Ramadan s’en va. Un mois de piété, de recueillement et de dévotion. Un mois également, et c’est là le grand paradoxe, de surconsommation. Notre table prend, le temps d’un mois sacré, du poids. Idem pour beaucoup d’entre nous ! Ce n’est pas le problème, dans la mesure où chacun est libre de ses choix alimentaires. Toutefois, une chose est certaine : le budget des ménages monte d’un cran pour une raison purement économique, à savoir la hausse de la demande, à l’origine souvent de la hausse des prix.
Mais ce n’est pas la seule raison. En effet, durant le mois de Ramadan, la spéculation bat son plein. Il est donc important de constater que ce phénomène, par la force des choses, a fini par prendre de proportions inquiétantes, défiant ainsi toutes les mesures de contrôle prévues par les différentes instances étatiques. De Ramadan à Ramadan, les prix flambent, dépassant de loin le pouvoir d’achat d’une bonne partie des Marocains qui, à défaut de contrôles rigoureux et réguliers, ont fini par céder face à un marché livré à lui-même, où les intermédiaires, notamment ces “Moul Choukara” qui font et défont le marché sans être inquiétés. Ceci est connu de tous.
Mais pour ce Ramadan 2018, le seuil de l’intolérable a été apparemment atteint. Les prix de certains aliments constituant des plats de résistance, ont bien trop augmenté. Au-devant de la scène, le prix du poisson, qui a enregistré des hausses hallucinantes. En effet, et malgré le boycott anti-poisson lancé sur les réseaux sociaux, les prix du Hout Bladi ont été très peu impactés par la grogne des consommateurs. Pour la sardine, les prix sont restés entre les 20 et 30 Dhs/kg. Le merlan et la sole ont été proposés dans les environs de 100 Dhs/kg, et on a noté 120 Dhs/kg pour les crevettes. A ces prix, les citoyens ont été très déçus.
La passivité du Gouvernement El Othmani, qui s’est juste contenté de dénoncer les spéculateurs et autres intermédiaires, n’a pas aidé. Justement, en la matière, l’échec d’El Othmani et son équipe est flagrant, étant donné qu’il s’est montré incapable de remettre les pendules de l’heure. Les prix du poisson sont restés salés pour nous durant tout le mois de sacré de Ramadan, à l’exception de quelques jours pour tuer le boycott dans l’oeuf. De plus, même en dehors du mois de Ramadan, et on ne le dira jamais assez, le prix du poisson reste élevé pour les Marocains à revenu moyen. Voire même inaccessible pour ceux à revenu très limité. Et ce malgré nos milliers de kilomètres de côtes !
Pendant ce mois aussi, les fruits tels que la banane n’ont pas été épargnés par la spéculation. Idem pour la volaille, soit 17 et 18 dhs/kg. La viande rouge, elle, reste problématique pour bon nombre de ménages marocains qui assurent à peine leur quotidien. Le Gouvernement en est-il vraiment conscient ? Telle la grande interrogation.
H.Z