Heurts à Srinagar entre manifestants et forces gouvernementales à la sortie de la prière du vendredi durant le ramadan, le 8 juin 2018 © AFP/Archives Tauseef MUSTAFA
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a réclamé jeudi l’ouverture d’une enquête internationale après la publication du premier rapport sur des violations commises par l’Inde et le Pakistan dans la région disputée du Cachemire.
Zeid Ra’ad Al Hussein a déclaré qu’il allait demander au Conseil des droits de l’homme, qui ouvre une nouvelle session à Genève la semaine prochaine, « d’envisager la constitution d’une Commission d’enquête pour mener une investigation complète, internationale et indépendante à propos d’allégations de violations des droits de l’homme au Cachemire ».
Une Commission d’enquête est généralement réservée aux crises majeures, comme par exemple le conflit en Syrie.
Le rapport, présenté par l’ONU comme le premier du genre au sujet de cette région montagneuse à la frontière entre l’Inde et le Pakistan, fait état « d’impunité chronique pour des violations commises par des forces de sécurité », a indiqué le Haut-Commissariat dans un communiqué.
La publication de ce rapport survient après des mois d’affrontements meurtriers dans l’ancien royaume himalayen.
Le rapport précise que M. Zeid a rencontré des représentants des deux pays après la flambée de violence de juillet 2016, déclenchée par le meurtre par l’Inde du commandant rebelle de 22 ans Burhan Wani.
Il avait alors réclamé « un accès sans condition » au Cachemire, qui avait été refusé par les deux gouvernements.
Son bureau a alors rassemblé à distance des informations sur les violations commises dans la région entre janvier 2016 et avril 2018, qui ont abouti à ce rapport.
Le document, qui s’attache plus particulièrement à la partie du Cachemire administrée par l’Inde, accuse l’armée indienne d’être responsable d’environ 145 meurtres illégaux, un nombre bien supérieur aux 20 personnes qui auraient été tuées par des militants au cours de la même période.
« Il est essentiel que les autorités indiennes prennent des mesures immédiates et efficaces pour éviter une répétition de ces nombreux exemples d’usage excessif de la force par les forces de sécurité au Cachemire », a déclaré M. Zeid.
Pour la partie sous contrôle pakistanais, le rapport dresse « une liste de violations des droits de l’homme », mais souligne qu’elles sont « d’un calibre ou d’une magnitude différents et d’une nature plus structurelle ».
Le Haut-Commissariat a également relevé que les restrictions sur la liberté d’expression et de réunion ont compliqué la récolte d’informations sur la situation dans la partie du Cachemire administrée par Islamabad.
Le Pakistan devrait « mettre un terme au recours à une législation antiterroriste pour persécuter ceux qui se sont engagés dans des activités politiques et civiles pacifiques et ceux qui expriment une contestation », a demandé l’ONU dans son rapport.
Le Cachemire est divisé depuis la fin du règne colonial britannique en 1947 et l’Inde et le Pakistan en revendiquent chacun la souveraineté intégrale.
L’Inde stationne environ 500.000 soldats dans la partie qu’elle contrôle, pour lutter contre des groupes de rebelles qui réclament l’indépendance du Cachemire ou son rattachement au Pakistan.
LNT avec AFP