quatre prochaines années et bien heureux serait celui qui pourrait le prédire avec certitude. En revanche, les suites économiques à l’échelle mondiale de l’élection de Trump pourraient faire des vagues. Le protectionnisme annoncé du nouveau président ou sa volonté de taxer fortement les produits européens ou chinois peuvent avoir des conséquences économiques et générer de nouvelles crises politiques.
Du côté du Maroc, Trump a fait ses preuves en actant la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Royaume sur son Sahara, une décision d’ailleurs confortée par l’administration Biden qui lui a succédé. D’autant que les votes américains au Conseil de Sécurité de l’ONU sont aussi importants pour le Maroc que la position diplomatique de l’Oncle Sam. En définitive, le peuple des États-Unis a fait son choix. Good luck Mr President.
Zouhair Yata
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