Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Casablanca a évité de très peu l’horreur, la désolation, la mort !
C’est ce que doivent se dire nos concitoyens qui ont compris, après les révélations du Directeur du Bureau Central d’Investigations judiciaires, (BCIJ), M. Abdelhak Khiame, qu’une cellule terroriste affiliée à Daech, avait été neutralisée.
Ces terroristes, fortement équipés en armes à feu, armes blanches, matériels de communication, produits explosifs, tenues de combat et équipement sous-marins, projetaient de semer la terreur à Casablanca et notamment tout au long de sa Corniche, de la Mosquée Hassan II au parc d’attractions Sindibad.
On imagine avec effroi le massacre qu’ils auraient pu perpétrer si le BCIJ n’était pas intervenu, à quelques heures seulement dit-on, de leur passage à l’acte.
Honneur à nos services
Aussi, on ne saluera jamais assez l’excellence des actions de prévention du BCIJ et des autres services sécuritaires qui effectuent un travail magnifique pour garantir la quiétude et la sécurité des populations, où qu’elles se trouvent dans notre pays.
Il est particulièrement clair que la lutte contre le terrorisme constitue un axe central, prioritaire et stratégique pour l’État et, dans cette démarche, il peut compter sur l’efficacité impressionnante des services sécuritaires.
Mais le démantèlement de cette cellule terroriste, s’il est particulièrement heureux et satisfaisant, suscite néanmoins quelques légitimes interrogations.
En effet, les individus qui la composaient ont été arrêtés à Tamaris et à douar Meknanssa, à Casablanca, mais aussi à Chefchaouen et Ouazzane où les terroristes voulaient implanter dans sa région un maquis.
C’est donc une stratégie soigneusement élaborée qu’ils s’apprêtaient à mettre en œuvre, en coordination, semble-t-il avec un ressortissant syrien venu du Levant pour les encadrer et les former.
On tirera de ces informations, livrées par le patron du BCIJ, que cette cellule représentait une dangerosité extrême, très supérieure sans doute à beaucoup de celles précédemment mises hors d’état de nuire par les services sécuritaires.
Cela signifie que le principe qui énonce que nul pays n’est à l’abri des actes terroristes vaut également pour le Royaume et que personne ne saurait ignorer cette menace permanente et latente.
Et si la qualité de nos services de lutte anti-terroriste est internationalement reconnue, s’ils font la fierté légitime de l’ensemble de nos concitoyens, leur rôle s’arrête à l’arrestation de ceux qui menacent la paix et la sécurité.
On comprend ainsi qu’un vaste pan du combat contre l’hydre de la terreur leur échappe, sans que l’on puisse leur en faire grief.
Quid du combat idéologique ?
Il s’agit de la dimension idéologique qui n’est pas du ressort du BCIJ et des autres services, et pour cause !
Ainsi, lorsqu’on apprend de la bouche même de M. Abdelhak Khiame que son service à démantelé douze cellules terroristes au cours de l’année, on mesure effectivement que les esprits, les « têtes », sont laissées libres à l’influence de l’idéologie terroriste qui se répand depuis des années notamment à la faveur des outils de communications véhiculés par Internet et les réseaux sociaux.
Certes, nous savons qu’il y a une veille digitale menée par les services compétents et qu’elle permet de déceler les aspirants terroristes, ceux qui les incitent et ceux qui les conseillent.
Et ces services ont également prouvé à plusieurs reprises leur efficacité !
Mais il s’agit là de la seule crête de la vague, qui est autrement profonde.
L’État, en effet, ne peut, ne doit pas se satisfaire de la seule dimension sécuritaire, aussi bons et efficaces que soient ceux qui ont la responsabilité de la lutte anti-terroriste !
C’est sur le terrain des idées que se situe le combat principal, et qu’il s’agit d’occuper de façon aussi forte que permanente.
Dans les mosquées, sur les chaînes de télévision, les stations radio, dans les collèges et lycées, (même si généralement le niveau d’études des terroristes locaux est très bas), la presse écrite et électronique, etc., des campagnes de prévention, d’information, d’éducation devraient être menées sans discontinuité afin que chacun mesure la gravité de la menace terroriste qui, avant toute chose, s’installe dans les esprits.
De même, l’État, dont on ne saurait mésestimer les moyens, devrait engager des contrôles auprès des « écoles » où se tiennent certains discours professés par des individus aux convictions extrémistes et qui, comme on a pu le constater, ont plusieurs fois bénéficié du soutien et de la mansuétude de certains dirigeants politiques…
Le BCIJ, à lui seul, ne réglera pas la question car ses interventions se font très en aval du formatage des esprits.
Et comme le veut l’adage marocain, « une main seule ne peut applaudir »…
Fahd Yata