Le président chinois Xi Jinping le 18 décembre 2017 à Pékin, en Chine © AFP WANG Zhao
La Chine a célébré solennellement mardi les 40 ans des réformes économiques qui l’ont propulsée au deuxième rang des puissances mondiales, le président Xi Jinping rejetant toute immixtion étrangère dans la voie suivie par Pékin.
Tout en assurant que son pays resterait sur la voie de l’ouverture et des réformes, Xi Jinping n’a annoncé aucune mesure concrète en ce sens et a réaffirmé la suprématie du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.
« Personne ne peut dicter au peuple chinois ce qu’il doit faire ou ne pas faire », a déclaré M. Xi lors d’un discours de près d’une heure et demie consacré aux spectaculaires progrès économiques et sociaux de la Chine depuis les réformes lancées à partir du 18 décembre 1978 par le numéro un Deng Xiaoping.
Cette déclaration du président, le plus puissant que la Chine ait eu depuis Mao Tsé-toung (1949-1976), intervient alors que Pékin est soumis à une forte pression des États-Unis, qui attendent des « changements structurels » dans son économie.
Les deux premières puissances économiques de la planète s’affrontent à coups de droits de douane ces derniers mois, une surenchère toutefois suspendue pour 90 jours après que Xi et son homologue américain Donald Trump furent convenus d’une trêve début décembre, pour laisser une chance à la négociation.
Sous les ors du Palais du peuple à Pékin, Xi Jinping a assuré que le pays continuerait sur le chemin de l’ouverture et du développement, mais selon son propre tempo. « Nous changerons résolument ce qui peut être réformé et nous ne changerons pas, résolument, ce qui ne peut pas l’être », a-t-il lancé, en réponse aux exigences du président américain.
Xi Jinping a souligné que la réussite économique des 40 dernières années justifiait la voie prise par son pays d’un « socialisme aux caractéristiques chinoises » sous la direction du PCC. « La pauvreté n’est pas le socialisme », a-t-il lancé, en rappelant que « 740 millions de personnes » étaient sorties de l’indigence en 40 ans.
– Stabilité –
Car si ouverture et réformes restent les maîtres mots, elles doivent être assorties du maintien de la stabilité du pays et permettre à la Chine de monter en qualité, d’innover, et de répondre aux défis contemporains comme la lutte contre la pollution, a-t-il expliqué.
M. Xi a mis l’accent sur le nécessaire équilibre entre réformes, développement et stabilité, à l’heure où la Chine, très lourdement endettée, fait face au ralentissement de son économie.
Le PIB qui a progressé de 6,9% en 2017, ne croîtrait que de 6,6% cette année, estiment des experts, comme Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital economics. L’objectif gouvernemental pour cette année a été fixé à 6,5%.
« La stabilisation de la croissance dans une fourchette raisonnable en 2019 a été le point central de la réunion du bureau politique (du PCC) à Pékin le 13 décembre », soulignaient les analystes de HSBC dans une note publiée lundi.
« Face à l’incertitude qui persiste à l’extérieur et aux risques liés au désendettement, les dirigeants ont réaffirmé leur détermination à assouplir leur politique et à accélérer les réformes afin de renforcer l’économie nationale », ajoutent-ils, en soulignant que cette réunion du politburo donnait le ton d’une importante réunion économique attendue dans les prochains jours.
L’économie chinoise pâtit des efforts de désendettement du gouvernement, qui l’ont conduit à une politique de crédit restrictive et à lever le pied sur les investissements dans les infrastructures.
Sa guerre commerciale avec les États-Unis, si elle perdurait, ouvrirait aussi des perspectives négatives pour le premier exportateur de la planète.
Mais pour Wu Qiang, un analyste politique à Pékin, ce conflit pourrait être une chance : « Si le Parti communiste est suffisamment intelligent, il pourrait en faire le coup d’envoi d’une seconde phase de réforme et d’ouverture tout en modifiant le rôle du parti et de l’État ».
Car la transformation économique n’a pas modifié le système politique. Pour M. Wu, elle a même permis au parti « de maintenir sa dictature » et « de survivre ».
LNT avec AFP