Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, le 9 mai 2019 à l'aéroport de Stansted, au nord de Londres © POOL/AFP/Archives MANDEL NGAN
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo est arrivé mardi en Russie pour tenter d' »avancer » avec Vladimir Poutine sur les multiples points de friction entre Washington et Moscou, sur fond de tensions américano-iraniennes croissantes.
Venezuela, Syrie, Ukraine, traités de désarmement… les sujets de discorde avec la Russie ne manquent pas et c’est en terrain miné que Mike Pompeo va devoir jouer un numéro d’équilibriste, entre sa fermeté affichée et la volonté de rapprochement de son patron, Donald Trump, délesté du poids de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller désormais terminée.
« Sur certains sujets, nous pouvons être d’accord, sur d’autres non, mais quand il y va de nos intérêts nationaux, c’est notre responsabilité d’avancer », a insisté Mike Pompeo sur Twitter, peu avant l’atterrissage de son avion vers 11H00 GMT à Sotchi, sur la mer Noire.
Le secrétaire d’Etat doit y rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov avant que les deux hommes ne soient reçus par le président russe après 15H00 GMT. Il sera alors le plus haut responsable américain à rencontrer Vladimir Poutine depuis son sommet de juillet à Helsinki avec Donald Trump, dont le ton conciliant à l’égard du maître du Kremlin avait choqué la classe politique américaine.
– « Pression maximale » –
Cette visite intervient à un moment où Washington accuse Téhéran de préparer des « attaques » contre les intérêts américains au Moyen-Orient. Les Etats-Unis ont dépêché dans la région un porte-avions, un autre navire de guerre, des bombardiers B-52 et une batterie de missiles Patriot.
« Une politique de pression maximale conduit à pousser un pays dans ses retranchements et (…) cela ne donne jamais de résultats », a mis en garde mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Cela n’encourage pas un pays à se montrer conciliant ».
La Russie, comme les Européens, est favorable à un maintien de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, dont les Etats-Unis se sont retirés avant que Téhéran ne suspende récemment certains de ses engagements.
Lundi, Sergueï Lavrov a averti qu’il comptait avoir une « conversation franche » au sujet de l’Iran avec Mike Pompeo, qui a déjà eu lundi des entretiens difficiles avec des Européens inquiets d’un possible conflit « par accident ».
La crainte d’une escalade dans le Golfe a été alimentée ces derniers jours par de mystérieux « actes de sabotage » contre quatre navires de commerce de différents pavillons, même si aucun lien n’a été établi officiellement.
– Armes hypersoniques –
La Maison Blanche espère de longue date que la fin de l’enquête de Robert Mueller, qui a conclu il y a moins de deux mois à une ingérence russe dans la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis mais pas à une quelconque collusion entre l’équipe du candidat Trump et la Russie, permette de tourner la page de relations glaciales entre ces deux pays rivaux.
Alors que ces investigations ont empoisonné la première moitié de son mandat, Donald Trump a eu début mai une conversation téléphonique « très positive », a-t-il dit, de plus d’une heure avec Vladimir Poutine.
Le président américain a annoncé lundi qu’il prévoyait de rencontrer son homologue russe à l’occasion du prochain G20, fin juin au Japon. Le Kremlin a cependant assuré qu’il n’existait « aucun accord » en ce sens.
Le ton est encore monté ces dernières semaines entre les deux puissances au sujet du Venezuela, où elles s’accusent mutuellement d’ingérence et soutiennent des parties opposées. Moscou reste un allié indéfectible du président Nicolas Maduro et livre des armes à son armée, tandis que Washington appuie l’opposant Juan Guaido.
Et le sujet du désarmement est revenu au premier plan avec la récente suspension par les Etats-Unis, imités par la Russie, de leur participation à un traité datant de la Guerre froide interdisant les missiles sol-sol d’une portée de 500 à 5.500 km.
Moscou et Washington doivent désormais négocier le prochain traité de contrôle des armements nucléaires Start, l’actuel arrivant à échéance en 2021 et le gouvernement Trump souhaitant y inclure la Chine.
Le président russe, qui ne cesse de mettre en avant les nouvelles capacités de son armée, doit visiter mardi avant de recevoir Mike Pompeo le plus grand centre d’essais militaires de l’aviation russe pour assister, selon le Kremlin, à une démonstration d' »armes prometteuses ».
Réunissant des responsables du complexe militaro-industriel lundi soir, il a encore vanté les nouveaux armements hypersoniques russes : « Personne ne dispose de telles armes à part nous », a-t-il insisté, tout en ajoutant que la Russie s’équipe de systèmes de défense contre de tels missiles avant que d’autres armées n’en obtiennent.
LNT avec Afp