Avec les nouvelles contraintes mondiales nées de la pandémie de la Covid-19, des questionnements se multiplient sur la place de l’Afrique et ses partenariats alors que la crise économique internationale est une réalité qui s’impose à tous. Ces interrogations sont d’autant plus pertinentes que le Royaume a développé depuis plusieurs années une politique d’externalisation économique et commerciale vers les pays subsahariens, mais aussi de coopération multiforme avec ses partenaires étatiques du continent. Le nouveau coronavirus serait-il susceptible de remettre en question ces acquis ? S’il est certain que la crise sanitaire mondiale a largement affecté le modus operandi au niveau des circuits commerciaux et économiques, que l’économie marocaine a souffert et va continuer de souffrir de ces nouvelles contraintes, que le continent africain, notamment dans ses structures régionales, est et sera durablement impacté, il existe néanmoins des réalités qui continueront de prévaloir. La première veut que l’Afrique sera encore une terre d’attraction pour les acteurs étatiques et économiques majeurs, Union européenne, Chine, Inde, Russie, Turquie, etc. Riche de potentialités énormes, zone d’approvisionnement en matières premières, habitée par une population dont la moyenne d’âge est 19 ans (contre 40 ans pour l’Europe par exemple), l’Afrique sera encore plus stratégique dans les circonstances actuelles et pour les années à venir. Voilà pourquoi les priorités énoncées par le Maroc dans sa politique africaine devront continuer de prévaloir afin que les positions acquises soient développées, sinon maintenues. L’Union européenne, qui excipe souvent d’un partenariat privilégié avec l’Afrique, mais aussi avec le Maroc, ne s’y trompe pas quand la nouvelle Commission de Bruxelles a marqué son intérêt puissant dès la mise en place de l’équipe dirigée par Mme Ursula von der Leyen à la fois pour le développement des relations avec l’Afrique, mais aussi avec le Maroc à travers de nouveaux prismes comme le développement durable, l’économie verte, le numérique, la digitalisation, etc. Alors que la stratégie chinoise en Afrique fait l’objet de toutes les attentions, et parfois de critiques, il faut savoir que ses investissements africains représentent à peine 4% du total des investissements extérieurs chinois, soit le même montant dédié à la coopération entre le Chine et le Pakistan. Mais ce sont vers de nouvelles formes de partenariat qu’il conviendra de s’orienter, notamment en privilégiant le co-développement. C’est exactement ce qui se passe avec le Maroc avec la mise en application de joint-ventures dans le domaine agricole à la faveur du Plan Maroc Vert, (aujourd’hui Génération Green), entre des investisseurs nationaux et des groupes européens comme le groupe français Avril, dont l’exemplarité vaut pour l’Afrique en son entier. S’il faut insister sur la nécessité d’une concurrence saine et loyale entre tous au profit de rapports équilibrés et win-win par tous les acteurs internationaux en Afrique, s’il faut souhaiter un Accord de libre-échange entre l’Union européenne et le continent africain, en lieu et place du traité ACP (Asie, Pacifique, Afrique), aujourd’hui obsolète et arrivé à son terme, il convient également de comprendre qu’à l’instar du Royaume dans ses relations intra-africaines, l’heure d’un véritable partenariat axé sur l’équité et l’égalité des termes de l’échange, est plus que jamais nécessaire au contraire d’une relation inégale, marquée par des réflexes coloniaux et une démarche où la mendicité faussement habillée d’aide au développement par subventions est encore la règle. Car, comme dit si justement un proverbe africain, «la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit» !
Fahd YATA