La tenue au Conseil de sécurité de l’ONU ce mercredi à New York, de la réunion semestrielle de consultations à huis-clos sur la question du Sahara marocain, avec la participation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura et du Représentant personnel du Secrétaire général et chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, ramène l’action diplomatique marocaine au premier plan.
Très active ces derniers mois, notre diplomatie a engrangé de belles victoires avec notamment la reconnaissance par l’Espagne que l’initiative marocaine d’autonomie, est « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », mais aussi auprès de l’Allemagne en janvier dernier en des termes quasi similaires.
De même, il ne faut pas négliger l’importance de l’ouverture de quelque 25 consulats généraux de pays arabes, africains et sud-américains à Dakhla et Laâyoune. C’est au prix d’efforts constants et tous azimuts que le Maroc défend bec et ongle auprès de la communauté internationale son intégrité territoriale.
D’autant que cette position proactive de notre diplomatie est difficile à maintenir face aux vents et marrées qui agitent la géopolitique mondiale et quelques éléments en témoignent déjà. D’abord, la position d’équilibriste que le Maroc a tenu sur la crise ukrainienne, lorsqu’il s’est abstenu de voter la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, indique une volontaire posture de neutralité ou de distance réfléchie, qui s’inscrit dans la stratégie diplomatique marocaine d’assurer un large consensus autour de sa cause nationale et donc la nécessité d’un certain pragmatisme face à la communauté internationale.
L’autre événement qui n’est pas resté inaperçu, c’est la ferme condamnation et la forte dénonciation par le Maroc de l’incursion des forces d’occupation israélienne dans la mosquée Al Aqsa, la fermeture de ses portes et l’agression des fidèles désarmés dans l’enceinte de la mosquée et sur ses esplanades. Le Royaume du Maroc considérant « que cette agression flagrante et cette provocation méthodique durant le mois sacré du Ramadan contre le caractère sacré de la mosquée et sa place dans le cœur de la Oumma islamique ne fera qu’attiser les sentiments de haine et d’extrémisme et réduire à néant les chances de relance du processus de paix dans la région. » Cette prise de position ferme et claire du Maroc à l’encontre d’Israël témoigne d’une ligne directrice qui reste chevillée à des valeurs claires et intangibles. Alors que le Royaume a récemment restauré ses relations diplomatiques avec Tel Aviv, le Maroc ne s’exonère pas de ses responsabilités et n’hésite pas à monter au créneau pour exprimer son opposition. Si d’aucuns pourraient juger cette réaction diplomatique comme étant attendue ou de posture, force est de constater que rares sont les alliés d’Israël qui ont condamné les événements de cette semaine avec autant de fermeté que le Maroc.
Les victoires diplomatiques du Maroc ont ce revers qui est qu’il faut les garder et les pays qui nous soutiennent n’ont pas forcément les moyens ni l’envie d’avoir un impact déterminant dans le règlement du différend qui nous oppose à nos voisins algériens. D’autant que d’autres facteurs peuvent s’inviter à la fête, des conséquences de la guerre en Ukraine sur les équilibres internationaux aux résultats plus proches de nous, des élections présidentielles françaises ce dimanche.
En tout état de cause, le Maroc suit une voie noble et digne pour défendre ses valeurs et son intégrité territoriale avec comme témoins les membres de la communauté internationale. Parce que le fond importe mais la forme tout autant.
Zouhair Yata