Le groupe américain Toys "R" Us se déclare en faillite © AFP/Archives Don EMMERT
En se déclarant en faillite face à une dette écrasante, l’américain Toys « R » Us, numéro un mondial des magasins de jouets, devient un symbole des difficultés de la distribution traditionnelle face à l’essor du commerce en ligne.
Le groupe a annoncé dans la soirée de lundi s’être placé sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Autrement dit, il ne peut plus payer ses dettes même s’il compte pour l’heure rester actif.
Mais, si Toys « R » Us promet que ses quelque 1.600 magasins mondiaux « continuent de fonctionner comme d’habitude », soulignant au passage que « la grande majorité est rentable », l’annonce n’a rien d’engageant pour le groupe à quelques semaines du début des ventes de Noël.
Le groupe va « restructurer sa dette existante et créer une structure de capital saine afin de pouvoir investir dans sa croissance à long terme et concrétiser son aspiration à apporter aux enfants des jeux partout » dans le monde, a déclaré Toys « R » Us dans un communiqué.
Mais, en assurant que ses clients pourront aussi faire leurs emplettes sur les sites toysrus.com et babiesrus.com, « qui viennent d’être lancés », le groupe fait en creux l’aveu de l’une de ses principales lacunes: son retard dans le commerce en ligne.
Avec un chiffre d’affaires de quelque 11,5 milliards de dollars en 2016, Toys « R » Us se situe derrière les géants américains de la distribution comme Wal-Mart et Target. Le groupe se place plutôt au sein de la seconde division, comme les magasins Macy’s, dont les ventes subissent le plus l’envol de sites comme Amazon.
Dans le secteur du jouet, dont Toys « R » Us est le numéro un mondial avec une part de marché de plus de 23%, les difficultés sont particulièrement violentes pour les magasins physiques. Leurs ventes ont chuté d’un quart entre 2011 et 2016, selon des chiffres du cabinet Euromonitor.
– Note dégradée –
Mais, au-delà de l’état du marché, Toys « R » Us, qui a fait état d’une perte nette de 164 millions de dollars dans ses derniers résultats trimestriels en date, fait face à des difficultés spécifiques à son histoire récente, en particulier un endettement massif.
Mais ce rachat s’était fait par endettement, en « leveraged buy-out » (LBO), une opération à double tranchant qui coûte peu aux acheteurs mais fait peser le poids d’une dette élevée sur le groupe.Pour un groupe de cette taille, il a la particularité de ne pas être coté en Bourse. Cette situation est liée à son rachat en 2005 par plusieurs fonds, dont KKR et Bain Capital.
« Ensemble avec nos investisseurs, notre objectif est de travailler avec nos créanciers et d’autres créditeurs pour restructurer la dette à long terme d’un montant de 5 milliards de dollars dans notre bilan financier », promet Dave Brandon, le PDG de Toys « R » Us cité dans le communiqué.
Plusieurs banques, dont JPMorgan, ont accepté d’injecter dans le groupe plus de 3 milliards « pour améliorer immédiatement la santé financière de la société et soutenir les opérations en cours » pendant la procédure de faillite.
Dans l’immédiat, ces annonces n’ont pas convaincu l’agence financière SP Global Ratings, qui a dégradé la note de la dette de Toys « R » US à CCC-, la plongeant encore plus en catégorie spéculative, et envisage de l’abaisser de nouveau à court terme.
« Le groupe s’est contenté de déclarer qu’il prévoit de donner de nouveaux éléments sur ses projets financiers lors de ses prochains résultats, le 26 septembre », souligne SP, qui juge floues les intentions de Toys « R » Us.
Il évoque des « risques à court terme » pour le bon fonctionnement des magasins Toy’s « R » Us.
Pour le moment, les activités localisées hors des Etats-Unis et du Canada ne font pas partie de procédure de faillite, a souligné le groupe, qui emploie au total 65.000 personnes.
LNT avec AFP