Il est important de souligner qu’entre ces deux voisins, ce projet reste un rêve. D’ailleurs, il a été souvent à l’ordre du jour du moment que les relations bilatérales sont au beau fixe. En effet, après être tombé en désuétude pendant des années, ce projet du fameux tunnel ferroviaire sous-marin entre le Maroc et l’Espagne a resurgit encore une fois, notamment en marge des travaux de la Réunion de Haut Niveau (RHN) tenue récemment à Rabat.
Apparemment, les choses bougent à plusieurs niveaux et les deux pays semblent determinés à aller de l’avant. Beaucoup d’indices le démontrent d’ailleurs. Les deux pays ont montré ces derniers mois un regain d’intérêt pour la reprise du projet, après la normalisation en avril 2022 de leurs relations bilatérales.
L’Espagne et le Maroc avaient mis sur pied un comité mixte hispano-marocain et deux sociétés d’études : la Société espagnole pour les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA) en Espagne, et la Société nationale d’études du Détroit de Gibraltar (SNED) au Maroc. Le Comité mixte, composé de dix membres (5 Espagnols et 5 Marocains), se réunit au moins une fois par semestre, en Espagne ou au Maroc. Les deux sociétés se tiennent mutuellement informées de l’évolution et des résultats des études.
Du côté marocain, en novembre 2022, le conseil de gouvernement présidé par le Chef du Gouvernement, a nommé M. Abdelkébir Zahoud, DG de la Société Nationale d’Etude du Détroit de Gibraltar, relevant du ministère de l’Équipement et de l’Eau. De son côté, l’Espagne a prévu une ligne de 750 000 euros dans son budget 2023 pour lancer de nouvelles études de faisabilité du projet.
En outre, la collaboration est incluse dans les projets de planification, de gestion et de réglementation pour le secteur des services de transport routier ou le contrôle du trafic maritime et la gestion et l’exploitation du service d’aide à la navigation.
A Rabat et à l’occasion de cette Réunion de Haut Niveau, Raquel Sánchez, la ministre espagnole des Transports, de la mobilité et de l’Agenda Urbain a indiqué que : « Nous allons accélérer les études du projet de liaison fixe du détroit de Gibraltar qui a été lancé par les deux pays il y a quarante ans. Un projet stratégique pour l’Espagne et le Maroc, mais aussi pour l’Europe et l’Afrique ». Et de préciser que la construction d’une gare de liaison qui relie les deux rives, pour laquelle la possibilité d’un double tunnel a été explorée comme une solution plus viable que celle d’un pont.
Par la même occasion, la ministre a déclaré que « l’Espagne soutient le Maroc dans sa stratégie ambitieuse de se doter d’un réseau d’infrastructures qui le place comme leader dans sa région, avec le bénéfice qui en découle pour son tissu d’entreprises et ses citoyens. Dans ce cadre, l’Espagne souhaite être présente dans les nouveaux développements d’infrastructures, notamment dans les projets d’extension du réseau ferroviaire à grande vitesse et du réseau aéroportuaire ».
Pour sa part, le Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch a souligné que « ce projet entraînera une véritable révolution à plusieurs niveaux ».
Dans ce sillage, il a été question de la signature de deux protocoles d’accord (MoU) entre le ministère de l’Infrastructure et des Transports marocain et le ministère des Transports espagnol dans le but de définir des cadres de coopération. Le premier envisage la possibilité de collaborer au déploiement de systèmes de suivi et de supervision des infrastructures ; la programmation et le suivi des opérations d’entretien routier et autoroutier et l’optimisation des coûts d’exploitation du réseau en service, ou l’accompagnement des études de faisabilité et d’aménagement portuaire, entre autres.
Le deuxième établit que les deux pays peuvent mener des activités de collaboration liées au développement de l’infrastructure ferroviaire et à l’exploitation des opérations ferroviaires et du trafic ferroviaire, y compris l’entretien des trains et du matériel roulant, la conception d’ateliers, la formation du personnel ferroviaire, la mise en place et l’exploitation des systèmes de gestion du trafic ferroviaire, etc.
Pour rappel, doté d’une longueur de 38,7 km, dont 27,7 en sous-marin et 11 en souterrain, le tunnel s’étendra entre Punta Paloma à Tarifa et Malabata dans la baie de Tanger, avec une profondeur maximale de 300 mètres et une pente maximale de 3 %.
Toutefois, il est important de constater que le coût élevé du projet avait été un obstacle à sa réalisation. Aujourd’hui, il semble que les choses ont beaucoup changé dans la mesure où le tunnel pourrait aussi servir de transport de Gazoduc entre le Maroc et l’Espagne. Autrement dit, l’Espagne serait en train de surclasser une France monopolisant le ferroviaire marocain depuis de longues années. Il est grand temps, dit-on, compte tenu des contraintes géopolitiques qui enflamment la région, mettant les intérêts du Maroc en danger. Idem pour l’Espagne.
H.Z