Le député Boris Johnson sort de son domicile, le 18 juin 2019 à Londres © AFP Ben STANSALL
Qui face à Boris Johnson ? Cinq hommes tentent de se qualifier face au champion des pro-Brexit, qui aborde mardi en grand favori la deuxième étape de la course à la succession de la Première ministre britannique Theresa May.
Ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères de Mme May, le député conservateur de 54 ans, tenant d’un Brexit dur, a frappé un grand coup la semaine dernière en arrivant très largement en tête du premier tour des votes pour l’élection du chef des tories — qui deviendra Premier ministre.
Dix candidats étaient en lice, trois ont été éliminés, Boris Johnson raflant 114 votes des députés conservateurs sur 313. Un autre, le ministre de la Santé Matt Hancock, s’est depuis retiré et rangé derrière Boris Johnson.
Pour continuer la course après le deuxième tour mardi, les prétendants devront réunir au moins 33 voix lors du vote dans l’après-midi dont le résultat sera connu à 17H00 GMT. S’ils dépassent tous ce seuil, celui ayant récolté le plus faible nombre de voix passera à la trappe.
Deux candidats jouent leur survie: le ministre de l’Intérieur Sajid Javid et celui du Développement international Rory Stewart. La popularité de M. Stewart, très réactif sur Twitter, a grandi ces dernières semaines. Seul candidat à s’opposer à une sortie sans accord de l’UE, il a déclaré mardi matin à la BBC qu’il « adorerait » affronter Boris Johnson « afin de donner l’occasion » aux quelque 160.000 membres du Parti conservateur qui départageront les finalistes, de « choisir entre le Brexit de Boris ou le mien ».
– 007 à Downing Street ? –
Selon le Telegraph, ce baroudeur, passé par le Foreign Office, a servi dans le MI6, le service du renseignement extérieur britannique, ce qu’il a démenti mardi à la BBC.
La mise en oeuvre du Brexit sera la priorité du nouveau chef du gouvernement. Incapable de mettre en oeuvre la sortie de l’UE, Theresa May a démissionné le 7 juin de ses fonctions de chef du Parti conservateur, près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 qui avait vu les Britanniques voter à 52% en faveur de ce divorce historique, le premier dans l’histoire de l’Union européenne.
Après trois rejets successifs par les députés de l’accord de retrait qu’elle a négocié avec Bruxelles, censé organiser une séparation en douceur, Theresa May a été contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, initialement programmé pour le 29 mars.
Jouant la carte de sauveur de la sortie de l’UE, et de rempart contre la progression du Parti du Brexit de l’europhobe Nigel Farage, Boris Johnson veut sortir de l’UE fin octobre, accord renégocié ou pas.
Politicien habile et charismatique à l’ambition dévorante, « BoJo », comme il est surnommé, jouit du soutien de nombreux militants de la base du Parti conservateur, qui voit en lui le chef idoine pour remettre le Brexit sur les rails.
Mais ses gaffes à répétition et son discours flirtant parfois avec le populisme agacent ses pairs, comme lorsqu’il menace de ne pas payer la facture du Brexit — estimée entre 40 et 45 milliards d’euros par Londres — jusqu’à ce que l’UE accepte de meilleures conditions de retrait.
Il s’est d’ailleurs attiré une volée de critiques pour avoir également snobé un débat télévisé entre candidats, dimanche soir, offrant l’image insolite d’un pupitre inoccupé.
« Où est Boris ? », a demandé le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt, considéré comme son principal adversaire, sur le plateau de Channel 4.
« Si son équipe ne lui permet pas de venir débattre avec cinq collègues plutôt sympathiques, comment va-t-il s’en sortir avec 27 pays européens ? », a critiqué M. Hunt.
Mardi, un nouveau débat rassemblera sur la BBC les prétendants encore en lice, dont Boris Johnson cette fois.
LNT avec Afp