(ARCHIVES) Le chef de l'Alliance démocratique népalaise, Sunil Bahadur Thapa (C), en campagne le 17 novembre 2017 © AFP/Archives PRAKASH MATHEMA
Les Népalais votent dimanche pour leurs assemblées nationale et provinciales, un scrutin qui enracine la démocratie dans ce pays himalayen plus de dix ans après la fin de la guerre civile.
Ces élections, qui se déroulent en deux temps, sont les premières de ce type à se tenir sous la Constitution de 2015. Issue de longues années de négociations depuis la fin du conflit en 2006, cette charte fondamentale a institué un État démocratique à structure fédérale.
La nation enclavée a été déchirée entre 1996 et 2006 par une décennie d’insurrection maoïste, qui a coûté la vie à 17.000 personnes et abouti à la chute de la monarchie.
Mais la transition démocratique a été chaotique, marquée par une grande instabilité gouvernementale. Au cours des 11 dernières années, le Népal a ainsi connu 10 changements de Premier ministre.
Le scrutin qui débute dimanche « signale réellement la fin d’une transition post-conflit si étirée que nous en avions oublié où nous allions », déclare George Varughese du groupe de réflexion Asia Foundation.
« Ces élections nous rappellent que nous nous dirigeons vers la stabilité », estime-t-il.
Le vote se déroulera en deux phases: le nord du pays se rend aux urnes dimanche et le sud le 7 décembre. Les résultats sont attendus quelques jours plus tard.
Les analystes escomptent que les trois principaux partis dominant la scène politique depuis la fin de la guerre, et se succédant au pouvoir à travers des jeux de coalitions éphémères, se partageront le gros des sièges.
Mais certains espèrent que les nouvelles décentralisations de compétences aux sept provinces du pays permettront de diminuer l’influence du gouvernement central et amortir l’impact de son instabilité.
« Il y a une chance que, bien que le jeu de chaises musicales soit voué à perdurer, l’effet que cela aura sur le progrès national soit réduit », dit M. Varughese.
– ‘Hallucination’ –
Le parti maoïste formé par d’anciens guérilleros a passé un accord avec les communistes du CNP-UML, créant un mastodonte électoral qui sera difficile à battre.
Actuellement aux rênes du pays, le Congrès népalais s’acharne lui à former des alliances avec des formations plus petites pour essayer de se maintenir au pouvoir.
Les deux camps ont fait campagne autour de promesses de croissance économique élevée, une nécessité pour ce pays de 29 millions d’habitants frappé par un séisme meurtrier en 2015.
Le Népal a l’un des plus bas taux de croissance d’Asie du Sud. Les subsides envoyés au pays par ses travailleurs à l’étranger comptent pour plus d’un tiers de son PIB.
L’année dernière, 400.000 de ses ressortissants se sont fait embaucher hors du Népal. Ils sont principalement employés dans des chantiers de construction dans le Golfe et en Malaisie.
L’alliance communiste a promis de faire passer le PIB par habitant de 760 à 5.000 dollars en dix ans – ce qui nécessiterait un taux de croissance annuel de plus de 20%. Le Congrès népalais a lui juré de créer jusqu’à 500.000 emplois par ans.
Des promesses jugées peu réalistes: « ces déclarations électorales des principaux partis seraient hilarantes si elles ne constituaient pas des preuves d’hallucination », a récemment dénoncé le quotidien Nepali Times dans un éditorial.
Traditionnellement dans la sphère d’influence indienne, Katmandou a ces dernières années joué un ping-pong diplomatique avec ses deux puissants voisins en se rapprochant de Pékin. La Chine y a investi dans de grands chantiers,ce qui a suscité l’ire de New Delhi.
Les relations entre l’Inde et le Népal se sont améliorées ces derniers temps, et les observateurs escomptent que les communistes retourneront à une attitude plus consensuelle envers son parrain.
LNT avec AFP