Voir Dakhla pour y revenir ! S’il est des baies qui sont connues de par le monde pour leur beauté singulière, comme celles de Fundy au Canada, de Koto au Monténégro, de Phang Nga en Thaïlande, de San Francisco en Californie, ou encore la baie d’Ha Long au Vietnam, celle de Dakhla n’a rien à leur envier, si ce n’est leur notoriété, elle qui mérite sans nul doute de figurer dans le top ten mondial ! Car Dakhla et sa baie sont, incontestablement, parmi les plus beaux sites naturels du Royaume, bordées par le désert, une lagune longue de 40 kilomètres et d’une superficie de 400 kilomètres carrés ! Et s’il fallait parler de la capitale et principale ville de la Région de Oued Eddahab, la simple évocation de ce site naturel magnifique y suffirait amplement ! Mais Dakhla recèle d’autres trésors. Et sans doute faudrait-il commencer par le commencement… Welcome on board Aller à Dakhla, lorsqu’on réside à Casablanca, n’est pas vraiment un problème puisque la compagnie nationale, Royal Air Maroc, réalise une desserte quotidienne et parfois deux, opérées par des B 737-800. Mais il faut savoir que cette desserte, d’une durée de vol de 2h 20Mn, est parmi les plus demandées par les voyageurs. D’où l’obligation de planifier à l’avance son voyage, jusqu’à ce que d’autres liaisons soient ouvertes comme Marrakech-Dakhla, assuré prochainement par RAM, mais aussi l’arrivée programmée d’Air Arabia, à partir de Casablanca et de Marrakech. On rappellera également le retour très attendu, (pour l’automne 2018), de la compagnie low cost française Transavia, filiale d’Air France-KLM, qui avait fait un tabac durant la saison hivernale 2017, grâce au dynamisme du patron de l’ONMT de l’époque, M. Abderrafie Zouiten.
L’arrivée à l’aéroport de Dakhla, tard dans la soirée, est agréable parce que les formalités, dans un aérodrome moderne et bien agencé (et pour l’instant suffisant), sont rapides. Un citoyen marocain n’a d’autre pièce à fournir que sa CIN, comme à Tanger, Marrakech ou Essaouira. Nul dispositif sécuritaire spécial, nulle présence massive de forces de l’ordre, des FAR encore moins. A Dakhla, on l’aura très vite compris, on est en territoire national, ce qui ne souffre aucune exception, ni climat tendu, contrairement à ce qu’écrivent ou disent les séparatistes et leurs tambours de résonnance. Dakhla vit la nuit comme le jour, sans couvre-feu, sans check-points militaires, sans patrouilles dans les rues et les avenues. Et ce constat a été fait la veille même de l’arrivée dans la capitale de M. Horst Köhler, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, venu constater de visu la belle matérialité de la marocanité des Provinces sahariennes et le développement tous azimuts qu’elles connaissent. Une perle… Une fois quitté l’aéroport, situé quasiment au centre-ville, on s’engage dans de larges avenues, éclairées à giorno, bordées de maisons individuelles, de villas, de bâtiments administratifs, de sièges d’entreprises, etc. Dakhla est une ville neuve, nouvelle, récente, ses quartiers sont harmonieusement distribués, les petits commerces y sont nombreux et florissants, comme les souks, alors que les minarets de plusieurs mosquées pointent vers le ciel. Elle a visiblement bénéficié d’un schéma urbanistique que lui envieraient bien d’autres agglomérations de la même taille un peu partout sur le territoire national, et c’est sans nul doute la seule « ville sans bidonville » du pays !
Le front de mer, qui offre une promenade longue de plusieurs kilomètres, bien aménagé, permet d’admirer la baie, la lagune en son point le plus large, alors qu’au loin, volent dans le ciel les voiles des kite-surfeurs, ces sportifs qui ont fait de Dakhla, l’un de spots les plus prisés au monde grâce à la présence de vents puissants 300 jours par an ! Ce n’est donc pas pour rien que durant le vol Casablanca-Dakhla, on a pu observer que l’avion était plein à 60% au moins de jeunes et moins jeunes étrangers. Certains, s’exprimant en français, évoquaient avec excitation leur joie de se retrouver dès le lendemain matin à surfer sur la lagune à partir des complexes touristiques qui ont fleuri, tels ceux du Groupe Senoussi, Dakhla Attitude, PK 25 ou encore West Point, lequel est dédié aux meilleurs, ceux qui peuvent affronter directement la houle atlantique. Et quel magnifique spectacle que de regarder plusieurs centaines de voiles au-dessus de la lagune, portées par ce vent puissant qui justifie pleinement que le championnat du monde ait eu lieu en 2009 (déjà) à Dakhla et qui connut un succès tel que désormais ce spot constitue l’une des sept étapes du circuit mondial de kitesurf ! Dakhla, la ville elle-même, est sage, accueillante, l’atmosphère est faite de quiétude et la seule préoccupation du touriste est de garder son couvre-chef sur sa tête ! Les habitants du cru, qu’ils soient originaires de la région ou d’autres places du Royaume, sont hospitaliers, et l’on sent que le mot stress ne fait pas encore partie du vocabulaire local. On y rencontre des commerçants qui, comme partout dans le Royaume, acceptent de discuter les prix, des cafés bien tenus où il n’est pas rare de voir des femmes attablées entre elles à boire un verre de thé, vêtues de leurs magnifiques tenues, des échoppes et petits commerces qui ont fleuri au cours des quinze ou vingt dernières années, pour servir une population qui ne cesse de grandir, puisque Dakhla ville compte désormais plus de 110 00 habitants qui jouissent du pouvoir d’achat le plus élevé du royaume, largement supérieur à la moyenne nationale ! D’ailleurs, sur les artères de la ville, aux feux de signalisation, nul mendiant pour tendre la main, une exclusivité dakhlaouie assurément et qui tranche avec les tristes spectacles qui nous sont donnés à Casablanca, Tanger, Fès ou Rabat !
Par ici le poisson !
Mais Dakhla, c’est également la zone portuaire, une réalisation qui impressionne avec son pont long de plusieurs centaines de mètres qui amène à un ilot artificiel où sont sagement rangés à quai des dizaines de chalutiers qui pratiquent la pêche côtière tandis que leur font face, amarrés à un quai qui leur est dédié, les 24 chalutiers de haute mer, battant pavillon national, les fameux Refrigirated Sea Water (RSW) qui peuvent ramener au port, quarante tonnes de poisson pélagique à chaque marée ! Parler de la zone portuaire sans évoquer la zone industrielle affectée au traitement du poisson, à sa congélation, à sa transformation, serait faire relation incomplète. Car plus de 84 opérateurs industriels spécialisés dans le pélagique, (sardines, maquereaux, etc.), y sont installés profitant de la richesse particulière de la zone de pêche, la fameuse «Zone C», parmi les plus poissonneuses au monde ! La zone donne une impression d’une ruche au travail permanent et incessant, avec les longs convois de camions qui, chargés à plein, partent vers le Nord livrer leurs précieuses cargaisons.
Treize à la douzaine
Et, lorsqu’on a visité la zone industrielle, rencontré certains opérateurs parmi les plus dynamiques, rien n’est plus agréable qu’un déjeuner à la sortie de la ville, à la «ferme aux huîtres» où il vous est donné de déguster les fameuses huîtres de Dakhla, cueillies toutes fraîches dans des casiers immergés à quelques encablures de la plage, (de la falaise plutôt), ou encore de savourer un tagine de moules à l’huile d’olive, des calamars frits ou un superbe pageot royalement logé dans un grand plat en étain et directement sorti du four traditionnel ! Dakhla, sa région, ses environs, méritent incontestablement, impérativement même, le détour tant sont nombreux les attraits qui les caractérisent. Mis à part les sports de glisse, qui font de cette destination un des musts les plus recherchés par les amateurs, le tourisme de randonnée, la rencontre de la flore et de la faune, le patrimoine artisanal, la beauté des paysages, sont parmi les joyaux qu’un visiteur pourra apprécier alors que la capacité hôtelière et la qualité des lieux de résidence sont en constante amélioration. Et si les Italiens disent «voir Naples et mourir», pour nous Marocains, la meilleure option est «voir Dakhla et revenir» !
DNES à Dakhla, Fahd YATA