La 3ème édition du Forum International de l’industrie halieutique au Maroc s’est tenue ce mercredi 15 mai à Casablanca en présence des acteurs majeurs de l’industrie halieutique, incluant des représentants gouvernementaux, des chercheurs, des entreprises du secteur privé et des partenaires internationaux.
Organisé par la Fédération Nationale des Industries de Transformation et de Valorisation des Produits de la Pêche (FENIP) en partenariat avec le Swiss Import Promotion Program (SIPPO) et la Commission Générale de la Pêche en Méditerranée (CGPM), le forum a été organisé sous le thème : « Collaboration pour la Durabilité : Perspectives Croisées de la Recherche, de l’Aménagement, et du Secteur Privé ». L’objectif était de partager les expériences et d’identifier des solutions innovantes pour renforcer la durabilité économique, sociale et environnementale de l’industrie halieutique marocaine, dit-on auprès de l’organisation.
Le ministre de l’Agriculture et la Pêche Maritime, Mohammed Sadiki a souligné l’engagement du Maroc pour une économie bleue durable et inclusive. Par la même occasion, il a salué les progrès réalisés par la stratégie Halieutis, qui a permis de moderniser le secteur et de consolider la position du Maroc sur le marché international.
Auprès de la Fédération, le forum a mis en lumière le rôle crucial de l’aquaculture comme levier de croissance bleue et alternative à la pêche sauvage. Le développement de plans d’aménagement aquacole et l’encouragement de l’algoculture figurent parmi les initiatives clés pour concrétiser le potentiel de l’aquaculture marocaine.
Au menu aussi, les débats ont porté sur les défis actuels du secteur, notamment la surpêche, le changement climatique et la pollution marine. Le forum a exploré des solutions concrètes, telles que l’extension des aires marines protégées, la promotion de l’aquaculture durable et l’investissement dans la recherche scientifique.
La Fédération estime que l’engagement du secteur privé est essentiel pour moderniser les infrastructures, développer la chaîne de valeur et créer des emplois : « Le forum a également souligné l’importance de l’intégration sociale, en assurant la participation des communautés côtières dans la gestion des ressources et en promouvant leur bien-être socio-économique ».
Pour conclure, la FENIP estime que le Forum International de l’industrie halieutique au Maroc témoigne de l’engagement du pays envers une pêche durable et une économie bleue prospère. Il s’agit d’un événement, précise-t-elle, qui met en avant la collaboration et l’innovation comme des éléments clés pour relever les défis du secteur et assurer un avenir durable pour les générations futures.
Une gestion basée sur la science
M. Bouchta Aichane, directeur des Pêches maritimes, lors d’un panel tenu sous le thème « La recherche scientifique au service de la durabilité des ressources halieutiques », a mis en avant l’importance d’une gestion basée sur la science, de mesures techniques et de la coopération internationale pour garantir la durabilité des ressources marines et maintenir l’accès aux marchés internationaux. Il a souligné l’approche territoriale adoptée, incluant la gestion spatiale de l’effort de pêche et la création d’aires marines protégées, déjà en place dans certaines régions et en cours de déploiement dans d’autres, en respect des exigences internationales telles que le Marine Mammal Protection Act et le Moratorium Protection Act.
Le Maroc s’efforce de se conformer aux normes internationales, notamment celles de la Commission internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) et de la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM), ce qui permet de maintenir ses exportations vers des marchés clés comme les États-Unis. M. Aichane a précisé que des certificats positifs ont été obtenus, témoignant de l’engagement continu du pays envers la durabilité et la conformité aux réglementations internationales.
La durabilité de l’industrie halieutique est un objectif primordial pour le département de la pêche, reflet d’un engagement de longue date envers la gestion durable des ressources, un processus initié dans les années 70 avec l’introduction des licences de pêche et évoluant depuis pour répondre aux normes internationales grâce à la stratégie Halieutis. Le système actuel repose sur les recommandations scientifiques de l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH) et des organisations régionales, visant à contrôler la mortalité par pêche à travers des licences et des quotas, et sur des mesures techniques limitant les effets néfastes sur les stocks et les espèces vulnérables.
Pour sa part, Mohammed Zardoune, directeur régional de l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) de Casablanca-Settat, a indiqué que l’ONSSA, en collaboration avec les autorités compétentes et les acteurs du secteur, œuvre pour prévenir et contrôler les risques sanitaires afin d’assurer la sécurité des produits de la mer destinés à la consommation humaine. « La maîtrise des risques sanitaires est cruciale pour assurer la durabilité du secteur maritime, car en garantissant la qualité et l’innocuité des produits de la mer, nous assurons la viabilité économique de l’industrie halieutique à long terme », a déclaré M. Zardoune.
La représentante du Sustainable Fisheries Partnership (SFP), Carmen Gonzales, a réitéré l’importance de la collaboration entre transformateurs, producteurs et autorités pour une gestion responsable des ressources et des recherches scientifiques pour fournir des recommandations objectives afin de guider les décisions. Elle a insisté sur la nécessité de données transparentes et de stratégies adaptées pour répondre à la demande croissante en produits halieutiques, notant que la publication régulière de données sur les activités halieutiques est essentielle pour évaluer précisément les stocks et élaborer des stratégies appropriées. Elle a également souligné l’importance de développer les sciences de la pêche et de promouvoir la collaboration entre recherche et industrie, en intégrant des technologies telles que l’intelligence artificielle pour améliorer la gestion des ressources.
H.Z