Mohamed Boubrik, Directeur Exécutif, responsable de la région Sud-Ouest
La Nouvelle Tribune: M. Boubrik, nous revenons de la Région de Dakhla-Oued Eddahab où nous avons effectué une immersion de plusieurs jours. Plusieurs opérateurs économiques que nous avons rencontrés déplorent que le financement bancaire ne contribue pas encore assez en regards des besoins de l’économie de cette région, qui a connu une croissance de 16, 5% en 2015.
Sachant que cette explosion économique est relativement récente, comment le Groupe AWB contribue-t-il contribue au financement des Provinces du Sud ?
M. Mohamed Boubrik: Attijariwafa bank a opéré un découpage de ses régions qui colle parfaitement au découpage régional actuel.
La région Sud-Ouest couvre dans son périmètre, les régions Souss Massa, Guelmim Oued Noun, Laâyoune Sakia El Hamra, et Dakhla Oued Eddahab.
Il faut savoir que, la présence des banques dans les provinces du Sud est historique. Pour AWB, avant même la fusion, les deux ex-banques, BCM et Wafabank, étaient déjà installées depuis longtemps.
Après la fusion, Attijariwafa bank a été particulièrement dynamique dans l’extension de son réseau dans les provinces du Sud où elle dispose aujourd’hui d’une implantation très dense avec 23 agences dont 4 à Guelmim, 8 à Laayoune comprenant un centre d’affaires entreprises et deux centres dédiés à la petite entreprise, de même qu’Attijariwafa bank est présente à Tan Tan, Assa, Bouizakarne, Sidi Ifni, Es Smara Boujdour et Tarfaya.
Précisément, à Dakhla, nous avons 3 agences et allons ouvrir avant la fin d’année un centre d’affaire dédié à l’entreprise.
A travers sa filiale Wafacash spécialisée dans le transfert d’argent et le low income banking, le groupe AWB dispose de 47 points de vente supplémentaires.
Le développement d’Attijariwafa bank suit celui de l’économie locale.
Que pouvez-vous en dire sachant que nous avons visité la zone industrielle de Dakhla où il y a notamment plusieurs sociétés de pêche, une grande exploitation agricole de tomates cerises qui incarne le développement de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie dans cette région ?
Certes l’économie de ces régions est tirée par des secteurs locomotifs dont celui de la pêche.
L’essentiel des captures nationales est réalisé dans les provinces du Sud induisant aussi des investissements significatifs dans l’industrie de transformation des produits de la pêche.
L’OCP à travers sa filiale Phosboucraa est un contributeur de premier ordre à l’emploi et à l’investissement dans la région de Laayoune.
Le développement des infrastructures (Port Dakhla Atlantique, Liaison routière express, Dakhla-Tiznit, mise à niveau urbaine de la ville de Laâyoune, stations de dessalement, etc.), y est aussi intense et permet de renforcer la dynamique du secteur du BTP.
Ce développement au niveau des infrastructures conjugué à la position géographique de ces provinces et notamment Dakhla en font des hubs potentiels de choix vers l’Afrique subsaharienne.
De nouveaux secteurs économiques ont émergé tels que l’Aquaculture, l’agriculture à haute valeur ajoutée (tomates cerises, grappes…), les énergies renouvelables et le tourisme écologique et sportif. Ces secteurs constitueront de nouveaux relais de croissance avec un potentiel très appréciable. Le budget du projet de développement des provinces du Sud initié et suivi de près par Sa Majesté le Roi Mohamed VI, a été porté de 77 à 81 milliards récemment. Eu égard à toute cette dynamique économique et aux efforts déployés par l’État, le PIB par habitant dans ces régions dépasse de loin la moyenne nationale.
M. Boubrik, auriez-vous des chiffres qui traduisent la présence bancaire dans le Sud en termes de montants de crédits distribués par exemple ?
Pour les provinces du Sud et d’après les chiffres à fin Mars 2018 reçus de Bank Al-Maghrib, l’encours global des crédits bancaires par décaissement est de l’ordre de 6 milliards de dirhams, comprenant à la fois les crédits aux entreprises et aux particuliers.
Si on devait évaluer l’encours réel des crédits injectés dans le financement de l’économie de ces régions en tenant compte des financements portés par des sociétés dont les comptes bancaires sont domiciliés dans d’autres régions et notamment Casablanca et Agadir, ce chiffre serait certainement du double voir plus.
A titre d’information les dépôts du système bancaire dans les provinces du Sud à fin Mars sont de l’ordre de 12 Milliards et demi de Dirhams.
Comment Attijariwafa bank compte ancrer plus sa présence, dans la Région de Dakhla-Oued Eddahab notamment ?
Attijariwafa bank prévoit de continuer à renforcer sa présence dans les provinces du Sud de manière générale. Justement un projet de création d’un centre Dar Almoukawil est en cours à Laayoune. A Dakhla, nous ouvrons bientôt un Centre d’affaires dédié à l’entreprise en plus des trois agences déjà opérationnelles.
Nous mettons aussi l’accent sur l’accompagnement des porteurs de projets d’investissement ainsi que les TPME qui ont des marchés publics dans ces régions.
Le Groupe Attijariwafa bank détient une part de marché dans ces provinces avoisinant le quart à la fois dans la distribution des crédits et dans la collecte des dépôts.
Entretien réalisé par
A.D