De prime abord, il est important de constater que le PJD n’a jamais vécu de son histoire une situation pareille. Et à vrai dire, le parti est un cas d’école en matière de cohésion. Mais aujourd’hui, notamment à un mois et demi du congrès du parti, l’écart se creuse entre les pro-Benkirane et bien d’autres pjdistes, qui voient en la nomination de Benkirane comme SG pour la troisième fois de suite, une dérive institutionnelle grave. Reste à savoir maintenant si les Othmani, Ramid, Rebbah, Boulif, Amara, El Khalfi, Yatim et autres Hamiddine, en pole position aujourd’hui au sein du parti et ailleurs, vont le maintenir ou signer son départ à la retraite… La question est pendante.
C’est dire que le malaise est là. Bien visible. Et dans une note adressée aux militants de la Lampe en ce début de semaine, Benkirane tient à rappeler une série de principes et de valeurs « que les militants se doivent de préserver en vue de poursuivre les réformes engagées, à savoir le respect de la légitimité, la discipline dans le travail institutionnel et démocratique », entre autres.
Le président du Conseil National du PJD, Saâd Eddine El Othmani, ne cesse de rappeler, lui, que le parti se doit d’assumer une « responsabilité historique qui nécessite une grande vigilance, une maturité, une vision futuriste et de faire montre d’une grande cohésion ». Et de souligner que le parti n’a pas d’autre issue que d’œuvrer ensemble à la préservation de son unité et de sa cohésion.
On comprend dès lors que la probable candidature pour un troisième mandat de l’actuel SG du PJD, Abdelilah Benkirane, ne manquera pas d’amplifier les luttes internes au sein de la Lampe. Rappelons en effet que l’écartement de Abdelilah Benkirane, en avril 2017, du poste de Chef de Gouvernement au profit de Saâd Eddine El Othmani, chargé de mettre un terme aux interminables tractations politiques engagées au lendemain des législatives d’octobre 2016, a créé des dissensions que tente toujours de contenir le PJD.
Néanmoins et de son côté, l’Ex-Chef du Gouvernement ne donne aucunement l’impression d’avoir l’intention de lâcher prise. Loin de là ! Réunis ce dimanche 15 octobre, les membres de la Commission des Règlements et des Procédures du parti ont tranché par rapport à l’amendement de l’article 16 du règlement interne du parti qui interdisait auparavant au SG de briguer un troisième mandat. Ainsi et grâce à cet amendement proposé ce dimanche, Benkirane serait rassuré. Mais cet amendement ne peut être adopté que par le congrès et pour que le congrès en débatte, ce point doit figurer à l’ordre du jour.
Politiquement, cette fois-ci, la question de la survie politique de l’enfant terrible et chéri du PJD reste problématique à plus d’un titre, car il s’agit tout simplement d’une personnalité politique toujours aussi populaire, malgré son départ du Gouvernement. Une personnalité politique déclarée ‘‘Persona Non Grata’’ par un certain nombres de décideurs étatiques et économiques, et qui voient en son retrait définitif de la politique, un fardeau de moins. D’ailleurs, sa non-reconduction en tant que Chef de Gouvernement en a enchanté plus d’un parmi eux. Mais ils devront quand même attendre jusqu’au 10 décembre prochain pour être rassurés ou déçus… Car, en bon jongleur de la politique, Abdelilah Benkirane n’est pas du genre à se faire éclipser facilement. L’amendement de cet article 16 du règlement interne du parti à un mois du congrès le prouve…
Hassan Zaatit