Par Afifa Dassouli
La Bourse de Casablanca est à l’honneur en cette fin de mois de mars où les sociétés cotées ont publié leurs résultats de 2022 ! Même s’il s’avère que les résultats des sociétés cotées de 2022 publiés à cette date, sont en total contradiction avec le comportement des indices boursiers pour 2022 et ne concordent donc pas avec la baisse du principal d’entre eux, le MASI, de près de 20% l’année dernière, et de son comportement toujours mitigé à ce jour, à la fin du premier trimestre 2023, où il continue à être négatif.
Pourtant, les résultats des sociétés cotées ne sont heureusement pas à déplorer, nombre de sociétés ont réalisé de bonnes performances en 2022 en hausse par rapport à 2021. Notamment le secteur bancaire, d’une banque à l’autre, les résultats sont en hausse de plus de 15% de même que le secteur industriel, pétrolier et d’autres encore comme le montre le tableau ci-joint des indices sectoriels de la journée du 3 avril.
Il semble clairement que l’efficience du marché boursier est en cause et que les cours ne reflètent pas toujours les résultats de la cote. Les causes de cette situation relèvent du manque de liquidité de certaines valeurs, de la concentration dans les portefeuilles institutionnels des 10 meilleures valeurs du marché ou encore du manque de confiance et de la peur du risque des investisseurs petits porteurs en particulier. A ce titre, le marché boursier ne traduit pas la valeur actuelle et anticipée de chaque société cotée comme l’impose son rôle principal et comme c’est le cas sur les autres marchés financiers occidentaux. Pourtant, si la bourse de Casablanca reste dépressive en n’offrant pas d’amélioration des cours, les augmentations de dividendes pour ceux qui sont déjà annoncés, correspondent à un « dividend yeld », rendement du dividende autour de 3%.
Toutefois, le marché financier, boudé par les épargnants et les petits porteurs autrefois animateurs du marché et dits spéculateurs, mais aussi par les investisseurs qui recherchent plus de rentabilité, reste essentiel pour les opérations stratégiques, que sont par exemple les émissions obligataires subordonnées ou perpétuelles nécessaires au renforcement des capitaux propres des banques, et à leur refinancement. Mais aussi, à certaines opérations structurelles comme le rachat par le Groupe Holmarcom de la participation majoritaire de Crédit Agricole S.A dans le capital de Crédit du Maroc.
De fait, l’opération de l’acquisition par Holmarcom des actions détenues par Crédit Agricole S.A. dans Crédit du Maroc qui portait sur 63,7 % du capital (50,9 % par HFC et 12,8 % par AtlantaSanad), ont transité par la Bourse de Casablanca. Sachant que Crédit Agricole S.A. qui est resté actionnaire de CDM avec une participation de 15 % devra les rétrocéder sur le marché financier à Holmarcom au terme d’une période de 18 mois.
Et, suite à cette opération, AtlantaSanad et Holmarcom Finance Company ont déposé une offre publique d’achat à la bourse pour donner le choix de façon réglementaire aux détenteurs d’actions CDM de les garder ou pas.
Laquelle OPA s’est déroulée du 8 au 28 février dernier. Elle portait sur 10,56% du capital de la banque en question dont 0,01% uniquement ont apporté leurs titres aux acquéreurs le reste composera toujours le flottant de la valeur, signe de confiance dans le groupe Holmarcom.
C’est dire que l’utilité du marché boursier est une évidence pour les sociétés cotées, certes pour leur propre valorisation mais aussi pour leurs opérations financières.
La prochaine opération du genre annoncée portera sur l’acquisition par Mutandis de la Société des Boissons du Maroc, sachant que l’accord de principe est donné et que les négociations sont bien avancées…