A la suite du changement d’actionnaire de référence de Saham Assurance Maroc par la cession de cette compagnie d’assurance au groupe Sud-africain Sanlam, le Trésor a exigé le remboursement du prêt à taux zéro qui avait été consenti à Moulay Hafid Elalamy en 2008, lors de son acquisition, à travers la CNIA, de la compagnie Es Saada, à l’époque notamment détenue par la famille Ouazzani.
Et de fait, le Conseil d’Administration de SAHAM Assurance Maroc s’est réuni le 7 novembre 2018, sous la présidence de M. Said Alj et a validé la décision du remboursement intégral par anticipation du prêt de 800 MDH octroyé par le Fonds de Solidarité des Assurances.
Il paraît d’ailleurs tout a fait normal qu’une compagnie détenue désormais majoritairement par un actionnaire étranger ne bénéficie plus d’un tel prêt de l’État marocain.
En effet, il faut savoir que le Fonds de Solidarité des Assurances est alimenté par la taxe sur les contrats d’assurances. Il est affecté à un compte spécial du Trésor dit Compte d’affectation spécial des fonds de solidarité des assurances.
Et pour rappel, le prêt en question de 800 millions de dirhams, avait été accordé en 2008 dans le cadre du financement du plan de redressement de la compagnie Es Saada Assurances.
Soutien à l’acquéreur d’une compagnie en difficulté, il devait initialement être remboursé en deux échéances, la première de 400 Millions, en octobre 2022 et le reliquat en avril 2023.
On rappellera également que l’aide du Fonds de Solidarité des Assurances, à la CNIA devenue Saham Assurance, avait été accordée en 2007 sous forme d’un prêt pour un montant de 800 millions de dirhams, en précisant que tous les prêts du Fonds de Solidarité des Assurances sont accordés sans intérêts.
La durée de cet emprunt pour la compagnie d’assurance avait été fixée à 15 ans, avec un remboursement « in fine », soit à la fin de la période concédée.
Ces précisons sont très importantes et attestent que l’ex-CNIA SAADA, devenue Saham Assurance, n’avait aucune obligation de remboursement avant terme quand bien même elle se devait de constituer une réserve sur ses bénéfices en prévision du remboursement à terme de cet emprunt de taille.
Aujourd’hui, la situation a changé et impose, de fait, l’appel au remboursement anticipé de ce prêt par Saham Assurance, ce qui, en conséquence, réduira d’autant son endettement!
Il apparaît clairement que cet emprunt sans intérêt remboursable en 2023, n’a pas été évoqué dans la négociation de l’immense opération de cession de Saham Finances avec toutes ses filiales d’assurance au groupe Sanlam ou plus exactement à sa filiale Sanlam Emerging Market.
On peut supposer que Saham Assurance n’aurait certainement pas été obligée par son créancier, le Trésor, de rembourser avant terme et d’un seul coup un montant de 800 millions de dirhams qu’elle doit à l’État.
En conséquence, la décision prise par le Conseil de la compagnie d’assurance ne peut qu’affecter lourdement sa trésorerie.
Le manque à gagner, à supposer que Saham Assurance détient une telle somme en trésorerie, se traduit par la perte de la rémunération de placements qu’elle aurait pu faire.
Et dans le cas où Saham Assurance devrait emprunter ce montant pour rembourser l’État, le coût de cette dette serait lui aussi conséquent.
Or, le communiqué de presse publié par le CA de Saham Assurance, a précisé que ce remboursement sera effectué, dans un délai de trois mois, grâce à la cession d’actifs liquides issus du patrimoine libre de la compagnie.
Son impact sur les comptes de la compagnie se matérialisera donc par l’absence des produits financiers provenant de ces actifs qui auraient normalement été constatés dans la période restant à courir jusqu’aux échéances initiales du prêt.
C’est pourquoi Moulay Hafid Elalamy s’est engagé à dédommager Saham Assurance Maroc de l’impact de ce remboursement ainsi précisé et facile à quantifier.
Il le fera en totalité, en 2018, afin qu’en dédommageant Saham Assurance, le deal reste parfait …
Afifa Dassouli