En vérité donc, c’est un triste spectacle que la classe politique offre à nos concitoyens, confirmant dans leur conviction tous ceux qui n’ont pas pris la peine de se rendre aux urnes le 7 octobre dernier et désespérant les autres qui croyaient que leur vote aurait un sens ou un impact, même minime, sur l’esprit de responsabilités de nos divers « zaïms ».
On sait aujourd’hui, après plus de quatre mois de tentatives de constituer une majorité gouvernementale, que le problème n’est pas celui de divergences programmatiques, ou même d’incompatibilités idéologiques, mais plutôt de la volonté clairement exprimée de dominer outrageusement le champ politique national à partir d’une position de force relative.
« Sûr de lui et dominateur »
Le PJD et M. Benkirane font, en effet, une lecture réductrice des élections législatives et des scores qu’elles ont produits. A les entendre, il faudrait leur remettre les clés du pouvoir exécutif, sans conditions, parce que les électeurs ont accordé à cette formation le meilleur résultat, lequel, on ne le répètera jamais assez, est trop étriqué pour imposer un diktat aux autres formations, pourtant incontournables pour réaliser les ambitions gouvernementales de M. Abdelilah Benkirane.
Toute la problématique est là et, ce qui se passe depuis plus de 120 jours n’est qu’habillage artificiel ou manœuvres politiciennes pour tenter de masquer cette vérité, constituée des ambitions, dangereuses à notre sens, d’une formation pour qui le référentiel démocratique et pluraliste n’est autre que circonstanciel !
Ce qui préoccupe donc les citoyens, désormais, c’est de connaître quelle sera l’issue la moins dolosive pour le pays, son économie, son image et surtout, la reprise d’un cours normal des choses, notamment en termes de gouvernance publique et de conduite des affaires de l’Etat.
En effet, cette crise politico-institutionnelle a causé des dommages réels au niveau de l’appareil productif national, mis l’Administration en situation de stand by prolongé, fortement rallongé les délais de paiements aux entreprises qui sont partenaires des différentes structures et émanations étatiques.
Certes, grosso modo, la machine continue de tourner, mais nous sommes sans Loi de Finances depuis le début de 2017 et au rythme où vont les choses, elle ne sera pas approuvée avant la prochaine session de printemps d’un Parlement quasiment inscrit aux abonnés absents aujourd’hui.
L’opinion publique, qui ne possède pas toujours les clés explicatives de cette situation, en est donc réduite à se contenter des « signes extérieurs » de cette crise, c’est-à-dire les expressions essentiellement politiciennes de la crise pendante depuis le 10 octobre 2016.
Novela du Ramadan
C’est ainsi que se déroule un feuilleton digne des séries que nos chaînes diffusent au cours du mois de Ramadan où le grotesque côtoie le ridicule, dans le seul objectif de provoquer des éclats de rire ou des commentaires amusés.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui pensent qu’au sein de la classe politique, prédominent des hommes (et très peu de femmes) qui ont pour seul objectif celui de continuer à bénéficier de leur position pour satisfaire des ambitions personnelles et des situations de rente.
Et, parce qu’il y a un très fort taux de déception parmi les citoyens, une conviction quasi-unanime est en train de s’imposer, celle qui énonce que le Roi, seul, pourra dénouer la crise, lorsque le Souverain aura décidé qu’il devra le faire !
Alors, faute de discours explicatifs et convaincants de ceux qui ont fait perdre au pays quatre mois de vie institutionnelle, faute d’analyses honnêtes et même d’autocritiques de ces leaders qui ont le tort de ne voir que la bosse du voisin, faute de hauteur politique et de sens patriotique élevé chez la majorité d’entre eux, les Marocaines et les Marocains s’en remettent au Roi.
En démontrant leur impuissance, leur incompétence, leur incapacité à faire les compromis nécessaires, ces dirigeants ont éloquemment instruits le peuple sur leur réelle valeur.
Nous savions tous que chez nous, hors la Monarchie point de salut, mais M. Benkirane et ceux qui le soutiennent nous ont prouvé que cette vérité était plus forte que jamais…