
La Première ministre britannique Theresa May (g) accueillie par son homologue écossaise Nicola Sturgeon, le 15 juillet 2016 à Edimbourg © AFP/Archives Lesley Martin
A deux jours du lancement du Brexit, la Première ministre britannique Theresa May se rend lundi en Ecosse pour rencontrer la cheffe du gouvernement écossais et tenter de la convaincre que ce n’est « pas le bon moment » pour réclamer l’indépendance.
Mme May verra Nicola Sturgeon pour la première fois en tête à tête depuis que la dirigeante écossaise a annoncé il y a deux semaines son intention de réclamer un nouveau référendum d’indépendance pour la fin 2018 ou début 2019. Aucune conférence de presse commune n’est prévue à l’issue de l’entretien, qui s’annonce tendu.
Mme May doit répéter à la cheffe du parti indépendantiste SNP que le moment est mal venu pour organiser un référendum d’indépendance alors qu’elle s’apprête à lancer les négociations de divorce avec Bruxelles.
Londres va activer mercredi l’article 50 du Traité de Lisbonne qui lancera officiellement le processus de sortie de l’Union européenne, neuf mois après le référendum du 23 juin 2016 où les Britanniques ont voté à près de 52% pour quitter l’Union.
L’ambassadeur du Royaume-Uni à Bruxelles Tim Barrow devrait remettre mercredi en milieu de journée au Conseil européen la lettre –de huit pages, selon le Sunday Times– ouvrant ainsi la voie à deux ans de négociations qui mettront fin à 44 ans d’une relation en dents de scie.
Mme May s’adressera elle aux députés britanniques pour leur annoncer que la procédure est lancée.
– ‘Inacceptable’ –
Le lendemain, le gouvernement britannique publiera le livre blanc du projet de loi baptisé « Grande abrogation » (Great repeal Bill). Il est destiné à abolir le Code de la loi de 1972 qui avait incorporé la législation européenne au droit britannique et à convertir le corpus des lois européennes en lois nationales. Ce projet de loi « offrira davantage de détails sur l’approche britannique » des négociations, selon un document publié en janvier.
Le texte stipule aussi que « partout où cela s’avérera pratique et approprié, les mêmes règles et les mêmes lois s’appliqueront le jour d’après notre départ de l’UE comme elles s’appliquaient la veille ».
Sur le plan économique, le scénario de négociations qui déraillent et laissent le pays sans accord est loin d’être exclu.
Selon Anand Menon, du groupe de recherche « UK in a changing Europe », il y a 50% de probabilité que les négociations échouent, laissant le pays « sans filet de sécurité », exposé aux règles de base de l’Organisation mondiale du commerce, comprenant notamment des barrières douanières.
Mme May répète quant à elle que « mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord ».
Mais la fédération de l’industrie britannique (EEF) a jugé lundi « inacceptable » ce scénario, alors que l’UE représente la moitié des échanges britanniques. « La perte de l’accès au marché unique et à l’union douanière condamnerait le secteur de l’industrie à un Brexit douloureux et coûteux », a souligné l’EEF dans un communiqué.
Nicola Sturgeon s’est aussi saisie de la décision de Mme May de quitter le marché unique pour revendiquer un nouveau référendum d’indépendance deux ans après celui de septembre 2014, alors que 62% des Ecossais ont voté pour rester dans l’UE. Selon elle, ce Brexit dur menace des dizaines de milliers d’emplois écossais.
Mardi, le Parlement écossais devrait voter sans problème la motion l’autorisant à réclamer à Londres ce nouveau référendum.
Mme May, elle, va faire valoir dans un discours qu’elle ne permettra pas que le pays soit « affaibli » par les velléités écossaises. D’autant qu’un autre casse-tête occupe Londres, cette fois en Irlande du Nord, où les républicains du Sinn Féin et les unionistes du DUP doivent trouver un accord dans les heures qui viennent sur une coalition gouvernementale, faute de quoi la province pourrait être administrée provisoirement par Londres.
LNT avec Afp