
Face à la dramatique situation du petit Rayan, des centaines de personnes se sont portées volontaires pour participer à l’opération de sauvetage. Certaines d’entre elles sont descendues au fond du puits, qui menaçait de s’effondrer, alors que d’autres ont participé aux opérations de forage, dirigées par « Oncle » Ali Al-Sahrawi (qui est originaire d’Erfoud, dans l’est du Maroc), avec deux collègues, qui ont consisté à creuser sur huit mètres horizontalement avec des machines. Pour apporter leur soutien, de nombreuses femmes de la région se sont portées volontaires pour fournir de la nourriture et de l’eau aux équipes de secours et aux hommes de sécurité travaillant jour et nuit. Mais derrière ces nobles moments de solidarité, rôdaient des « loups humains », sentant l’opportunité de gains pécuniers, à l’image de la personne qui a pu ouvrir un compte bancaire pour « lever des fonds » sous prétexte d’aider le père de Rayan. Plus tard, ce dernier déclarait qu’il n’avait aucun lien avec ce compte bancaire, et que les demandes de « soutien financier » circulant en son nom n’étaient connues de personne.
En plus de la diffusion en direct de photos et vidéos par des « influenceurs » sur les sites de réseaux sociaux, pour attirer l’attention et obtenir des taux de visionnage élevés pour gagner plus d’argent, des « e-commerçants » ont été repérés, proposant des photos numériques de l’enfant, et des vêtements avec sa photos imprimée dessus. Ces « produits » étaient vendus en devises numériques, ou en cash avec des valeurs allant jusqu’à 50 $, sur un certain nombre de sites d’achat en ligne. Des vautours qui essayaient de profiter financièrement de la tragédie de Rayan, qui agonisait au fond du puits, sans aucun respect ni égard pour lui et ses proches.
Dès que les médias nationaux et internationaux ont fait circuler l’information sur le drame, de prétendus reporters se sont déplacés sur les lieux de l’accident. Equipés d’un téléphone portable, certains souhaitaient documenter l’incident, mais d’autres ont cherché à en tirer profit en transmettant le drame sur les réseaux sociaux, sans se préoccuper de l’exactitude de leurs informations et sans se fatiguer à fournir le moindre travail journalistique, entre « diffusion en direct » et titres sensationnalistes, en passant par d’innombrables fake news. Ce qui a nécessité la réaction du Conseil national de la presse dans un communiqué paru en urgence, et qui a relevé un grand nombre de violations dans la couverture médiatique de l’histoire de Rayan.
Cette affaire nécessite une réaction, et de nombreux journalistes appellent le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication à prendre des mesures à même d’éviter que de tels débordements se reproduisent, ne serait-ce que pour protéger les victimes et leurs proches. Et si la tragédie de Rayan a montré que la bonté existe chez des millions de Marocains, elle a rappelé qu’il existe des marchands de mort et une presse jaune dont la seule préoccupation est le profit rapide.
Hamza Goumhi