Suicide Briser le silence pour éviter le passage à l’acte A l’occasion de la journée de prévention du suicide, célébrée par la communauté internationale le 05 février, l’association Sourire de Reda a organisé un point de presse jeudi dernier à Casablanca.
Objectif : sensibiliser le grand public et les médias sur le suicide. Toujours tabou dans notre société, tout comme dans d’autres contrées, le phénomène du suicide demeure assez peu évoqué. Or, il importe d’en parler, pour arriver justement, à défaut de l’éradiquer, à en atténuer l’incidence. L’idée étant de pouvoir agir avant le passage à l’acte.
C’est ce que fait depuis plusieurs années Sourire de Reda, une association créée en 2009, à l’initiative d’un comité de jeunes, à la suite du suicide d’un des leurs. Le but étant de soutenir les jeunes en souffrance, leur tendre la main, les écouter, les sortir de leur isolement… et par là même prévenir les passages à l’acte. Il s’agit d’un travail en amont, qui nécessite beaucoup d’implication et de distance à la fois. «Le suicide n’est pas relié à des raisons, mais à des situations de souffrance», rappelle Mme Meryeme Bouzidi Laraki, présidente de Sourire de Reda. En effet, ces situations de mal-être ne sont pas toujours décodées par nous autres adultes.
Ce qui suppose un apprentissage pour les repérer et pour en parler. L’idée est d’arriver à briser le mur de silence entre l’adulte et le jeune pour l’aider à s’en sortir. A travers son site www.stopsilence.org (1er espace de ch@técoute anonyme, confidentiel et gratuit au Maroc), «l’association permet de répondre à des situations de mal-être ou de détresse que peuvent vivre les jeunes à un moment difficile de leur vie.
Des écoutants bénévoles sont là, les lundis, mardis, mercredis et jeudis, de 18h30 à 21h, disponibles pour les adolescents qui ont besoin de se confier, qu’ils soient ou non en crise suicidaire». Parallèlement, les fanpages Facebook et Instagram permettent à l’association une présence très soutenue sur la toile pour être au plus près des jeunes. Enfin, la campagne STOPSILENCE, initiée en 2016, sera reconduite cette année encore. Diffusée dans les médias (radio, presse écrite, web, …) elle ambitionne de rompre le silence qui entoure ce phénomène. Parents, amis, enseignants, encadrants scolaires ou parascolaire… chacun peut jouer un rôle. Lequel rôle implique d’abord la vigilance, en observant les changements chez le jeune, ensuite l’écoute et enfin la proposition d’aide, dans le but d’éviter le passage à l’acte. Car si les situations pouvant conduire au suicide sont nombreuses, le passage à l’acte peut prendre plusieurs formes. «Le passage à l’acte est tout ce qui rend l’enfant vulnérable», explique Mme Laraki. L’isolement, l’addiction (drogue, alcool…), la violence en vers soi (mutilation) et envers les autres (agressions verbales et physiques), les troubles alimentaires… sont autant de conduites qui traduisent un mal-être et qui doivent nous interpeller, en particulier chez les jeunes.
L’adolescence est une étape très délicate, où les enfants sont assez vulnérables. Il importe de les accompagner dans ce tourbillon (physique, sentimental, existentiel…). Pour un maximum d’impact, l’association s’est associée à deux artistes marocains pour réaliser les murs du sourire, un événement urbain pour attirer l’attention de tous. Baptisée «Les Murs du Sourire», cette action a pour visée de mettre l’art au service d’une cause.
Celle de la Vie. Créé par et pour les jeunes, l’événement a pour slogan «Créer-Sourire-Vivre». Des artistes du street-art, ED et Placebo, se sont engagés et ont mis leur talent au profit de la cause. Les murs de la rue El Bahria, en face de l’école Fatima El Fehria, et rue Allal Ben Abdellah, près du Marché central, seront ainsi porteur d’un message pour véhiculer un appel à la prévention de manière subtilement artistique.
Contact : [email protected] Téléphone : +212 522 874 740 Site Web : www.sourire2reda.org Facebook : https://fr-fr.facebook.com/pages/Sourire-de-Reda/412430932184356
Chiffres
Les résultats du sondage en ligne Sourire de Reda effectué en 2013 et 2015 auprès de 714 jeunes de 10 à 25 ans attestent du mal être vécu par les jeunes. 85,8 % ont connu une situation de souffrance, dont 52 % n’en parlent à personne. Ces souffrances peuvent être au sein de la famille et à la maison. Elles sont d’ordre physiques à raison de 15,2 % et morales pour 45,2 %. Tout comme elles peuvent arriver en dehors de la maison. 44,8 % des sondés ont déjà été victimes d’humiliation, de harcèlement physique ou verbal dans leur lycée. 59 % ont déjà assisté à un acte de violence commis envers un camarade. 45 % avouent avoir été violents envers quelqu’un. Enfin, 30,9 % disent avoir été victime d’humiliation ou de harcèlement sur Internet.