Pollution plastique dans l'océan Indien en décembre 2021
Bouteilles, pneus, emballages, tuyaux… Chaque année, des millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées dans les cours d’eau, avec le risque de terminer leur course dans les océans. Selon l’OCDE, cette quantité pourrait presque doubler d’ici 2060 sans des mesures renforcées contre cette pollution.
Depuis le début de la production massive de plastique dans les années 1950 jusqu’à 2019, environ 140 millions de tonnes se sont accumulées dans les milieux aquatiques, d’après une étude publiée en 2023 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Parmi ces déchets, 22 % forment une « soupe de plastique » dans les océans, tandis que 78 % se trouvent dans les écosystèmes d’eau douce.
– Des déchets mal gérés –
Les déchets brûlés à l’air libre ou jetés dans des décharges non contrôlées constituent la principale source de pollution des milieux aquatiques. Une grande partie de ces plastiques, tels que les bouteilles ou les matériaux utilisés dans la construction, coule dans les rivières et les lacs. Les autres, comme les emballages alimentaires ou les bouteilles fermées, flottent à la surface pendant des « années, voire des décennies » avant d’atteindre les océans, selon l’OCDE.
D’autres sources de pollution plastique dans les océans incluent les déchets issus d’activités maritimes (filets, engins de pêche), bien que dans une moindre mesure, ainsi que les microplastiques (fragments de moins de 5 millimètres). Les macroplastiques (plus de 5 mm), qui ont une durée de vie allant de six mois à 35 ans, se décomposent lentement en microplastiques, « plus susceptibles d’être ingérés par des espèces aquatiques », précise l’OCDE.
– Rivières d’Asie –
Le risque que le plastique migre des terres vers les rivières, puis des rivières vers la mer, varie selon les régions. Sur environ 100 000 cours d’eau, un millier est responsable de 80 % des déchets macroplastiques dans les océans, tandis que 30 000 autres rivières représentent les 20 % restants, selon une étude menée par l’ONG Ocean Cleanup et publiée en 2021 dans « Science Advances ».
Parmi les 50 premières rivières transportant le plus de plastique vers les océans, dont certains petits cours d’eau urbains, 44 se trouvent en Asie. Cette situation s’explique par la « densité de la population et la mauvaise gestion des déchets », indique Laurent Lebreton, directeur de recherche à Ocean Cleanup.
Les Philippines, avec ses milliers d’îles, sont le pays qui rejette le plus de plastique dans la mer. Le fleuve Pasig, se jetant dans la baie de Manille, est considéré comme le « plus pollué » au monde par le plastique. Il forme, avec les rivières Tullahan (Philippines), Ulhas (Inde), Klang (Malaisie) et Meycauayan (Philippines), le top 5 des cours d’eau charriant le plus de plastiques dans les océans.
– Prévisions sombres –
Sous l’effet de la croissance démographique et économique, l’utilisation mondiale des plastiques devrait presque tripler entre 2019 et 2060, pour atteindre 1 231 millions de tonnes par an, selon l’OCDE. Cette hausse s’annonce inquiétante pour les milieux aquatiques, où 493 millions de tonnes de plastique pourraient s’accumuler d’ici 2060. Plus de la moitié de ces déchets proviendraient d’Afrique subsaharienne, de Chine, d’Inde et d’autres pays asiatiques en développement.
En revanche, en Europe et aux États-Unis, les rejets de plastiques dans les milieux aquatiques devraient diminuer, principalement grâce à l’amélioration de la gestion des déchets.
LNT avec AFP