Quelle catastrophe. Après pas une, mais deux secousses sismiques de magnitude 7,8 sur la tristement célèbre échelle de Richter, dans la nuit de dimanche à lundi en Turquie et en Syrie, le bilan humain est très lourd avec plus de 16 000 décès à l’heure où nous mettons sous presse, des dizaines de milliers de blessés et des centaines de milliers en proie au froid face à la destruction matérielle colossale causée par les tremblements de terre successifs.
Fort heureusement, face à la catastrophe, la Turquie et les pays voisins touchés également, voient la communauté internationale se mobiliser avec diligence et moyens pour apporter une aide d’urgence aux populations touchées. Cet élan de solidarité international est non seulement indispensable mais est bienvenu lorsqu’il témoigne de la capacité de l’Humanité à continuer à faire preuve d’empathie, au-delà du contexte politique ou géopolitique du moment, et de l’utilité des instances internationales comme l’OMS pour la coordination et la mobilisation des aides.
Mais, après la compassion et le choc, la colère commence à se manifester et d’ores et déjà, certains manquements des autorités turques sont pointés du doigt par les populations, les observateurs et l’opposition. La Turquie n’en est pas à son premier épisode sismique tragique et les bonnes intentions qui ont suivi les événements similaires les plus récents, en 2011 et en 2020, notamment les normes en vigueur, n’ont pas abouti à une meilleure préparation, ni en termes de rénovation des bâtis, ni au niveau de l’organisation et des capacités des secours en amont et en aval de la catastrophe.
Pourtant, la Turquie est un État développé, avec des moyens non négligeables, mais dont les zones rurales et montagneuses du centre du pays restent enclavées et relativement exclues du développement global du pays.
Les épisodes climatiques de ce type, comme les feux massifs de forêts, les inondations et autres, surviennent désormais à une fréquence accrue, comme si Mère Nature voulait se rappeler au bon souvenir des climatosceptiques. Le Maroc est particulièrement concerné par ces nouveaux risques climatiques et la sécheresse systémique qui semble s’installer depuis quelques années, est un facilitateur de catastrophes climatiques. Qu’en est-il de notre anticipation de ces risques ?
Lorsque les immeubles construits par les promoteurs peinent à nous isoler du bruit de nos voisins, que faut-il en attendre en cas d’épisode sismique ? Quand quelques centimètres de pluie déboussolent complètement notre capitale économique, que pouvons-nous anticiper en cas d’épisode climatique violent ? Nous avons des infrastructures autoroutières récentes, mais quid du reste du pays ? Si la Turquie a des populations enclavées, le Maroc n’en manque pas non plus. Tout cela ne mérite-t-il pas a minima une prise de conscience, des plans d’actions et quelques sueurs froides pour les responsables des structures en charge de la sécurité de la population ?
L’adage « prévenir plutôt que guérir » est appelé à devenir une devise tant le dérèglement climatique s’impose à nous et un homme averti en vaut deux…
Zouhair Yata