Zouhair Yata, auteur/autrice sur La Nouvelle Tribune https://lnt.ma/author/zouhair-yata/ Actualité économie - tout savoir sur les dernières infos économiques avec Lnt.ma : bourse, finance, entreprises,... Information économique marocaine et internationale en direct. Wed, 03 Dec 2025 15:15:28 +0000 fr-FR hourly 1 Guerre Russie-Europe : « Quelle idée saugrenue ?! » https://lnt.ma/guerre-russie-europe-quelle-idee-saugrenue/ Wed, 03 Dec 2025 15:11:29 +0000 https://lnt.ma/?p=538643 Il y a une idée qui revient avec insistance dans le débat public européen, Vladimir Poutine serait sur le point de déclencher une guerre totale contre l’Europe, comme un remake de la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, ce n’est pas simplement une idée puisque de la bouche même du Président russe, « la Russie n’en a pas […]

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Il y a une idée qui revient avec insistance dans le débat public européen, Vladimir Poutine serait sur le point de déclencher une guerre totale contre l’Europe, comme un remake de la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, ce n’est pas simplement une idée puisque de la bouche même du Président russe, « la Russie n’en a pas l’intention mais est prête ».

Sauf que cette guerre est séduisante pour ceux qui veulent mobiliser l’opinion par la peur, mais elle ne repose pas sur une analyse sérieuse des capacités réelles de la Russie. Le régime russe, même avec Poutine a sa tête, n’a pas réussi à faire plier Kiev, malgré une offensive censée durer trois jours, et n’a ni les moyens humains, ni les moyens industriels, ni les moyens logistiques de s’élancer demain matin vers Berlin, Varsovie ou Paris.

Pour autant, cela ne signifie pas que la Russie ne représente pas bel et bien une menace pour la paix européenne. Simplement, pas la menace fantasmatique qui s’impose aujourd’hui dans les discours alarmistes.

Ce que Poutine veut avant tout depuis le début de son offensive contre l’Ukraine, c’est empêcher qu’un État limitrophe ne tombe entièrement dans l’escarcelle occidentale. Une Ukraine membre de l’OTAN porterait l’Alliance jusqu’aux portes de la Russie, tandis qu’une Ukraine membre de l’Union européenne réduirait dramatiquement la dépendance européenne au gaz et au pétrole russes. Pour Moscou, c’est donc une question existentielle, presque de principe, perdre Kiev, c’est perdre un glacis stratégique, perdre un débouché vers les mers chaudes, perdre un levier économique. Et cela, Moscou ne peut l’accepter.

La guerre russe, depuis le départ, a donc un objectif clair, celui de maintenir l’Ukraine dans une zone grise. Pas « conquérir l’Europe ».

Ceux qui affirment que Poutine s’apprête à fondre sur le continent projettent une lecture du XXe siècle sur un monde qui n’a plus grand-chose à voir avec 1939. Staline pouvait sacrifier cinquante millions de Soviétiques, Poutine lui ne le peut pas. Il a déjà perdu plus d’un million d’hommes dans sa guerre contre l’Ukraine et son économie est sous perfusion. Son appareil militaire se bat à flux tendu et la valse des généraux depuis le début du conflit avec l’Ukraine en est une preuve patente. Et surtout, il connaît parfaitement les lignes rouges face à la France, au Royaume-Uni et derrière aux États-Unis, qui disposent de l’arme nucléaire d’une part et d’autre part l’OTAN qui garantit qu’aucune aventure terrestre d’envergure n’est envisageable.

L’Europe ne risque donc pas une guerre frontale avec la Russie. Mais en réalité, elle subit déjà sa guerre, sous différentes formes. C’est là que réside l’aveuglement européen, ou du moins d’une partie de ses membres et de ses opinions publiques, qui semblent comme Tartuffe, vouloir que l’on leur cache cette réalité qu’on ne saurait voir. On continue à penser que la guerre, c’est des divisions blindées traversant le Danemark ou la Pologne. Sauf que Poutine mène une autre guerre, celle qui ne dit pas son nom, qui exploite les failles des démocraties et le train-train confortable des sociétés occidentales.

Il suffit d’observer ce qui s’est passé il y a deux semaines, des drones pilotés par un acteur étatique ont bloqué les aéroports de Bruxelles et de Copenhague. Il ne faut donc pas s’y méprendre, ce ne sont pas des gestes symboliques mais des actions militaires concrètes, menées sur le territoire européen, contre des infrastructures critiques, et visant des nœuds civils aussi bien que militaires.

Selon l’analyse de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), l’Europe subit depuis six ans plus d’une centaine d’opérations offensives attribuables à la Russie. Sabotages, drones, espionnage, vandalisme, GPS jamming, attaques contre infrastructures d’énergie, de transport, de communication, tentatives d’assassinat, désinformation, opérations terroristes. La carte publiée par l’IISS, couvrant la période de 2018 à juin 2025, montre une Europe constellée de points d’impact. Ce n’est pas un climat pré-guerre, c’est une guerre active, diffuse et permanente à coups de drones, de hackers, de services clandestins, de proxys, de mercenaires, de ruptures d’approvisionnement, d’intoxication informationnelle et d’ingérences politiques.

Et si les Européens n’ont pas réagi plus tôt, c’est que les précédents étaient lointains. Quand Moscou brutalisait les républiques caucasiennes ou muselait son voisinage d’Asie centrale, personne en Europe occidentale n’a jugé nécessaire de s’émouvoir. Résultat aujourd’hui, ce laissez-faire se paie. Car la Russie, isolée, affaiblie, voit son flanc oriental guetté par une Chine qui attend son heure et profitera tôt ou tard de l’affaissement russe. Pour se maintenir, le Kremlin doit projeter sa puissance ailleurs, et l’Europe est son terrain le plus vulnérable.

La vraie menace n’est donc pas celle d’un assaut frontal, mais celle d’une déstabilisation progressive et méthodique. Une guerre de mille entailles, destinée à éroder les institutions, fragiliser les opinions publiques, provoquer le chaos, ralentir les prises de décision, faire douter les Européens de leurs alliances, et surtout affaiblir le soutien à l’Ukraine. Car tout l’enjeu pour Poutine est là, en réussissant à diviser les Occidentaux et à épuiser leur patience en instillant la peur.

Et cette guerre-là, si toute l’Europe refuse de la voir avec les mêmes yeux, elle la perdra bien avant qu’un seul tank ne traverse une frontière.

Zouhair Yata

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Presse et scandales : Le naufrage silencieux du quatrième pouvoir https://lnt.ma/presse-et-scandales-le-naufrage-silencieux-du-quatrieme-pouvoir/ Wed, 26 Nov 2025 17:01:37 +0000 https://lnt.ma/?p=538238 Il y a des affaires qui dépassent leurs protagonistes et celle du CNP et de Hamid El Mahdaoui en fait partie. Peu importe, au fond, qui a tort ou qui a raison et peu importe la version des faits qui finira par s’imposer puisque le mal est fait. Ce qui restera, et qui restera longtemps, […]

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Il y a des affaires qui dépassent leurs protagonistes et celle du CNP et de Hamid El Mahdaoui en fait partie. Peu importe, au fond, qui a tort ou qui a raison et peu importe la version des faits qui finira par s’imposer puisque le mal est fait. Ce qui restera, et qui restera longtemps, c’est l’image projetée et déplorable d’une profession qui prétend encore au rôle de quatrième pouvoir.

Car c’est bien là le cœur du problème. Sans naïveté, le journalisme n’échappe pas aux tares des autres métiers. Ce qui se voulait un espace d’exemplarité se laisse rattraper par les petites guerres internes, les règlements de comptes, les maladresses grossières et les postures disproportionnées. Et notre profession, déjà ébranlée par une perte de crédibilité à son plus bas historique, se retrouve aujourd’hui mise à nu par sa propre fragilité.

Parce qu’en réalité, le paysage médiatique a changé de fond en comble. On ne devient plus journaliste, on devient “média”. Il suffit d’un domaine .ma, d’un logiciel de montage et d’un minimum de sens du timing. La légitimité ne découle plus de la formation, de la rigueur ou de l’appartenance à la profession, mais de l’impact immédiat et de la proximité émotionnelle avec les publics digitaux, les plus jeunes notamment. Exit l’éthique, c’est l’identification qui prime désormais et la profession traditionnelle n’a jamais su anticiper ce basculement.

Les créateurs de contenu, au moins, ne s’en cachent pas. Ils n’ont pas de prétention journalistique, et peut-être que cela explique pourquoi les nouvelles générations s’informent davantage chez eux que dans les médias reconnus. À force de vouloir être neutres, prudents, centrés sur le relais d’information, beaucoup de médias ont cessé de prendre position. Résultat, une parole lisse, atone, interchangeable et donc, dispensable.

Si la solution et les business modèles restent encore abstraits, une évidence que personne ne veut assumer et dont les événements récents témoignent amplement, s’impose. Il faut des règles claires, strictes, transparentes d’une part et surtout une légitimité sans faille pour les faire respecter. Cela passe par une représentativité consensuelle et complète. Par exemple, il n’existe qu’un seul ordre national des Médecins. Ce n’est pas un luxe, c’est un préalable pour que notre profession garde ses lettres de noblesse, que l’on évite quelques scandales au passage et de se tirer une balle dans le pied vis-à-vis du public que l’on prétend élever.

Sinon, à quoi a servi le combat de nos aînés pour la liberté d’expression et de presse ? À quoi bon célébrer l’héritage si l’on accepte que la pratique se délite sous nos yeux ?

L’État, dans tout cela, a un rôle éminent à jouer. Il est légitime qu’il exige que la profession respecte la loi, comme toutes les autres. Encore plus légitime qu’il veille à ce que ceux qui s’en réclament soient à la hauteur du mandat qu’ils invoquent afin que toutes les brebis égarées puissent rejoindre le rang. Mais il ne peut être juge et partie, on ne peut exiger que de nous-mêmes l’indépendance que ce dernier nous attribue et cela suppose que l’on ne puisse plus l’appeler à la rescousse ou pleurer dans ses jupes quand un conflit nous oppose.

C’est à la profession de se régénérer et de chercher à retrouver la colonne vertébrale qui lui manque. De dépasser les querelles intestines et de réaffirmer un principe simple, la noblesse du métier n’est pas automatique. Elle se mérite, elle se prouve, elle s’incarne.

Tant que les postures resteront les mêmes, le clivage restera intact. Et tant que ce clivage restera intact, la parole journalistique continuera de se fissurer. À la fin, il ne restera plus qu’un brouhaha où chacun se dit légitime, à condition d’avoir un micro et un public.

Ce n’est pas ainsi qu’un pays construit un paysage médiatique solide. Ce n’est pas ainsi qu’on honore ceux qui ont payé le prix fort pour que la presse existe. Ce n’est pas ainsi qu’on regagne la confiance d’un public qui, visiblement, est déjà ailleurs.

Zouhair Yata

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Gaza, Washington, Riyad, Jérusalem : Le grand marchandage continu https://lnt.ma/gaza-washington-riyad-jerusalem-le-grand-marchandage-continu/ Wed, 19 Nov 2025 14:52:49 +0000 https://lnt.ma/?p=537878 Il y a des semaines où la géopolitique ressemble moins à un échiquier qu’à un tapis de bazar où chacun tente de troquer ses certitudes contre un peu de temps, un peu d’influence, ou simplement quelques illusions de stabilité. Celle qui vient de s’écouler appartient à cette catégorie. Gaza agonise, Israël se déchire, Mahmoud Abbas […]

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Il y a des semaines où la géopolitique ressemble moins à un échiquier qu’à un tapis de bazar où chacun tente de troquer ses certitudes contre un peu de temps, un peu d’influence, ou simplement quelques illusions de stabilité. Celle qui vient de s’écouler appartient à cette catégorie. Gaza agonise, Israël se déchire, Mahmoud Abbas rédige une constitution qu’il présente d’abord à Paris avant son propre peuple, et Mohammed ben Salmane défile à Washington comme un prince de la Renaissance venu négocier un accord secret avec un empire qui a toujours eu besoin de pétrole, de bases militaires, et d’un ennemi commun. L’ensemble forme un tableau assez sombre et cynique, mais terriblement révélateur de l’état du monde.

Commençons par Gaza, puisque tout le reste en découle. La bande de terre n’est plus qu’un champ de ruines où s’exercent les résidus d’un rapport de force que personne ne sait réellement conclure. Les grandes résolutions du Conseil de sécurité, y compris la fameuse 2803, se succèdent comme des promesses de nouveau départ. Mais, sur le terrain, la situation reste une trêve suspendue à des frontières mouvantes, des retraits partiels, des brigades d’élite qui entrent et sortent, et un Hamas affaibli militairement mais toujours capable de dicter le tempo politique.

Ce qui restait de l’administration civile s’effondre, les aides humanitaires arrivent au compte-gouttes, et la population, épuisée, se retrouve à mi-chemin entre la survie et la résignation. Les Gazaouis assistent, souvent impuissants, à la bataille narrative que se livrent les puissances régionales. Qui doit reconstruire, qui doit gouverner, et surtout qui doit poser les conditions de la paix ? Dans les salons diplomatiques, on parle de force internationale de stabilisation, de « gouvernance mixte » ou de « comité pour la reconstruction ». Dans la réalité, chaque faction locale campe sur ses positions. Le Hamas rejette toute présence étrangère, Israël refuse toute gouvernance « importée » qui ne garantirait pas sa sécurité, et l’Autorité palestinienne n’a pas la légitimité populaire pour prétendre incarner le futur.

C’est donc en Israël qu’il faut regarder ensuite. Car Israël ne vit pas seulement un conflit extérieur, il vit une crise intérieure profonde. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, soutenu par une coalition de droite et d’ultra-droite, s’enfonce dans une posture de plus en plus rigide. Non seulement Netanyahu réaffirme qu’il « n’y aura pas d’État palestinien », comme si le dire suffisait à arrêter le cours de l’histoire, mais il verrouille toute possibilité de concession, de réforme, ou de véritable transition politique. L’homme joue sa survie personnelle autant que celle de son gouvernement et il sait que sa coalition ne lui pardonnerait pas le moindre geste interprété comme un recul.

Ce n’est pas seulement une question de stratégie militaire, c’est une équation politique. Reconnaître un État palestinien, même sous conditions, même dans dix ans, même en version allégée, serait pour lui l’équivalent d’un suicide politique. La Knesset l’a bien compris, la majorité a voté massivement contre toute reconnaissance unilatérale, histoire de rappeler aux capitales occidentales que, selon la lecture israélienne, le problème n’est pas diplomatique mais sécuritaire. Netanyahu sait qu’il n’a pas besoin d’être populaire, il lui suffit d’être indispensable à la droite israélienne pour rester en place. À partir de là, on comprend pourquoi Washington a tant de mal à faire évoluer les lignes.

Le Hamas, de son côté, joue une autre partition. Si l’organisation est affaiblie, encerclée, décriée même par une partie de la population gazaouie, elle reste un acteur incontournable. Elle refuse toute perspective de gouvernance internationale, tout contrôle extérieur, tout désarmement. En conséquence, son message ne change pas, la résistance continue, le retrait israélien doit être total, la trêve doit être permanente, et les otages doivent être libérés dans un échange global.

Le Hamas n’a pas gagné militairement, mais il n’a pas perdu politiquement. Israël n’a pas perdu militairement, mais il n’a pas gagné politiquement. Comment contourner cette équation en miroir ?

Le président palestinien Mahmoud Abbas de son côté, contesté, affaibli et vieillissant, a tenté une opération diplomatique qui a surpris tout le monde avec la présentation à Paris et non à Ramallah, d’un projet de constitution pour un futur État palestinien. Dans l’absolu, l’initiative pourrait être saluée. Sauf que dans le contexte actuel, elle ressemble davantage à un exercice de communication qu’à un acte fondateur. L’Autorité palestinienne souffre d’un déficit immense de légitimité, elle n’a pas organisé d’élections depuis trop longtemps, et ses figures héritières sont elles-mêmes dépourvues de capital politique réel.

Présenter un texte constitutionnel d’abord à la France avant même d’en débattre avec son propre peuple, c’est offrir à ses détracteurs un argument tout trouvé. L’Autorité palestinienne apparaît moins comme un embryon d’État que comme une entité administrative dépendante des bailleurs extérieurs. Paris avait sans doute de bonnes intentions, mais le signal envoyé est ambigu, une cause nationale ne se règle pas dans un bureau parisien avec des petits fours…

Et c’est ici que la visite de Mohammed ben Salmane à Washington prend toute son importance. Car si cette visite a été orchestrée comme un couronnement, avec survols d’avions de chasse et tapis rouge déroulé sur plusieurs centaines de mètres, ce n’est pas pour célébrer l’art de la mise en scène. C’est parce que les Américains ont besoin de sceller une nouvelle architecture régionale déjà entamée lors de la visite de Trump dans la région il y a quelques mois. Et cette architecture repose sur une idée simple, si l’Arabie saoudite reconnaît Israël, alors l’Iran se retrouve isolé, les États-Unis récupèrent une influence stratégique immense au Moyen-Orient, et l’ensemble du dispositif sécuritaire prend une cohérence dont la Maison-Blanche et le Pentagone rêvent depuis une décennie.

Et tout cela, MBS le sait. Contrairement à d’autres dirigeants de la région, il sait parfaitement que sa position actuelle lui permet d’exiger un prix élevé. Et, son prix est clair, il désire un engagement concret visible et mesurable envers les Palestiniens. Pas un État complet, ni une reconnaissance immédiate, mais une trajectoire avec un processus et un cadre. L’Arabie saoudite veut que le dossier palestinien redevienne la clé de voûte de la normalisation. Ce n’est pas de l’idéalisme ni de la mansuétude, c’est du calcul politique pur et dur. Riyad, gardien des lieux les plus sacrés de l’Islam, ne peut pas apparaître comme un pays qui normalise ses relations avec Israël alors même que Gaza est en ruine et que la question palestinienne est à son plus bas niveau politique. Le prestige de MBS en dépend, tout autant que sa légitimité devant le monde arabe et musulman.

Les Américains, eux, poussent dans ce sens. Mais ils poussent aussi Israël. Et c’est là que tout se complique parce que si Netanyahu a besoin des États-Unis pour sa sécurité, pour ses alliances et sa diplomatie. Mais il sait aussi que céder sur la question palestinienne, même symboliquement, même sous la forme d’une « simple » voie vers un État, pourrait provoquer un tsunami interne dont les flots pourraient l’emporter. Et, les « Epstein files » ne suffiront certainement pas à affaiblir Trump assez pour faire pencher la balance en sa faveur.

En bref, d’un côté, le monde arabe, à travers l’Arabie saoudite, semble prêt à aller plus loin que jamais dans la normalisation. De l’autre, Israël n’a jamais été aussi réticent à offrir le moindre geste politique. Washington tente donc de concilier l’inconciliable entre l’idéalisme diplomatique et la réalité politique avec ses propres intérêts à cœur.

Dans ce grand marchandage, Gaza sert de monnaie d’échange immoral parce que le Moyen-Orient n’avance jamais par grandes révolutions, mais par glissements successifs, par pressions accumulées, à travers des crises qui finissent par redessiner les lignes. D’autant que d’autres acteurs majeurs sont tapis dans l’ombre, à Téhéran, Ankara, Damas ou Beirut.

À l’heure où Gaza tente de survivre, où Israël vacille sous ses contradictions internes, où Abbas joue la montre et MBS capitalise sur les faiblesses des autres, avec Trump à la baguette, une seule certitude demeure, rien n’est stabilisé, sauf l’instabilité.

Zouhair Yata

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Géopolitique trumpiste : Symphonie en désordre majeur https://lnt.ma/geopolitique-trumpiste-symphonie-en-desordre-majeur/ Thu, 13 Nov 2025 08:03:45 +0000 https://lnt.ma/?p=537548 Petite métaphore, imaginez un orchestre où le chef s’arrête soudainement de donner la mesure, les violons continuent, le piano hésite, le public regarde. C’est un peu ce que vit aujourd’hui la géopolitique mondiale, l’orchestre continue de jouer, mais sous la baguette américaine, dans la salle, chacun doit s’ajuster en temps réel aux changements de tempo. […]

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Petite métaphore, imaginez un orchestre où le chef s’arrête soudainement de donner la mesure, les violons continuent, le piano hésite, le public regarde. C’est un peu ce que vit aujourd’hui la géopolitique mondiale, l’orchestre continue de jouer, mais sous la baguette américaine, dans la salle, chacun doit s’ajuster en temps réel aux changements de tempo. Sous l’égide de Donald Trump, les États-Unis semblent à la fois revenir en force sur la scène internationale et remettre en question les partitions. Ce double mouvement dessine une cartographie nouvelle, faite de silences, de recalages, et parfois de ruptures. Des contradictions qui ne sont pas nouvelles mais qui apparaissent comme exacerbées à travers le prisme trumpiste.

Depuis le 1er octobre, l’Amérique se débat avec elle-même et le gouvernement fédéral a connu une paralysie sans précédent. Le budget vient d’être voté après un « shutdown » record, des centaines de milliers de fonctionnaires sont restés au chômage technique ou sans salaire, ce qui envoie un signal fort que même la première puissance du monde n’est pas à l’abri de ses propres blocages. Ce qui est intéressant, c’est que ce désordre intérieur n’est pas une parenthèse isolée, c’est un marqueur politique. Trump le regarde comme un levier, « America First » ne signifie pas seulement la priorité domestique mais un redéploiement, ou plutôt un retrait, des engagements outranciers. La récente élection du maire de New York, nouvelle coqueluche des anti-trump, est d’ailleurs le symbole parfait de cette fracture profonde sur laquelle l’administration actuelle mise paradoxalement, tous azimuts.

Mais, on est tenté de se poser la question, quand on ne peut plus gouverner sereinement chez soi, comment gouverner ailleurs ? Or, l’Oncle Sam est par ailleurs sur tous les fronts en dehors du sol américain et pour les alliances traditionnelles, pour l’Europe, pour l’Afrique, pour le Moyen-Orient et même pour l’Asie, l’alerte est claire. Cette instabilité interne précède souvent une redéfinition des priorités extérieures ou a minima une projection proportionnellement inverse de force et de puissance.

Dernier exemple en date qui loin d’être anecdotique est plutôt emblématique de cette mécanique, le directeur général et le patron de la news division de la BBC viennent de démissionner après avoir été accusés d’un « biais systémique » dans la couverture médiatique, notamment autour de Trump. En clair, Donald a eu leur tête. Toujours en Europe, le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’éternise et plus le Kremlin joue la montre, plus la position « ferme » des Européens et leur soutien à Kiev s’effrite. Cela conforte une nouvelle fois la posture américaine de sauveur et de médiateur incontournable entre le front ukrainien qui n’a pas réussi à contraindre Moscou et cette dernière qui va chercher à sortir la tête haute du conflit.

Washington peut paraitre débordée par la conflictualité multiple que connait le monde, mais semble en réalité se satisfaire tout autant du fait que son intervention est indispensable. Dans tous les dossiers ou presque, ce n’est pas tant la paix qui est visée, mais une redéfinition des rapports de force entre les mains de l’Amérique. A Gaza, le cessez-le-feu ne tient qu’à un fil, mais le Président Syrien, pourtant ancien paria, est reçu à la Maison Blanche, de quoi faire s’étrangler les faucons israéliens.

A coup de négociations et de bras de fer, Trump fait de l’instabilité régionale un facteur de vulnérabilité stratégique. C’est le cas au Soudan où (bizarrement) la RSF a été qualifiée de génocidaire mais où les sanctions imposées par Washington restent diplomatiques plutôt que militaires, parce que le coût politique d’une intervention n’est plus envisageable et qu’il vaut mieux « wait and see » comment les intérêts stratégiques sur le continent africain seront impactés.

Alors, c’est bien connu, les pilotes savent que les turbulences ne signifient pas forcément que l’avion va s’écraser. Les apparences sont souvent trompeuses et en sous-main des lignes de fond se dessinent malgré tout. Comme pour la relation avec la Chine où à la surface apparait une guerre commerciale sans pitié menée par l’administration Trump, mais que derrière se maintient une dépendance profonde à l’interdépendance.

De même, le malheur des uns fait le bonheur des autres, et le Maroc fait partie de ceux qui en jouant habilement de la complexité actuelle des relations mondiales, ne se contentent plus de subir mais sont au contraire en mesure d’agir.

Pour les sceptiques et ceux qui pensent que le Royaume est opportuniste face aux succès diplomatiques récents, il faut rappeler que le Maroc est le premier pays à avoir reconnu l’indépendance des États-Unis en 1777 et que cette reconnaissance a été suivie par la signature du traité de paix et d’amitié en 1786, qui est toujours en vigueur aujourd’hui, ce qui en fait le plus ancien traité diplomatique des États-Unis. Rien que cela.

Si la bipolarité voire la schizophrénie américaine, l’interventionnisme distant mais pressant, les victoires et les plans de paix médiatiques et rapides, sont des vagues, ce sont les courants profonds qu’il faut suivre pour se préparer aux recompositions mondiales à venir. Rabat l’a bien compris.

Zouhair Yata

 

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Marche Verte : Après 50 années, la boucle enfin bouclée https://lnt.ma/marche-verte-apres-50-annees-la-boucle-enfin-bouclee/ Wed, 05 Nov 2025 10:13:43 +0000 https://lnt.ma/?p=537069 Cinquante ans après cette épopée pacifique qu’a été la Marche Verte, le Maroc signe à l’ONU une nouvelle victoire diplomatique, confirmant la justesse et la constance de sa position sur la question du Sahara. Cette reconnaissance croissante, désormais quasi consensuelle au sein de la communauté internationale, n’est pas le fruit du hasard. Elle est l’aboutissement […]

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Cinquante ans après cette épopée pacifique qu’a été la Marche Verte, le Maroc signe à l’ONU une nouvelle victoire diplomatique, confirmant la justesse et la constance de sa position sur la question du Sahara. Cette reconnaissance croissante, désormais quasi consensuelle au sein de la communauté internationale, n’est pas le fruit du hasard. Elle est l’aboutissement d’un demi-siècle d’une diplomatie de clarté, patiemment tissée autour des principes de souveraineté, de développement et de paix. Ce sont aussi des générations de diplomates qui se sont succédés avec l’amour de la patrie chevillée au corps et à qui il faut rendre hommage également.

La résolution du Conseil de sécurité, saluant le plan d’autonomie marocain comme la seule base sérieuse, crédible et réaliste pour une solution durable, vient entériner ce que le Royaume a construit sur le terrain depuis des décennies. Loin d’une simple posture, le Maroc a anticipé le futur en donnant vie à son projet d’autonomie avant même sa reconnaissance formelle. Régionalisation avancée, infrastructures modernes, exonérations fiscales, encouragement des IDE, ports en expansion, universités, hôpitaux, et entreprises nationales et multinationales implantées dans les Provinces du Sud. Le Sahara marocain n’est plus un horizon de promesses, mais un territoire de projets.

Ce succès diplomatique s’inscrit dans la droite ligne de l’esprit de la Marche Verte, celui d’un peuple uni derrière son Roi, avançant pacifiquement mais avec détermination vers le parachèvement de son intégrité territoriale. Comme le soulignait Ali Yata dans son ouvrage « Le Sahara occidental marocain » (voir l’article complémentaire) «  l’unité nationale n’a de sens que si elle s’accompagne d’un progrès démocratique et social ». Or, c’est bien ce Maroc moderne, stable et tourné vers le développement partagé qui convainc aujourd’hui les chancelleries du monde entier.

Face à une opposition idéologique qui s’est depuis longtemps vidée de sa substance, la stratégie marocaine a préféré les faits aux discours. Les provinces du Sud, autrefois périphériques, sont devenues des pôles d’attraction et de croissance. Les indicateurs du HCP le démontrent avec éloquence, hausse du revenu moyen, recul de la pauvreté, explosion des investissements publics et privés. Cette réalité du terrain, visible et mesurable, a rendu caduques les discours du passé.

En réalité, à l’heure où la nation célèbre les cinquante ans de la Marche Verte, le Maroc démontre que sa marche n’a jamais cessé, elle s’est simplement transformée. D’un élan populaire né en 1975, elle est devenue une marche diplomatique, économique et humaine, portée par une vision royale claire, celle d’un Maroc souverain, uni et tourné vers l’avenir.

C’est cette marche qui, aujourd’hui encore, guide la Nation. Une marche qui n’a jamais été une conquête, mais une reconquête. Et une reconquête qui, pour la première fois, reçoit du monde entier le respect et la légitimité qu’elle mérite.

Zouhair Yata

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GENZ : après la pluie le beau temps? https://lnt.ma/genz-apres-la-pluie-le-beau-temps/ Wed, 29 Oct 2025 12:55:43 +0000 https://lnt.ma/?p=536639 On ne sait pas trop quoi penser. Le mouvement de la GENZ212 s’est éteint aussi brutalement qu’il s’était déclenché. Les foules des grandes villes, qui remplissaient les rues et les timelines, ont soudain cédé la place à d’autres foules, encore plus massives pour célébrer la victoire du Maroc en Coupe du monde U20. Ironie s’il […]

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On ne sait pas trop quoi penser. Le mouvement de la GENZ212 s’est éteint aussi brutalement qu’il s’était déclenché. Les foules des grandes villes, qui remplissaient les rues et les timelines, ont soudain cédé la place à d’autres foules, encore plus massives pour célébrer la victoire du Maroc en Coupe du monde U20. Ironie s’il en est, parmi les revendications phares de cette jeunesse en colère figurait justement le refus du “tout-foot” et la dénonciation d’un pays distrait par les paillettes du ballon rond. En réalité, ce sursaut collectif laisse derrière lui plus de questions que de réponses.

Sur les réseaux sociaux, les likes et les vues ont fondu comme neige au soleil, emportant avec eux des milliers de publications enflammées. Ceux qui, jusque sur LinkedIn, avaient trouvé dans cette effervescence de quoi disserter sur “les leçons de la jeunesse marocaine” ont soudainement retrouvé le mutisme feutré des open spaces et de la routine quotidienne. Comme lors du boycott de 2018, le soufflé est retombé, sans qu’on sache vraiment pourquoi ni comment.

Pourtant, les revendications étaient justes, profondes, légitimes. Mais très peu de jeunes, et encore moins de moins jeunes, se sont intéressés à ce qui a suivi, les annonces budgétaires, les milliards promis pour l’éducation et la santé dans la loi de finances 2026. Des moyens colossaux, certes, mais pas tombés d’un chapeau magique puisqu’ils s’inscrivent dans la continuité d’une politique d’État social engagée bien avant les cris de la rue.

Les médias étrangers, eux, ont vite rangé leurs plumes et leurs « points sur la situation » quotidiens. La “révolution marocaine” qu’ils avaient vendue comme un printemps tardif n’a pas tenu la saison, on espère d’ailleurs ne pas les avoir trop déçus. Le Maroc n’est ni le Népal ni Madagascar. Car si sa jeunesse est connectée au monde, comparaison n’est souvent pas raison.

Alors, tout est-il réglé ? La jeunesse est-elle satisfaite ? Ou simplement fatiguée ? Peut-être que ceux qui ont marché et ceux qui gouvernent savent quelque chose que nous ignorons. Toujours est-il qu’au fond, les constats demeurent.

Le Maroc sort sans doute grandi de cet épisode, par la maturité de sa rue, comme par celle de ses institutions. Mais il nous laisse avec une impression étrange, entre cynisme et naïveté, d’avoir vécu un mouvement sans conclusion.

Il faudra certainement attendre plusieurs mois d’ailleurs pour évaluer réellement l’impact de cet épisode sur différents plans, lorsque les infrastructures sanitaires prévues seront en place, ou qu’un nouveau parlement sera élu ainsi qu’une nouvelle majorité gouvernementale issue des urnes. D’ailleurs, le vote des jeunes aux élections en 2026, sera un indicateur fort de leur engagement pour le changement, eux qui habituellement désertent les isoloirs. La classe politique sclérosée sera-t-elle renouvelée ? Les plus compétents seront-ils reconnus ? La reddition des comptes, le gaspillage des deniers publics, l’inefficience des décideurs politiques, la corruption, seront le miroir réel des progrès que le Maroc accumule, bon an mal an, au-delà de la santé et de l’éducation.

Alors peut-être le souvenir du mouvement de la GENZ aura un goût différent.

Zouhair Yata

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Maroc–Algérie : une réconciliation sur le raï ? https://lnt.ma/maroc-algerie-une-reconciliation-sur-le-rai/ Wed, 22 Oct 2025 13:34:55 +0000 https://lnt.ma/?p=536225 Il aura fallu plus de soixante ans de malentendus, de frontières closes et de discours figés pour que le Maghreb retrouve peut-être, enfin, le chemin de la raison. Car à en croire les signaux venus de Washington, la réconciliation entre le Maroc et l’Algérie ne serait plus une chimère. Elle pourrait même se matérialiser « […]

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Il aura fallu plus de soixante ans de malentendus, de frontières closes et de discours figés pour que le Maghreb retrouve peut-être, enfin, le chemin de la raison.

Car à en croire les signaux venus de Washington, la réconciliation entre le Maroc et l’Algérie ne serait plus une chimère. Elle pourrait même se matérialiser « dans les deux mois », selon les confidences de l’envoyé spécial américain Steve Witkoff, relayées par Massad Boulos, conseiller de Donald Trump pour l’Afrique.

Deux mois, c’est peu à l’échelle d’un contentieux qui dure depuis l’aube des indépendances. Mais, c’est beaucoup, dans la tectonique diplomatique du Maghreb.

Depuis la guerre des Sables de 1963, tout ou presque oppose le Maroc à son voisin paradoxalement le plus proche. Le Royaume, monarchie millénaire, ancrée dans la continuité historique, et l’Algérie, république née d’une révolution, forgée dans le feu de la guerre d’indépendance, sont sur le papier dans un antagonisme quasi naturel voire logique.
Et, dès le départ, les frontières héritées de la colonisation ou plutôt de la décolonisation, ont semé les graines de la discorde, de Tindouf à Béchar, en passant par le tracé mal défini du Sud.

Le Sahara Occidental quant à lui est autant un point de fracture entre les deux pays que le socle de l’identité nationale marocaine, depuis notamment la tenue de la marche verte en 1975 dont nous fêterons cette année le cinquantième anniversaire. A l’approche de cette célébration, il n’est certainement pas anodin qu’en coulisses, Alger soit encouragé à abandonner son soutien logistique, miliaire et financier massif à la fantomatique RASD et son avatar le polisario.

L’heure américaine

Pourquoi l’administration Trump s’en préoccupe au point que son envoyé spécial annonce « casually » ce qui au Maroc et en Algérie, les principaux concernés, passe encore sous silence ?
Dans un contexte mondial bouleversé, les États-Unis perçoivent aujourd’hui la stabilité du Maghreb comme un maillon stratégique entre Méditerranée, Sahel et Afrique de l’Ouest.
Le soutien réaffirmé de l’administration Trump à la souveraineté marocaine sur le Sahara, conjugué à la promesse d’un plan de paix Maroc–Algérie dans les soixante jours, redonne à la diplomatie américaine un rôle de médiateur décisif, même sans Prix Nobel à la clé.

À cela, il faut ajouter que l’Algérie, avec tout le respect qu’on lui doit, a perdu de sa superbe diplomatique et se voit de plus en plus isolée, de par l’affaiblissement de son axe de soutien qui la menait jusqu’à l’Iran. Même la Russie et la Chine, alternatives de choix d’Alger, semblent avoir retiré le tapis sous ses pieds, quand la France macroniste n’a jamais causé autant de conflictualité avec son ancienne colonie.

Or, il faut bien que le gaz algérien continue de se vendre, entre autres, et le régime ne peut pas continuer indéfiniment à se voiler la face sur les avancées diplomatiques du Royaume, comme il le fait de manière ostentatoire sur les performances footballistiques par exemple.

Les lignes bougent en conséquence et le timing est très bien choisi parce que le Maroc présentera bientôt à l’ONU une mise à jour de sa proposition d’autonomie pour le Sahara, qui dans le contexte précité donne le sentiment que Rabat mise cette fois autant sur le front de la légitimité internationale que sur celui de la normalisation régionale.

Et si Alger accepte de rouvrir le dialogue, ce sera peut-être parce que l’ONU, les États-Unis et le monde arabe y verront enfin un horizon commun, aligné avec la vue marocaine, stable et ferme. Un horizon qu’il faudra concrétiser certes, certainement par de petits pas diplomatiques d’abord, parce qu’on n’efface pas soixante ans d’oppositions d’un claquement de doigts. Mais, il est quasiment certain que si le terrain de la conflictualité s’apaise, les deux nations sauront trouver rapidement des raisons plus profondes de renouer leur proximité naturelle, faite depuis des siècles de paradigmes sociétaux communs, d’apports et de références culturelles partagés, de communautés et d’intérêts alignés fondamentalement.

Comme deux frères, deux sœurs, deux familles.

Zouhair Yata

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Discours royal : Le poids des mots https://lnt.ma/discours-royal-le-poids-des-mots/ Sat, 11 Oct 2025 16:39:36 +0000 https://lnt.ma/?p=535576 Le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI devant le Parlement à l’occasion de son ouverture était très attendu et à juste titre. Sa concomitance institutionnelle avec les manifestations qui essaiment le pays depuis quelques semaines lui conférant une dimension à la fois d’urgence et d’espoir face aux revendications de la GENZ. Et, si […]

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Le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI devant le Parlement à l’occasion de son ouverture était très attendu et à juste titre. Sa concomitance institutionnelle avec les manifestations qui essaiment le pays depuis quelques semaines lui conférant une dimension à la fois d’urgence et d’espoir face aux revendications de la GENZ.

Et, si certains s’attendaient à avoir des réponses directes, voire expéditives aux attentes exprimées dans la rue, ce discours a été la preuve de nombreuses vérités qu’il est utile d’avoir à l’esprit pour en comprendre la portée réelle.

Notre Souverain est constitutionnellement Chef de l’État, Commandeur des croyants et Chef suprême des Forces armées royales, il veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions et à la continuité de l’État. Face à cet état de fait, l’article 89 de la Constitution de 2011, instaure la responsabilité exécutive du Chef du gouvernement qui est nommé au sein du parti arrivé en tête des élections législatives (article 47). C’est ce qui a d’ailleurs mené à deux législatures consécutives menées par le PJD puis à celle du gouvernement actuel. Face à cet exécutif, le pouvoir dit législatif, représenté par les deux chambres du Parlement, concentre des prérogatives de contrôle notamment de l’action exécutive.

Le premier élément donc de réponse de Sa Majesté, qui s’adressait aux parlementaires spécifiquement hier, contrairement par exemple au Discours de la fête du Trône où il s’adresse au peuple marocain, est donc qu’il existe un cadre démocratique, juridique, constitutionnalisé et que chacun doit être pleinement dans son rôle, avec ses responsabilités propres. Lorsqu’il adresse les représentants, il leur rappelle ainsi : « C’est l’occasion de vous assurer du prix que Nous attachons à votre travail, qu’il soit d’ordre législatif ou qu’il se rapporte au contrôle de l’action gouvernementale et à l’évaluation des politiques publiques ».

Dans ce cadre, le Roi rappelle dans son discours avec force ce qu’il a déjà évoqué dans son dernier discours adressé à la Nation qu’ « il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux, tant que le but recherché est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie des citoyens, où qu’ils soient ». C’est ici que l’on peut lire entre les lignes une première réponse royale aux revendications exprimées.

Les infrastructures, les stades, les ports et les rails, vont de pair avec les chantiers de fond qu’a entamé le pays, la politique sociale en tête. Il martèle ainsi que « de fait, le diptyque « justice sociale et lutte contre les inégalités territoriales » est loin d’être un slogan creux, ou une priorité conjoncturelle dont l’importance pourrait décliner au gré des circonstances ».

Cela signifie que la priorité cardinale reste et demeure pour le Souverain de s’attaquer avec célérité et efficacité à ce qu’il appelle le développement territorial et la justice sociale, qui selon son diagnostic sont à même de résorber le gap entre les deux Maroc, dont les vitesses de progrès sont opposées.

Les mots ont un certain poids lorsqu’ils émanent de notre Souverain, et la seconde réponse que l’on peut relever est que tout cela doit passer selon lui par « un changement significatif des mentalités et des méthodes de travail, ainsi qu’un véritable enracinement de la culture du résultat ».

C’est bien ce que demandent les manifestants lorsqu’ils s’interrogent sur les réalisations du gouvernement mais avec le bémol que c’est l’affaire de tous, à tous les échelons de responsabilité et de gouvernance, ce qui est particulièrement valable à l’hôpital ou à l’école publiques. Aux décideurs, aux politiques, aux responsables de toutes actions ayant un impact collectif, le Roi Mohammed VI rappelle qu’ils seront jugés sur leurs résultats d’une part et sur leurs défaillances d’autre part : « Et parce que toute négligence affectant l’efficacité et la rentabilité des investissements publics est inadmissible, Nous exhortons, chacun à son niveau, à lutter contre toute pratique chronophage, énergivore et avide de ressources ». Encore une fois, les slogans des manifestants qui s’indignent contre le gaspillage, le népotisme et l’affairisme sont adressés dans ce discours de manière éloquente.

Avec toute la hauteur due à sa charge séculaire, Sa Majesté conclue son discours en exortant ses interlocuteurs du jour, représentants du peuple et des citoyens, qu’ils siègent ou qu’ils exercent une responsabilité exécutive, à être « dignes de la confiance placée en vous et à la hauteur de la responsabilité qui vous incombe. Faites aussi preuve d’intégrité, d’engagement et d’abnégation au service de la Patrie. » Et, ce n’est pas de sa confiance seulement qu’il s’agit puisque la formulation choisie utilise le déterminant « la ».

Une dernière référence s’il en est à ceux qui attendent des résultats et des avancées concrètes, les Marocains. Tous les Marocains.

Pour toutes ces raisons, ce discours fera date, et nul doute qu’il s’en suivra des transformations profondes du champ politique et démocratique dans notre pays, notamment à l’approche des élections de 2026, qui seront le vrai marqueur du changement initié par notre jeunesse dans la rue.

Zouhair Yata

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GenZ : Transformer l’essai https://lnt.ma/genz-transformer-lessai/ Fri, 03 Oct 2025 22:15:52 +0000 https://lnt.ma/?p=535300 Maintenant que cela fait quelques jours que toutes les villes marocaines connaissent des manifestations de la GenZ et que les revendications sont plus claires, il est temps de prendre du recul pour évaluer comment nous pourrions sortir gagnants, en tant que nation, de cette situation. Ce que révèlent au grand jour les revendications de la […]

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Maintenant que cela fait quelques jours que toutes les villes marocaines connaissent des manifestations de la GenZ et que les revendications sont plus claires, il est temps de prendre du recul pour évaluer comment nous pourrions sortir gagnants, en tant que nation, de cette situation.

Ce que révèlent au grand jour les revendications de la jeunesse c’est que c’est tout un système qui doit être réformé, en profondeur. Tous les acquis de notre pays ne valent rien si ses citoyens estiment qu’ils n’en bénéficient pas. Et, il faut regarder la vérité en face, ce qui se passe le soir, la violence inouïe qui transparait des actes d’une partie de la jeunesse, qui se cache derrière des cagoules, porte un nom, le désespoir. Quand bien même la santé et l’éducation étaient réformées, une partie de notre jeunesse est tellement désœuvrée qu’elle recourt à la violence comme langage d’expression, au détriment des forces de l’ordre à cette occasion, mais aussi plus globalement du reste de la société qui feint d’ignorer son existence. Il ne s’agit ni de cautionner ni de passer l’éponge, mais bel et bien d’intégrer toutes les hypothèses dans l’équation.

Aujourd’hui, le Maroc a une occasion historique de convertir cette colère qui s’exprime de deux manières radicalement opposées en force. Comment ? En reconnaissant d’abord l’échec de dizaines d’années de politique politicienne où les mêmes partis se passent le relais et le reprennent au gré des échéances électorales sans que la reddition des comptes, pourtant institutionnalisée dans la Constitution de notre pays en 2011 par Sa Majesté le Roi, ne soit réellement pratiquée. C’est le pain qui a nourri les contestations en cours. C’est parce que cette GenZ n’imagine pas pouvoir obtenir gain de cause autrement qu’elle est descendue dans la rue et qu’elle en appelle maintenant à l’autorité de notre Roi.

Puisqu’on se gargarise du développement du secteur privé, il est temps d’en emprunter a minima les bonnes pratiques et de les appliquer à la politique, non pas pour favoriser l’émergence d’une classe politique uniquement portée par les affaires, mais en plaçant la compétence et la performance au cœur de l’action politique.

Il est temps d’établir une corrélation réelle entre les compétences, les diplômes et les postes à responsabilité, du haut au bas de l’échelle de la gouvernance publique, à tous les niveaux. Car c’est bien la compétence, ou son absence en l’occurrence, qui fait défaut au-delà des moyens matériels. Des hôpitaux flambants neufs et des écoles repeintes ne serviront à rien sans les bonnes personnes pour les administrer au service des citoyens marocains.

Quant à la jeunesse, c’est un véritable « Plan Marshall » qu’il faut lui dédier car faut-il le rappeler, selon les données du HCP (le Haut-Commissariat au Plan), 1,5 million de jeunes sont des « NEET » qui n’ont ni emploi, ni formation, ni éducation. Cela représente 1 jeune sur 4 dans notre pays, et les 3 autres sont à peine mieux lotis, 50% d’entre eux exercent un emploi en dessous de leur niveau de qualification et le taux de chômage de cette jeunesse affole les compteurs, 70% sont au chômage depuis plus d’un an. Comment est-on passé depuis autant d’années à côté de cette réalité ? Pourtant, les chants des supporters dans les stades de football l’expriment à tue-tête depuis longtemps, « fbladi delmouni ».

Pour qui développons-nous ce pays à coup de milliards d’investissements en infrastructures et autres si ce n’est pour eux ? Quel visage aura le pays dans quelques années avec ces jeunes devenus « adultes », ne serait-ce qu’en 2030 ?

L’emploi des jeunes doit être une priorité cardinale, avec des salaires qui permettent une certaine dignité, en relevant en priorité le fameux SMIG parce que personne ne vit dignement avec 3000 dirhams net par mois en 2025, pas même au Maroc où le coût de la vie lui, suit justement la partie du pays qui se développe le plus. Et si les plus petits des commerces, les TPEs marocaines, ne peuvent peut-être pas se permettre de valoriser leurs ressources, les autres entreprises le peuvent et cela ne fera que contribuer à leur développement, parce que cette argent injecté dans les poches des gens seront dépensés en consommation, mamelle de la croissance économique.

C’est un cercle vertueux plus qu’une réforme de la santé et de l’éducation qu’il faut enclencher et le Maroc en a le potentiel et les ressources, comme le démontrent tout ce qu’habituellement sert d’arguments positifs urbi et orbi, et nous a permis d’obtenir l’organisation de sésames aussi prestigieux que la CAN à venir ou la Coupe du Monde.

Si l’erreur est humaine, en connaissance de cause, maintenant que cette génération nous a donné la claque que nous méritions, persévérer dans le même sens serait effectivement diabolique.

Zouhair Yata

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#GenZ, pour l’amour de notre pays ! https://lnt.ma/genz-pour-lamour-de-notre-pays/ Mon, 29 Sep 2025 17:10:02 +0000 https://lnt.ma/?p=535044 Le 20 février 2011, la jeunesse marocaine bâtait le pavé des rues des plus grandes villes du Royaume pour réclamer des réformes, plus de liberté, celle d’expression notamment, la fin de la corruption, des conditions de vie plus dignes, une meilleure santé et une éducation à la hauteur de ses aspirations. Ceux qui étaient dans […]

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Le 20 février 2011, la jeunesse marocaine bâtait le pavé des rues des plus grandes villes du Royaume pour réclamer des réformes, plus de liberté, celle d’expression notamment, la fin de la corruption, des conditions de vie plus dignes, une meilleure santé et une éducation à la hauteur de ses aspirations. Ceux qui étaient dans la rue à l’époque sont désormais des adultes et ce sont aujourd’hui leurs enfants, la fameuse Gen Z, qui expriment depuis ce week-end des revendications similaires.

Le Maroc n’a-t-il pas changé en 15 ans ? Le développement n’est-il pas palpable ? Pas assez, ni là où il le faudrait, à en croire les slogans et les témoignages recueillis par des dizaines pour ne pas dire des centaines de caméras et de téléphones, professionnels et amateurs. « La révolte est un des privilèges de la jeunesse » et l’entendre c’est comprendre ce qui se passe aujourd’hui parce que comme l’écrivait Albert Camus, « ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige ». Et ce qu’elle exige est non seulement légitime mais juste.

Oui, le Maroc a changé depuis 25 ans, tout ou presque en témoigne, de la nouvelle constitution en 2011 au nouveau modèle de développement, en passant par les infrastructures et le déclenchement d’une politique sociale, et même notre capacité à organiser, c’est-à-dire se voir attribuer cette compétence, des compétitions internationales comme la CAN cette année ou encore la Coupe du Monde en 2030. Mais à quoi bon si nos concitoyens sont prêts à descendre dans la rue et à braver l’autorité pour réclamer les plus basiques des droits, ceux à la santé et à l’éducation ? Les manifestations de ce week-end sont la preuve que beaucoup de nos concitoyens ont plus à gagner qu’à perdre.

A l’ère des réseaux sociaux, pas de cortèges politiques, pas de tête de file, ni de chefs, pas de partis politiques, ni de personnalités, juste des Marocains comme nous le sommes tous, qui ont le courage de crier haut et fort que ce ne sont pas les stades dont nous avons le plus besoin mais d’hôpitaux salubres, équipés et dotés de ressources permettant de se soigner ; des établissements scolaires salubres également, où les toilettes ne sont pas des dépotoirs quand elles existent, où les classes ne ressemblent pas à des mouroirs avec des éducateurs démotivés, lorsqu’ils sont présents, où cinquante élèves se battent pour apprendre et espérer un avenir.

Est-ce trop demander lorsqu’on voit justement à quel point le pays a pu et a su se transformer ou quand on voit le développement de la médecine privée et des écoles du même ordre ? Le football est la passion du peuple, l’équipe nationale une fierté indéniable, mais c’est de pansements, de soins et d’écoles dont nous avons le plus besoin et seule la jeunesse dont la fougue n’a d’égale aujourd’hui que la lucidité, peut oser le demander.

Nous devrions être fiers de notre jeunesse qui comme ses ainés avant elle, aime suffisamment son pays pour demander qu’il change. Et s’il s’avère que tout cela émane d’une manipulation venue de l’extérieur, ou d’une volonté de déstabilisation venue de l’intérieur, cela ne change en rien le fait que si ces problèmes étaient résolus, si 6 femmes n’étaient pas mortes à l’hôpital public, personne ne pourrait exploiter cet état de fait pour organiser quoi que ce soit.

Alors que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a dit lors de son dernier Discours du Trône qu’il ne veut pas d’un Maroc à deux vitesses, comment peut-on encore reprocher aux Marocains de s’en faire l’écho ?

Si nous sommes capables de construire des stades aux standards internationaux en à peine deux ans, pouvons-nous mettre la même énergie au service de la santé ou de l’éducation ? C’est la question à laquelle il faut répondre en urgence. Et si l’objectif est d’améliorer voire de stimuler l’image de notre pays à l’international, avons-nous pensé à quel point les milliers de vidéos qui circulent vont altérer réellement notre image ? Sommes-nous le Népal ou méritons-nous mieux que de voir des femmes et des jeunes poussés dans des estafettes ? Avons-nous si vite oublié les révoltes du Hirak du Nord, les misérables du Haut Atlas, les déplacés d’Al Haouz ou l’hôpital de la mort à Agadir pour prétendre que ces marches ne sont pas légitimes ? Ce séisme a déjà produit de nombreuses répliques et même l’autruche, la tête dans le sol, les a ressenties.

De grâce, pour l’amour de ce pays que nous chérissons tant, entendez-les, agissez vite.

Zouhair Yata

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Reconnaissance de l’État palestinien : Et maintenant ? https://lnt.ma/reconnaissance-de-letat-palestinien-et-maintenant/ Wed, 24 Sep 2025 16:19:05 +0000 https://lnt.ma/?p=534801 Feu Fahd Yata, paix à son âme, écrivait déjà en 2009 dans les colonnes de La Nouvelle Tribune : « Notre cœur vit et bat pour la Palestine depuis trop d’années pour que cette tuerie monstrueuse, qui rappelle tant la « solution finale » des nazis, ne soit pas inscrite comme un opprobre ineffaçable au front de tous […]

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Feu Fahd Yata, paix à son âme, écrivait déjà en 2009 dans les colonnes de La Nouvelle Tribune : « Notre cœur vit et bat pour la Palestine depuis trop d’années pour que cette tuerie monstrueuse, qui rappelle tant la « solution finale » des nazis, ne soit pas inscrite comme un opprobre ineffaçable au front de tous ceux qui l’ont décidée, la soutiennent, l’encouragent, la justifient. »

Depuis, rien n’a changé hormis le jeu de dupes auquel se prête la communauté internationale face au sort des Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Les pays occidentaux, qui d’ordinaire trouvaient systématiquement un consensus commun pour qualifier le Hamas d’organisation terroriste, se divisent aujourd’hui avec la reconnaissance de grandes nations comme la France ou le Royaume-Uni entre autres, de l’État de Palestine. Cette reconnaissance est dénoncée par Trump comme servant les intérêts du Hamas qui trouverait son origine militaire et ses actions dans la haine d’Israël. Mais en oubliant trop vite que sa légitimité actuelle provient aussi d’élections qui, à l’époque, ont sanctionné l’échec de l’Autorité palestinienne.

Car faut-il le rappeler, Mahmoud Abbas et l’Autorité qui avaient choisi la voie politique, celle du compromis, n’ont jamais obtenu de résultats concrets. À la mort d’Arafat, le Hamas a logiquement pris plus de poids, imposant son discours jusqu’au-boutiste face à un Abbas enfermé dans le consensus, mais incapable de contraindre Israël à infléchir sa politique.

Il faut aussi comprendre qu’Israël a tout intérêt à voir perdurer cette situation. Car pour Netanyahu et son camp, il est bien plus simple d’avoir en face un Hamas radical que de se retrouver acculé à négocier avec un partenaire modéré. Un ennemi extrême justifie toutes les dérives sécuritaires et ce qui se passe à Gaza, (enfin) qualifié de génocide par l’ONU, en témoigne. Il empêche toute solution politique, et surtout, il dispense d’un effort de paix qui supposerait la reconnaissance d’un État palestinien, même limité et dépendant.

Ainsi, les deux camps jouent la montre, nourris par leurs extrêmes respectifs : d’un côté la revendication messianique d’un « Grand Israël » qui plonge ses racines dans la Torah, de l’autre le rêve d’un État palestinien bâti sur l’anéantissement d’Israël. Deux utopies irréalisables, car elles supposeraient la disparition de l’un des deux peuples.

Longtemps, les pays arabes ont été les porteurs de la cause palestinienne. Mais ils ont échoué, à plusieurs reprises, et n’y ont récolté que de l’instabilité politique et économique. Dans un monde désormais gouverné par les logiques de mondialisation, ils choisissent la stabilité et la coopération, même si leurs rues continuent de réclamer le contraire.

Les Accords d’Abraham s’inscrivent précisément dans cette dynamique : légitimes ou non, ils répondent à un besoin de survie et d’intégration régionale. Qu’attendre, dès lors, de l’Égypte ou des monarchies du Golfe ? Rien de plus que des gestes symboliques ou des positions de principe, car aucun n’est en mesure de régler la question palestinienne.

Quant à l’Amérique, elle apparaît de plus en plus comme l’ombre d’elle-même. On a cru longtemps qu’elle menait la danse, qu’elle était le soutien inconditionnel d’Israël. Or, depuis Trump, le doute s’installe : et si c’était l’inverse ? Les positions de Washington laissent parfois penser que ce sont Israël et Netanyahu qui dictent l’agenda. L’après-7 octobre, la politique vis-à-vis de l’Iran ou du Qatar, tout cela donne l’impression que les États-Unis ne sont que « les chiens de leur maître ».

Le cœur du problème est là : diviser pour mieux régner. En Palestine comme ailleurs, on nourrit les extrêmes pour empêcher l’émergence du bon sens. On manipule les opinions, on instrumentalise les peurs, on tue des civils innocents pour légitimer une logique de confrontation sans issue sous prétexte d’en sauver une poignée d’autres.

La paix ne viendra jamais de ces deux visions irréconciliables. Elle supposerait un retour au juste milieu, à une humanité partagée. D’ailleurs, une solution à deux États n’effacerait pas les déséquilibres, Israël garderait la main tant son avance est grande, économiquement et militairement en particulier. Mais elle donnerait au moins une existence institutionnelle à un peuple qui, depuis trop longtemps, n’a que trop souffert de la manipulation de ses intérêts pour servir ceux des autres.

Dans ce contexte, la reconnaissance de la Palestine par certains pays n’est pas qu’un geste diplomatique. C’est un acte d’humanité, de dignité, un acte de résistance face au cynisme ambiant et face à l’Histoire, dernier témoin de ce qui se passe sous nos yeux impuissants.

Zouhair Yata

 

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Maroc : une bague pour un nu https://lnt.ma/maroc-une-bague-pour-un-nu/ Wed, 17 Sep 2025 14:27:06 +0000 https://lnt.ma/?p=534478 On n’a que ce qu’on mérite dans ce pays. On dénonce sur LinkedIn, Instagram, sur tous les réseaux que le pays n’avance pas, que les uns accaparent les richesses et le pouvoir, que les autres souffrent. Pourtant rien de nouveau sous le soleil, et le Maroc n’a pas l’apanage des inégalités sociales, (re)lisez Marx si […]

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On n’a que ce qu’on mérite dans ce pays.

On dénonce sur LinkedIn, Instagram, sur tous les réseaux que le pays n’avance pas, que les uns accaparent les richesses et le pouvoir, que les autres souffrent. Pourtant rien de nouveau sous le soleil, et le Maroc n’a pas l’apanage des inégalités sociales, (re)lisez Marx si nécessaire. La réalité, c’est que quels que soient les progrès acquis, infrastructures, industries de pointe, ressources naturelles, stades flambant neuf, réseau autoroutier, cliniques, écoles et universités privées, tous les Marocains ne contribuent pas, au quotidien, à l’avancement de leur pays. Nous passons notre temps à adopter un comportement de passager clandestin, à tous les niveaux : du plus riche au plus pauvre, du plus nanti au plus démuni. Chacun a toujours une excuse.

Quand on vous double à chaque feu rouge par la droite, que quatre files de voitures se créent sur une simple double voie, quand les motos conduisent comme si le bitume leurs appartenaient, que les passages piétons ne servent même pas aux mères avec leur poussette qui préfèrent le milieu de la route, c’est le capharnaüm total et on ne voit pas bien à qui incombe la faute. Quand les poubelles sont jetées à même le sol dans les quartiers les plus cossus autant que les quartiers dits populaires, que les grandes entreprises ne paient pas les plus petites, que le noir est courant voire exigé dans la quasi-totalité des secteurs. Voilà la réalité marocaine et s’en offusquer, c’est de l’hypocrisie ou de la naïveté pure et simple.

Le Maroc n’avancera pas réellement tant que les Marocains ne le font pas avancer. Et si nous étions vertueux, cela se saurait. Si la corruption venait uniquement d’en haut, cela se saurait. Si le civisme coulait dans nos veines, cela se saurait. Si la religion et la piété affichée suffisaient à nous éduquer, cela se saurait. Si tout ce que nous prétendons vouloir arranger, nous l’appliquions à nous-mêmes, cela se saurait.

Nous sommes comme ces dictateurs qui disent « Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais », parce qu’au fond, le développement ne se revendique pas, il se construit, la démocratie ne se proclame pas, elle nécessite que chacun s’implique pour qu’elle prenne vie.

En réalité, nous n’avons aucune excuse : nous sommes tous responsables collectivement de notre situation. Alors oui, on peut appeler à la révolution, manifester, se plaindre que rien ne marche. Mais à côté de ça, chacun contribue, à son niveau, à enterrer ce pays, à le faire reculer. Ce que l’on sème, nous le récoltons. Pas plus, pas moins.

On nous fait croire qu’on peut développer, moderniser, changer la coquille. Mais si l’œuf est pourri à l’intérieur, cela ne changera rien. Et contrairement au football, chacun fait ce qu’il veut, sans se soucier du collectif. Comme on le dit en arabe : du rouge à lèvres sur de la morve, ou une bague pour un nu.

Le Maroc n’avancera pas tant que les Marocains ne feront pas un petit effort chacun à leur niveau. On peut espérer des campagnes de communication, une réforme de l’éducation, critiquer l’arabisation, dire que l’école privée est trop chère et l’école publique défaillante, demander des programmes d’accompagnement, se plaindre du chômage, réclamer des places dans la fonction publique… Mais la vérité, c’est que nous voulons tous profiter sans donner notre part.

Nous nous comparons sans cesse : les enfants chinois disciplinés dans leurs écoles, les Suédois bien éduqués, les pays étrangers mieux organisés. Mais en réalité, nous ne faisons que contribuer, chacun, à mettre une pierre dans l’engrenage. Et nous trouvons toujours une excuse, persuadés qu’il y a ailleurs quelqu’un qui profite plus que nous et que notre petite intelligence mérite qu’on prenne notre part à notre guise.

Faudrait-il serrer les vis ? Sanctionner, réprimer, amender ? Récompenser et valoriser ceux qui le méritent différemment ? A l’approche des prochaines élections législatives, heureux sera le parti politique qui saura prendre à bras le corps ce problème, tant les attentes sont élevées.

Peut-être aussi qu’il ne faut pas être aussi pessimiste et que « demain, inchallah, ça ira mieux ». Le Maroc regorge de richesses et son capital humain est prétendument son plus grand atout, mais jusqu’à présent la vertu n’est pas collective. Et pendant que nous cherchons à voguer vers de nouveaux rivages ambitieux au profit de tous, nous sommes encore trop nombreux à ramer à contre sens.

Pourvu que cela change.

 

Zouhair Yata

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La paix sous le béton des colonies https://lnt.ma/la-paix-sous-le-beton-des-colonies/ Wed, 17 Sep 2025 14:26:18 +0000 https://lnt.ma/?p=534473 À quelques jours du 7 octobre prochain, qui marquera deux années complètes de guerre en Palestine, on est bien loin des atermoiements sur les termes autorisés pour commenter la réaction de l’État d’Israël suite aux attaques de l’année dernière. La terminologie qui qualifie les crimes commis à Gaza (et en Cisjordanie) de crimes de guerre, […]

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À quelques jours du 7 octobre prochain, qui marquera deux années complètes de guerre en Palestine, on est bien loin des atermoiements sur les termes autorisés pour commenter la réaction de l’État d’Israël suite aux attaques de l’année dernière. La terminologie qui qualifie les crimes commis à Gaza (et en Cisjordanie) de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide n’est désormais ni un tabou, ni réservé à ceux qui sont catalogués comme antisémites parce qu’ils défendent le sort des civils palestiniens.

Les morts se comptent par milliers, les privations alimentaires sont documentées et comble de l’ironie, le gouvernement israélien et ses représentants disent haut et fort ce qu’ils font et pourquoi ils le font, sans s’en cacher. Dans une posture assumée et fortement médiatisée, Netanyahu et consorts argumentent et détaillent leur stratégie de nettoyage ethnique à Gaza et s’en réjouissent publiquement.

L’impunité a beau être dénoncée y compris en occident par des éminents représentants politiques, de la société civile ou universitaires, la force du lobbyisme israélien auprès des élites en place et en particulier le soutien volontairement aveugle des États-Unis, donne un blanc-seing à Bibi qui ratisse large en attaquant des pays souverains, sans même qu’un petit doigt ne bouge pour l’en empêcher. Rien n’explique ou ne justifie cette croisade meurtrière, pas même la Shoah et l’Holocauste qui ont bon dos.

Pire, alors qu’on pensait avoir fait le tour de la méthode à Gaza, Netanyahu relance et acte le projet le plus controversé de ces dernières années, l’installation d’une « colonie de l’apocalypse », Ma’ale Adumim, au cœur de la Cisjordanie, dont le but unique et assumé est de rendre tout bonnement impossible la continuité territoriale d’un futur État palestinien.

Dans ce contexte, alors que certains pays occidentaux ont commencé à adopter une position plus ferme à l’égard d’Israël par la reconnaissance de l’État palestinien dans la perspective d’une solution à deux États, ce « courage » politique est tué dans l’œuf et devient le reflet de leur impuissance à contraindre de quelque manière que ce soit les plans israéliens. Trump étant bien occupé à contempler son nombril, les États-Unis semblent à la fois complaisants avec toutes les décisions de Netanyahu mais aussi presque détachés des conséquences pour la géopolitique de la région. Ainsi, les frappes unilatérales sur Doha, à quelques kilomètres de la plus grande base américaine au Qatar, ne semblent pas avoir offusqué plus que cela l’Oncle Sam.

Les pays arabes réunis en urgence cette semaine ont pour une fois montré un visage d’unité mais il ne faut pas se leurrer, malgré leurs bonnes intentions, c’est la stabilité de leurs pays qui est aussi en jeu face à un État d’Israël qui a les coudées complètement franches et dont les représailles font peur.

Les appels à la communauté internationale ne suffisent pas, même la dénonciation par la Chine et son Président ne crée pas de brise de changement alors que les Ouighours y connaissent un triste sort, et l’ONU se mord la queue à cause du veto américain. Comment ne pas se résigner et ne pas baisser les bras ?

Zouhair Yata

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Football : l’autruche et le paon https://lnt.ma/football-lautruche-et-le-paon/ Tue, 09 Sep 2025 09:46:02 +0000 https://lnt.ma/?p=534110 On dit souvent que « la critique est aisée, mais l’art difficile ». Ainsi, émettre des réserves, s’indigner ou tout simplement afficher de la déception, après la qualification de nos Lions à la Coupe du Monde 2026 en terrassant 5-0 le Niger, sera surement perçu comme une manifestation de mauvaise foi par nombre de nos compatriotes. Dans […]

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On dit souvent que « la critique est aisée, mais l’art difficile ». Ainsi, émettre des réserves, s’indigner ou tout simplement afficher de la déception, après la qualification de nos Lions à la Coupe du Monde 2026 en terrassant 5-0 le Niger, sera surement perçu comme une manifestation de mauvaise foi par nombre de nos compatriotes. Dans un stade flambant neuf, qui a de quoi faire rougir les plus belles installations sportives occidentales, avec un public écarlate chantant en communion notre hymne nationale, l’équipe nationale a confirmé les ambitions de tout un peuple et personne ne saurait réduire cet exploit.

Pour autant, personne n’est parfait, et un pays qui est la somme des individualités qui le composent ne saurait l’être non plus. Il n’est donc ni malsain, ni ingrat de relever ce qui pourrait poser problème, ce qui choque ou étonne et ce qui pourrait être amélioré, compte tenu justement des efforts déployés et investis pour faire du football un étendard de ce qu’est le Maroc aujourd’hui, une Nation profondément ancrée dans ses racines et qui se projette résolument vers l’avenir.

Il y a donc deux revers à la même pièce, celle d’un pays qui avance mais qui n’est pas parfait et faut-il le rappeler, SM le Roi Mohammed VI, lors de son dernier discours pour la Fête du Trône, a appelé de ses vœux la réduction de ce gap, parfois énorme, d’un Maroc à deux vitesses. Dans ce contexte, il est légitime de se demander pourquoi est ce qu’un certain nombre de Marocains ont exprimés un fort mécontentement pendant que d’autres ont célébré la victoire de l’EN. Les images comme souvent sont éloquentes et ce qu’on a pu voir de l’organisation du match de vendredi laisse pantois. Un rang entier de tickets vendus sans que ce même rang n’existe réellement est peut-être cocasse, mais que dire d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont une quantité innombrable d’enfants, canalisée par un nombre aussi restreint de sorties ? Et s’il y avait eu un mouvement de foule, Dieu nous en préserve ? Que penser également du témoignage d’un supporter à mobilité réduite qui se voit porté par les stadiers, fort heureusement coopératifs, pour atteindre la zone dédiée et sa place ? A part espérer que les autorités compétentes ont visionné les mêmes contenus que nous ce week-end et qu’ils travaillent à y remédier ?

Lorsque le Maroc mise sur le football comme plus grand dénominateur commun rassemblant nos concitoyens, que penser des prix des billets, en particulier au marché noir et le sentiment exprimé sur les réseaux de confiscation de ce sésame par l’élite, la bourgeoisie, les sponsors, et autres, au détriment de ceux dont le cœur bas ardemment pour ce sport et qui n’ont pas les moyens maintenant d’en profiter ? Est-ce de la démagogie de considérer que le peuple, dans toutes ses composantes mérite de profiter de cet engouement ? Parce que s’il s’agit de continuer à regarder les matchs au café « dial derb », rien n’aura en réalité changé pour l’écrasante majorité de nos concitoyens.

Et, alors qu’une étude récente du Centre marocain pour la citoyenneté (CMC) annonce que 9 Marocains sur 10 dénoncent le manque de civisme dans notre pays, comment expliquer les monticules de déchets, de « zeri3a » notamment, qui ont jonché le sol des gradins ? Est-ce le manque de poubelles ou la responsabilité d’un public qui profite autant qu’il gâche la fête ?

En réalité, les infrastructures dont le Maroc se dote, constituent un bond en avant indéniable, mais cela ne suffira pas. De même que la solidarité post-séisme n’a pas suffi à résorber l’extrême pauvreté et les difficultés des habitants de la région d’Al Haouz, nous devons être plus exigeants envers nous-mêmes et nous atteler à faire avancer tout et tout le monde conjointement, parce que les grands écarts ne font qu’accentuer la frustration et le sentiment d’isolement de certains. Le football ne fait pas exception, il est au contraire un catalyseur des enjeux que connait notre pays où les acquis s’accumulent mais sans que les tares soient résorbées en totalité. Et qu’on se le dise, la responsabilité est collective, elle n’est pas seulement pyramidale.

A l’approche des vraies échéances, celle de décembre avec la CAN 2025 et dans quelques années la Coupe du Monde 2030, l’objectif est de tester nos capacités, de relever les dysfonctionnements et de les corriger. Faire l’autruche ou le paon sont deux extrêmes qu’on ne peut se permettre alors que le pays se prépare à être au centre de l’attention internationale.

Bien au contraire, parce que tout est perfectible et que c’est en trébuchant qu’on apprend à marcher, tout cela doit nous servir de leçon, collectivement, des autorités aux citoyens, à l’image de nos Lions sur le terrain et du staff qui les accompagne en dehors.

 

Zouhair Yata

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Réforme électorale : L’espoir est permis https://lnt.ma/reforme-electorale-lespoir-est-permis/ Thu, 04 Sep 2025 09:49:07 +0000 https://lnt.ma/?p=533941 Les élections législatives de 2026 sont à quelques encablures, et alors que SM le Roi Mohammed VI a appelé de ses vœux la concrétisation de la réforme électorale avant la fin de l’année en cours, il y a (enfin) du mouvement constructif du côté des partis politiques nationaux. Rome ne s’est pas faite en un […]

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Les élections législatives de 2026 sont à quelques encablures, et alors que SM le Roi Mohammed VI a appelé de ses vœux la concrétisation de la réforme électorale avant la fin de l’année en cours, il y a (enfin) du mouvement constructif du côté des partis politiques nationaux. Rome ne s’est pas faite en un jour, et pour ceux qui l’ont oublié, la démocratie n’est pas une réalité mais une utopie, qui nécessite un long processus de transformation sociétale pour en garantir l’existence même.

Le Maroc se construit dans ce sens depuis le début du règne du Roi Mohammed VI, malgré les simagrées des observateurs et journalistes étrangers. La réforme constitutionnelle de 2011 est l’exemple par excellence de la nécessité d’un nouveau cadre juridique pour espérer voir certaines choses évoluer réellement. La réforme électorale en est un autre et le fait que les partis politiques marocains s’y attellent en exigeant des avancées concrètes est plus que positif, c’est indispensable pour leur survie même.

Car, si le citoyen marocain se détourne des urnes depuis des années et que la confiance en la chose publique s’érode, c’est bien parce que de nombreuses tares entachent la pratique politique dans notre pays. L’achat de voix, la corruption, l’éligibilité de candidats pourtant condamnés ou mis en cause par la justice, sont des réalités et il était grand temps que les partis eux-mêmes, réclament que cela cesse.

Ainsi, aux deux extrêmes de l’échiquier politique, le PPS et le PJD (certes alliés par le passé), appellent à un assainissement et un durcissement des conditions d’éligibilité, voire à une criminalisation de l’argent sale à travers, pour le PPS, l’instauration d’une ligne verte nationale anti-fraude et pour le PJD une charte d’honnêteté contraignante. D’autres propositions viennent compléter cette approche plus éthique et morale des élections, et révèlent les sources profondes de disfonctionnement que nous trainions jusqu’à présent.

Preuve que les temps ont fondamentalement changés, c’est publiquement que ces partis déclarent désormais nécessaire de réduire le nombre de bureaux de vote, de renforcer la vigilance sur l’origine des financements des partis et des candidats, l’utilisation des structures associatives pour générer des votes, pour endiguer les fraudes. Mais aussi, une supervision du ministère de l’intérieur plus « neutre », le nettoyage des listes électorales et l’inscription automatique des citoyens, et même la tenue des élections en semaine plutôt que le vendredi et le week-end, où l’affluence est limitée.

C’est dire toute l’ampleur de la réalité actuelle de la tenue des élections que de demander autant de réformes de forme et de fond. Tout cela est évidemment à prendre avec des pincettes, ce sont des propositions qui devront se confronter à la réalité politique et surtout aux positions des grands partis, de l’Istiqlal au RNI en passant par le PAM et relativement l’USFP, qui ne se sont pas encore exprimés et qui chercheront certainement à tirer avantage de la réforme en cours pour garantir non pas plus de représentativité comme le demandent les petits partis, mais au contraire des coudées plus franches pour ceux qui auront le plus grand nombre de parlementaires.

En tout état de cause le ver est sorti de la pomme, et cette réforme électorale si elle ne répond pas à toutes ces exigences, devra en satisfaire au moins quelques-unes, au bénéfice de l’avancement de la démocratisation de notre pays. Car l’enjeu est de se doter d’un réel contre-pouvoir institutionnel à l’exécutif avec un Parlement qui joue pleinement son rôle constitutionnel de représentation exhaustive de la population nationale et la défense de ses intérêts multiples.

Les Marocains ne retourneront aux urnes que s’ils sont convaincus que cela peut changer quelque chose, beaucoup d’entre nous considèrent encore la représentation politique comme inutile, corrompue et inefficiente. Surtout lorsqu’elle est comparée au dynamisme économique sur lequel mise le Maroc pour son développement. En réalité, ce n’est qu’en réussissant à concilier les deux que l’on peut espérer voir ce pays avancer de tous les côtés. La technocratie, la politique de l’argent, les promesses rémunérées en amont, ont atteint leur limite.

 

Zouhair Yata

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Maroc : la « suivette » https://lnt.ma/maroc-la-suivette/ Tue, 26 Aug 2025 11:33:51 +0000 https://lnt.ma/?p=533659 Pendant que vous bronziez tranquillement, d’autres n’ont pas chômé cet été. C’est le cas par exemple de quelques armées, suivez mon regard, mais ce n’est pas le sujet. Relevons plutôt le formidable travail d’enquête et les relais médiatiques de quelques irréductibles journalistes français visiblement bien mieux informés que les Marocains eux-mêmes sur leur situation. Alors, […]

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Pendant que vous bronziez tranquillement, d’autres n’ont pas chômé cet été. C’est le cas par exemple de quelques armées, suivez mon regard, mais ce n’est pas le sujet. Relevons plutôt le formidable travail d’enquête et les relais médiatiques de quelques irréductibles journalistes français visiblement bien mieux informés que les Marocains eux-mêmes sur leur situation. Alors, bien sûr, nous ne sommes pas dans les secrets des Dieux et nous ne pouvons que faire des conjectures sur les raisons d’une synchronisation aussi hasardeuse que nonchalante d’articles et de contenus à charge contre le Maroc en cette pré-rentrée dans la presse française, mais l’on peut comprendre que commenter les déclarations de Bayrou soit moins stimulant que de raviver le maronier du fantasme orientaliste du public français.

Et, de la même manière qu’on ne saura pas qui sont les sources des journalistes du Monde, on ne fera pas d’hypothèses sur ceux à qui profite de dénigrer les sacralités de notre pays. Il faut reconnaitre aussi que si comme les champignons, les journalistes peuvent s’avérer vénéneux, nos réactions sont souvent épidermiques lorsqu’on s’attaque au Maroc. Nous Marocains, aimons notre beau pays plus que tout et nous manquons d’objectivité au point d’avoir besoin d’être éclairés de l’extérieur pour sortir de la torpeur nationaliste qui nous aveugle. Une forme de « mansplaining » à la sauce béarnaise puisque bien souvent, c’est de Paris que nous vient la lumière, depuis Voltaire.

Il ne s’agira pas non plus de faire un commentaire de texte pour débusquer les approximations, interprétations et opinions larvées, les fantasmes républicains, les clichés et fake news, pour expliquer la distorsion entre les « révélations » annoncées et la réalité. Cette enquête est tout simplement une succession de faits et d’anecdotes décorrélés de leur contexte, et montés en sauce pour en déduire le pire. Aucune réforme de ces 25 dernières années n’a d’ailleurs trouvé grâce aux yeux des enquêteurs, aucune avancée, rien, nada, pour faire semblant de contrebalancer leur portrait de Dorian Gray de notre pays.

On imagine d’ailleurs très bien Christian et Frédéric, qui ne sont clairement pas Woodward et Bernstein, siroter un thé à la menthe bien sucré dans l’appartement du 7ème d’un de ces fameux membres de l’élite marocaine (binational ?) qu’ils évoquent dans leur enquête, et l’écouter leur distiller ses analyses de sofa sur les coulisses du pouvoir qu’il n’a pas.

Le vrai et le faux sont finalement indiscernables parce que les auteurs eux-mêmes ne font que des suppositions et relaient des propos rapportés auxquels ils appliquent un prisme objectivement à charge.

La mauvaise foi est telle dans cette enquête que les auteurs semblent déplorer que malgré tout ce qu’ils révèlent sur notre Souverain, « la popularité auprès de ses compatriotes… reste, autant qu’on puisse en juger, intacte ». Eh bien vous nous en voyez sincèrement désolés ! Le paternalisme et la prétention sont typiques de la posture française vis-à-vis des Marocains, mais quel manque de respect pour le jugement de nos compatriotes et pour l’histoire de notre Nation.

L’enquête se termine d’ailleurs en apothéose puisque Christian et Frédéric, qui rappelons-le ont décidé de manière désintéressée et non commanditée d’enquêter sur le Maroc en journalistes vertueux, nous prédisent un avenir bien sombre. La phrase suivante « Les lampions de la fête éteints, le Maroc risque de se retrouver face à ses vieux démons » sonne comme une incantation de sorcellerie plus qu’un avis journalistique.

Mais celle-ci : « Alors, les ombres et lumières du règne de Mohammed VI, modernisateur en demi-teinte et réformateur inachevé, se distingueront plus nettement sur les tables du bilan » résonne carrément comme une prophétie biblique !

En tout état de cause, merci pour avoir réussi à produire une enquête qui nous révèle tout ce que nous ne savions pas déjà. Et comme nous vous lisons au Maroc, du moins sur WhatsApp, nous avons hâte de lire les prochaines enquêtes aussi « détaillées » sur le fait qu’une grande partie de la population française et de l’opinion publique mondiale s’interroge sur la sexualité et le genre du couple présidentiel, ou ne serait-ce qu’un exemple de comment Xavier Niel, son propriétaire et par ailleurs époux de la fille de Bernard Arnault, Vincent Bolloré ou Arnaud Lagardère, oligarques par excellence, interfèrent par leur influence sur le pouvoir français.

 

Zouhair Yata

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Discours Royal : À bon entendeur https://lnt.ma/discours-royal-a-bon-entendeur/ Wed, 30 Jul 2025 13:31:29 +0000 https://lnt.ma/?p=533072 Si les discours royaux de Sa Majesté le Roi Mohammed VI sont si attendus et commentés, c’est que le Souverain en a fait au fil des ans, un exercice à la fois de communication directe à l’attention du citoyen marocain et un véhicule d’expression des orientations stratégiques attendues pour le pays. L’approche holistique des discours […]

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Si les discours royaux de Sa Majesté le Roi Mohammed VI sont si attendus et commentés, c’est que le Souverain en a fait au fil des ans, un exercice à la fois de communication directe à l’attention du citoyen marocain et un véhicule d’expression des orientations stratégiques attendues pour le pays. L’approche holistique des discours royaux apporte quant à elle une perspective inédite en mettant en équation tous les sujets qui en font partie, de manière aussi transparente que pragmatique.

Le discours de la Fête du Trône est d’autant plus emblématique, cette année encore, parce qu’il marque l’anniversaire de 26 années de règne de notre Souverain, et que la notion de bilan y est forcément associée.

Celui-ci est clair, malgré les difficultés exogènes comme la sécheresse ou les crises internationales, l’économie marocaine a fait preuve de résilience et a maintenu sa croissance. En témoignent « les exportations industrielles, notamment celles liées aux métiers mondiaux, ont plus que doublé depuis 2014 ». Et, c’est dans sa diversification, notamment industrielle, que le Maroc a puisé cette croissance : « les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, des énergies renouvelables, des industries agroalimentaires et du tourisme constituent désormais un levier essentiel de notre économie émergente ».

Pour SM le Roi, le bilan d’étape est positif, mais incomplet et perfectible parce qu’il ne bénéficie pas à tous de manière équitable. Les mots ont un poids et sont en l’occurrence sans équivoque : « Aucun niveau de développement économique et infrastructurel ne saurait Me contenter s’il ne concourt pas effectivement à l’amélioration des conditions de vie des citoyens. (…) Mais il est regrettable de voir que certaines zones, surtout en milieu rural, endurent encore des formes de pauvreté et de précarité, du fait du manque d’infrastructures et d’équipements de base. (…) Il n’y a de place, ni aujourd’hui, ni demain pour un Maroc avançant à deux vitesses. ».

Et parce que le constat, aussi réaliste qu’il soit, ne suffit pas, Sa Majesté indique la voie à suivre pour s’attaquer à la résorption du gap « à deux vitesses », à travers un rééquilibrage du développement territorial et une mise à niveau globale des espaces territoriaux pour combler les disparités sociales et spatiales. Que cette stratégie devienne prioritaire est une bouffée d’oxygène qui vaut toutes les CAN et Coupe du monde, parce que c’est le réel défi du développement de notre pays.

Ce discours a cette capacité comme les précédents de rassurer autant que de servir d’électrochoc et de catalyseur pour atteindre le cap désigné. Et, le Roi Mohammed VI n’a pas manqué d’inscrire toute cette dynamique dans un cadre plus large, celui notamment de notre voisinage et de l’avancement de notre cause nationale à l’international. La main tendue de longue date à l’Algérie est de nouveau mise en avant par SM le Roi qui appelle à « un dialogue fraternel et sincère portant sur les différentes questions en souffrance ».

Mais, le Maroc ne s’attardera pas plus sur le sujet et avance selon son propre agenda diplomatique, comme en témoignent les positions récentes du Royaume-Uni et du Portugal en faveur de la marocanité de notre Sahara.

En tout état de cause, Urbi et Orbi, il sera difficile de faire l’autruche, la sourde oreille ou l’impasse, face à un discours aussi clair et volontaire. A bon entendeur…

 

Zouhair Yata

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Des Lionnes, avant et malgré tout! https://lnt.ma/des-lionnes-avant-et-malgre-tout/ Sun, 27 Jul 2025 12:36:35 +0000 https://lnt.ma/?p=532957 C’est incroyable à quelle vitesse les vestes peuvent se retourner. Non, les Lionnes de l’équipe nationale féminine de football n’ont pas remporté la finale de cette CAN, mais elles méritent amplement leur surnom, quoi qu’en pensent et en disent les Cassandre, les commentateurs « professionnels » et les lâcheurs de dernière minute. Elles ont trempé […]

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C’est incroyable à quelle vitesse les vestes peuvent se retourner. Non, les Lionnes de l’équipe nationale féminine de football n’ont pas remporté la finale de cette CAN, mais elles méritent amplement leur surnom, quoi qu’en pensent et en disent les Cassandre, les commentateurs « professionnels » et les lâcheurs de dernière minute. Elles ont trempé le maillot, joué collectif et fait preuve d’initiatives audacieuses qui témoignent de leur état d’esprit combatif, à l’image du but inscrit par la capitaine hier soir.

Mais, au-delà des résultats sportifs, ce sont tous les symboles que portent ces quelques femmes marocaines pendant 90 minutes sur le terrain qu’il faut retenir. D’abord, individuellement et collectivement, cette équipe nationale nous ressemble, on y reconnait nos sœurs, nos filles, nos femmes et nos mères, telles qu’elles sont au quotidien, fortes et déterminées. Pas une joueuse ne semble importée d’un autre contexte ou ne pas porter les valeurs qui constituent le socle de notre marocanité.

Ensuite, nous sommes un pays musulman, membre de la communauté des nations arabes et nous en sommes fiers. Pour autant, le Maroc a toujours été attaché à sa spécificité et dès la réforme de la Moudawana en 2004, le Roi Mohammed VI a tracé une trajectoire pour que la Femme marocaine jouisse de tous ses droits et qu’elle ait la reconnaissance appropriée à sa contribution réelle à notre Nation.

C’est ce que l’on voit sur le terrain de manière évidente et ce que dégage cette équipe. Parce que la question n’a jamais été d’imposer aux femmes marocaines une quelconque modernité forcée, ni de l’encourager à négliger ou abandonner son foyer, mais bel et bien de leur reconnaitre le droit à faire leur propre choix. À celles qui ne sont pas choquées par les propos d’Abdellilah Benkirane et qui votent pour le PJD, mais aussi à celles qui en voyant une femme jouer au foot rêvera de s’accomplir dans n’importe quel domaine sans penser que son statut de femme pourrait être limitant.

Alors que notre pays redouble d’efforts pour s’élever, se développer, accueillir le monde entier, se réformer, se donner des ambitions, les Marocaines sont là pour y contribuer comme toujours, elles sont juste enfin plus visibles, et le football en est le parfait exemple.

D’autant que derrière celles qui galopent sur la pelouse, des milliers de personnes sont impliquées, des familles aux équipes de staff qui les accompagnent en passant par l’émulation que leur parcours génère pour toute la jeunesse dont l’engouement pour le football se convertit en infrastructures, en emplois, en investissements etc.

Paradoxalement, la défaite est porteuse d’espoir, elle témoigne du chemin encore à accomplir, mais aussi autant de ce qui a été parcouru. Et dans ce cas, la fierté l’emporte.

Merci à nos Lionnes d’être le reflet de ce que nous devrions toujours être, une nation unie, engagée et prête à se relever pour avancer, quel qu’en soit le prix.

Zouhair Yata

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Le Maroc se transforme : L’arbre et la forêt https://lnt.ma/le-maroc-se-transforme-larbre-et-la-foret/ Thu, 24 Jul 2025 14:36:58 +0000 https://lnt.ma/?p=532764 Toute pièce à son revers. Et la trajectoire de développement volontariste que suit notre pays ne fait pas exception. Entre la planification stratégique étatique et le libéralisme complet, le Maroc a choisi une voie médiane, un mix entre le keynésianisme et un modèle de croissance de startup en plein « scaling », qui fait écho […]

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Toute pièce à son revers. Et la trajectoire de développement volontariste que suit notre pays ne fait pas exception. Entre la planification stratégique étatique et le libéralisme complet, le Maroc a choisi une voie médiane, un mix entre le keynésianisme et un modèle de croissance de startup en plein « scaling », qui fait écho à sa singularité institutionnelle historique.

L’impulsion royale des réformes que connait le pays depuis plus de 25 ans est la colonne vertébrale de cette ambition et les accomplissements qui sont désormais des acquis parlent pour eux-mêmes. Pour autant, l’ambition n’éclipse pas les fragilités et la coexistence de deux Maroc n’est pas théorique. Les disparités économiques, les inégalités sociales, peuvent aussi être décomposées en de nombreuses itérations qui témoignent de la complexité de la réalité nationale. Plus que les clivages classiques entre pauvres et riches, les dualités sont nombreuses. La pauvreté à adresser est à la fois rurale et urbaine, les inégalités, territoriales et géographiques, le chômage des jeunes est endémique alors même que le pays est en plein développement, la santé privée se développe autant que l’isolement de certains de nos concitoyens contraints de manifester leur désespoir dans des marches de la dignité.

Il ne s’agit pas de revenir à une chasse aux sorcières pour pointer les responsabilités du passé, ni comprendre d’où on vient, mais simplement d’évaluer avec pragmatisme ce qu’il faut adresser en priorité pour s’assurer de la pérennité et du bénéfice réel pour le pays de la trajectoire en cours.

Par exemple, les « forces vives » de la nation, elles aussi, sont prises dans cet étau entre dynamique de développement et séquelles du passé. Les partis politiques nationaux, comme les syndicats d’ailleurs, et leurs dirigeants, sont devenus des spectateurs résignés et statiques, qui comme les saloons de western voient passer le train devant eux. Si leur idéologie, leur discours et posture politique n’ont pas su s’adapter, il est pourtant crucial qu’ils trouvent le moyen de contribuer pour nourrir et accompagner le développement du pays par des compétences et des convictions. Parce que même dans la métaphore où le Maroc serait une nouvelle forme de S.A., le PDG ne peut se passer de ses équipes pour opérationnaliser sa vision. La société civile, les intellectuels, les citoyens engagés, sont encore noyés par le comportement individuel trop souvent égoïste et incivile, en particulier chez les plus éduqués en théorie.

La corruption, la fraude, le « noir » et le « cash », les délais de paiement autant que les « on ne prend pas les chèques », sont aussi des marqueurs forts d’une mentalité de passager clandestin qui menace de gangréner toute avancée. Et, comme lorsqu’on vous double sur la droite ou que quatre voies se constituent sur une double voie, tous les Marocains, hommes et femmes, riches et pauvres, vieux et jeunes, éduqués ou analphabètes, en semblent capables, et c’est bien là le problème. C’est ce qui fait que même dans les domaines où une dynamique positive est enclenchée, vous trouverez quand même quelqu’un pour vous dire que malheureusement rien n’avance.

Par ailleurs, le Maroc n’est pas un vase clos, notre ouverture internationale est à la fois un héritage du passé et une stratégie contemporaine. Cela signifie aussi que nous subissons tout un tas de contraintes et de risques dont nous ne pouvons ni anticiper ni atténuer l’impact complètement. La pandémie de la Covid, l’inflation mondiale, les changements politiques chez nos voisins, et les tensions géopolitiques qui s’invitent à notre table, sont autant d’exemples qui doivent mettre en perspective la résilience de notre modèle qui est souvent tenue en exemple, mais qui a un certain prix.

C’est à l’aune de toutes ces vérités, paradoxes et challenges que nous vous invitons à appréhender ce numéro spécial dédié au Maroc qui se transforme, inexorablement, sous nos yeux. Les énergies positives y sont nombreuses pour relever les défis du développement de notre pays, qui se sont transformés en objectifs, chiffrés, datés et suivis. Des moyens structurels et colossaux, financiers et humains, sont engagés pour faire passer ce cap au Maroc et avec brio. Parce qu’« un homme avertit en vaut deux », c’est en connaissance de cause, conscients de toutes les réalités, que nous devons œuvrer seuls et ensemble, à concrétiser cette ambition.

 

Zouhair Yata

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L’investissement tous azimuts, fer de lance de la transformation marocaine https://lnt.ma/linvestissement-tous-azimuts-fer-de-lance-de-la-transformation-marocaine/ Thu, 24 Jul 2025 14:35:57 +0000 https://lnt.ma/?p=532772 Dans un contexte mondial instable, traversé par les secousses géopolitiques et une forte volatilité économique, le Maroc fait le choix assumé d’un volontarisme budgétaire inédit. Porté par une vision claire à l’horizon 2030, le Royaume engage un programme d’investissements massifs qui embrasse des ambitions multiples : souveraineté énergétique, transition écologique, montée en gamme industrielle, dynamisation […]

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Dans un contexte mondial instable, traversé par les secousses géopolitiques et une forte volatilité économique, le Maroc fait le choix assumé d’un volontarisme budgétaire inédit. Porté par une vision claire à l’horizon 2030, le Royaume engage un programme d’investissements massifs qui embrasse des ambitions multiples : souveraineté énergétique, transition écologique, montée en gamme industrielle, dynamisation des territoires, infrastructures sportives de niveau mondial, et services publics rénovés. Ce plan d’envergure repose sur une pluralité de leviers, du financement public au partenariat privé en passant par l’appui multilatéral du FMI notamment, et redessine les contours du rôle économique de l’État, des régions et du secteur financier.

Aujourd’hui, l’investissement brut pèse près de 30 % du PIB national. La composante publique représente à elle seule plus de 20 % du PIB, portée par un rythme moyen de croissance de l’investissement de +10 % par an. Cette dynamique s’accompagne d’un effort accru d’efficacité : le taux d’émission budgétaire atteint 82,6 % en 2023, contre 77,9 % en 2019, témoignant d’une montée en puissance opérationnelle. Les grands opérateurs publics, établissements, offices, entreprises stratégiques, concentrent leurs efforts sur les chantiers vitaux du pays : énergie, transport, eau, environnement, santé, éducation.

En parallèle, le Maroc cherche à faire émerger une nouvelle doctrine de l’investissement où le secteur privé assume une place prépondérante. L’objectif d’un basculement vers une configuration « deux tiers privé, un tiers public » reste ambitieux mais nécessaire pour garantir la soutenabilité des efforts engagés. Si le cadre juridique encadrant les partenariats public-privé (PPP), notamment la loi n°86-12 de 2015 révisée en 2020, existe, la concrétisation sur le terrain reste à transformer. Toutefois, les signaux se multiplient dans les énergies renouvelables, le dessalement, les infrastructures sportives et logistiques, la mobilité urbaine, etc. Autant de secteurs où la dynamique de co-investissement est désormais lancée.

Dans cet écosystème en transformation, les partenaires internationaux jouent un rôle clé. Le Fonds monétaire international accompagne activement le Maroc à travers des mécanismes inédits : une Ligne de Crédit Modulable de 4,5 milliards de dollars accordée en 2024, qui renforce la résilience externe du pays, et une Facilité pour la Résilience et la Durabilité (937,5 millions de dollars), ciblant les enjeux climatiques, énergétiques et institutionnels (cf entretien avec Mme Jaramillo Mayor, chef de Mission pour le Maroc au FMI). Ces instruments, conjugués à un dialogue macroéconomique étroit, permettent au Royaume d’afficher une trajectoire budgétaire maîtrisée tout en préparant deux importantes sorties internationales prévues en 2025.

Les marchés financiers, eux aussi, sont en pleine effervescence. La Bourse de Casablanca a atteint une capitalisation de 49 % du PIB, un record historique, portée par des conditions favorables aux introductions en bourse qui se multiplient, une liquidité accrue et un regain d’appétit pour le risque. Toutefois, certaines fragilités persistent. Le private equity, outil pourtant stratégique pour le financement des PME, est en repli structurel, faute de renouvellement des fonds. La titrisation reste marginale, concurrencée par le crédit bancaire classique. Ce dernier continue de dominer le paysage du financement, avec un encours représentant 75 % du PIB, dont 68 % destinés au secteur privé. Les crédits à l’équipement progressent autour de 16 % du PIB, mais le financement industriel reste stable (9 %), appelant à des mesures de stimulation ciblées. C’est l’objectif poursuivi par les nombreux roadshows bancaires destinés aux industriels et à la présentation des conditions et avantages de la nouvelle Charte d’Investissement.

Au-delà des chiffres, c’est une véritable reconfiguration sectorielle et territoriale qui est en marche. Le Maroc investit massivement dans le dessalement, avec plus de 140 milliards de dirhams programmés d’ici 2030 pour sécuriser ses ressources hydriques. L’hydrogène vert, enjeu géopolitique majeur des décennies à venir, mobilisera plus de 32 milliards de dollars dans des projets intégrés mêlant EnR, dessalement et production d’ammoniac.

 

La santé, avec la modernisation des CHU et la réhabilitation de plus de 1400 centres de santé, fait l’objet d’un investissement de plus de 14 milliards de dirhams. Les transports ferroviaires, les ports, les aéroports, le tourisme, les télécoms et même l’industrie des batteries sont autant de piliers ciblés pour renforcer la souveraineté stratégique du pays, et surtout à long terme.

 

À l’approche des grands rendez-vous internationaux que sont l’organisation de la CAN 2025 en fin d’année et la Coupe du monde 2030, le Maroc mobilise également des montants colossaux pour moderniser ses infrastructures urbaines, sportives et culturelles. Mais derrière cet élan volontariste, se pose une double question centrale : celle de la coordination stratégique des projets et celle de la soutenabilité du financement. À cette aune, l’année 2025 pourrait bien représenter un tournant. Un moment où le Maroc, fort de sa stabilité macroéconomique et de la crédibilité de ses réformes, tentera de concrétiser un nouveau pacte de développement durable, inclusif et résilient. pour Ibn Sina + 1,7 MMDH pour la modernisation des CHU.

 

Zouhair Yata


 

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Cap Maroc 2030 : Au-delà du foot https://lnt.ma/cap-maroc-2030-au-dela-du-foot/ Thu, 24 Jul 2025 11:53:35 +0000 https://lnt.ma/?p=532766 La Coupe du monde 2030 ne se jouera pas que dans les stades. En coorganisant cet événement avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc s’engage bien au-delà du sport. C’est une décennie de transformation nationale qui s’esquisse, dans la continuité d’une série de plans stratégiques (Maroc 2030, Maroc Digital 2030, Aéroports 2030…) qui placent le […]

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La Coupe du monde 2030 ne se jouera pas que dans les stades. En coorganisant cet événement avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc s’engage bien au-delà du sport. C’est une décennie de transformation nationale qui s’esquisse, dans la continuité d’une série de plans stratégiques (Maroc 2030, Maroc Digital 2030, Aéroports 2030…) qui placent le pays sur les rails d’un repositionnement économique, social et institutionnel majeur.

Ce rendez-vous mondial agit comme un catalyseur : il active des leviers à court terme comme la ferveur sportive, stimule à moyen terme les infrastructures et le tourisme, et accélère sur le long terme les réformes structurelles. Le football, lui, joue le rôle de déclencheur émotionnel, en capitalisant sur l’épopée des Lions de l’Atlas au Qatar en 2022 qui a marqué un tournant. La première sélection africaine à atteindre une demi-finale de Coupe du monde, est devenu le symbole d’une nation jeune, ambitieuse et unie. Depuis, les investissements dans les académies de formation, les rénovations de stades (Casablanca, Fès, Agadir, Tanger) et l’organisation de la CAN 2025 participent à inscrire le sport dans une stratégie de mobilisation de la jeunesse.

Mais l’essentiel se joue ailleurs pour notre pays. Dans les coulisses du ballon rond, un effort logistique colossal est engagé. Le Maroc prévoit plus de 100 milliards de dirhams d’investissements dans les transports, la santé, l’hôtellerie et le divertissement pour se hisser au niveau des standards mondiaux. Le secteur du tourisme, déjà au cœur de la Vision 2020 puis relancé après le Covid, vise désormais les 300 000 lits touristiques d’ici 2030, contre environ 230 000 aujourd’hui. Le plan Aéroports 2030 prévoit la modernisation de plusieurs terminaux, et l’ONDA travaille à améliorer l’expérience passager dans un contexte d’explosion attendue du trafic aérien.

En parallèle, la digitalisation est une autre priorité. La stratégie Maroc Digital 2030 veut faire émerger des solutions numériques locales, renforcer les services publics en ligne, et générer de l’emploi dans la tech. Dans ce contexte, la transformation numérique de l’administration, la cybersécurité, la connectivité territoriale et l’inclusion digitale sont des piliers. Et, cette dynamique s’inscrit dans un agenda plus vaste avec la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), la réforme de la Moudawana, les débats autour des peines alternatives dans le code pénal, ou encore l’introduction du permis à points, qui traduisent une volonté de bâtir un nouveau contrat social.

Le Maroc n’est pas seul dans son action et bénéficie du soutien des institutions internationales, à l’image du FMI qui vient renforcer et soutenir cette ambition nationale. La ligne de crédit modulable de 4,5 milliards de dollars accordée au Royaume pour accompagner ses réformes structurelles et sécuriser ses réserves de change est en effet un signal fort pour les investisseurs et une reconnaissance internationale de la trajectoire choisie.

Le financement est au cœur des enjeux dans tous les secteurs amenés à se moderniser mais l’enjeu est également territorial pour que ce développement bénéficie autant que possible à tout le pays et nos concitoyens dans leur globalité. Le rôle des régions, mais aussi des collectivités territoriales prend une nouvelle dimension dans ce contexte, avec des accès aux financements diversifiés et une obligation de résultats et de transparence qui va de pair avec la mobilisation de fonds privés.

Au-delà du football, c’est bel et bien l’avenir durable du pays qui est en jeu et l’ampleur de la tâche est à la hauteur de l’ambition, colossale.

 

Zouhair Yata

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Espagne-Maroc : « Qué calor » https://lnt.ma/espagne-maroc-que-calor/ Wed, 16 Jul 2025 12:50:36 +0000 https://lnt.ma/?p=532431 Depuis le début du mois de juillet, la petite ville espagnole de Torre Pacheco, en région de Murcie, est au cœur de l’actualité ibérique et crée une inquiétude grandissante de ce côté du détroit. L’agression d’un habitant espagnol de 68 ans par des jeunes d’origine nord-africaine a ouvert la boite de Pandore et déclenché une réaction […]

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Depuis le début du mois de juillet, la petite ville espagnole de Torre Pacheco, en région de Murcie, est au cœur de l’actualité ibérique et crée une inquiétude grandissante de ce côté du détroit. L’agression d’un habitant espagnol de 68 ans par des jeunes d’origine nord-africaine a ouvert la boite de Pandore et déclenché une réaction d’abord vive de l’opinion publique locale, puis violente et radicale par des groupes d’extrême droite. Des appels à la « chasse aux migrants » ont inondé les réseaux sociaux et de véritables ratonnades s’en sont suivies pendant au moins trois nuits d’affilée. Les autorités espagnoles ont déployé des moyens importants avec quelque 150 agents de police pour protéger les habitants et les commerces, et surtout éviter de nouvelles violences, mais la crise est déjà plus large. Car la petite ville de Torre Pacheco est devenue l’épicentre symptomatique de problèmes larvés dont l’éruption récente n’est qu’une première secousse, qui risque d’être suivie de répliques.

Les Marocains et leurs descendants forment près d’un tiers des 40 000 habitants de Torre Pacheco, et constituent une main-d’œuvre essentielle à l’agriculture locale : melons, agrumes, légumes. Beaucoup se sont installés progressivement depuis près de 25 ans, construisant leur vie en Espagne, scolarisant leurs enfants, investissant dans l’économie locale. Pourtant, ils se retrouvent aujourd’hui la cible de violences et d’ostracisme parce que le contexte espagnol, européen, mondial connait de profondes mutations, dont la montée des extrêmes droites.

L’émanation espagnole de cette mouvance transnationale, le parti Vox, se nourrit comme tous les partis populistes des difficultés économiques et amplifie tous les ressentiments possibles de la population, caressant ses plus bas instincts. L’inquiétude marocaine pour la sécurité de ses ressortissants n’est donc pas exagérée lorsque c’est à « nettoyer la ville » que les Espagnols sont appelés par ces extrémistes de droite, anonymes sur les réseaux. Il n’est plus simplement question d’un fait divers local, mais d’une mise en danger de centaines de familles marocaines installées et intégrées, victimes des amalgames et du racisme.

C’est aussi une grosse pierre dans la chaussure du gouvernement espagnol actuel, dont l’opposition tient une opportunité toute faite pour le chahuter et le déstabiliser, voire pour remettre en cause son prisme marocain, alors même qu’après une longue période de troubles, la coopération bilatérale entre les deux pays n’a jamais été aussi dense. Elle est même désormais stratégique pour les deux pays dans de nombreux domaines à court, moyen et long terme. Par exemple, la coordination du retour des MRE via les enclaves de Ceuta et Melilla et la gestion du flux migratoire vers l’Europe via l’Espagne, nécessitent une forte coopération sécuritaire et policière. Au niveau économique, les deux pays collaborent étroitement sur l’énergie, le Maroc se positionnant en fournisseur d’électricité ponctuel pour la péninsule lors de pics de consommation. Il y a un projet de tunnel sous le Détroit de Gibraltar qui serait le symbole d’un trait d’union entre les deux nations et continents. Et, surtout, nos destins sont irrévocablement liés avec la tenue de la Coupe du Monde 2030 entre le Maroc, l’Espagne et le Portugal.

C’est toute cette relation, structurée de plus en plus dans un format « win-win » entre les deux rives, que la montée aveugle d’une violence raciste à l’intérieur même de l’Espagne met en danger, en plus de la sécurité de la communauté marocaine. Il faudra malheureusement plus qu’un Canadair pour éteindre ce feu et éviter qu’il ne se répande…

Zouhair Yata

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De Achoura à Toto : la jeunesse en feu https://lnt.ma/de-achoura-a-toto-la-jeunesse-en-feu/ Wed, 09 Jul 2025 10:17:10 +0000 https://lnt.ma/?p=532069 Les célébrations de Achoura ont depuis longtemps été le théâtre de débordements des festivités, avec leurs lots de tristes anecdotes d’enfants ou de jeunes pris dans des drames pyrotechniques. Mais, les images que nous avons vues cette année sont dignes d’émeutes urbaines, de guérillas même. La symbolique est toute trouvée, les feux d’artifice laissent la […]

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Les célébrations de Achoura ont depuis longtemps été le théâtre de débordements des festivités, avec leurs lots de tristes anecdotes d’enfants ou de jeunes pris dans des drames pyrotechniques. Mais, les images que nous avons vues cette année sont dignes d’émeutes urbaines, de guérillas même. La symbolique est toute trouvée, les feux d’artifice laissent la place à des feux de détresse pour une certaine jeunesse marocaine. Les flammes, les jets de projectiles, les affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, les bonbonnes de gaz qui explosent… Ce n’est plus la fête. C’est un signal d’alarme.

Car derrière les fumigènes artisanaux et les pétards surpuissants se cachent des années de marginalisation qui ont conduit de l’oisiveté au détachement et à la violence.

Alors que fait-on ? On condamne. On partage les images. On s’indigne. Et on oublie, jusqu’à l’année suivante. Pourtant tout le monde sait que si certains jeunes brûlent la rue, c’est aussi parce qu’ils n’ont pas de place dans l’école, dans l’emploi, dans la ville. Que l’urbanisme lui-même les parque à la périphérie, les repousse vers des zones où ce fameux progrès du Maroc est un mirage.

Pour autant, doit-on accepter comme une fatalité que les habitants, les familles, les enfants et même les forces de l’ordre subissent cette violence inouïe ? Le désœuvrement est-il un blanc-seing à la prise en otage du reste de la société ? N’y a-t-il pas une voie individuelle ou alternative pour essayer de s’élever ou de sortir de la précarité que pourraient emprunter chacun de ces jeunes, comme le font des millions d’autres chaque jour et qui prouvent que sombrer dans la violence n’est pas la seule solution ?

Même si les textes de Toto sont crus et durs, et qu’il faut encore rappeler aux vieux schnocks de tout âge que le Rap est un style musical artistique et qu’Eminem ne s’excuse pas pour ses gros mots, ce rappeur est désormais un modèle de réussite pour la jeunesse. Et c’est là tout le paradoxe, Toto parle de galères dans ses textes mais force l’admiration pour sa réussite et donne de l’espoir à nos jeunes. Comme il le dit lui-même dans un de ses textes : « J’ai changé ma vie, j’viens du noir et j’brille comme une étoile ».

La jeunesse a besoin d’exutoires et d’échappatoires et parfois l’art est le seul miroir, même déformant, qu’elle possède. Le fait que certains, qui ont pourtant du entendre parler de Woodstock, ne soient pas capables de faire la différence entre des délinquants émeutiers et des festivaliers, est symptomatique du problème. Or, en réalité, il faudrait résorber le premier problème et amplifier le second phénomène.

L’État est en première ligne face à la violence inouïe que certains jeunes génèrent, pendant Achoura mais aussi le reste de l’année aux abords des stades de football par exemple. La réponse des autorités est ferme, sur le plan sécuritaire et sur le plan judiciaire comme en témoignent les réformes en cours. Mais, cela ne peut pas suffire. Et, si on ne fera pas d’un délinquant un doctorant à l’UM6P du jour au lendemain, il faudra bien commencer à un moment donné à s’attaquer au fond plutôt qu’à la forme. Désenclaver les quartiers populaires, les aménager dignement, offrir des perspectives d’emploi réelles et à proximité, sauver les destins, un par un s’il le faut, mais s’y atteler est la priorité.

D’autant qu’en dézoomant du prisme unique de la jeunesse, le reste de la société porte les mêmes paradoxes. L’état des plages pendant la canicule récente, qui ressemblaient plus à des camps de réfugiés ou de déplacés qu’à des scènes de vacanciers profitant des plaisirs du littoral, sont un bel exemple de la dualité permanente dans laquelle nous vivons. Nous pouvons nous contenter de constater que les autorités interviennent sur place pour faire retirer les draps et les tentes sur les plages, ou se demander pourquoi certaines familles marocaines n’ont pas d’autres échappatoires que de s’approprier une partie de l’espace collectif pour ressentir un semblant de bien-être.

 

Zouhair Yata

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Partenaire officiel de la CAF : Danone « is back » https://lnt.ma/partenaire-officiel-de-la-caf-danone-is-back/ Tue, 08 Jul 2025 13:43:48 +0000 https://lnt.ma/?p=532025 Danone renoue avec le ballon rond, et pas de n’importe quelle manière : en s’alliant avec la Confédération Africaine de Football (CAF), la marque emblématique signe un retour stratégique au cœur du sport roi sur le continent africain. Un partenariat multidimensionnel officialisé à Casablanca, qui marque une nouvelle ère pour le groupe en Afrique et […]

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Danone renoue avec le ballon rond, et pas de n’importe quelle manière : en s’alliant avec la Confédération Africaine de Football (CAF), la marque emblématique signe un retour stratégique au cœur du sport roi sur le continent africain. Un partenariat multidimensionnel officialisé à Casablanca, qui marque une nouvelle ère pour le groupe en Afrique et particulièrement au Maroc, son plus grand marché historique sur le continent.

Avec ce partenariat officiel pour les deux prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des Nations – masculine et féminine – Danone affirme un positionnement clair, conjuguer nutrition et passion du sport pour mieux toucher ses cibles prioritaires, notamment les enfants et les familles. Des publics pour qui le football est bien plus qu’un divertissement, un langage universel, un vecteur d’aspiration et un point de convergence sociale.

Le choix du Maroc pour annoncer ce partenariat n’a rien de fortuit. Si le Royaume accueille les prochaines CAN, il est aussi le siège du bureau Afrique de la FIFA, et surtout un marché central pour Danone. Un marché qui, après des années mouvementées, retrouve aujourd’hui une dynamique positive. En misant sur la visibilité unique offerte par ces compétitions continentales, Danone cherche à redonner de l’élan à sa croissance locale en reconnectant avec les consommateurs autour de valeurs communes, santé, proximité, engagement.

Si la signature s’opère sous la bannière institutionnelle du groupe Danone, c’est bien l’ensemble de ses marques locales ancrées dans les habitudes de consommation qui seront activées sur le terrain. Jamila, Assiri, Moufid, ou encore FanMilk et Dan’Up participeront à l’opération à travers des campagnes dans les stades, les fan zones et les médias. Cette stratégie multimarques permettra de toucher de manière ciblée une large palette de publics.

Une présence physique est également prévue avec la distribution de produits laitiers à plus de 10 000 bénévoles, 5 000 journalistes et aux officiels des compétitions.

Au-delà de la visibilité événementielle, Danone et Centrale Danone souhaitent s’impliquer sur des enjeux de fond comme la nutrition infantile, la pédagogie alimentaire, l’activité physique dès le plus jeune âge. En témoigne le lancement conjoint d’un programme scolaire panafricain avec la CAF, incluant des kits pédagogiques pour sensibiliser les jeunes footballeurs aux bonnes pratiques alimentaires et sportives. Cette initiative prolonge l’héritage de la Danone Nations Cup, organisée pendant plus de 20 ans.

Au Maroc, dire « Danone » revient souvent à dire « yaourt », une antonomase qui est la preuve ultime d’un ancrage profond dans l’imaginaire collectif. Ce retour dans le sport roi conforte donc une ambition double, celle de renforcer la notoriété de Danone tout en redynamisant ses marques de grande consommation, au service d’un storytelling cohérent et porteur de sens.

Zouhair Yata


Ils ont dit…

« Ce partenariat reflète pleinement notre mission : apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre. Les valeurs de ces compétitions — proximité, transmission, célébration — résonnent profondément avec celles de Danone. Nous sommes fiers de participer à ces événements emblématiques pour faire rayonner nos marques et notre vision en Afrique. L’Afrique est le berceau de l’humanité et sera aussi son futur », a déclaré Antoine de Saint- Affrique, Directeur Général de Danone.

« Centrale Danone est fière de s’associer, aux côtés du Groupe Danone, à des événements sportifs d’envergure en Afrique. Ce partenariat reflète notre volonté de soutenir des initiatives porteuses de sens, alignées avec notre mission : apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre. Il s’inscrit également dans la continuité de nos engagements en faveur du sport et d’une alimentation saine, en cohérence avec notre partenariat local avec la FRMF, couvrant toutes les catégories et tous les genres », a dit Hervé Barrère, Directeur Général de Centrale Danone.

 

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Assises Nationales : Le Maroc, debout pour l’IA https://lnt.ma/assises-nationales-le-maroc-debout-pour-lia/ Wed, 02 Jul 2025 15:30:42 +0000 https://lnt.ma/?p=531792 Dans le domaine de la technologie, intrinsèquement très évolutif et en perpétuel mutation, il y a des sujets qui sont dans l’air du temps et qui comme le vent, ont tendance à balayer tous azimuts, mais dont il ne reste pas grand-chose dans le temps. Savoir identifier les bonnes tendances technologiques de fond, les anticiper, […]

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Dans le domaine de la technologie, intrinsèquement très évolutif et en perpétuel mutation, il y a des sujets qui sont dans l’air du temps et qui comme le vent, ont tendance à balayer tous azimuts, mais dont il ne reste pas grand-chose dans le temps. Savoir identifier les bonnes tendances technologiques de fond, les anticiper, accompagner leur développement et en tirer profit durablement est donc une gageure majeure pour les entreprises privées et a fortiori pour les États.

Bien que l’émergence de l’intelligence artificielle ne soit pas si récente, le momentum actuel autour de cette technologie est tel que de nombreuses lames de fond se redessinent structurellement. De l’emploi à l’industrie, des services publics à la digitalisation de l’administration, jusqu’à l’usage régulé par le citoyen lambda, les impacts de cette révolution technologique pour les États sont colossaux. Pour des budgets publics toujours fortement impactés par exemple par le poids des fonctionnaires ou par l’efficacité des différentes composantes de l’administration publique, en particulier pour un pays en pleine transformation économique comme le Maroc, l’IA est une « golden opportunity » et une promesse supplémentaire d’accélération et d’efficience des réformes et progrès du Royaume.

L’organisation d’Assises nationales dédiées au sujet, avec plus de 2 000 participants représentants tout un écosystème d’experts, d’universitaires, d’étudiants, de professionnels et d’acteurs privés et publiques de différentes tailles, est au moins la preuve que notre pays a compris les enjeux qui se jouent et a l’intention résolue de ne pas manquer le train en marche. Et que, comme la fiscalité, l’agriculture, l’industrie ou d’autres sujets d’importance stratégique pour le pays, l’intelligence artificielle, par son impact holistique, mérite une approche concertée, proactive et nationale.

Parce que ce que l’IA a en commun fondamentalement avec les domaines précités, c’est qu’elle touche à la souveraineté nationale et cela implique naturellement fortement l’État. Il ne s’agit donc plus tant d’adoption technologique que de construction active d’un écosystème national qui peut garantir une souveraineté technologique (bien que relative) mais surtout cognitive. Le Maroc doit contribuer à trouver des solutions pour lui mais aussi pour les autres. A l’image de ce que le pays réalise dans le secteur automobile et aéronautique, en termes d’intégration et d’expertise, l’IA peut être aussi un moyen pour le Maroc de s’arrimer durablement à l’écosystème mondial qui se développe autour de cette technologie.

Au-delà, pour un pays qui malgré une réelle volonté de développement et de réformes, continue de pâtir d’un chômage des jeunes massif, alors que paradoxalement nos étudiants les plus brillants tiennent le haut du pavé dans les grandes écoles scientifiques, l’IA est aussi une opportunité formidable de renverser la vapeur.

Et pour former des centaines, des milliers de jeunes à ces nouvelles technologies, il faut des infrastructures universitaires, dotées des mêmes standards qu’à l’international. Les campus souvent critiqués de l’UM6P sont en réalité un prérequis qui permet aujourd’hui de se projeter dans cette stratégie, avec l’appui et le relais, le mimétisme même des universités privées qui essaiment désormais le pays, parce qu’on en a les moyens opérationnels. Nous allons pouvoir nous atteler à trouver des solutions locales au service de tous les enjeux nationaux, de la gestion de l’eau, à l’éducation scolaire en passant par les diagnostics médicaux, la modernisation de l’agriculture, de l’administration, et tant d’autres qui ne sont même pas encore identifiés.

Des Assises, une Loi cadre, un écosystème identifié, légitime et accompagné, des perspectives d’emplois qualifiés et gratifiants pour la jeunesse, un arrimage international supplémentaire et une souveraineté garantie, un modèle de durabilité énergétique innovant, tous les ingrédients sont réunis avec pour une fois bien moins de vœux pieux et plus d’action. Parce qu’avec l’IA encore plus que pour n’importe quel sujet, le temps est compté.

 

Zouhair Yata

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#JusticePourRita : « L’fchouch ou l’buzz » https://lnt.ma/justicepourrita-lfchouch-ou-lbuzz/ Tue, 24 Jun 2025 09:18:21 +0000 https://lnt.ma/?p=531402 Les faits sont connus de tous, la petite Ghita, âgée d’à peine 4 ans a été fauchée par un 4×4 sur la plage de Sidi Rahal près de Casablanca. Opérée pour une fracture du crâne, la fillette a quitté la clinique et entame désormais une longue convalescence, à domicile, selon les déclarations de son père. […]

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Les faits sont connus de tous, la petite Ghita, âgée d’à peine 4 ans a été fauchée par un 4×4 sur la plage de Sidi Rahal près de Casablanca. Opérée pour une fracture du crâne, la fillette a quitté la clinique et entame désormais une longue convalescence, à domicile, selon les déclarations de son père.

Comme cela arrive souvent lorsqu’une injustice a lieu, les réseaux sociaux et les Marocains en général ont pris fait et cause pour la fillette et le hashtag #JusticePourRita compte des milliers d’occurrences de contenus en quelques jours. Les internautes dénonçant rapidement les conditions de ce drame, du statut de privilégié de l’auteur au manque de sécurité au niveau des plages nationales en passant par l’inefficacité de la justice, qui serait à deux vitesses (au moins).

Sauf que, la réaction épidermique qui est à la hauteur du choc qui l’a provoqué, produit des effets pervers qui ne font qu’empirer la situation. Il aura fallu le courage d’un père, qui malgré le contexte tragique qu’il affronte, pour rétablir la vérité que même les médias les plus aguerris n’ont pas recherché. D’après un communiqué publié sur sa page Facebook, le père de Ghita, nie que l’auteur du drame ait tenté de prendre la fuite et qu’il aurait affirmé être riche pour se justifier. On apprend également que l’auteur a été appréhendé, mis en détention et que son procès se tient bien rapidement.

Le père de Ghita termine en avertissant sur les risques d’escroquerie au nom de sa fille, parce que oui, même dans ces situations dramatiques, certains s’organisent pour en tirer profit.

Tout cela nous enseigne qu’il faut toujours prendre un peu de temps avant de réagir, parce que les bonnes intentions ne suffisent pas. Un peu de retenue, de pudeur, de prières plutôt que de propagations de rumeurs qui ne font que caresser nos bas instincts dans le sens du poil. La création même du hashtag suppose que dans le Maroc d’aujourd’hui, un tel drame pourrait rester impuni. Pourtant, les autorités judiciaires ont montré à plusieurs reprises leur détermination à faire preuve de diligence et à s’assurer que personne n’est au-dessus de la loi. De nombreuses affaires en témoignent, celles du drame du McDonalds de Ain Diab, du scandale de l’avocate parisienne, de l’humouriste étranger à Marrakech, des braqueurs de livreurs adolescents de Californie et même des Walis. L’impunité judiciaire présumée des nantis et des riches n’est donc pas vraiment le sujet.

En revanche, l’impunité que pense acquise une partie de la jeunesse « bien née » est le cœur du problème. Le Maroc a changé, de haut en bas, mais le message n’a pas été transmis à une génération qui a baigné dans des privilèges indus. Le rôle des élites, puisqu’elles doivent exister, est de constituer une aspiration, un modèle, pour le reste de la société. « Lfchouch » ne peut pas continuer de causer des tragédies sans que des mesures fermes et exemplaires soient prises. L’inconscience des uns ne peut pas ternir les efforts des autres, comme pour l’article 507, certaines circonstances doivent être érigées en lignes rouges.

De même, il faut prendre des mesures d’urgence pour sécuriser les espaces publics. Comment est-il possible d’imaginer qu’un véhicule motorisé ait accès à une plage publique destinée à la baignade ? Combien de niveaux administratifs sont défaillants dans ce cadre ? Qui est responsable d’avoir permis à l’impossible de se produire ?

En attendant d’avoir des réponses judiciaires à ces questions, collectivement, c’est un prompt rétablissement que nous devons souhaiter à la petite Ghita, du courage et de la force à sa famille, un soutien moral et bienveillant, pas du voyeurisme et de l’opportunisme populiste.

 

Zouhair Yata

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Israël-Iran : Liar Liar https://lnt.ma/israel-iran-liar-liar/ Wed, 18 Jun 2025 14:07:25 +0000 https://lnt.ma/?p=531156 L’offensive unilatérale de l’État d’Israël contre la République islamique d’Iran a un goût de déjà-vu. Les plus jeunes ne s’en rappellent surement pas, mais l’opinion publique mondiale a déjà avalé dans un passé pas si lointain une énorme couleuvre, lorsque les États-Unis de Georges W. Bush ont affirmé « preuves » à l’appui que le régime de […]

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L’offensive unilatérale de l’État d’Israël contre la République islamique d’Iran a un goût de déjà-vu. Les plus jeunes ne s’en rappellent surement pas, mais l’opinion publique mondiale a déjà avalé dans un passé pas si lointain une énorme couleuvre, lorsque les États-Unis de Georges W. Bush ont affirmé « preuves » à l’appui que le régime de Saddam Hussein détenait des armes nucléaires. La guerre en Irak qui s’en est suivie a permis de sécuriser les ressources pétrolières du pays entre autres pour les pays occidentaux, tout en s’assurant d’une nouvelle continuité en changeant de régime.

A cette occasion comme tant d’autres, on a pu observer en première ligne, la capacité des puissances à manipuler les foules en les nourrissant de peur et de scenarii catastrophiques. Ainsi, parce que comme on dit, « jamais deux sans trois », la chimère du jour est l’imminence d’une troisième guerre mondiale, et nucléaire s’il vous plait ! Pour la petite histoire, il faut garder en tête que le 20ème siècle a connu deux guerres dites mondiales, parce que nos chers pays occidentaux ont embarqué pas une mais deux fois leurs colonies dans la bataille. Il faut garder à l’esprit aussi que tout ce que nous vivons aujourd’hui découle du partage au ciseau, comme une bonne pizza napolitaine, de nations, de peuples et de territoires par les gagnants de ces guerres.

En réalité, aujourd’hui en 2025, nous sommes loin d’une guerre mondiale malgré tout ce qui se passe et c’est presque inquiétant. Aujourd’hui, on peut tuer des milliers de personnes, impunément, aux yeux de tous, sans que cela ne provoque une guerre mondiale. Le droit international, de la guerre, des réfugiés, les conventions internationales, les instances même mondiales, sont violés par ceux-là même qui les ont rédigés et imposés à tous.

Mieux encore, l’Iran est le parfait épouvantail pour jouer les têtes de turc. Qui a envie de se battre ou de défendre l’Iran ? Qui est prêt à perdre des vies, ou à simplement mettre à mal la petite routine consumériste dans laquelle nous sommes tous somnolents ? Si le sort des Ukrainiens, bien blancs et bien blonds, n’a pas déclenché de guerre mondiale face au grand méchant ours russe, pourquoi les Iraniens ou les Palestiniens seraient secourus et par qui ?

L’Iran est indéfendable parce que c’est une réalité, le régime est dictatorial, oppresseur et liberticide. Téhéran est le soutien principal, pour ne pas dire le donneur d’ordres d’organisations terroristes. Mais surtout, l’Iran a peu d’alliés pouvant faire le poids face à la coalition de pays dotés eux, réellement de la puissance de frappe nucléaire. Si Netanyahu dit depuis des décennies que l’Iran a la capacité de créer une bombe nucléaire dans des délais très brefs, et qu’il cherche aujourd’hui à renverser le régime, ce n’est pas pour le bien de l’humanité, mais bel et bien pour s’assurer de garder un ennemi à portée de mains pour servir de bouc émissaire lorsque c’est nécessaire.

Netanyahu sait très bien que si l’Iran avait la bombe nucléaire ce ne serait pas tant pour l’utiliser contre Israël mais bien pour enfin être tranquille et ne plus risquer ce qui se passe typiquement aujourd’hui où le pays est à la merci de son pire ennemi.

D’autant que l’affaiblissement de l’Iran en arrange beaucoup, de la Turquie à l’Arabie saoudite en passant par les pays du Golfe. Alors, si l’Iran n’a pas de bombe nucléaire pour tenir ses ennemis à distance, qu’Israël n’a pas besoin de la communauté internationale pour décider qu’il faut renverser le régime des mollahs, globalement plus détesté qu’autre chose, pourquoi irions-nous vers une guerre mondiale ?

Le plus probable, c’est que les deux millions de Palestiniens continuent de mourir sous les balles israéliennes en récupérant un carton de biscuits cassés en mille morceaux, ou écrasés par la foule affamée, dans une indifférence encore plus sourde que ces derniers mois. Ce qui est probable c’est aussi que Netanyahu atteigne son objectif de diversion avant même que ses amis ou ses ennemis aient le temps de se mettre d’accord sur la marche à suivre. Parce qu’en réalité, Netanyahu a les coudées franches et cela en devient presque trop flagrant. Embarquer les États-Unis de force dans un conflit contre l’Iran, c’est quand même un nouveau palier atteint, même par Israël.

De deux choses l’une. Soit Netanyahu sait que Démocrates et Républicains sont prêts à se déchirer sur n’importe quel sujet mais atteigne très vite le consensus sur le soutien inconditionnel à Israël et qu’il peut donc compter sur l’Oncle Sam, même s’il sort du script. Soit tout cela fait partie d’une intention plus profonde, une volonté de redessiner les cartes visibles et invisibles au Moyen-Orient. Des attaques du 7 octobre à l’offensive contre l’Iran, l’Histoire nous dira peut-être un jour quel sens donner à tout cela.

 

Zouhair Yata

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Freedom Flotilla Coalition : le Radeau de la Méduse https://lnt.ma/freedom-flotilla-coalition-le-radeau-de-la-meduse/ Tue, 10 Jun 2025 14:58:17 +0000 https://lnt.ma/?p=530797 Début juin, la Freedom Flotilla Coalition composée de militants pro-palestiniens, dont l’activiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée française Rima Hassan, embarquent à Catane en Sicile sur le voilier Madleen, avec pour objectif de briser le blocus israélien et d’acheminer de l’aide humanitaire, de la nourriture, du lait pour bébés, à Gaza. À bord de ce […]

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Début juin, la Freedom Flotilla Coalition composée de militants pro-palestiniens, dont l’activiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée française Rima Hassan, embarquent à Catane en Sicile sur le voilier Madleen, avec pour objectif de briser le blocus israélien et d’acheminer de l’aide humanitaire, de la nourriture, du lait pour bébés, à Gaza. À bord de ce bateau, douze militants venus de différents pays, France, Allemagne, Brésil, Turquie, Espagne, Pays-Bas, Suède.

Dès l’annonce de cette initiative, les avis se sont polarisés, parce que paradoxalement, ce n’est pas tant la cause qui compte dans cette affaire, mais qui la porte. C’est d’ailleurs le premier écueil de cette aventure qui a mobilisé les opinions publiques, la personnalité de Greta Thunberg attire autant d’émules qu’elle ne génère d’opposants.

Comme cela était prévisible, l’armée israélienne a averti que le voilier serait intercepté et c’est ce qui a eu lieu, le Madleen a été accosté en pleine mer et ses occupants arrêtés avec un message cinglant des autorités israéliennes qui en dit long sur ce que celles-ci pensent de cette expédition «  la récréation est terminée ».

Au final, ce feuilleton a mobilisé pendant des jours les médias comme si la vie des participants volontaires était en jeu. Pourtant, malgré leur « obligation morale » brandie comme bouclier pendant ces deux semaines, ceux-ci sont aujourd’hui à l’aéroport de Tel Aviv en attente de leur vol retour vers la capitale occidentale dont ils sont partis initialement.

Alors certes, on ne crachera pas dans la soupe, toutes les initiatives visant à apporter une aide aux Palestiniens, à contribuer de près ou de loin à la libération de Gaza ou à mettre la pression sur les gouvernements occidentaux pour contraindre Israël à reculer sont les bienvenues.

Mais aucun de ces trois objectifs n’a été en réalité atteint. Comment ne pas pointer la naïveté des uns face aux cynismes des autres ? Est-ce que les douze militants embarqués ont cru qu’Israël les abattrait en pleine mer ou prendrait le risque de provoquer des incidents diplomatiques pour trois pelés et un tondu alors que les opérations militaires et les massacres, les corps des femmes et des enfants de Gaza, sont diffusés à la vue de tous depuis des mois sans que cela n’altère de quelque manière la politique israélienne à Gaza ?

Maintenant que le voilier a été intercepté et que chacun va rentrer chez soi, laissant les Palestiniens à leur triste sort, peut-on dire que l’aide humanitaire qui devait être apportée est ridicule face à l’ampleur des besoins et aux milliers de camions d’aide internationale actuellement bloqués par Israël ?

Est-ce que les dirigeants israéliens dont certains ont été inculpés par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre sans que cela ne leur fasse ni chaud ni froid, vont se formaliser maintenant des déclarations des associations internationales qui dénoncent l’illégalité de l’action menée en pleine mer contre la flottille ? « Les membres de la flottille sont détenus illégalement par Israël depuis 14h »… Et les Palestiniens ?

Une goutte d’eau dans la mer, même méditerranéenne, même louable, même avec the « great Greta », ne suffit pas. Où sont les gros bras ?

Zouhair Yata

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Sahara marocain : Perfect Strike https://lnt.ma/sahara-marocain-perfect-strike/ Tue, 03 Jun 2025 09:59:11 +0000 https://lnt.ma/?p=530536 Ce ne sera peut-être pas en 80 jours comme Phileas Fogg, mais la diplomatie marocaine aura bientôt fini de faire le tour du monde des capitales pour les rallier à la cause nationale du Sahara marocain. Ce n’est pas une mince affaire, dans ce Jenga géant où chaque brique peut faire tomber tout l’édifice, c’est […]

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Ce ne sera peut-être pas en 80 jours comme Phileas Fogg, mais la diplomatie marocaine aura bientôt fini de faire le tour du monde des capitales pour les rallier à la cause nationale du Sahara marocain. Ce n’est pas une mince affaire, dans ce Jenga géant où chaque brique peut faire tomber tout l’édifice, c’est un véritable travail de fourmis, réputées pour leur abnégation, leur discipline et leur résilience, auquel se livre notre diplomatie. Et si peu d’exemples similaires existent dans un monde plutôt enclin au conflit qu’à la diplomatie, c’est dire à quel point le Maroc est déterminé, nullement pressé, mais inébranlable dans sa volonté.

Pour autant, la volonté seule ne suffit pas, il faut une stratégie précise qui se déploie au fur et à mesure que les opportunités le permettent. Parce que le dossier devra se régler devant les instances onusiennes, le tour du monde n’est pas tant géographique que politique. Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU sont évidemment des priorités parce que leur veto pourrait empêcher une résolution qui réglerait définitivement la question de la souveraineté légitime du Maroc sur son Sahara. Dans ce sens, le premier succès majeur a très certainement été celui d’obtenir le soutien de Washington. Et pourtant, cela n’a pas suffi non plus à entrainer les autres membres occidentaux du Conseil. Il aura fallu une longue période de brouille avec Paris avant que la réconciliation entre les deux pays intègre également le soutien de la France, malgré qu’elle soit directement impactée dans sa relation avec l’Algérie par cette position.

Mais pourquoi donc est-ce que le Maroc réussit, là où jusqu’à récemment il échouait ? Certaines périodes du passé proche ont connu des relations entre Paris et Rabat bien plus chaleureuses pour ne pas dire quasi-intimes, sans que la position française ne change pour autant officiellement sur la question du Sahara.

En réalité, plusieurs paradigmes ont changé et ont un impact direct sur les succès du Maroc. D’abord, la posture du Royaume, par la diplomatie, est une attitude policée adaptée aux interlocuteurs à convaincre et qui rassure par l’absence d’arguments belliqueux. Ensuite, notre pays a fait d’énormes progrès économiques qui en fait un partenaire réel et concret de nombreux pays, occidentaux notamment. S’y ajoute les engagements internationaux pris qui engagent le Maroc conjointement avec ses voisins espagnols et portugais pour l’organisation de la Coupe du Monde en 2030.

Mais surtout, c’est le décrochage algérien qui favorise concrètement la position marocaine. En un mot comme en mille, le Maroc est un partenaire fiable face à un voisin qui ne fait que perdre en crédibilité sur la scène internationale et qui accentue son isolement par ses propres actions et positions, comme un grand. Le Maroc n’a donc même pas besoin de présenter une argumentation anti-algérienne, l’État algérien est en train de devenir un paria sur la scène internationale qui s’est complètement reconstruite loin des prismes sur lesquels l’Algérie continue de vouloir surfer.

Contrairement aux pays du Golfe qui ont compris qu’ils risquaient de rester piégés dans le siècle passé en se contentant d’être des pétromonarchies, l’Algérie ne veut pas changer de cap. Alors que le vent, l’eau de mer et le soleil sont en train de devenir des alternatives énergétiques viables et recherchées par des économies mondiales en pleines mutations, l’Algérie continue à croire que son gaz est la panacée. Les énergies vertes, la sécurité alimentaire, mais aussi la lutte contre l’immigration illégale ou la coopération sécuritaire, sont autant de sujets sur lesquels le Maroc est aligné avec les intérêts d’un nombre grandissant de pays, qui ne peuvent plus s’offrir le luxe de nier l’évidence pour maintenir le statu quo.

Le dernier en date est le Royaume-Uni et cela porte désormais à trois sur cinq le nombre de pays ralliés au Conseil de l’ONU. Londres est un point crucial dans la roadmap marocaine parce que la communauté du Commonwealth, composée de 56 pays, est toujours si ce n’est sous l’autorité, du moins sous l’influence de la couronne britannique. Parmi ces pays, des nations ont un poids particulier, du Canada à l’Inde en passant par l’Australie. Mais surtout, après le Conseil de Sécurité, c’est à l’Assemblée générale de l’ONU que reviendra de ratifier un éventuel texte. Dans ce contexte, 56 pays en moins à surveiller quant à leur intention de vote, c’est un « perfect strike » qui va surement provoquer quelques aigreurs chez nos voisins.

Maintenant que Washington, Paris et Londres sont conquis, Moscou et Pékin sont désormais les prochaines capitales vers lesquelles les regards vont se porter.

 

Zouhair Yata

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Vie de chiens… https://lnt.ma/vie-de-chiens/ Thu, 29 May 2025 09:18:09 +0000 https://lnt.ma/?p=530342 Petit « le saviez-vous ? »… On estime la population canine errante au Maroc entre 1,2 et 1,5 million de chiens et plus de 100 000 personnes sont vaccinées contre la rage chaque année. C’est donc un réel sujet de société, de sécurité et de santé publique, et on est en droit de se demander ce que l’État […]

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Petit « le saviez-vous ? »… On estime la population canine errante au Maroc entre 1,2 et 1,5 million de chiens et plus de 100 000 personnes sont vaccinées contre la rage chaque année.

C’est donc un réel sujet de société, de sécurité et de santé publique, et on est en droit de se demander ce que l’État fait pour endiguer ce problème. Il s’avère que depuis 2019, le gouvernement marocain a adopté le programme TNVR (Trap-Neuter-Vaccinate-Return), visant à capturer, stériliser, vacciner et relâcher les chiens errants. Ce programme, doté d’investissements de plus de 80 millions de dirhams, s’appuie pour son déploiement sur la création de centres spécialisés à Rabat et dans d’autres villes.

La messe devrait être dite, une politique publique, dotée de moyens réels, s’attèle à un problème avec une stratégie volontariste et semble-t-il dans le respect de l’animal, comme le laisse prétendre le terme « Return » du sigle TNVR.

Alors pourquoi des associations de protection animale, des dizaines de contenus à fort impact sur les réseaux sociaux et la mobilisation de nombreuses personnalités publiques, témoignent d’une inquiétante tendance à la maltraitance animale et à l’abattage massif de chiens errants ? Ce que l’on voit, sans doute aucun, dans les vidéos qui circulent urbi et orbi d’ailleurs, ce sont des agents zélés qui maltraitent des animaux traumatisés, ensanglantés, et au mieux encagés. Est-ce que c’est l’approche recommandée pour la phase « Trap » du programme TNVR ? A quel point est-ce que les autorités contrôlent ce phénomène qualifié de « dérapages » ? Où sont les efforts « plus éthiques » qui sont censés être la norme ?

Dans la réalité, malgré les bonnes intentions et les grands discours, sur le terrain les obstacles sont nombreux. Il y a d’abord l’état d’esprit d’un certain nombre de nos compatriotes pour qui la vie animale n’a pas de valeur ou trop peu, où les chiens en particulier sont maltraités de manière volontaire et ostentatoire, presque culturellement. C’est ce qui ressort des images que l’on voit, ce n’est même pas à contre-cœur que les maltraitances sont infligées par les individus qui les pratiquent. Au contraire, il y a une forme de détachement à la tâche qui ne peut que dresser les poils de tous ceux, et ils sont heureusement de plus en plus nombreux à s’exprimer, qui défendent la cause animale et en particulier la relation étroite que beaucoup ont avec les chiens. Et on a l’impression que c’est un véritable massacre qui aurait lieu si quelques personnes fortement engagées dans la défense de cette cause ne pointaient pas les regards vers ce qu’il se passe dans certaines communes ou villes.

D’autant qu’il ne s’agit pas de faire l’autruche ou de caresser les amis des animaux dans le sens du poil, il y a des raisons structurelles également qui expliquent que ce phénomène déborde tout le monde, les autorités, les riverains concernés par les hordes de chiens errants et leurs défenseurs. Lorsqu’on évoque les moyens mis à disposition de ce programme, ils sont clairement insuffisants ; nous manquons cruellement de vétérinaires et d’infrastructures suffisants sur tout le territoire pour accompagner l’ampleur du programme. Au rythme actuel le volume des chiens à couvrir ne le sera pas aux dates espérées avec les échéances de 2030 et cela va forcément engendrer une volonté même tacite de régler le problème autrement, de manière plus radicale.

Alors, on l’a bien compris, le problème des chiens errants est un casse-tête pour les autorités à l’approche des rendez-vous internationaux majeurs qu’accueillera le Royaume. Mais, on ne pourra pas balayer la poussière sous le tapis discrètement, et le risque d’image et de mauvaise réputation d’être associé à un pays de maltraitance animale auprès d’une partie des opinions publiques connectées par les réseaux, est un cher prix à payer quand il est possible d’atteindre les objectifs différemment. Les trois acteurs de ce problème, les autorités nationales, les acteurs locaux et les associations de défense des animaux, doivent pouvoir collaborer et établir une feuille de route réaliste compte tenu des enjeux et des contraintes sans esbrouffe, avec réalisme et pragmatisme.

Nos amis les chiens méritent bien cela dans leur sacrifice annoncé au panthéon du dieu football.

Zouhair Yata

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Gaza : le Mur des réalités https://lnt.ma/gaza-le-mur-des-realites/ Wed, 21 May 2025 11:55:03 +0000 https://lnt.ma/?p=529984 La situation humanitaire dans la bande de Gaza a beau émouvoir les opinions publiques et faire couler beaucoup d’encre, générer des slogans et des marches de soutien, tout cela est aussi nécessaire que vain. Benjamin Netanyahu est en roue libre et ne se cache même pas de ses intentions, il les déclare haut et fort […]

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La situation humanitaire dans la bande de Gaza a beau émouvoir les opinions publiques et faire couler beaucoup d’encre, générer des slogans et des marches de soutien, tout cela est aussi nécessaire que vain. Benjamin Netanyahu est en roue libre et ne se cache même pas de ses intentions, il les déclare haut et fort au micro, son objectif est l’occupation de tout le territoire de Gaza. Les aides aux Palestiniens ? Il les autorisera au compte-goutte pour ne pas perdre le soutien diplomatique américain. En attendant, l’offensive est aussi rapide que violente et meurtrière, aux yeux de tous.

Après plus de 50 000 morts avérés, enterrés et anonymisés par les atrocités de la guerre, qualifier ce qui se passe de génocide, comparer la politique sioniste à celle des totalitarismes fascistes, tout cela est aussi inutile. Autant d’ailleurs que les commentateurs assermentés ou novices, qui s’écoutent réagir à chaud, froidement, face aux corps de femmes et d’enfants qui s’entassent depuis des mois, dans les images qui défilent à longueur de journée sur nos écrans.

Netanyahu et le Hamas sont le revers de la même médaille, leurs objectifs sont les mêmes, unis par leur animosité et autant aveugles aux dégâts qu’ils affligent à leur cause respective. Le salut du peu de Palestiniens qu’il reste ne viendra donc ni des opinions publiques affligées ni des belligérants fanatiques des deux bords. De même, Gaza n’étant pas l’Ukraine, il y a peu de chance de voir le Vatican se proposer d’être hôte de négociations de paix.

En réalité, le sort des Palestiniens se joue dans une course contre la montre dont ils ne sont que les victimes collatérales, spectateurs de leur sort. La tournée du Président Trump au Moyen-Orient et surtout les contrats en milliards de dollars sonnant et trébuchant signés avec les pires ennemis d’Israël, l’Arabie saoudite en tête, mais aussi le réchauffement avec Téhéran, le retour en grâce de la Syrie, l’accord avec les Houthis au Yémen, ont mis Netanyahu face au mur des réalités : le soutien de l’Amérique pourrait être remis en cause.

Désormais, il n’a plus rien à perdre et l’heure tourne, plus Israël domine Gaza rapidement, moins les concessions seront douloureuses si on cherche à lui imposer la paix. Malgré tout, la nouvelle carte que l’administration Trump, qui prétend préférer le business à la guerre, cherche à dessiner, ne se fera pas du jour au lendemain. Mais, c’est désormais une tendance de fond, une nouvelle orientation bien plus concrète compte tenu des engagements financiers en jeu, que les plans sur la comète de la côte d’azur à Gaza dont parlait Trump il y a à peine quelques mois.

D’ailleurs, d’autres puissances emboitent le pas à l’Amérique, maintenant qu’elle a fait mettre un genou à terre à Bibi. La France et l’Angleterre qui se rappellent à leur responsabilité historique dans la naissance de la conflictualité dans la région, de la déclaration Balfour aux accords Sykes-Picot, bombent un peu plus le torse avec le cousin canadien et parlent enfin plus clairement de sanctions contre l’État d’Israël et qualifient l’intervention israélienne de « disproportionnée ». Rien que cela… L’Union européenne annonce quant à elle envisager de revoir son accord de coopération avec Israël. Autant de petites encoches dans la carapace de Netanyahu.

Dans ce contexte, le destin de Gaza et de la Palestine semble être à un tournant. Autrefois au centre du monde et emblématique de l’affrontement entre le monde occidental sous la bannière d’Israël et le monde arabo-musulman avec ces multiples émanations, des États aux organisations terroristes, il subit aujourd’hui les transformations structurelles qui le dépassent tout en l’impactant en profondeur. Les pays du Golfe, qui basculent d’économies de rente pétrolière à des ambitions de centre du divertissement mondial, ne veulent plus être cantonnés à leur mauvaise presse passée et investissent massivement pour le faire savoir. L’Iran est à bout de souffle, la Turquie est en fin de régime, et surtout le monde occidental connait une crise identitaire profonde. Des USA au vieux continent, on assiste à un retour des inégalités sociales et des fantômes du passé sur fond de stagnation économique et d’inflation grimpante, des mamelles qui ont nourri les guerres d’un passé pas si lointain. Les revirements récents de nombreux pays européens face à Israël montrent aussi que rien n’est acquis. Le temps où l’Europe par son empreinte coloniale couplée à sa puissance économique avait un impact sur le monde entier est révolu.

Si le soutien structurel des États-Unis et de l’Europe faiblit, l’impunité qu’Israël en tire aussi. Et s’il faut y ajouter l’impact profond sur la population israélienne et plus généralement la communauté juive mondiale, plus divisée et moralement affaiblie que jamais, le paradoxe atteint son paroxysme pour un camp supposé être vainqueur et une guerre présentée comme légitime.

Zouhair Yata

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Politique : retour vers le futur https://lnt.ma/politique-retour-vers-le-futur/ Thu, 15 May 2025 08:19:23 +0000 https://lnt.ma/?p=529708 Avec l’arrivée du printemps, un autre phénomène concomitant a pu être observé ces dernières semaines, bien que certainement pas lié, celui du retour de la verve politicienne sur la scène publique nationale. C’est une bonne nouvelle ! Car, si le Maroc a des orientations claires et tracées au plus haut niveau de l’État par le Souverain, […]

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Avec l’arrivée du printemps, un autre phénomène concomitant a pu être observé ces dernières semaines, bien que certainement pas lié, celui du retour de la verve politicienne sur la scène publique nationale. C’est une bonne nouvelle ! Car, si le Maroc a des orientations claires et tracées au plus haut niveau de l’État par le Souverain, la mise en œuvre de ces objectifs est entre les mains des hommes et des femmes élus, nommés, qui sont aux commandes.

Le débat public est donc plus que nécessaire pour maintenir un minimum de reddition des comptes. Et, le rôle constitutionnel des partis politiques est justement de porter la voix et les doléances des citoyens qu’ils représentent, en fonction de leurs sensibilités politiques. Dans ce sens, le dépôt par les principaux partis d’opposition le 13 mai, d’une motion de censure contre le gouvernement Akhannouch est presque un signe de bonne santé publique.

Le PPS, l’USFP, le MP et le PJD, bien que minoritaires et donc ayant peu de chance de faire passer leur motion, montent au créneau pour réclamer une commission d’enquête sur les subventions à l’importation de viandes rouges, refusée par l’exécutif. Ce n’est pas le Watergate, mais l’opposition exerce de manière constructive sa vocation de contre-pouvoirs à l’exécutif en place. Et, si le timing parait opportuniste avec l’approche des prochaines élections, c’est certainement voulu, parce qu’avant c’est trop tôt et après c’est trop tard.

Tel le phénix…

Sauf que, lorsqu’on y regarde de plus près, ceux qui exercent leur droit d’opposition sont ceux qui étaient hier aux commandes et ceux qui dirigent aujourd’hui étaient aussi dans l’opposition. Un peu comme dans les échéances sportives internationales où les participants à haut niveau s’affrontent très régulièrement, difficile de ne pas connaitre les coups de ses adversaires quand on joue le clasico contre eux depuis plusieurs décennies. Quelle formation politique peut aujourd’hui se targuer de proposer aux Marocains un nouveau visage ? Un programme qui répond à tous les enjeux que connait le pays ?

A contrario, on prend les mêmes et on recommence, en faisant au passage allègrement l’impasse sur le passé en faisant croire à un renouveau à venir. Ainsi, tel le phénix, Abdelilah Benkirane, qui n’a jamais apprécié la position d’Iznogoud, est de retour sur le devant de la scène médiatique et donc politique. En professionnel aguerri du populisme, qui n’a rien à envier à Trump ou Musk, Benkirane va s’atteler à ce qu’il fait le mieux, limer, scier et raboter autant que possible les bases de ses concurrents politiques, va défendre des causes lointaines pour caresser les sensibilités populaires, sans jamais avoir à expliciter ce qu’il pourrait faire pour l’avenir du pays. Une recette qui a fait ses preuves et dont il maitrise la mixture comme personne.

Et, il n’est que l’arbre qui cache la forêt parce que partout ailleurs, dans tous les partis, les « zaïms » respectifs sont bien enracinés. Dans ce Westeros marocain, il ne faut donc pas s’attendre à un miracle lors des prochaines élections en 2026. Car, il ne s’agit pas de savoir qui va gagner les élections, mais quel pack d’alliances nous concocteront cette fois les partis politiques en présence. D’autant que rien ou presque ne peut nous étonner, le PJD ayant déjà fait alliance même avec le PPS par le passé, prouvant que les grands écarts ne sont pas que des exercices artistiques.

Ce qui parait donc certain, au-delà d’une actualité politique qui va logiquement se densifier dans les prochains mois avec son lot d’attaques, d’esquives et de coups rendus, c’est que les protagonistes du match sont bien connus. Qui a dit « bis repetita non placent » ?

Zouhair Yata

 

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Article 507 : une main seule… https://lnt.ma/article-507-une-main-seule/ Mon, 05 May 2025 23:33:13 +0000 https://lnt.ma/?p=529268 Les réseaux sociaux se font l’écho depuis plusieurs semaines de réactions diamétralement opposées quant au contenu et à l’application de l’article 507 du Code pénal marocain. Pourtant aussi vieux ou presque qu’un jean Levis, l’article en question prévoit « que toute personne reconnue coupable de vol, si elle ou l’un de ses complices est porteur d’une […]

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Les réseaux sociaux se font l’écho depuis plusieurs semaines de réactions diamétralement opposées quant au contenu et à l’application de l’article 507 du Code pénal marocain.

Pourtant aussi vieux ou presque qu’un jean Levis, l’article en question prévoit « que toute personne reconnue coupable de vol, si elle ou l’un de ses complices est porteur d’une arme — qu’elle soit visible ou dissimulée — est passible de la réclusion à perpétuité. Cette disposition s’applique même en l’absence de circonstances aggravantes ou de victime. Elle peut également s’étendre à des cas où une arme est simplement retrouvée dans un véhicule utilisé pour commettre l’infraction ou pour fuir les lieux ».

Pour l’écrasante majorité des Marocains, le durcissement annoncé par le ministre de la Justice de l’application des peines relatives au port d’armes blanches, est une excellente nouvelle, ce qui doit changer quelque peu le ministre de tutelle habitué à être chahuté. Pourquoi s’en réjouir ? Parce que l’espace public n’est pas sûr ni pour nos femmes, ni pour nos enfants, ni pour nos ainés, pas même pour les travailleurs qui l’occupent, tant que de manière quasi-systématique et généralisée sur le territoire, les agressions à l’arme blanche se multiplient avec une violence inouïe et font autant de victimes, jusque dans les établissements scolaires.

En réalité, la position de l’opinion publique comme celle de l’État est faite de bon sens ; une arme blanche n’a aucune autre vocation que de servir une agression, aucune excuse n’est donc tolérable.

Pour autant, est-ce que la réclusion à perpétuité ou même des peines de 10 à 15 ans sont justifiées, si tant est qu’elles soient appliquées réellement ? Si l’article 507 existe mais que son application ne résorbe pas le problème qu’il est sensé adresser, il est tout bonnement inutile. La gravité de l’acte punit et la sentence sont à mesurer par ceux qui en prennent le risque, ce n’est pas à la société d’en payer le prix. Comme l’arme nucléaire ou même la peine de mort, la dissuasion est le principal objectif de la sanction ultime, et elle est en général à la hauteur de l’ampleur du problème.

Ok donc pour la sécurité de l’espace public, des citoyens et du respect du cadre fixé par la Loi. Mais quid des acteurs de cette délinquance à double tranchant ? Selon les données du HCP, le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans au Maroc a atteint 36,7 % en 2024.

Fort heureusement, ces jeunes au chômage ne sont ni un bloc monolithique, ni tous des délinquants. Mais, un peu comme dans une horde de supporters de football, il suffit que le vers soit dans la pomme pour pourrir le fruit dans sa totalité. Les Ultras de nombreux clubs marocains dénoncent d’ailleurs une utilisation abusive par les autorités voire ciblée de leurs membres à travers cet article, mais l’argumentaire a du mal à passer.

A l’approche des grandes échéances de la CAN 2025 et de la Coupe du Monde 2030, les autorités font le ménage et annoncent la couleur parce que le football sera au cœur de ce que le Maroc va projeter au reste du monde. Et, comme en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Espagne, en France, dans la quasi-totalité des grandes nations de football, qui sont familières des excès de testostérone que provoque le ballon rond, il est temps de sévir avant qu’il ne soit trop tard. D’autant que les Ultras savent provoquer des sentiments bien plus positifs lorsqu’ils procurent des frissons aux passionnés du ballon rond en déployant tifos et chants.

Ceci étant dit, la violence dans les stades, à leurs abords et plus généralement dans la rue s’alimente d’une réalité sociétale bien moins rose qu’on la présente trop souvent. La réalité de l’oisiveté et du désenchantement d’une partie de notre jeunesse, qui casse ou agresse, est le miroir de nombreux échecs collectifs, de l’éducation des parents à celle de l’institution scolaire, de la société et des gouvernants, mais aussi des laisser pour compte du développement que connait notre pays et qui ne profite pas à tous de la même manière, preuve s’il en est.

Alors, on peut serrer les vis autant que l’on veut, et nous ne pouvons que nous réjouir de l’efficacité des autorités à agir pour la sécurité du plus grand nombre. Mais une seule main, aussi dure soit elle, ne suffit pas à applaudir parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Combien de générations de jeunes pouvons-nous nous permettre encore de sacrifier ? Que faire pour prévenir plutôt que guérir ? 507 propositions de solutions seraient les bienvenues et ne seraient pas de trop.

Zouhair Yata

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Black Mirror ibérique https://lnt.ma/black-mirror-iberique/ Wed, 30 Apr 2025 14:44:46 +0000 https://lnt.ma/?p=529095 Le 28 avril 2025, une panne d’électricité massive a touché l’Espagne et le Portugal, affectant également le sud de la France. Réel blackout, cette coupure a paralysé les transports publics, interrompu le trafic ferroviaire et désactivé les feux de circulation. Abstraction faite du petit répit de « digital detox » qu’ont pu vivre quelques heures les Ibères, l’ampleur […]

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Le 28 avril 2025, une panne d’électricité massive a touché l’Espagne et le Portugal, affectant également le sud de la France. Réel blackout, cette coupure a paralysé les transports publics, interrompu le trafic ferroviaire et désactivé les feux de circulation. Abstraction faite du petit répit de « digital detox » qu’ont pu vivre quelques heures les Ibères, l’ampleur de l’incident et son imprévisibilité inquiètent. Les autorités espagnoles ont attribué l’incident à une surcharge du réseau électrique due à une surproduction d’énergies renouvelables, et un moment évoquée, la piste d’une cyberattaque d’origine russe a été écartée. Mais, le fait que la justice espagnole ait ouvert une enquête pour déterminer s’il s’agissait d’un sabotage informatique laisse dubitatif sur les causes réelles de cette « surcharge », qui en plus n’a donné aucun signe avant-coureur permettant de l’éviter.

De l’autre côté des Pyrénées, la France a récemment attribué officiellement plusieurs cyberattaques à la Russie, notamment celles contre TV5 Monde en 2015 et les « MacronLeaks » en 2017, impliquant le groupe APT28 lié au renseignement militaire russe (GRU). Une reconnaissance tardive de Paris qui souligne la complexité de l’attribution des cyberattaques et les considérations diplomatiques qui peuvent retarder ou influencer les déclarations officielles (CQFD).

Cela étant dit, les répercussions quelles qu’en soient les causes, sont palpables jusqu’au Maroc où l’opérateur Orange a signalé des perturbations de son trafic internet, une partie de son dispositif technologique étant basé en Espagne. Quelques semaines après la cyberattaque majeure contre la CNSS, c’est une courbe d’apprentissage accélérée ou une vision du futur pour les plus mystiques, à laquelle nous assistons et dont il faut rapidement tirer les bonnes leçons. Dans un contexte géopolitique mondial ô combien instable, les hackers sont une arme redoutable, qu’ils soient russes ou qu’il s’appellent « Jabaroot DZ », qu’ils soient commandités ou laissés libres d’agir. Dans ce même monde pris en étau entre le « trumpisme » et le « poutinisme », où l’inflation galope, les dettes explosent et le commerce mondial est mis à mal, la proximité peut-être une force. En revanche, elle scelle aussi les destins des uns aux autres. Ainsi, le Maroc organisera la Coupe du Monde avec l’Espagne et le Portugal en 2030 mais il subira aussi les conséquences des vulnérabilités de ses voisins comme l’incident de ces derniers jours le montre.

Et, si l’on ne considère que le sujet du jour, les menaces cybernétiques, le risque est grand que l’impact sur notre pays soit amplifié par l’absence de plans de contingence efficaces et éprouvés. Parce qu’il sera à l’avenir tout simplement impossible de se prémunir complètement contre les attaques cybercriminelles des infrastructures, des plateformes, des institutions, gérer ce risque doit devenir une priorité nationale. Il est désormais moins important de développer le numérique marocain que de protéger correctement l’existant. Pas besoin de plateformes e-gov et d’inciter les citoyens à les utiliser si elles peuvent être hackées aussi facilement. Ce problème n’est d’ailleurs loin d’être l’apanage du Maroc, les pays occidentaux sont les premiers à subir ces attaques, sur les hôpitaux par exemple, avec demande de rançons en cryptomonnaies. Ne pas prendre la mesure de la menace est une forme de naïveté qui coute trop cher, et faire l’autruche n’aide pas. Les pouvoirs publics doivent dépasser la verbalisation du problème et sensibiliser, agir, légiférer s’il le faut, pour s’assurer que les moyens et les mesures de contrôle sont en place, là où il faut, pour protéger ce qui relève de notre Souveraineté nationale.

Zouhair Yata

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Si même le Pape… https://lnt.ma/si-meme-le-pape/ Wed, 23 Apr 2025 15:56:16 +0000 https://lnt.ma/?p=528779 Sede Vacante. Le Pape François est décédé le jour de Pâques à l’âge de 88 ans de mort naturelle. Le décès d’un pape, comme son élection d’ailleurs, n’est pas un événement si fréquent et la symbolique est forte pour les milliards de chrétiens à travers le monde. Comme pour toute personnalité de cette envergure, les […]

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Sede Vacante. Le Pape François est décédé le jour de Pâques à l’âge de 88 ans de mort naturelle. Le décès d’un pape, comme son élection d’ailleurs, n’est pas un événement si fréquent et la symbolique est forte pour les milliards de chrétiens à travers le monde.

Comme pour toute personnalité de cette envergure, les hommages sont nombreux et émanent de toute part de la chrétienté, mais aussi des représentants d’autres religions y compris du monde musulman, de décideurs et de gouvernants, autant que de quidams. Dans ce contexte, on pourrait croire que compte tenu de son statut, son bilan pontifical serait valorisé après sa disparition.

En réalité, son engagement envers les plus vulnérables et ses positions jugées progressistes ont provoqué des réactions particulièrement critiques dans son propre « camp ». Parce qu’il faut se le dire, la mouvance d’extrême droite, populiste, anti-immigration, qui veut révoquer les droits des minorités, y compris ceux des femmes, bien que chrétienne, n’est pas fan de la position d’un Vatican œcuménique, humaniste et réformateur, même si tout cela est très relatif venant d’une institution connue elle-même pour son conservatisme. En tout état de cause, JD Vance et le Rassemblement national, autant que Victor Orban en Hongrie, ont désormais un point commun supplémentaire, ils ne pleureront pas ce Pape.

Le parallèle avec un de ses illustres prédécesseurs, Jean-Paul II, nous rappelle que l’Histoire tend à se répéter et que face à l’oppression et à l’injustice, la voix d’un pape peut être aussi déterminante que gênante. Or, le Pape François a été un des rares Chefs d’État à avoir reconnu l’existence de l’État de Palestine dès 2015 et n’a eu de cesse de dénoncer la situation humanitaire dramatique à Gaza, face aux souffrances des enfants et aux bombardements d’écoles et d’hôpitaux, jusqu’à la veille de sa disparition.

Et, paradoxe ou ironie teintée d’humour noire, aujourd’hui, le régime israélien est copain comme cochon avec l’internationale de l’extrême droite qui en même temps lance des saluts nazis de manière aussi anodine qu’assumée dans ses meetings publics un peu partout dans le monde. D’ailleurs, la Hongrie de Victor Orban s’est même retirée de la convention internationale de reconnaissance de la CPI pour pouvoir accueillir en grandes pompes le premier ministre israélien Netanyahou.

En définitive, que l’on soit religieux ou croyant ou qu’on ne le soit pas, le Pape est une autorité dont le poids moral est indéniable. L’humanisme, l’appel à la paix et à la protection des civils, des plus vulnérables, des femmes et des enfants, contre l’oppression des plus forts qui exercent leur coercition sans état d’âme, cette voix que portait le Pape François, quoi qu’on en pense, manquera cruellement dans le monde brutal dans lequel nous vivons.

Ses successeurs pressentis, même s’ils semblent enclins à poursuivre dans la même lignée, prendront du temps à faire entendre leur voix avec le même écho et c’est encore une victoire pour le camp adverse qui s’attèle à déconstruire les équilibres fragiles sur lesquels le monde cohabite depuis la fin des grandes guerres mondiales du siècle passé.

Difficile de rester optimiste si même les positions d’un Pape, sensé prôner l’amour de son prochain, même s’il est Palestinien, sont autant critiqués … Il ne reste plus beaucoup de branches auxquelles s’accrocher.

 

Zouhair Yata

 

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SIAM 2025 : Goutte que goutte… https://lnt.ma/siam-2025-goutte-que-goutte/ Fri, 18 Apr 2025 10:08:17 +0000 https://lnt.ma/?p=528489 Ne vous méprenez pas, les pluies récentes et la douceur humide du printemps que le Maroc connait en ce moment sont des hirondelles. La situation hydrique du pays est on ne peut plus critique et les raisons sont multiples. D’abord, que Trump y croit ou pas, le dérèglement climatique est une réalité qui s’exprime pour […]

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Ne vous méprenez pas, les pluies récentes et la douceur humide du printemps que le Maroc connait en ce moment sont des hirondelles. La situation hydrique du pays est on ne peut plus critique et les raisons sont multiples. D’abord, que Trump y croit ou pas, le dérèglement climatique est une réalité qui s’exprime pour le Maroc, dont une grande partie du territoire est déjà désertique, par des sécheresses récurrentes voire continues. Bien sûr la situation actuelle est aussi due à des stratégies agricoles qui ont exploité massivement par le passé la ressource naturelle sans la préserver. La situation est aussi due au détournement illégal des sources d’eau, au gaspillage des uns et des autres, à l’entretien des barrages etc.

Toutes ces causes sont non exclusives et inextricables à la fois. Ce qui est fait et fait, on ne récupèrera pas l’eau perdue, et ce qu’on ne contrôle pas au niveau climatique ne peut pas non plus être changé. Mais, en réalité, ce qui nous attend est désormais prévisible grâce justement à cette courbe d’apprentissage, bien que douloureuse.

Le Maroc connait une transformation économique et sociale profonde depuis maintenant plus d’un quart de siècle, celle d’un pays qui se développe avec une stratégie volontariste. Or, pour se développer, le Maroc doit faire des choix drastiques qui ont des conséquences.

Par exemple, développer le rendement de l’agriculture marocaine, pour avoir des ambitions à l’export et développer la transformation agro-industrielle pour augmenter la valeur à l’export passe par une consommation accrue de l’eau. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Nous entamons au contraire une nouvelle phase de l’ambition de développement du pays, avec pléthore de réformes, une nouvelle Charte d’investissements également, qui ont pour but d’accélérer la mécanique en œuvre. Les échéances qui attendent le Maroc sont des catalyseurs des efforts mais aussi des accélérateurs de cette dynamique de développement. Même les villes marocaines vont grossir en conséquence, et avec elles la consommation d’eau, c’est certain.

Face à cette adversité presque fataliste, il faut d’abord une prise de conscience et ensuite il faut passer à l’action et prendre le problème à bras le corps : l’avenir doit être pensé de manière durable et il faut une stratégie claire pour se faire.

Le Maroc a des atouts uniques au monde : la sécheresse est aussi le symptôme d’une exposition solaire importante, le littoral de 3500 km est une interface naturelle sur laquelle la majorité de nos villes sont situées, et les alizés, le chergui et le sirocco ventent nombre de nos régions.

Solaire, éolien et dessalement deviennent un bingo gagnant pour le pays dans cette stratégie de développement durable, qui d’anecdotique devient nodale, parce que tout simplement « it makes sense ». Pour permettre à l’industrie marocaine de passer à un niveau supérieur, la doter d’énergies renouvelables propres et accessibles est un « no brainer ». De même, miser sur le dessalement dont le coût énergétique peut atteindre 60% de la facture, devient une aubaine qui coule de source. Et l’agriculture dans tout cela ? Eh bien en alimentant l’industrie avec des eaux de source non conventionnelles comme l’eau dessalée, et en fournissant aux villes marocaines de l’eau pour leur consommation, cela laisse déjà plus d’eau de source pour les besoins agricoles.

Maintenant, imaginons que même au niveau de l’agriculture, la technologie, la recherche, l’innovation et les sciences, combinées au savoir-faire empirique sur le terrain, permettaient d’optimiser la consommation et le rendement de l’eau. Une agriculture non plus de goutte à goutte mais où chaque goutte compte. Les engrais deviennent des apports pour la santé des sols et s’adaptent à la contrainte de la raréfaction de l’eau ; l’étude des spécificités de chaque parcelle agricole permet d’apporter des réponses précises aux enjeux agricoles ; et l’accompagnement des agriculteurs assure une pérennité à cette nouvelle approche durable en l’ancrant dans la réalité sur le terrain.

C’est un véritable cercle vertueux que le Maroc a la chance de pouvoir enclencher et c’est tout l’enjeu de cette édition du SIAM 2025, prouver que le paradigme a changé.

 

Zouhair Yata

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Maroc-USA : la proie ou l’ombre https://lnt.ma/maroc-usa-la-proie-ou-lombre/ Thu, 10 Apr 2025 08:34:26 +0000 https://lnt.ma/?p=528042 Le Président américain a embarqué le monde dans un rodéo dont il ne semble même pas certain de maitriser les conséquences. Et, l’imposition de tarifs douaniers à ses amis autant qu’à ses ennemis, avec une mise en scène digne d’un péplum biblique sur Moïse et ses Tables de la Loi, commence déjà à avoir le […]

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Le Président américain a embarqué le monde dans un rodéo dont il ne semble même pas certain de maitriser les conséquences.

Et, l’imposition de tarifs douaniers à ses amis autant qu’à ses ennemis, avec une mise en scène digne d’un péplum biblique sur Moïse et ses Tables de la Loi, commence déjà à avoir le goût du boomerang pour Trump. Les dissensions dans son camp commencent à être verbalisées, Elon Musk en tête critique ces nouveaux tarifs ; mais surtout, la riposte du reste du monde a commencé et elle s’annonce à la hauteur de l’approche unilatérale américaine. Parce qu’en déployant ces nouveaux tarifs, Trump a montré ses cartes, d’autres n’auront pas à être aussi explicites dans leurs stratégies et les conséquences seront au détriment de la position hégémonique américaine que justement le Président Trump veut renforcer avec ce bras de fer. Et si depuis hier soir, le Président Trump a fait volte-face en annulant ses tarifs vers une soixantaine de pays, juste après avoir signalé à ses followers sur son réseau social « Truth Social » que c’était « le moment d’acheter », ce qui aurait été un immense scandale en temps « normal » mais a à peine été remarqué dans le contexte de sa présidence, cela n’annule en rien ses décisions précédentes. Ce que des partenaires craignent encore plus que les tarifs, c’est l’incertitude, et les yo-yos décisionnels de Trump sont plus dévastateurs que ses taxes.

La Chine, la Russie, l’Inde pour ne citer qu’eux, vont également déployer des efforts importants pour profiter des opportunités que crée cette zizanie pour sceller de nouveaux deals économiques, mais surtout politiques, avec tous ceux qui en ont besoin, y compris les Européens.

En réalité, même si les actions de Trump réussissaient à régler le problème de la dette américaine, la première conséquence qui est déjà une certitude, c’est que le poids de la parole américaine perd en portée. C’est peut-être encore relativement imperceptible, mais des signes en témoignent. Le soutien indéfectible de l’administration américaine au carnage continu à Gaza et l’impunité totale qui absout Israël de ses actes, alors même qu’ils sont documentés, a un impact d’érosion de la crédibilité de l’Amérique auprès de ses alliés, sans compter ses opposants. De même, le ping pong en double avec Washington et Moscou d’un côté, Kiev et les Européens de l’autre, n’a pas permis à Trump de s’imposer avec sa technique de négociation ultra agressive, et chaque pas de recul lui coûte dans la prochaine.

Dans ce contexte, le Royaume du Maroc est un cas particulier. Le tarif douanier minimum de 10% appliqué à notre pays est en soit un indicateur de la faiblesse du poids économique de la relation qui nous unit aux USA. D’ailleurs, a priori ce tarif soulève une question de compatibilité avec l’accord de libre-échange en vigueur depuis 2006, mais en ce moment, on n’est pas à une contradiction près à Washington. Mais, ce qui lie profondément le Maroc aux Etats-Unis d’Amérique, c’est la position de partenaire atlantique, dans le cadre d’une relation politique historique qui date.

La visite de Nasser Bourita à son homologue Marc Rubio le 8 avril, n’est donc pas la première et le sujet abordé en priorité est toujours le même : l’appui renouvelé de l’administration américaine et la reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur le Sahara occidental. Et sur cette thématique, Rabat cultive sa longueur d’avance et la profondeur du partenariat stratégique avec les États-Unis, dont la sécurité et la coopération militaire sont les réels piliers.

Le tropisme marocain de l’administration Trump est le prisme à travers lequel le Maroc voit sa relation et c’est aussi légitime que nécessaire. La tempête dans laquelle le monde est plongé depuis l’annonce des tarifs et l’arrivée plus globalement de Trump à la Maison Blanche, ne doit pas faire perdre le cap à notre pays. Si nos exportations sont faibles ou peu compétitives, tant pis, le Royaume a bonne presse aux Etats-Unis, on y filme des productions Hollywoodiennes et Marrakech est la nouvelle coqueluche des touristes américains, souvent fortunés, notre soft power est notre plus grande force.

Alors, seule l’Histoire nous dira si le Président américain aura réussi son pari fou pour certains, courageux pour d’autres, de faire subir à ses partenaires un régime alors que c’est l’Amérique qui doit maigrir. En attendant, le Maroc ne lâchera pas la proie pour l’ombre.

Zouhair Yata

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Maroc : Du pain sur la planche https://lnt.ma/maroc-du-pain-sur-la-planche/ Wed, 26 Mar 2025 12:44:04 +0000 https://lnt.ma/?p=527429 Le mois sacré de Ramadan approche de sa fin et il aura fait certainement beaucoup de bien au moral des Marocains, d’autant plus avec les pluies abondantes qu’a connu le pays. Mais, une hirondelle ne fait pas le printemps et la torpeur ramadanesque ne réussit pas à cacher complètement le reste de la forêt, les […]

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Le mois sacré de Ramadan approche de sa fin et il aura fait certainement beaucoup de bien au moral des Marocains, d’autant plus avec les pluies abondantes qu’a connu le pays.

Mais, une hirondelle ne fait pas le printemps et la torpeur ramadanesque ne réussit pas à cacher complètement le reste de la forêt, les chantiers en cours sont titanesques et déterminants pour l’avenir du pays et des Marocains. En témoigne les manches retroussées de l’exécutif qui a fixé, à travers une circulaire adressée à ses membres, des priorités cardinales pour la période à venir de 2026 à 2028 ou encore le roadshow organisé pour lever des fonds à l’international.

La première observation qui s’impose est que le gouvernement actuel projette son action au-delà des prochaines échéances électorales des législatives de 2026. Les Cassandre diront que c’est un signe de la projection des résultats de ces élections mais, en réalité, cela indique surtout avec certitude que quelle que soit la nouvelle majorité qui sera aux commandes, sa feuille de route est d’ores et déjà actée. En effet, la circulaire du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch met en avant deux axes majeurs pour les choix financiers du pays qui ne sortent pas d’un chapeau. D’abord, la consolidation de l’État social, en s’appuyant notamment sur les enseignements éloquents du dernier recensement général et ensuite les impératifs liés à l’organisation de la Coupe du monde en 2030. Et, si ces deux axes sont effectivement incontournables pour l’avenir du pays, le fait est qu’ils sont également intimement liés.

Un des bénéfices majeurs de l’organisation d’une Coupe du monde pour le Maroc est l’exposition internationale que cela va lui procurer, pendant la compétition certes, mais aussi avant. L’attraction des investissements étrangers, mais aussi la mobilisation de l’investissement national, sont au cœur de la stratégie de développement du Royaume qui s’est doté d’une nouvelle charte d’investissement avec pour objectif de porter la part du privé à deux tiers du volume total, en s’appuyant sur le tiers financé par l’État et sa garantie.

En un mot comme en mille, le Maroc a besoin d’argent pour financer ses réformes tout en se préparant aux échéances ponctuelles à venir. Capitaliser sur la dynamique que le statut d’hôte nous confère est une des clés de la réussite et de l’accomplissement des chantiers sociaux par ailleurs. Ce sont deux revers de la même médaille et ce momentum ne se reproduira pas deux fois à court ou moyen terme.

Le Maroc doit saisir cette opportunité pour accélérer la cadence et renforcer l’efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté multidimensionnelle, l’accès au logement pour les plus démunis, l’amélioration des conditions de vie en général de notre population. Ce n’est pas que nous ne voulons pas nous exposer en 2030 au regard du monde avec notre réalité, c’est que celle-ci mérite d’être améliorée d’urgence et cette échéance nous offre des moyens autrement difficiles à mobiliser.

Il y a du pain sur la planche pour convertir l’essai et aucun effort ne doit être épargné parce qu’au-delà de la pauvreté, des inégalités sociales et économiques, les chantiers sociaux urgents doivent aller de pair avec des réformes de fond que sont l’éducation et la santé, mais aussi la formation et l’emploi. C’est un véritable cercle vertueux que le Maroc peut enclencher et il appartient à tout un chacun d’y contribuer. Reste à espérer que les manœuvres politiciennes, les velléités partisanes et les ambitions personnelles ne viennent pas se mettre en travers de la route.

Zouhair Yata

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Gaza : Jusqu’où l’impunité ? https://lnt.ma/gaza-jusquou-limpunite/ Thu, 20 Mar 2025 01:39:26 +0000 https://lnt.ma/?p=527148 Vous pensiez peut-être qu’un cessez-le-feu était conclu pour être respecté ou même éventuellement dénoncé avant d’être rompu ? Peut-être même qu’en plus de l’espoir qu’a généré le cessez-le-feu en vigueur, vous pensiez que le mois sacré de Ramadan garantissait une certaine forme de protection et de respect minimal ? Vous pensiez que les femmes, les enfants, […]

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Vous pensiez peut-être qu’un cessez-le-feu était conclu pour être respecté ou même éventuellement dénoncé avant d’être rompu ? Peut-être même qu’en plus de l’espoir qu’a généré le cessez-le-feu en vigueur, vous pensiez que le mois sacré de Ramadan garantissait une certaine forme de protection et de respect minimal ? Vous pensiez que les femmes, les enfants, les infrastructures civiles (celles encore debout), ne seraient plus pris pour cible, et que l’horreur de la guerre à Gaza était derrière nous ? Plus de 400 morts palestiniens en une seule nuit, dont une majorité de femmes et d’enfants, une des journées les plus meurtrières depuis le début du conflit en 2023, sonnent le glas de toutes ces espérances.

Et, quel sang-froid de Benyamin Netanyahou, quel détachement face à la valeur d’une vie humaine. Ce n’est « qu’un début » annonce-t-il et on le croit malgré l’effroi que cela provoque. Le « timing » d’ailleurs de cette nouvelle escalade unilatérale de la violence du côté israélien interroge à double titre. D’abord, la presse internationale relève par exemple la concomitance avec les affaires judiciaires du premier ministre dont les audiences ont été annulées le jour même, et sa propension à manipuler le calendrier à ses fins personnelles.

Ensuite, les États-Unis semblent être un des bénéficiaires indirects de cette nouvelle phase de la guerre menée par Israël. Le bras de fer que mène Trump avec Poutine, Zelensky et les Européens sur la guerre en Ukraine n’a pas eu l’effet souhaité par le Président américain. Sa cote de popularité est en baisse dans son propre camp, et ses amis comme ses ennemis ne semblent pas prêts de céder si facilement à sa technique d’intimidation autocratique systématique.

La reprise de la violence à Gaza est donc tout à fait justifiée pour l’administration américaine qui impute toute la responsabilité de ces morts parmi les civils au Hamas, avec la même rengaine, il utilise des infrastructures civiles, refuse les propositions de prolongation du cessez-le-feu et la libération des otages. Comme si maintenant le Hamas allait se plier aux exigences, libérer les otages et s’auto-démanteler. Lorsqu’on pointe du doigt la lune, l’idiot regarde le doigt et c’est exactement ce que souhaitent Trump, Netanyahou et consorts.

Mais, la communauté internationale n’est pas un bloc uniforme et encore moins du côté occidental où la confiance et les bonnes manières s’érodent à chaque coup porté par Trump à ses alliés. Si la Russie d’abord, puis la Chine, pèsent d’un poids crucial dans tout règlement éventuel de la conflictualité israélo-palestinienne en tant que membres du Conseil de Sécurité de l’ONU notamment, les Européens sont plus directement concernés ne serait-ce que par proximité historique, mémorielle, géographique. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ces derniers semblent avoir changé enfin de paradigme quant au poids politique que doit jouer un ensemble de 27 pays coalisés dans le monde d’aujourd’hui.

Or, les Européens ont au moins condamné les attaques israéliennes, la France en tête, et cette dissonance dans le discours occidental est porteuse d’espoir. Parce que pour espérer voir la fin de l’impunité et du blanc-seing de l’Amérique à Israël, il faut des contre-poids qui pèsent. En attendant, les Palestiniens de Gaza attendent entre la vie et la mort que leur sort soit décidé ailleurs.

Zouhair Yata

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Pouvoir d’achat, les raisons de la colère https://lnt.ma/pouvoir-dachat-les-raisons-de-la-colere/ Thu, 13 Mar 2025 08:22:01 +0000 https://lnt.ma/?p=526298 C’est objectif, le Maroc connait une dynamique de développement indéniable depuis quelques années déjà. Les réformes structurelles, les infrastructures, l’industrialisation renouvelée, le soft power qui augmente la cote de popularité mondiale du Maroc depuis la Coupe du Monde au Qatar, les arrivées de touristes en conséquence, les échéances dont le pays sera hôte en 2025 […]

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C’est objectif, le Maroc connait une dynamique de développement indéniable depuis quelques années déjà. Les réformes structurelles, les infrastructures, l’industrialisation renouvelée, le soft power qui augmente la cote de popularité mondiale du Maroc depuis la Coupe du Monde au Qatar, les arrivées de touristes en conséquence, les échéances dont le pays sera hôte en 2025 puis en 2030, le satisfecit régulièrement renouvelé des partenaires et instances internationaux ; tout cela indique une tendance positive et prometteuse pour le Royaume dont les bénéficiaires sont directement ou indirectement les Marocains. Tout ceci est indéniable. Mais, c’est une lame de fond qui peine encore à être visible pour nombre de nos concitoyens, encore plus pendant des échéances qui pèsent lourdement sur leurs dépenses comme le mois sacré de Ramadan.

Pourtant, le prix de la viande a fortement baissé après l’annonce de l’annulation des festivités de l’Aid El Kébir, et les pluies récentes tombent à pic pour soulager à la fois le stress hydrique et les esprits. Mais cela ne suffit pas à épancher le problème, parce que pendant ce mois, la consommation et donc la demande explosent, avec pour conséquence directe un impact à la hausse des prix du côté de l’offre, souvent entre les mains d’intermédiaires peu vertueux. L’État régule, contrôle et sévit, mais autant que possible, tant les circuits sont nombreux et tant la transaction finale du vendeur à l’acheteur est difficilement contrôlable. D’autant que les prix ne sont pas forcément ou systématiquement affichés.

Ce qui est le plus inquiétant, ce n’est pas la frénésie consumériste, mais le fait que pour beaucoup de nos compatriotes, ce sont les biens de première nécessité qui sont concernés. Ce sont les villes périphériques, le monde rural, les villages, qui trinquent même quand il pleut. Les infrastructures y sont moins développées et les pluies torrentielles ont un impact terrible sur un quotidien déjà difficile. D’ailleurs, les images de la province d’Al Haouz, qui semble loin d’être reconstruite, témoignent d’une réalité différente et bien moins glamour.

Alors, oui, la capillarité du développement, de la croissance, des opportunités, prend du temps à s’étendre au bénéfice de tous. Oui, il y a des choses qui sont faites pour accélérer le mouvement, comme par exemple la réforme de la régionalisation. Mais, la temporalité est souvent longue, pas de quoi alléger les portemonnaies d’ici demain.

En attendant, les réseaux sociaux se font le relais de ces difficultés, souvent de manière tronquée et sans contexte, mais les témoignages de mécontentement sont nombreux, de ceux qui peinent à payer leurs traites autant que de ceux qui se plaignent des prix des produits alimentaires de base. Le coût de la vie est devenu une préoccupation majeure de nos concitoyens, si ce n’est la première. Il faut en prendre la mesure.

Alors que faire face à cette dichotomie pour ne pas dire ce schisme qui semble parfois un trou béant entre le Maroc qui bouge et celui qui peine ? L’État peut-il mobiliser plus de moyens pour accélérer ses réformes, dont celle sociale en tête ? Le Gouvernement pourrait-il être plus rassurant, plus présent auprès de l’opinion publique ? A quelques encablures à peine de la prochaine échéance électorale en 2026, rien n’est moins sûr quand on connait la propension à faire de la politique politicienne dans ce contexte. Surtout que par ailleurs, il n’est pas improbable avec ce qu’il se passe à l’international, que des facteurs exogènes (re)viennent s’ajouter à la pression économique à tendance inflationniste que connait le pays, et servent de boucs émissaires aux bilans politiques à venir.

Heureusement, il nous reste une réponse sociétale efficace et solidement ancrée dans nos traditions communes face à l’adversité que traverse certains, sous nos yeux. La solidarité. Prendre conscience des difficultés des autres et contribuer à les atténuer quelque peu par une aide, qu’elle soit financière, alimentaire, utilitaire, au-delà même, et surtout, du mois de Ramadan, là est la vraie mesure des valeurs de notre société. Pour toutes les raisons précitées, c’est le moment d’en faire plus ou de continuer à faire. Pour apporter sa pierre à l’édifice sans en retirer une en échange.

Zouhair Yata

 

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Le 8 mars, oui mais à jeun ! https://lnt.ma/le-8-mars-oui-mais-a-jeun/ Fri, 07 Mar 2025 09:53:07 +0000 https://lnt.ma/?p=525806 Il y a des hasards de calendrier bien heureux, d’autres qui le sont moins. Ainsi, la concomitance cette année du mois de Ramadan avec la date du 8 mars, n’est pas la meilleure configuration pour focaliser l’attention sur la Journée internationale des droits des femmes. Un peu comme dans le code de la route, la […]

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Il y a des hasards de calendrier bien heureux, d’autres qui le sont moins. Ainsi, la concomitance cette année du mois de Ramadan avec la date du 8 mars, n’est pas la meilleure configuration pour focaliser l’attention sur la Journée internationale des droits des femmes.

Un peu comme dans le code de la route, la grande rue l’emporte sur la petite, d’autant que dans ce cas, il n’y a pas photo. À défaut donc d’être le focus de l’actualité tous azimuts, le 8 mars devra se faire une petite place entre les dattes et chebakia.

Et, pour certains, ce n’est pas plus mal, tant cette date est devenue un marronnier commercial pour les marketeurs à coups de cartes de fidélité dédiées aux femmes et de réductions en pagaille, du spa au chocolatier.

Dans le fond, tout cela est anecdotique, et fort heureusement, l’avenir des droits des femmes marocaines ne se joue pas en une journée, Ramadan ou pas.

Et, si pour de nombreux analystes, la cause féminine a perdu de sa fougue et de son engagement ces derniers temps, la réforme en cours de la Moudawana est le réel diapason de l’évolution concrète du statut des femmes au Maroc.

Cette réforme est cruciale, 20 ans après la précédente, parce que les mœurs sociétales bougent, malgré toutes les réticences, et cela crée de nouvelles réalités dans les rapports entre les hommes et les femmes, que la loi doit encadrer de manière plus juste.

De même, la contribution et l’inclusion économiques de la femme marocaine sont des sujets majeurs dans le cadre du développement que connaît notre pays.

Avec les ambitions affichées du Royaume et sa projection dans l’avenir, la moitié de la population ne saurait être marginalisée par des justifications passéistes.

C’est justement ce regard sur l’avenir qui nous a paru pertinent comme fil rouge de notre édition annuelle traditionnellement dédiée au 8 mars.

À travers une série d’entretiens, ce numéro spécial se veut une tribune d’inspiration et de réflexion, plaçant la femme au cœur des grandes questions sociétales, mais aussi des débats stratégiques pour le Maroc de demain.

Les femmes que nous avons rencontrées, issues de divers horizons – philosophe, ministre, femme politique, militante, chercheuse, ou à la tête d’une grande institution – partagent leur vision d’un Maroc résilient, inclusif et innovant.

Et, à travers chaque témoignage, se dessine une évocation personnelle et professionnelle du visage qu’elles souhaitent voir émerger pour notre pays.

Nadia Tazi interroge la place des femmes dans la société en mettant en lumière les mécanismes de domination et les défis de l’émancipation. Nadia Fettah met en perspective les réformes économiques majeures et souligne que l’inclusion des femmes est un moteur essentiel du développement national. Mbarka Bouaida témoigne du potentiel transformateur de la régionalisation et milite pour un leadership féminin plus affirmé au niveau local. Charafat Afailal alerte sur l’urgence de la gestion des ressources en eau et l’importance d’une gouvernance durable face aux défis climatiques.

Nawal Chraibi illustre comment la recherche et l’innovation technologique peuvent positionner le Maroc comme un acteur de la souveraineté scientifique. Ouafae Mriouah défend le rôle stratégique de la réassurance pour garantir la stabilité financière et économique du pays. Basma Khayat insiste sur l’importance d’un système de retraite solide et inclusif, garant de justice sociale et de protection pour les générations futures.

Vous l’aurez compris, à travers ces échanges, il ne s’agit pas simplement de savoir ce que les femmes veulent pour les femmes, mais bel et bien d’évaluer à sa juste valeur leur contribution à l’édification du Maroc de demain.

Un jus de femmes « détox » plein d’optimisme et de bienveillance, à consommer sans modération, même à jeun !

Zouhair Yata

Retrouvez le sommaire de notre spécial 8 mars en cliquant sur ce lien.

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USA vs Europe : Bas les masques https://lnt.ma/usa-vs-europe-bas-les-masques/ Wed, 26 Feb 2025 08:57:01 +0000 https://lnt.ma/?p=525218 Dans quel scenario aurait-on pu imaginer voir les États-Unis voter conjointement avec la Russie, la Corée du Nord et l’Iran contre une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui appelle à un retrait des troupes russes en Ukraine ? A part dans un bon opus Marvel (et même celui-ci s’appelle en l’occurrence Civil War), quand est-ce […]

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Dans quel scenario aurait-on pu imaginer voir les États-Unis voter conjointement avec la Russie, la Corée du Nord et l’Iran contre une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui appelle à un retrait des troupes russes en Ukraine ? A part dans un bon opus Marvel (et même celui-ci s’appelle en l’occurrence Civil War), quand est-ce que les gentils rejoignent si ouvertement le camp de ceux qu’ils désignent habituellement comme les méchants ?

Depuis quand les Européens se réunissent-ils en catastrophe pour accorder leurs violons et nettoyer leurs baïonnettes par peur d’un désengagement américain de l’alliance qui les unit et les protège théoriquement ?

On savait la politique de Donald Trump impulsive, pleine de gouaille et faisant fi des conséquences qui ne l’atteignent pas directement, mais avec la stratégie unilatéraliste du Président américain sur la question ukrainienne, ce sont des années de coopération diplomatique renforcée et coordonnée entre les membres de ce qu’on appelait jusqu’à présent le bloc allié, qui volent en éclats.

L’Europe réalise à ses dépens que sa sécurité ne peut pas dépendre à ce point et indéfiniment du bon vouloir de l’Oncle Sam et le contraste est criant entre la tour Eiffel illuminée aux couleurs de l’Ukraine et Trump qui désavoue et humilie publiquement à la face du monde le leader ukrainien Volodymyr Zelensky. Macron, dans la tradition de De Gaulle ou plus récemment de Chirac, mène la fronde européenne, mais cela ne suffira certainement pas à freiner Trump et l’agenda de son entourage.

Bis repetita placent

La question qui se pose est de savoir quel intérêt a le Président américain à tourner le dos à la vieille Europe et à réhabiliter Vladimir Poutine sur la scène internationale. La réponse parait double mais avec un cynisme certain dans les deux cas. D’abord, Trump est un Président businessman, toutes les négociations sont des rapports de force desquels il aime sortir gagnant avec un petit bonus à la clé. Et il applique cela aussi à la géopolitique mondiale.

C’était déjà le cas dans sa manière de régler la guerre à Gaza, avec par exemple ses déclarations sur la création d’une côte d’azur, et c’est le cas aujourd’hui lorsqu’il évoque un accord dans lequel l’Ukraine partagerait ses ressources naturelles avec les États-Unis en échange de garanties pour sa sécurité. Un accord qui devrait être discuté avec… Volodymyr Zelensky, qui bien affaiblit par les déclarations de Trump, aura à la fois un couteau américain sous la gorge et une épée européenne sur la tête.

L’autre réponse qui pourrait expliquer le schisme américano-européen, c’est l’idéologie qui a porté Trump au pouvoir et qui gagne à la fois du terrain et de la vitesse. Le Vice-Président américain J.D. Vance qui tance les Européens (à Munich…) sur la démocratie ; Steve Bannon et son salut nazi à la convention des conservateurs, après celui déjà d’Elon Musk ; l’entêtement de ce dernier aux relents dictatoriaux et autoritaires, ne sont que la face apparente de l’iceberg.

Le reste est en Europe, avec le parcours du RN français, de Meloni en Italie, de la Hongrie d’Orban, ou encore plus récemment les scores historiques de l’AfD allemande. Même les plus petites secousses finissent par provoquer de grandes failles lorsqu’elles se répètent avec insistance, c’est le pari qui semble être pris. Et tout cela n’est pas le fruit du hasard, les masquent finissent par tomber, car il est désormais indéniable qu’il existe une tendance mondiale, transnationale, une réelle internationale de ce que les plus optimistes appellent le conservatisme de droite et que les plus clairvoyants n’hésitent pas à qualifier de néofascisme d’extrême droite.

Si les causes de la montée de l’extrême droite sont très certainement multiples et même si Trump est un cas atypique où se mêlent rêve américain et populisme « red neck », les conséquences sont déjà bien là, malgré le brouhaha médiatique et l’individualisme ambiant. Les attaques contre les minorités, le sort réservé aux immigrés, les retours sur les acquis des femmes, le mépris pour le sort des victimes des guerres, qu’elles soient palestiniennes ou ukrainiennes, sont des signes inquiétants. Ou pas, mais il faut choisir son camp.

Zouhair Yata

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Aéroports 2030 : Être à la hauteur https://lnt.ma/aeroports-2030-etre-a-la-hauteur/ Wed, 19 Feb 2025 13:41:03 +0000 https://lnt.ma/?p=524812 La tenue de la Coupe du Monde 2030 au Maroc, conjointement avec l’Espagne et le Portugal, est devenu un couperet à double tranchant pour de nombreuses institutions, entreprises et secteurs marocains, avec le sentiment partagé d’une opportunité unique et dans le même temps d’une obligation de résultat quelque peu anxiogène. Il n’est donc pas anodin […]

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La tenue de la Coupe du Monde 2030 au Maroc, conjointement avec l’Espagne et le Portugal, est devenu un couperet à double tranchant pour de nombreuses institutions, entreprises et secteurs marocains, avec le sentiment partagé d’une opportunité unique et dans le même temps d’une obligation de résultat quelque peu anxiogène. Il n’est donc pas anodin ni étonnant que la nouvelle stratégie de l’ONDA (l’Office national des aéroports) se fixe comme échéance l’horizon de 2030 plutôt qu’une projection plus longue à 15 ans ou plus, comme c’est habituellement le cas lorsqu’il s’agit de projets d’infrastructures aussi lourds.

Mais, une question se pose avec insistance lorsqu’on aborde l’horizon 2030 : tous les efforts engagés par le Maroc pour organiser cette Coupe du Monde sont-ils justifiés et pérennes pour le développement du pays ? La réponse apparait on ne peut plus claire dans le diagnostic de l’ONDA : avec une augmentation de 21% du total des passagers en 2024, qui représente 5,6 millions du total des 32,7 millions, le Maroc connait déjà une croissance importante qu’il faut adresser de manière tout aussi urgente que structurelle.

A titre d’exemple, l’aéroport de Marrakech seul cumule 9,3 millions de passagers avec une hausse de 34% sur une année, et la quasi-totalité des autres aéroports connaissent une croissance à deux chiffres. Ce sont donc des investissements colossaux qui sont prévus pour le développement des nouvelles infrastructures, la mise à niveau des aéroports existants et la construction de nouveaux terminaux, dans le but d’adresser la saturation des capacités face à la tendance haussière du trafic.

D’autant que l’ONDA est aussi l’hôte de la compagnie nationale et de son hub, et qu’en l’occurrence la Royal Air Maroc a aussi des ambitions actées qui deviennent cardinales pour atteindre les objectifs communs. En augmentant ses capacités de 50 à 200 avions à l’horizon 2037, comme prévu par la RAM dans le contrat cadre signé avec l’État, les infrastructures, les ressources et les services devront suivre.

En réalité, tout ceci s’inscrit dans une dynamique qui dépasse l’Office et les aéroports. La stratégie de l’ONDA fait écho plus largement à des changements de fond qui sont en train de s’opérer. Le Maroc vit un Momentum qu’il entend bien entretenir et amplifier. Or, cela passe par une certaine forme de synchronisation et de synergies des efforts pour converger vers l’objectif commun qui est d’accéder à un pallier de développement supérieur.

Le volume des passagers domestique qui est en augmentation de 30% en 2024, de la même manière que le futur Grand Stade Hassan II est destiné à accueillir in fine le Raja et le Wydad, témoigne du fait que les infrastructures aéroportuaires sont là pour rester au bénéfice de tous.

Aussi, en actant sa transformation juridique du statut d’Office à celui de Société anonyme, l’ONDA, qui par ailleurs est une activité rentable, va entamer une mue vers une efficience opérationnelle nouvelle et va pouvoir nourrir et financer ses ambitions, sans limite. Moderniser le Maroc, le rendre plus attractif, c’est aussi améliorer ses capacités d’accueil, les élever aux meilleurs standards internationaux et s’appuyer sur le capital humain pour y arriver.

Être à la hauteur des enjeux conjoncturels, mais s’inscrire dans des sillons plus profonds, c’est précisément ce que l’ONDA veut accomplir avec un volontarisme certain.

Pour que les échéances mondiales à venir ne soient que la cerise sur le gâteau.

Zouhair Yata

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IA Summit Paris : « Nous aussi we can » https://lnt.ma/ia-summit-paris-nous-aussi-we-can/ Thu, 13 Feb 2025 06:44:50 +0000 https://lnt.ma/?p=524436 Jacques Delors disait de l’Europe qu’elle est un OPNI, un objet politique non identifié, et Henry Kissinger ironisait avec une expression devenue emblématique de la perception du vieux continent vu des Etats-Unis : « L’Europe, quel numéro de téléphone ? ». Pour autant, les Européens ne semblent pas prêts de baisser les bras et de céder à la […]

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Jacques Delors disait de l’Europe qu’elle est un OPNI, un objet politique non identifié, et Henry Kissinger ironisait avec une expression devenue emblématique de la perception du vieux continent vu des Etats-Unis : « L’Europe, quel numéro de téléphone ? ». Pour autant, les Européens ne semblent pas prêts de baisser les bras et de céder à la volonté d’hégémonie américaine portée par la logorrhée agressive de Trump et de ses compadres. Ni sur l’Ukraine, ni sur le « hot topic » du moment, l’Intelligence Artificielle. Et, la révolte européenne, sera symboliquement portée par la France, rodée à l’exercice et qui aime se draper d’universalité.

C’est en grandes pompes que s’est tenu à Paris les 10 et 11 février derniers, le très attendu Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle 2025, réunissant des dirigeants politiques, des chefs d’entreprise et des experts du monde entier pour discuter des enjeux liés à l’IA à la sauce européenne. Et, il faut le reconnaitre d’emblée, le Sommet a un timing parfait parce que les Etats-Unis et la Chine, les deux principaux concurrents de l’Europe, ont déjà dévoilé leur jeu.

Et, c’est donc aussi avec toutes les cartes en main que le Président français Emmanuel Macron a orchestré la riposte européenne en annonçant un plan d’investissement massif de 109 milliards d’euros dans l’IA en France pour les prochaines années. Et, la France présente des atouts indéniables avec une production d’énergie nucléaire décarbonée, stable et disponible, qui permettrait d’alimenter les besoins gigantesques des centres de données dédiés à l’IA.

De bonnes nouvelles pour tous les pays européens qui collectivement et individuellement ont besoin de participer activement à la course technologique en cours et qui se retrouvaient de fait déjà dépendants des avancées américaines et chinoises. Car c’est aussi l’accès au marché des consommateurs européens dont il est question. L’Europe, connue pour ses barrières réglementaires, met le curseur de la régulation à son maximum, ce qui ne manque pas d’horripiler les Américains. D’ailleurs, ni les États-Unis, ni le Royaume-Uni n’ont signé la déclaration finale du Sommet, invoquant des préoccupations liées à une régulation excessive.

Tout cela est à la fois rassurant et positif. Rassurant d’abord, parce que les normes européennes, on doit le reconnaitre, ont tendance à obliger des acteurs mondiaux dont l’éthique ou la protection des consommateurs n’est pas la priorité cardinale à s’y conformer. En se protégeant, l’Europe rend un service au reste du monde aussi parce qu’elle pose des limites à la folie des grandeurs américaine ou à l’opportunisme chinois. Positif ensuite, pour les pays européens qui peuvent voir leurs compétences locales se développer à leur bénéfice et pour les partenaires de l’Europe qui vont bénéficier de leur proximité pour accéder à ses nouvelles innovations technologiques.

Le Maroc est typiquement dans ce cas. En tant que partenaire privilégié de la politique de voisinage européenne, mais aussi par sa proximité historique, économique, politique, ses relations renouvelées avec la France, le Royaume peut bénéficier grandement des avancées européennes dans le domaine de l’IA. Alors que notre pays a fixé une barre haute en termes de développement, notamment numérique, toutes les opportunités sont bonnes à prendre pour atteindre ces objectifs. De plus, en cultivant son positionnement de hub atlantique, méditerranéen et africain, le Maroc a un rôle à jouer dans la partition mondiale qui est en train de se composer.

En définitive, ce que les Européens offrent grâce à cette nouvelle posture, c’est une alternative de plus dans cette course désormais effrénée à la domination par l’IA. Face aux Musk de notre temps, on ne va pas s’en plaindre.

Zouhair Yata

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Droit de grève ? Oui, mais pas trop ! https://lnt.ma/droit-de-greve-oui-mais-pas-trop/ Wed, 05 Feb 2025 14:34:50 +0000 https://lnt.ma/?p=523972 Les temps changent et certains combats du passé semblent aujourd’hui désuets. Le droit de grève par exemple, n’est pas un petit acquis de l’humanité. Cela ne fait qu’à peine un ou deux siècles que petit à petit ce droit s’est invité dans le vocabulaire d’abord de quelques pays puis du reste du monde. C’est grâce […]

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Les temps changent et certains combats du passé semblent aujourd’hui désuets. Le droit de grève par exemple, n’est pas un petit acquis de l’humanité. Cela ne fait qu’à peine un ou deux siècles que petit à petit ce droit s’est invité dans le vocabulaire d’abord de quelques pays puis du reste du monde.

C’est grâce à la grève, qu’il faut entendre comme le sacrifice d’une poignée pour le bien de tous les autres, que tous les droits des travailleurs ont été arrachés, durement. C’est même grâce à la grève que les nouvelles générations peuvent s’offrir le luxe de redéfinir leur rapport au travail avec des exigences à l’embauche dignes des princesses Disney en comparaison avec les conditions qu’ont connu et enduré leurs ainés.

Le droit de grève est aussi assimilé au syndicalisme qui est lui-même indissociable d’abord du communisme puis du socialisme. Pas besoin de faire un dessin pour comprendre que le déclin des idéologies de gauche a entrainé irrémédiablement celui des forces de gauche et du peuple de gauche. Ceux qui représentaient les travailleurs sont moins nombreux, moins suivis, moins influents, moins représentatifs et moins légitimes aussi. Que reste-t-il ? La brutalité de la réalité économique et sociale, conjoncturelle parfois, structurelle souvent, de certaines professions, ou de certaines catégories de travailleurs. Et, comme l’ordre public a toujours été la seule réelle limite à l’exercice de ce droit, le risque est que les acquis soient rognés lorsque certaines limites sont atteintes dans la mobilisation, même par les causes les plus légitimes.

Au Maroc, le dialogue social est bien institutionnalisé, les syndicats des travailleurs et du patronat collaborent avec le gouvernement, les sujets sont nombreux et le 1er mai continu d’être célébré. Pour autant, on aime à dire régulièrement que la « cocotte-minute sociale » est en surchauffe. Et, désormais les revendications ne sont pas forcément portées par ceux qui le faisaient auparavant, ni de la même manière. Les mouvements de grève récents dans le secteur de l’éducation et celui de la santé ont été des réels bras de fer qui ont épuisé coup sur coup tous les recours des autorités sensés habituellement faire baisser la pression.

Coïncidence ou conséquence, la nouvelle loi sur le droit de grève proposée par le Gouvernement et qui a été adoptée par la Chambre des conseillers, vient faire le ménage sans ménagement. Par exemple, mesure phare du nouveau texte, le préavis de grève y est érigé en prérequis incontournable, ôtant de fait le caractère spontané et donc disruptif par essence de certains mouvements de grève. C’est du même ordre que de demander aux enfants de prévenir leurs parents avant de faire des bêtises pour qu’ils aient le temps de les convaincre de ne pas les faire ou de s’organiser pour en minimiser l’impact.

Alors certes, l’intention est louable. Le Gouvernement qui œuvre pour le bien du plus grand nombre, présente un texte qui favorise le dialogue autant que possible pour éviter des situations de blocage qui peuvent affecter les citoyens marocains, l’activité économique et les abus dans l’usage de la grève. Mais, avec à la clé aussi un peu plus de sanctions, histoire de bien faire réfléchir à deux fois les têtes brulées qui seraient tenter de se lancer dans une démarche de grève jusqu’au-boutiste.

Le texte qui est en conformité avec les engagements internationaux du Maroc pour le respect des droits des travailleurs, illustre la recherche d’un équilibre entre la protection des libertés individuelles et la sauvegarde de l’intérêt général. D’autant que le pays fait face à des échéances internationales majeures et qu’il faut garantir une certaine stabilité de l’activité économique, ce qui est antinomique avec le principe de grèves de grandes ampleurs et/ou intempestives.

Mais, et c’est peut-être un biais cognitif ou une séquelle du passé, réformer le droit de grève en en contraignant l’exercice, même pour des raisons légitimes, affaiblit inexorablement et irrémédiablement la position des travailleurs et ceux qui les défendent. En somme, le ver est dans la pomme et l’Internationale n’est pas prête d’être le genre humain.

Zouhair Yata

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Deepseek : AI, AI, AI ! https://lnt.ma/deepseek-ai-ai-ai/ Wed, 29 Jan 2025 11:21:25 +0000 https://lnt.ma/?p=523529 « Lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera ». Cette citation célèbre attribuée à Napoléon Bonaparte raisonne de nouveau avec l’actualité des derniers jours depuis qu’une startup chinoise, Deepseek, a mis à l’amende les géants américains de l’IA et a provoqué un crash boursier avec 1400 milliards de dollars de valorisation perdue en une journée. Et, […]

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« Lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera ». Cette citation célèbre attribuée à Napoléon Bonaparte raisonne de nouveau avec l’actualité des derniers jours depuis qu’une startup chinoise, Deepseek, a mis à l’amende les géants américains de l’IA et a provoqué un crash boursier avec 1400 milliards de dollars de valorisation perdue en une journée.

Et, malgré la technicité des sujets autour de l’intelligence artificielle, ce qui s’est passé n’est pas si compliqué à comprendre. Jusqu’alors, la « hype » autour de l’IA surfait sur des prémisses qui semblaient inébranlables : entrainer des modèles d’IA et les faire tourner à l’échelle nécessitent des machines puissantes et donc des investissements tout aussi massifs. Trump annonçait d’ailleurs quelques jours à peine avant la mise en ligne de Deepseek le plan « Stargate » en grandes pompes avec 500 milliards de dollars dédiés à l’IA.

Sauf que pendant que les Américains gonflaient leurs valorisations en même temps que leur ego, cette startup chinoise a entrainé son modèle avec un coût de seulement 5 ou 6 millions de dollars. Il n’en fallait pas plus pour faire exploser la bulle de spéculation à Wall Street et même à obliger Donald Trump à reconnaitre que l’annonce de Deepseek est un « wake up call » pour les entreprises américaines, montrant au passage sa capacité à tourner le dos aujourd’hui à ses amis d’hier.

Mais, au-delà des implications technologiques ou financières de cette actualité, c’est un tournant majeur qui s’opère dans le secteur de l’IA dont les répercussions sont décisives pour le reste du monde. Ce qu’a démontré Deepseek, c’est que pendant qu’en occident les experts sur LinkedIn nous annoncent la panacée à coups d’émojis et que les utilisateurs payent 20$ leur abonnement premium à Chatgpt pour lui demander d’écrire une chanson marrante sur leur belle-mère, un modèle gratuit, en open source, peut être accessible au plus grand nombre avec des performances débridées et à un coût réduit.

Or, l’enjeu de l’IA n’est pas son exploitation pour créer des visuels d’écureuils avec un cœur dans une application de messagerie, mais bel et bien de venir révolutionner des pans entiers de nos industries, dans la santé, l’éducation, l’agriculture, la défense, entre autres.

Et, quand bien même les technologies américaines seraient les meilleures, justifiant par là leur coût, leur modèle propriétaire devait être challengé par des modèles ouverts pour permettre à cette nouvelle révolution industrielle de se répandre à travers le monde. En ouvrant un accès à cette technologie à un coût bas, la Chine va permettre à des milliers de startups à travers le monde de s’atteler à créer des opportunités différentes parce que répondant à leurs spécificités culturelles, linguistiques ou sociales par exemple, avec un ancrage plus local. Paradoxalement, la démocratisation de l’IA est désormais un acquis chinois, même s’il ne serait pas étonnant de voir les modèles concurrents actuels s’adapter rapidement à cette nouvelle tendance.

L’impact géopolitique n’est lui aussi pas négligeable comme en témoignent toutes les tentatives de présenter Deepseek comme le suppôt du régime chinois, ce qui par ailleurs doit faire sourire en douce à Pékin. En réalité, avec cet IA « low cost », la Chine pourrait donner des ailes à d’autres grandes nations qui jusqu’alors pensaient devoir être spectatrice de ce nouveau show. Même les Européens, France en tête, devraient se réjouir de voir éclore des perspectives nouvelles moins couteuses et surtout souveraines. Investir dans sa propre IA n’est plus une gageure, ne pas dépendre des Américains et de « Trusk » est désormais possible, « game is on ».

Même au Maroc, dont les ambitions digitales ont été récemment renouvelées avec une volonté de créer un réel écosystème de startups au service du développement du pays et de former la jeunesse aux technologies de son temps, les opportunités s’élargissent grandement. Alors, Xièxiè Deepseek ?

Zouhair Yata

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« Trump it » https://lnt.ma/trump-it/ Thu, 23 Jan 2025 08:25:41 +0000 https://lnt.ma/?p=523266 Tout, absolument tout ce qui a trait à Donald Trump, même avant qu’il ne redevienne le nouveau Président des États-Unis, prête à polémique. C’est même sa marque de fabrique et il ne le subit pas, mais au contraire le provoque bien volontiers. Dans ce contexte, il était attendu que sa cérémonie d’investiture soit moins traditionnelle […]

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Tout, absolument tout ce qui a trait à Donald Trump, même avant qu’il ne redevienne le nouveau Président des États-Unis, prête à polémique. C’est même sa marque de fabrique et il ne le subit pas, mais au contraire le provoque bien volontiers. Dans ce contexte, il était attendu que sa cérémonie d’investiture soit moins traditionnelle et moins solennelle que celle de ses illustres prédécesseurs. Pour autant, ce n’est qu’en le voyant réellement que l’ampleur de la digression a pu être mesurée.

Sur la forme, l’investiture de Donald Trump était un mélange savamment orchestré fait de clichés sur l’Amérique mangeuse de burgers McDonalds, de discours populistes et de fidèles venu témoigner leur allégeance. Flanqué de ses nouveaux lieutenants, Musk en tête, Trump parade et s’amuse, y allant même de quelques pas de danse. Que l’on ait aimé ou pas la cérémonie à la sauce beauf « redneck » n’enlèvera rien à son impact, l’« entertainment » était au rendez-vous et dans ce sens c’était un succès sans équivoque pour celui qui aime tant être le centre de l’attention.

Mais, c’est avec aussi un sentiment de gêne voire de malaise que certains ont abordé cette cérémonie dont beaucoup de marqueurs peuvent être considérés comme des « Red flags ». D’abord, tout crie à la revanche, de la liste des invités, dont certains ont retourné leur veste avec une célérité inédite pour s’attabler avec le nouveau maitre des lieux, au culte de la personne de Trump qui donne un arrière-gout amer aux relents dictatoriaux.

Surtout, c’est la théâtralisation de la signature des décrets présidentiels, comme un putschiste révolutionnaire, qui sont autant de coups d’épées dans les acquis de l’Amérique, qui semble donner le LA des quatre prochaines années. Barack Obama s’adressant à Georges W. Bush pendant la cérémonie, avec son plus beau rictus aux lèvres, semble dire à son prédécesseur « Comment fait-on pour arrêter ce qui est en train de se passer ? ». Une boutade qui a fait son petit effet, mais qui dénote clairement de l’état d’esprit de beaucoup d’observateurs et d’acteurs de la vie politique américaine. Car, sur le fond, beaucoup de choses sont profondément inquiétantes pour les Américains en premier lieu, pour leurs voisins proches ensuite et inexorablement pour le reste du monde également.

Exemple s’il en est, le geste, répété, d’Elon Musk n’est certainement pas anodin, ni affectueux envers la foule de ses supporters trumpistes. En politique, la naïveté se paye cher et il vaut mieux rapidement nommer les chats. Elon Musk n’a pas fait un geste déplacé qui est un acte isolé, pas lorsqu’on connait la profondeur de ses accointances avec la quasi-totalité des mouvements d’extrême droite dans le monde, de Farage à Zemmour, de Meloni à l’AfD allemande ou à Milei l’argentin.

L’Europe est d’ailleurs dans la ligne de mire directe d’Elon Musk qui ne s’en cache pas et qui prône déjà via son réseau X le slogan « MEGA – Make Europe Great Again » ou qui appelle à de nouvelles élections britanniques en opposition directe avec le gouvernement de gauche récemment élu.

L’ingérence d’Elon Musk est non seulement idéologique mais aussi teintée d’intérêts commerciaux majeurs et patents. La Tech américaine dont il est le chef de file autoproclamé et adoubé par Trump, s’est dotée de moyens financiers colossaux tout en s’affranchissant de nombreuses contraintes légales, dans le but d’accélérer sa domination sur les sujets de l’IA en particulier.

Et, ce ne sont pas les feux californiens qui pourraient arrêter cette dynamique et ces ambitions, mais bel et bien ce que l’Europe peut créer comme contrainte aux géants américains pour accéder à son marché de consommateurs ou encore ce que la Chine peut déployer comme technologies concurrentes, plus accessibles et paradoxalement plus puissantes pour le reste du monde.

Sur le plan géopolitique, tout cela peut et va avoir un impact, d’autant que les positions de Trump sont plutôt changeantes. Ainsi, alors que certains pariaient sur un soutien de la nouvelle administration clair à la Russie contre l’Ukraine, c’est bien à Xi Jinping que Vladimir Poutine a longuement parlé au téléphone au lendemain de l’investiture de Trump. De même, bien heureux celui qui pourrait prédire ce que la nouvelle administration américaine va prendre comme positions de fond sur le proche et moyen-orient dont l’équilibre si fragile est à reconstruire.

A titre d’exemple de la capacité de Trump à grouper le tir de manière aléatoire en apparence, le Mexique qui est un des grands voisins partenaire de l’Amérique, a pris en quelques minutes une rafale de balles qui remet en cause toute la relation bilatérale pourtant inextricable entre les deux pays. Les milliers de personnes qui espèrent chercher une vie meilleure aux États-Unis, le gouvernement mexicain et même le Golfe du Mexique sont mis au pied du mur face aux décisions unilatérales de Trump sous l’influence de son entourage.

En réalité, la seule chose dont nous pouvons être certains, c’est que le monde s’embarque sur un « roller coaster » de quatre ans. « Brace yourself for impact »…

Zouhair Yata

 

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Réforme de la Moudawana : « Macho Macho Men » https://lnt.ma/reforme-de-la-moudawana-macho-macho-men/ Wed, 15 Jan 2025 11:13:46 +0000 https://lnt.ma/?p=522844 Il fallait s’y attendre, la réforme de la Moudawana fait couler beaucoup d’encre et les réseaux sociaux regorgent de réactions franchement négatives. Si l’on peut se féliciter que le débat soit ouvert et que nos concitoyens y contribuent de manière directe grâce aux plateformes sociales, le premier constat que l’on peut faire sur cette phase […]

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Il fallait s’y attendre, la réforme de la Moudawana fait couler beaucoup d’encre et les réseaux sociaux regorgent de réactions franchement négatives. Si l’on peut se féliciter que le débat soit ouvert et que nos concitoyens y contribuent de manière directe grâce aux plateformes sociales, le premier constat que l’on peut faire sur cette phase dans laquelle est rentrée cette réforme, c’est que peu sont ceux qui sont prêts à se mouiller pour la défendre ou ne serait-ce qu’en expliquer la teneur et les mesures phares.

Depuis les fameuses consultations en amont des propositions formulées pour la réforme, exit les partis politiques, de gauche en particulier alors que la défense des droits humains est sensé faire partie des hautes priorités et des valeurs de ces partis ; seuls le PJD et son zaïm, pour qui ce débat est du pain béni pour réapparaitre dans la scène publique, montent au créneau ; mais exit aussi nos parlementaires, qui en dehors de l’hémicycle ne prennent aucune position ; exit aussi les intellectuels et la société civile qui semblent encore sous l’emprise de la torpeur des fêtes, des vacances et du froid. Le prétexte pour tous est que cette réforme est « royale » et qu’en conséquence elle aboutira d’une manière ou d’une autre.

Or, nous sommes bien loin d’un consensus national et d’une adhésion unanime de la population marocaine à cette réforme, en particulier du côté de la gent masculine. D’abord parce que pour les hommes marocains, ceux en tout cas qui s’expriment souvent avec une grande véhémence sur le sujet, le prisme de la femme est souvent inexistant.

Et, à travers le leur, pour toutes les bonnes raisons du monde, de la religion qui a toujours bon dos à la tradition, rien ne justifie de céder du terrain, des droits ou de nouveaux acquis aux femmes à leur détriment. Bien que le bon sens veuille que cela ne nous étonne pas plus que cela, parce que l’histoire ne regorge pas vraiment d’oppresseurs ayant volontairement libéré ceux qu’ils oppressaient, il est important de prendre la mesure de l’opposition réelle à la réforme pour en garantir un éventuel succès si elle était adoptée.

Si aux États-Unis, la masculinité positive semble revenir en force au-devant de la scène après des années de discrimination positive envers les femmes notamment, le Maroc n’est pas du tout dans ce cas de figure. Chez nous, pas de wokisme au programme, le machisme a encore de beaux jours devant lui tant la structure patriarcale est ancrée par l’éducation et les mœurs dans les esprits de certains de nos hommes. Il ne s’agit même pas d’une lutte idéologique entre classes sociales.

Des plus riches aux plus pauvres, beaucoup d’hommes ne céderont pas un iota de leur pouvoir sous prétexte que le Maroc avance, que les femmes méritent plus de protection pour ce qu’elles sont, des membres à part entière de notre société à laquelle elles contribuent ne serait-ce qu’en acceptant et avalant les couleuvres du quotidien que les hommes peuvent leur faire subir.

Alors face aux « macho macho men » qui ne veulent pas qu’on parle en leur nom, qui menacent de ne plus vouloir se marier ou qui n’ont cure des drames familiaux et des enfants traumatisés, des violences faites aux femmes ou des mariages des mineurs, il faut malgré tout de la pédagogie, des explications claires sur les enjeux réels de la réforme, mesure par mesure, peut-être même une intervention télévisée d’un ministre, des tribunes et des débats, des commentaires contradictoires, tout sauf l’indifférence.

Il faut absolument que les réticents, les véhéments, les récalcitrants, les épidermiques aux idées courtes, comprennent qu’il ne s’agit pas de les priver de quoi que ce soit, mais au contraire qu’alors que nous prenons de la hauteur en tant que peuple et que nation, protéger et émanciper la moitié de la population n’est pas un luxe, c’est une réalité et une nécessité.

Zouhair Yata

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Casablanca, quand on veut, on peut https://lnt.ma/casablanca-quand-on-veut-on-peut/ Thu, 09 Jan 2025 08:04:10 +0000 https://lnt.ma/?p=522583 Casablanca et sa région sont le centre névralgique de l’économie marocaine. Mégapole à notre échelle, la ville cumule autant d’atouts que de critiques depuis des décennies et nombreux ceux qui au fil des années ont été mandatés pour s’attaquer à sa transformation ou qui ont eu la prétention d’y arriver. Il faut pour autant reconnaitre […]

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Casablanca et sa région sont le centre névralgique de l’économie marocaine. Mégapole à notre échelle, la ville cumule autant d’atouts que de critiques depuis des décennies et nombreux ceux qui au fil des années ont été mandatés pour s’attaquer à sa transformation ou qui ont eu la prétention d’y arriver. Il faut pour autant reconnaitre à quel point la tâche est complexe, tant la ville est multiforme et en pleine expansion.

La mobilité, l’assainissement, l’urbanisme, la sécurité, les services publics, les infrastructures collectives et structurelles, tous les sujets sont brulants lorsqu’il s’agit de celle qu’on qualifiait encore très récemment de Casanegra.

Or, les enjeux de la transformation de la capitale économique sont désormais plus que jamais le reflet des ambitions du Maroc, notamment à horizon 2030 avec l’échéance unique de l’organisation de la Coupe du Monde de football par le Royaume du Maroc, l’Espagne et le Portugal. Dans ce contexte, non seulement Casablanca constituera évidemment le plus gros point d’ancrage des visiteurs, par sa taille, sa position de hub aérien et de transport terrestre, et sera donc logiquement sous les feux des projecteurs.

Si le challenge est colossal, le Maroc en a pour autant les capacités, comme en témoignent la transformation de la ville de Marrakech, désormais haut lieu du tourisme mondial ou celle de Rabat, capitale verte par excellence.

Aux grands maux donc les grands moyens, et l’arrivée du nouveau wali de la région Casablanca-Settat, Mohamed Mhidia, semble avoir provoqué un coup d’accélération notable dans plusieurs projets structurants de la ville. Dernier exemple en date, les habitants de Dar Bouazza n’ont souffert à peine que quelques semaines pour voir sortir de terre pas une mais trois trémies, qui fluidifient considérablement le trafic sur la route d’Azemmour.

Pour les Casablancais, qui ont patiemment subi la construction du pont à haubans de Sidi Maarouf, la construction des trémies de la route d’El Jadida ou celles du port, les différentes sections du tramway etc, cela relève presque de l’exploit. Et, si c’est au wali qu’on attribue volontiers cette réussite, en réalité c’est aussi grâce à la mobilisation de toute une chaine de prestataires et des milliers de personnes, mais aussi des services de police qui sont sur le front en permanence.

Du coup tous les espoirs sont permis pour tous les autres chantiers en cours qui promettent un nouveau visage à la ville et dont les premiers bénéficiaires seront ses habitants. D’autant qu’en plus d’un wali à l’efficacité redoutable, Casablanca est dotée d’une maire, Nabila Rmili, on ne peut plus volontariste. Sa collaboration étroite avec le wali apporte une synergie entre les différentes initiatives et contribue à garantir la réussite des projets entrepris pour transformer Casablanca en une métropole moderne et dynamique.

Au-delà du symbole que ce binôme de circonstances projette, c’est la dualité de la ville de Casablanca qui apparait en filigrane. Une ville à tendance chaotique a besoin d’être prise en mains autant que de nourrir son ambition de devenir le symbole de la réussite à la marocaine, entre préservation des acquis et quête de modernité. En tout état de cause, ce qui s’y passe en ce moment est la preuve intangible que quand on veut, on peut.

Zouhair Yata

 

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Réforme de la Moudawana : le visage du Maroc de demain https://lnt.ma/reforme-de-la-moudawana-le-visage-du-maroc-de-demain/ Wed, 25 Dec 2024 14:07:17 +0000 https://lnt.ma/?p=521922 Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné son aval au lancement du volet législatif de la réforme de la Moudawana, le Code de la famille marocain dont la dernière révision majeure était déjà à l’initiative du Souverain en 2004. Vingt ans plus tard, le dernier recensement de la population réalisé par le HCP, peint […]

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Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné son aval au lancement du volet législatif de la réforme de la Moudawana, le Code de la famille marocain dont la dernière révision majeure était déjà à l’initiative du Souverain en 2004. Vingt ans plus tard, le dernier recensement de la population réalisé par le HCP, peint une réalité marocaine bien différente de celle qui prévalait au début du siècle, et témoigne que les textes juridiques, qui sont des régulateurs des interactions sociales en général, doivent évoluer en concomitance avec la société.

La lutte pour la liberté des Femmes et leurs droits, le féminisme, le 8 mars, tout cela relève de l’action volontariste, de la mobilisation pour une cause juste. Mais seul, ce combat ne peut suffire à renverser la vapeur et à changer les comportements collectifs. En revanche, l’évolution naturelle de la société marocaine, sa modernisation portée par son développement économique et son ouverture accrue sur le monde, les changements de paradigme sociétaux avec une population qui procrée moins et qui a tendance désormais à vieillir, engendrent une redéfinition objective de la place des femmes dans notre pays qu’il est désormais difficile de nier ou de contester.

La réforme en cours ratisse large en termes de consensus national, des Oulémas au mouvement féministe marocain, en passant par nos « think tanks », pour atterrir chez nos parlementaires et enfin dans les foyers marocains. Et, qu’on se le dise, les Marocains ne sont pas contre cette réforme, d’abord parce que ceux qui ne changeront pour rien au monde leur manière de penser et de faire, continueront à s’y opposer, et ensuite parce que tous les autres vivent dans la nuance, et sont concernés directement ou indirectement via leur entourage par tous les sujets que cette réforme englobe.

Parce qu’il faut le rappeler, la Moudawana est le Code de toute la famille, elle régit les interactions, les droits et les responsabilités de tous les membres de la cellule familiale. La femme n’en est qu’une partie, et ne pas évoquer toute la complexité de l’impact d’une des relations de cette cellule sur les enfants ou l’homme, est un risque de voir cette réforme par un prisme morcelé plutôt qu’holistique.

Par exemple, si la protection des enfants est érigée en priorité conformément aux valeurs de notre société et à nos engagements internationaux, les mineures encore sujettes au mariage précoce ne doivent être exclues du raisonnement sous aucun prétexte, de même que la polygamie ne trouve plus aucune légitimité dans l’état actuel de notre société. Et parce que le monde dans lequel nous vivons est brutal, si l’intérêt des enfants doit être respecté, la tutelle partagée ne peut pas être contestée, parce que le rôle de la mère, quel que soit l’état de sa relation avec le père des enfants, ne peut être remplacé auprès d’eux.

Sur le plan pratique également, la réforme doit apporter une meilleure application des textes qui dans certains cas ne font toujours pas le poids face à la réalité empirique. Ainsi, réduire la complexité des litiges conjugaux et alléger les charges financières des justiciables permettrait objectivement un meilleur accès à la justice, particulièrement pour les femmes en situation de vulnérabilité.

En réalité, cette réforme globale est aussi symbolique et s’inscrit dans un contexte où le Royaume cherche à devenir un modèle régional en matière de justice sociale et d’égalité. Et, cette exemplarité à laquelle le Maroc aspire, passe par des réformes de fond qui sanctionnent à la fois les évolutions observables de notre pays et de sa société, mais aussi les ambitions que l’on se fixe pour l’avenir. À ce titre, il est grand temps que nos mères, femmes, sœurs et filles, bénéficient de notre protection collective inconditionnelle, juridique, légale, gravée dans le marbre.

Zouhair Yata

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