Le secteur du textile et de l’habillement au Maroc est le premier employeur industriel. Avec près de 27% des emplois industriels nationaux, il contribue à hauteur de 7% à la valeur ajoutée industrielle, 5% à la production industrielle et 5% au chiffre d’affaires industriel.
L’un des plus grands atouts du Maroc, concernant le textile, reste sa proximité des principaux pays importateurs, une caractéristique qui rend les coûts de transport plus faibles et les échanges plus faciles. La main d’oeuvre qualifiée et moins chère, possédant un savoir-faire concernant le travail des matières (denim, velours…) et des techniques de production de plus en plus modernes sont également un avantage pour Royaume.
En 2016, le secteur a connu une année record, enregistrant un chiffre d’affaires à l’export de 34 milliards de dirhams, en hausse de 8,8% sur un an. Cette tendance a été portée essentiellement par une très forte progression sur la péninsule ibérique et la fin de la facilité accordée aux intrants non originaires de la zone de libre-échange Maroc – Etats Unis, selon l’Amith, l’Association Marocaine de l’Industrie du Textile et de l’Habillement.
Plus de la moitié de ce chiffre d’affaire, soit 18,49 milliards, a été réalisée sur le marché espagnol.
Les exportations nationales du textile-habillement vers ce dernier ont ainsi progressé de 20,5% durant l’exercice 2016.
Ces réalisations, l’Amith les attribue au renchérissement des coûts en Asie, à la stabilité politique du pays, qui est un volet majeur de compétitivité dans le contexte mondial actuel, mais surtout au fast-fashion, un segment dans lequel le Royaume s’est spécialisé et où il est devenu très expérimenté.
Le principe est simple : produire et diffuser dans des temps records et être capable de s’adapter à des changements permanents de collections. C’est le concept adopté par les enseignes espagnoles comme Mango, Desigual et le groupe Inditex. En effet, le groupe Inditex produit en majorité au Maroc, notamment près de 50% de sa marque Zara. La proximité géographique au pays avec les marchés européens et le port de Tanger Med permettent au secteur du textile marocain d’être plus réactif, et c’est la clé du succès du modèle fast-fashion.
Selon M. Karim Tazi, Président de l’Amith, l’industrie textile marocaine a réalisé en 2016 la 2ème meilleure croissance à l’export sur le marché européen, après le Vietnam.
Un secteur bien organisé
Depuis plus de 50 ans, le secteur s’organise autour d’une association professionnelle, l’Amith, qui défend et représente les intérêts généraux de ses adhérents, qui sont à plus de 90% des entreprises exportatrices du secteur.
L’Amith assume aujourd’hui un rôle moteur pour la promotion et le développement de l’industrie du textile et de l’habillement. Elle initie des projets, dynamise les filières et les régions, négocie des programmes avec l’État, organise des salons professionnels de la filière textile au Maroc, etc.
Si le secteur du textile et de l’habillement est un champion à l’export, c’est parce qu’il dispose de plusieurs atouts que l’Amith dénombre comme suit : un plan de développement concret de l’offre marocaine du secteur textile; un système incitatif englobant un ensemble de mesures d’encouragement à l’investissement à caractère fiscal, financier, juridique et social; un grand réseau d’accords de libre-échange avec l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique et le monde arabe, donnant accès à un marché de plus d’un milliard de consommateurs; une plateforme d’investissement (l’Etat marocain met à la disposition des investisseurs des plateformes industrielles d’investissement «P2I» très avantageuses); la réactivité de production; la réactivité de livraison grâce à un dédouanement en moins d’1 heure, un couloir dédié aux acteurs textiles, une augmentation de la capacité de rotation des navires opérant dans le port (6 à 8 correspondances par jour) ; une grande capacité de production, etc.
Un plan pour 2020…
Après les difficultés que le secteur a rencontré ces dernières années à cause de la crise économique, les professionnels du textile ont pensé une nouvelle vision pour s’adapter aux besoins mondiaux et devenir plus concurrentiels. Ils ont proposé au gouvernement, en 2013, le «Plan Textile 2O25», emboitant le pas en quelque sorte à la Turquie qui s’est munie du «Plan Textile 2020» et qui est devenue l’un des plus importants fournisseurs de l’Europe.
Une initiative qui a coïncidé avec la vision de l’Etat d’un Plan d’Accélération Industrielle (PAI) 2014-2020 englobant aussi bien l’export que le marché national.
Dans le cadre de ce plan, le secteur du textile et de l’habillement s’est doté, en février 2015, de trois premiers écosystèmes : le denim, le fast fashion et celui des distributeurs industriels de marques marocaines, qui devraient, à terme, créer 44.000 nouveaux emplois, et générer un chiffre d’affaires additionnel de 6,3 milliards de dirhams. En octobre 2016, le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique et l’Amith ont procédé à la signature de trois accords portant sur le lancement de trois nouveaux écosystèmes textiles dans les filières «maille», «textile de maison» et «textile à usage technique», toujours dans le cadre du PAI. Ces contrats devraient permettre la création de 16.763 emplois à l’horizon 2020, ainsi que la réalisation d’un chiffre d’affaires additionnel de 8,4 MDH, dont 2,75 MDH à l’export. La création d’écosystèmes dans ces filières favorisera l’émergence d’un amont textile compétitif et innovant et permettra une meilleure intégration du secteur.
D’autres contrats d’investissement ont été signés notamment avec Décathlon, le distributeur d’articles de sport pour l’ouverture de 26 nouveaux magasins dans le Royaume et une plateforme logistique à Tanger Med d’ici 2020. Ceci pour un investissement de 163 millions de dirhams, la création de 10 910 emplois directs et plus de 2 milliards dirhams de sourcing au Maroc.
Il est à noter que depuis leur lancement en février 2015, les 6 écosystèmes de la filière textile ont enregistré 36 projets d’investissement d’un montant de 1,14 milliard de dirhams, générant 20 673 emplois.
A. Loudni