Le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d'une conférence des pays membres des BRICS le 24 juillet 2023 à Johannesburg, où il était présent en tant que patron de la politique étrangère du parti communiste chinois.
Un diplomate chevronné à la rescousse: pour remplacer Qin Gang, mystérieusement destitué après seulement sept mois, la Chine a rappelé Wang Yi comme ministre des Affaires étrangères, poste qu’il a déjà occupé pendant une décennie.
Agé de 69 ans, la présentation impeccable et le regard perçant, c’est l’un des hommes politiques chinois les plus connus dans le monde.
Il avait quitté son poste de ministre des Affaires étrangères fin décembre 2022, lors de la nomination de Qin Gang, afin d’occuper le poste, plus élevé hiérarchiquement, de chef de la politique étrangère au sein du Parti communiste.
Avec Qin Gang absent depuis fin juin, Wang Yi a déjà assumé certaines des responsabilités de son successeur et désormais également prédécesseur.
Il s’est notamment rendu en Afrique du Sud cette semaine pour assister à une réunion du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à Johannesburg.
Vétéran de la diplomatie, Wang Yi parle couramment japonais et anglais. Figure rassurante, il devrait apporter de la stabilité afin de désamorcer ce qui se profilait comme une crise politique au sein du ministère des Affaires étrangères.
Son arrivée envoie le signal que la politique étrangère chinoise devrait rester la même.
« Wang Yi est l’un des diplomates les plus expérimentés et les plus reconnus au monde », déclare à l’AFP Ryan Hass, spécialiste de la Chine au groupe de réflexion américain Brookings Institution. « Il saura mener à bien la politique étrangère chinoise. »
– Étudiant en langue –
D’origine modeste, Wang Yi voit son adolescence et le début de sa vie d’adulte marquée par la Révolution culturelle, une période politique tumultueuse (1966-1976) au cours de laquelle il est envoyé dans la lointaine province du Heilongjiang (nord-est) pour y effectuer des travaux manuels.
Cette période de bouleversements passée, il entre à l’Université d’études internationales de Pékin, spécialisée dans l’enseignement des langues, où il commence à apprendre le japonais et à s’intéresser aux affaires étrangères.
La famille de sa femme a des relations haut placées: son beau-père a été l’un des principaux conseillers en politique étrangère de Zhou Enlai, ex-Premier ministre (1954-1976) et grande figure des débuts de la République populaire de Chine.
En 1997, Wang Yi arrive à Washington pour quelques mois à l’université de Georgetown, où il était chercheur invité.
Diplomate à Tokyo (1989-1994), il revient dans la capitale japonaise dix ans plus tard pour y occuper le poste d’ambassadeur de Chine au Japon (2004-2007).
A son retour à Pékin, il devient vice-ministre des Affaires étrangères puis responsable en chef des affaires taïwanaises.
Après l’arrivée du président Xi Jinping à la tête de l’Etat en 2013, Wang Yi, désigné ministre des Affaires étrangères (2013-2022), met en musique la nouvelle politique étrangère chinoise, plus affirmée et sûre d’elle.
– « Irresponsables » –
Lors d’une conférence de presse à Ottawa en 2016, dans une séquence restée dans les mémoires, Wang Yi avait sermonné une journaliste canadienne qui l’interrogeait sur les droits de l’homme en Chine.
« Votre question est empreinte de préjugés contre la Chine et d’une arrogance dont je ne m’explique pas l’origine », avait répondu le ministre, calmement mais fermement.
« Etes-vous déjà allée en Chine? Savez-vous que la Chine a déjà sorti plus de 600 millions de personnes de la pauvreté? (…) Donc s’il vous plaît, ne posez plus de questions aussi irresponsables », avait-il conclu.
En 2018, il devient « conseiller d’État », un titre qui le place au-dessus des ministres dans la complexe hiérarchie politique chinoise.
Wang Yi s’est forgé une réputation de négociateur coriace, encore aperçue lors d’une rencontre à la mi-juillet avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken en Indonésie.
« Je m’attends à pouvoir bien travailler avec lui, comme nous l’avons fait par le passé », a déclaré M. Blinken à l’annonce du retour de M. Wang au poste de ministre. Les deux hommes se connaissent depuis plus de 10 ans.
Sérieux et respecté, Wang Yi a la réputation d’être très apprécié au sein du ministère chinois des Affaires étrangères.
LNT avec Afp