Lancé en 2014 par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique, le Plan d’Accélération Industrielle (PAI) du Maroc visait à transformer l’industrie marocaine en un levier majeur de croissance économique. S’inscrivant dans la lignée du Plan Emergence, le PAI avait pour objectifs principaux de créer 500.000 nouveaux emplois, d’augmenter la part de l’industrie dans le PIB de 9 points pour atteindre 23 % en 2020, et d’améliorer la balance commerciale grâce aux exportations et à l’intégration locale. À travers une série d’initiatives et d’écosystèmes, le plan a permis de structurer l’industrie marocaine et de dynamiser les secteurs clés.
Création d’emplois : Un succès éclatant
L’un des principaux objectifs du PAI était la création de 500.000 nouveaux emplois entre 2014 et 2020. Ce pari a été largement gagné, avec 565.483 emplois créés, soit 113,1 % de l’objectif initial. L’industrie automobile s’est distinguée en créant 161.599 emplois, représentant 28,6 % des nouveaux emplois du secteur. Le textile et cuir a suivi avec 123.699 emplois, puis l’agro-alimentaire avec 91.058 emplois et l’offshoring avec 88.421 emplois. Ensemble, ces quatre secteurs ont contribué à 82,2 % des nouvelles opportunités d’emploi dans le secteur industriel.
Le PAI a également permis une parité remarquable entre les emplois masculins et féminins, avec environ 280.000 emplois pour chaque genre. Malgré les défis posés par la pandémie de Covid-19, l’industrie marocaine a montré une résilience notable, ne subissant qu’une baisse de 2 % de l’effectif total entre 2019 et 2020, avant de retrouver et dépasser les niveaux de 2019 dans les mois suivants.
Performance à l’export : Un élan ralentit par la pandémie
Les exportations industrielles du Maroc ont connu une croissance significative au cours de la période du PAI. En 2019, elles totalisaient 243,3 milliards de dirhams (MMDH), contre 158,9 MMDH en 2013, marquant une augmentation de 53 %. Cependant, la pandémie de Covid-19 a causé une baisse de 8,5 % des exportations en 2020. Le secteur automobile, devenu le premier exportateur du pays, a vu ses exportations multipliées par 2,5, atteignant 80,2 MMDH en 2019, avant de subir une baisse de 9,3 % en 2020.
L’industrie de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) a également montré une performance robuste, avec une hausse de 47,5 % de ses exportations entre 2013 et 2019. Ce secteur a même progressé de 4,3 % en 2020, malgré la crise sanitaire. D’autres secteurs comme l’agro-alimentaire et le textile ont également enregistré des augmentations notables de leurs exportations, bien que le textile ait été particulièrement touché par la pandémie, subissant une baisse de 19,2 % en 2020.
L’industrie automobile, figure de proue du PAI
L’industrie automobile marocaine a connu une croissance exceptionnelle, soutenue par le PAI. Avec 161.599 emplois créés, ce secteur est devenu un pilier de l’économie marocaine, représentant 28,4 % des exportations totales du pays en 2019. Le taux d’intégration locale a atteint 60 %, et le pays produit désormais jusqu’à 700.000 véhicules par an, exportés vers 75 destinations différentes.
Le PAI a également permis la mise en place de plusieurs écosystèmes automobiles, renforçant l’offre de valeur et l’intégration du secteur. Des investissements significatifs ont été réalisés, avec 145 projets d’investissement soutenant cette dynamique. Le Maroc a également lancé un projet unique en Afrique, le Centre d’essais automobile, destiné à valider et homologuer les pièces automobiles localement et à stimuler la recherche et développement (R&D).
Industrie aéronautique, une expansion stratégique
En deux décennies, le Maroc a réussi à établir une base aéronautique de qualité, diversifiée et compétitive. Le PAI a contribué à cette expansion, avec la création de 11.383 emplois et l’accompagnement de 49 projets d’investissement, générant un chiffre d’affaires à l’export de 17,5 MMDH en 2019. Le secteur a mis en place plusieurs écosystèmes, notamment dans l’assemblage, l’ingénierie, et le câblage électrique, et a attiré des majors mondiaux comme Boeing et Safran.
Le PAI a également permis de poser les bases de nouveaux secteurs industriels stratégiques. Dans le domaine de la défense, des synergies ont été développées avec l’Administration de la Défense Nationale pour orienter les projets de compensation industrielle et soutenir les capacités locales.
Le secteur des énergies renouvelables a vu l’inauguration de la première usine de pales d’éoliennes en Afrique et au Moyen-Orient par Siemens Gamesa en 2017, et la création de plus de 700 emplois. De plus, un écosystème performant pour les énergies renouvelables est en cours de développement, avec des projets majeurs visant à créer des milliers d’emplois et à générer un chiffre d’affaires significatif.
Le secteur naval, bien que moins développé, a également bénéficié du PAI avec la signature de plusieurs projets d’investissement visant à créer des emplois et à développer les infrastructures de construction et de réparation navale.
Le Plan d’Accélération Industrielle 2014-2020 du Maroc a permis de réaliser des avancées significatives dans divers secteurs industriels, contribuant à la création de centaines de milliers d’emplois, à l’augmentation des exportations et à l’intégration locale. Malgré les défis posés par la pandémie de Covid-19, l’industrie marocaine a démontré une résilience remarquable, posant des bases solides pour une croissance durable. Les réalisations du PAI offrent un cadre solide pour les initiatives industrielles futures, renforçant la position du Maroc sur la scène industrielle mondiale.
Selim Benabdelkhalek