Un Soudanais marche devant des magasins fermés dans une rue déserte de la capitale Khartoum, le 10 juin 2019 © AFP -
Commerces et entreprises restent fermés mardi à Khartoum au troisième jour d’un mouvement de désobéissance civile lancé par la contestation, qui entend maintenir la pression sur le Conseil militaire de transition malgré la répression pour obtenir un transfert du pouvoir aux civils.
Une semaine après la dispersion sanglante d’un sit-in de manifestants devant le QG de l’armée dans la capitale, le pays a été presque totalement coupé du monde lundi, avant le rétablissement dans la nuit des lignes de connexion internet de Sudatel, le principal fournisseur d’accès au Soudan.
En réaction au lancement du mouvement de désobéissance civile, l’armée avait promis dimanche un « renforcement de la sécurité », en accusant la contestation des « récents et malheureux incidents » et de « l’obstruction des routes ».
Mardi matin, des autobus des transports publics étaient visibles avec des passagers à bord dans certains secteurs de la capitale mais les principaux quartiers d’affaires de Khartoum étaient fermés et la circulation réduite, selon un correspondant de l’AFP.
« Durant les trois derniers jours, nous avons perdu beaucoup d’argent », a déploré Ibrahim Omar, qui travaille pour un tour-opérateur. Les agences de voyage ont été particulièrement touchées à cause des coupures d’internet lundi.
« Nous ne pouvons rien faire, nous n’avons aucune réservation de vol. J’espère que cela va s’arrêter », a-t-il ajouté.
Au sein de la contestation, qui était parvenue à paralyser en partie le pays en décrétant une grève générale de deux jours fin mai, certains se sont félicités d’une réussite de la désobéissance civile.
« Cela montre clairement ce que nous pouvons faire, et de manière pacifique », a estimé Ishraga Mohamed, un sympathisant.
« Une telle action ne cause pas mort d’homme et en même temps elle maintient la pression sur le Conseil militaire », a-t-il expliqué à l’AFP, promettant que cette action allait se poursuivre.
Née en décembre d’une colère contre le triplement du prix du pain, la contestation a rapidement pris une tournure politique.
Après la destitution du président Omar el-Béchir par les militaires le 11 avril, les milliers de protestataires rassemblés devant le siège de l’armée ont refusé de lever le camp, réclamant un transfert immédiat du pouvoir aux civils.
A la suite de l’échec des négociations entre les manifestants et le Conseil militaire, ce sit-in a été dispersé dans le sang le 3 juin, et les leaders de la contestation ont appelé à un mouvement de désobéissance civile à partir de dimanche.
La répression a fait depuis le 3 juin 118 morts et plus de 500 blessés, la majorité lors de la dispersion du sit-in, d’après un comité de médecins. Les autorités estiment à 61 le nombre de morts, dont 49 par des « tirs à balles réelles » à Khartoum.
La contestation a affirmé que la désobéissance civile se poursuivrait jusqu’à l’instauration d’un pouvoir civil.
LNT avec Afp