Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
La capitale économique vient de connaître de fortes précipitations causant d’importants dégâts. Une situation qui rappelle bel et bien celle que la ville avait connue en 2010. Apparemment, ces inondations de 2010 n’ont pas servi de leçons à Lydec et aux responsables, élus et autorités publiques, pour éviter qu’une catastrophe pareille ne se reproduise. Pourtant, il est important de rappeler que Lydec avait promis en 2016 que la ville serait à l’abri des inondations dès 2017. Les responsables de l’entreprise française avaient expliqué à l’époque que le projet de détournement de l’Oued Bouskoura était avancé à plus de 70% : « Le tunnelier poursuit les excavations démarrées en juin 2015. Le budget global s’élève à 855 MDH… », disait Lydec, tout en précisant qu’il s’agissait du plus grand système anti-inondation jamais réalisé et de l’un des plus importants projets d’infrastructure actuellement en cours à Casablanca.
Que nenni ! Quatre ans après, la métropole est de nouveau sous les eaux, juste après les premières pluies.
Lydec a récemment organisé une rencontre avec la presse nationale pour s’expliquer sur les intempéries du 5 au 10 janvier 2021 sur le Grand Casablanca : ‘‘Les pluies enregistrées ont été caractérisées par leur forte intensité sur des durées courtes avec une hétérogénéité dans l’espace : un maximum cumulé de 250 mm du 6 au 11 janvier a été enregistré. Cet événement pluvieux représente à lui seul 69% des pluies d’une année (pluviométrie moyenne de 361 mm/an ; 218 mm en 2020)’’, dit-on auprès de Lydec pour qui « les débordements constatés sont essentiellement dus à la saturation des réseaux sur des points sensibles ne permettant pas d’absorber des pluies de forte intensité ; et des zones non encore équipées en réseaux d’assainissement pluvial ».
Et de poursuivre que sur le terrain des opérations, près de 800 agents, toutes catégories confondues, ont été mobilisés et plus de 300 unités (matériel de toutes sortes : hydrocureuses, aspiratrices, camions mini-cureurs, pompes et motopompes, véhicules…) ont travaillé sur les différentes interventions relatives au réseau d’assainissement.
Le nombre d’interventions a atteint, du 5 au 11 janvier, le nombre record de 7.887 dont 85% achevés. Lydec ajoute que tout au long de l’année, elle veille au bon fonctionnement de plus de 6.800 km de réseaux d’assainissement liquide, de plus de 160 stations de pompage et de 140 bassins de rétention des eaux pluviales. Lydec mène plusieurs actions préventives pour entretenir les ouvrages et renforcer la capacité de transfert du système de collecte des eaux usées et pluviales, notamment des tournées systématiques avant, pendant et après chaque pluie au niveau de tous les points sensibles pour s’assurer de leur bon fonctionnement et effectuer des opérations d’entretien au besoin.
Ce programme de curage préventif des réseaux est mis en place pour disposer de la pleine capacité des collecteurs d’assainissement et prévenir les débordements.
En 2020, près de 30.000 tonnes de sédiments correspondant à divers déchets contenus dans le réseau et les ouvrages ont été extraites : ‘‘Le planning et le rapport détaillé de ces différentes actions sont régulièrement envoyés aux autorités concernées du Grand Casablanca (Autorité Délégante, Wilaya, Préfectures, Arrondissements, Communes)’’.
Dans le même sens, l’entreprise tient à préciser que depuis son démarrage en 1997, la Gestion Déléguée a investi près de 26 milliards de Dhs dont environ 45% dédiés à l’assainissement liquide qui ont permis de résorber de nombreux points d’inondations (le DCO qui a résorbé le point noir à El Fida, le bassin d’orage enterré de Derb Diwane à Aïn Chock…).
Pour ce qui est du volet en rapport avec le dédommagement des dégâts, Lydec indique que l’indemnisation des éventuels dégâts n’est pas systématique.
‘‘Elle obéit à des dispositions réglementaires nationales et à celles du Contrat de Gestion Déléguée. Les installations techniques du délégataire sont vérifiées et entretenues régulièrement, conformément aux dispositions du Contrat de Gestion Déléguée. Ces opérations d’entretien et de vérification font l’objet d’une communication régulière aux autorités compétentes. Pour les éventuelles réclamations de tiers, si la preuve de la responsabilité de Lydec est rapportée, elles seront traitées dans le respect de la loi et des dispositions du contrat de gestion déléguée’’.
Les Casablancais, eux, restent très en colère contre tous les responsables chargés de près ou de loin de la gestion du service de l’assainissement liquide. La déception est grande et peu importent les explications, tout Bidaoui vous dira aujourd’hui que Lydec et les responsables de la ville devaient anticiper, d’autant plus qu’un tel service est facturé, avec des tarifs souvent significatifs…
Hassan Zaatit