L’idée centrale de ce livre part d’un constat : c’est que la crise politique est une réalité contemporaine ; elle affecte de manière variable et différenciée l’ensemble des systèmes politiques sans aucune distinction. Et tout un courant de pensée et de réflexion se déploie pour comprendre les raisons et les soubassements, mais aussi pour proposer les moyens appropriés en vue de s’en sortir et les solutions adaptées pour mieux programmer les mutations et les refondations. La doctrine politique est unanime pour ramener cette crise à la mal-gouvernance et à l’incapacité des gouvernants à accompagner les processus du changement en cours. L’Etat est partout contesté et critiqué ; il n’arrive plus à générer du mouvement face aux facteurs de fracture et de rupture, qui sont de plus en plus nombreux et complexes. Disons que l’Etat n’est plus ce qu’il était par le passé. On ne parlera plus de « la fin de l’Etat » ni de son épuisement politique, mais d’une nécessité politique de réadaptation dans un contexte international de plus en plus métamorphosé et fluctuant. Autrement dit, ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est que l’art de gouverner a besoin d’adaptation, de rénovation et de modernisation pour affronter la complexité des temps modernes et les exigences fort complexes des populations. Cette idée constitue la matrice de ce livre qui présente tout un ensemble de problématiques enchevêtrées, interdépendantes et complémentaires de nature économique, sociale, culturelle, urbaine, éthique ou géostratégique qui préoccupent les esprits et inquiètent les Etats depuis plus de trente ans au moins.
Les textes constitutifs de cet ouvrage, répartis en quatre problématiques stratégiques, versent vers une conclusion commune : l’urgence d’un « bon système de gouvernance » dans un monde déboussolé, fracturé, surchargé, difficile, complexe, conflictuel et incertain ; dans un monde où les promesses d’hier sont devenues fiction et mensonge aujourd’hui ; dans un monde ou la démocratie cède la place au populisme et à la médiocratie. Ce nouvel ordre politique est en voie de prolifération : il impose ses manifestes, ses tribunes charismatiques, ses pratiques et ses querelles d’école. C’est en réalité une nouvelle réaction qui se met en place à la suite de l’incapacité des gouvernants à créer de l’ordre et de la cohésion, du développement et du bien-être. En deux générations, la certitude d’un progrès s’est peu à peu effacée devant l’évidence d’une régression sociale, politique, morale, éthique, économique et écologique. On ne comprend pas ce qui nous arrive. D’un échec à un autre, d’une crise à une autre, on s’est installé progressivement dans une « grande régression » qui se combine avec la barbarie, le terrorisme, la détestation de l’Autre, l’enfermement sur soi et d’autres problèmes plus graves encore relevant de l’ordre national comme de l’ordre international.
Il y a une urgence aujourd’hui à revoir nos pratiques de gouvernement, nos rapports internationaux et la problématique du développement humain dans le monde. Le titre du livre : « L’art de gouverner ou le courage de changer » renvoie à cette liaison étroite entre la manière de gouverner et l’exigence qu’il faut porter en soi pour pouvoir entreprendre une grande métamorphose, mais aussi ses perspectives, au moins pour plusieurs siècles.
LNT avec CdP