Montage photo du 23 juillet 2018 montrant le président américain Donald Trump et le président iranien Hassan Rohani © AFP/Archives Nicholas Kamm, HO
Alors que l’administration Trump se heurte de plus en plus à l’Iran, le monde arabe exprime sa crainte d’une guerre potentiellement catastrophique entre ces deux pays.
Des tensions se font déjà sentir dans certaines parties de la péninsule arabique. On a assisté il y a quelques jours à d’énormes explosions qui ont secoué la capitale yéménite, Sanaa, alors que les avions de combat de la coalition dirigée par les Saoudiens menaient une série de frappes sur des cibles des rebelles Houthis qui contrôlent la majeure partie du nord du Yémen. L’Arabie saoudite dirige une alliance de forces yéménites et arabes soutenue par l’Occident qui combat le mouvement Houthi aligné sur l’Iran au Yémen voisin depuis mars 2015, depuis que les forces Houthis ont poussé le président yéménite Abd-Rabbu Mansour Hadi à l’exil. Ils se battent pour rétablir le gouvernement internationalement reconnu de Hadi.
Les frappes aériennes ont eu lieu deux jours après que les Houthis, soutenus par le régime iranien, aient revendiqué l’attaque contre un oléoduc en Arabie saoudite, principal rival de l’Iran dans la région et, avec les Émirats arabes unis et Israël, le principal partisan de l’administration Trump contre l’Iran. Le ministère yéménite de la Santé a déclaré que six personnes avaient été tuées lors des frappes aériennes, dont quatre enfants. Les responsables Houthis ont distribué des images d’enfants en sang couverts de poussière allongés sur des lits d’hôpitaux.
Dans son éditorial, Arab News, le principal journal saoudien de langue anglaise, a déclaré que les prochaines frappes devraient viser Téhéran. Nous pensons qu’ils doivent être durement frappés a déclaré le journal, qui reflète souvent la position officielle de l’Arabie Saoudite.
Alors que la guerre doit toujours être l’ultime recours, une réponse internationale est indispensable pour limiter l’ingérence de l’Iran. L’approche de Donald Trump en Iran, élaborée principalement, semble-t-il, par son conseiller en matière de sécurité nationale, John R. Bolton, est basé sur une politique de pression maximale. John Bolton est l’un des les plus grands partisans du changement de régime en Iran. Il considère les manifestations qui ont éclaté en Iran ces derniers mois sur l’état économique du pays, traduisent la faiblesse du régime. Il a dit à Trump que l’augmentation de la pression américaine pourrait mener à l’effondrement du régime, et c’est ce qu’il a obtenu.
Les mollahs voulaient attendre la fin du mandat de Trump. Mais lorsque le président a réimposé des sanctions pétrolières suffocantes, ils ont compris qu’ils ne pourraient plus attendre. C’est pourquoi nous assistons à cette frénésie d’activités dans le Golfe.
Les déclarations sans compromis de la Maison-Blanche et la profusion soudaine d’incidents tels que la dernière attaque mystérieuse sur les pétroliers saoudiens ont alimenté les craintes selon lesquelles Donald Trump et ses collaborateurs tentent d’entamer la guerre.
De nombreux Arabes estiment qu’il est nécessaire de lutter contre l’expansionnisme iranien. Grâce à des alliances avec des groupes armés locaux ou à de la contrebande d’armes et d’argent, le régime des mollahs a progressivement étendu son empreinte dans la région au cours des 15 dernières années. Son influence s’établit en Irak, Syrie, Liban, Gaza et au Yémen.
Une chose est sûre, l’Iran a créé le climat favorable à ce bellicisme, mais il est certain que l’approche de Trump ne peut à elle seule empêcher l’agressivité du régime iranien, mais elle peut servir de catalyseur à la mobilisation de l’armée des affamés et des chômeurs en Iran. Aujourd’hui, plus de 50 millions d’Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté.
Le ministre iranien du Renseignement a récemment fait part de l’arrestation d’une centaine d’unités de résistance (le nombre réel est certainement plus élevé) et du développement de ces unités dans tout le pays. Il semble que Trump compte sur le même mécontentement de la population iranienne en envoyant sa flotte dans la région de Golfe. Surtout qu’il ne veut pas la guerre.
HE