Les ministres uruguayen (à gauche) et argentin des Affaires étrangères, Francisco Bustillo et Santiago Cafiero, au sommet du Mercosur de Puerto Iguazu, en Argentine, le 3 juillet 2023
Un sommet du Mercosur s’est ouvert lundi en Argentine sur un appel à une relation plus équilibrée avec l’Union européenne, au moment où celle-ci soulève des exigences environnementales avant de signer un accord commercial avec le bloc latino-américain.
« L’Argentine partage l’objectif d’avancer avec l’accord Mercosur-UE », a affirmé lundi le ministre argentin des Affaires étrangères Santiago Cafiero en ouvrant la rencontre à Puerto Iguazú (nord-est). Après les ministres lundi, le sommet réunira mardi les chefs d’Etat, dans le paysage imposant des célèbres chutes d’Iguazú.
Le Mercosur, alliance entre Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay, a conclu un accord avec l’UE en 2019 après plus de 20 ans de négociations complexes, mais le pacte n’a pas été ratifié, en partie en raison des préoccupations européennes concernant les politiques environnementales de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022).
« L’approfondissement de la relation entre (les deux blocs) est une politique nécessaire dans un contexte international de conflit et d’incertitude croissante », a poursuivi le ministre argentin.
Mais, a-t-il souligné, « pour concrétiser ces potentialités et pour que l’accord ait de bons résultats pour les deux parties, il est nécessaire de travailler et d’actualiser les textes de 2019 ». Selon lui, « tel qu’il a été conclu, (l’accord) reflète un effort inégal entre des blocs asymétriques et il ne répond pas au contexte international actuel ».
L’arrivée au pouvoir du nouveau président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva en début d’année a relancé les discussions Mercosur-UE, mais les exigences environnementales des Européens, contenues dans un document additionnel à l’accord, ont fortement mécontenté les pays sud-américains et douché l’espoir d’une conclusion rapide.
Selon M. Cafiero, le document « présente une vision partiale » du développement durable, avec un accent « excessif » mis sur la question environnementale et « un manque de considération » pour la situation économique et sociale des pays du Mercosur, grands producteurs agricoles.
Le sujet devrait être à l’ordre du jour du sommet des chefs d’Etat du Mercosur mardi, le premier en présentiel depuis 2019, qui verra le président argentin Alberto Fernandez accueillir ses homologues Luis Lacalle Pou (Uruguay), Mario Abdo (Paraguay) et Lula, lequel doit prendre la présidence tournante du bloc latino-américain jusqu’à la fin de l’année.
Mais il paraît peu probable que le sommet, qui se tient près de la triple frontière entre Argentine, Brésil et Paraguay, permette aux pays sud-américains de s’accorder sur la façon de répondre aux exigences européennes.
De son côté, le chef de la diplomatie brésilienne, Mauro Vieira, a fait savoir durant la réunion lundi que le Brésil, première économie d’Amérique latine, remettrait « dans quelques jours » à ses partenaires du Mercosur un projet de « contre-proposition à l’UE ».
Le Mercosur, fondé en 1991, doit aussi gérer les tensions causées par les asymétries internes au bloc latino-américain lui-même.
L’Uruguay, l’économie la plus petite du Mercosur avec le Paraguay, a dénoncé de nouveau l' »immobilisme » du bloc.
« Sans aucun doute », l’Uruguay devra « à un moment » se poser la question de son mode de participation au groupe, a dit son ministre des Affaires étrangères Francisco Bustillo. Cité par la presse uruguayenne, il a envisagé devant des journalistes un éventuel passage de son pays du statut d’Etat membre à celui d' »Etat associé ».
La réunion doit aussi permettre une reprise des travaux – suspendus depuis 2019 – pour une adhésion de la Bolivie au Mercosur, qui représente actuellement 62% de la population latino-américaine et 67% du PIB du continent.
LNT avec Afp