Les Marocaines et les Marocains ont le blues, le cafard, le spleen, le moral à zéro.
Ce constat n’est pas seulement celui de tout un chacun, du simple citoyen lambda dont le quotidien est un enfer, mais du très sérieux et très officiel Haut-Commissariat au Plan, HCP, à la faveur d’une enquête récemment menée auprès des ménages.
En effet, pour une grande partie des personnes interrogées, rien ne trouve grâce à leurs yeux, en termes de coût de la vie, revenus, capacités d’épargne, santé et éducation, mais, de surcroît, leur pessimisme devient encore plus profond lorsqu’ils appréhendent l’avenir.
L’ensemble de la presse nationale a fait ses choux gras de cette étude alors que dans le même temps, quasiment, une enquête de conjoncture de la Direction des Études et Prévisions Financières, DEPF, établissait que la situation globale n’était pas pire que celle des mois précédents, annonçant même au passage, que la situation économique pourrait s’améliorer quelque peu en 2020.
Une autre étude, plus ancienne certes, établit pour sa part que les disparités sociales n’ont pas réellement augmenté au cours de la dernière décennie, mais c’est la perception des citoyens qui a changé, notamment grâce aux réseaux sociaux, à Internet.
Aujourd’hui, où qu’il soit et quel que soit son statut social, le citoyen est informé, conscient, apte à établir des comparaisons, ce qui revient à dire que le plus important n’est pas la réelle nature des choses, mais l’idée que l’on s’en fait !
Voilà pourquoi HCP et DEPF, pour divergents qu’ils sont dans leurs analyses et constats, se rejoignent, tandis que le Wali de Bank Al-Maghrib, M. Abdelatif Jouahri, réclame à cor et à cri la refonte du système national de statistiques.
S’il s’agit donc d’une question de perception, on comprendra que l’amélioration du quotidien des Marocains n’est pas la seule des priorités !
En effet, c’est également vers la communication officielle qu’il faut se tourner, elle qui souffre depuis longtemps d’une indigence très forte, tant elle est obsolète dans ses méthodes, convenue dans ses démarches, contre-productive dans ses effets.
Les citoyens n’ont aucune raison d’espérer en une amélioration de leur quotidien essentiellement parce que rien n’est entrepris afin qu’ils changent d’avis.
Le gouvernement qui, en principe, est responsable de la conduite des affaires publiques, sert chaque jeudi, une prestation insipide au sortir de ses réunions hebdomadaires, dans une langue de bois aussi épaisse que le cèdre de l’Atlas.
Les chaînes de télévision et autres radios publiques ronronnent sagement sans s’intéresser à fournir une information crédible, dynamique, variée et, surtout, à même de captiver les citoyens.
Et même lorsqu’il s’agit d’une démarche originale et caractérisée par des enjeux énormes, comme les travaux de la Commission Benmoussa, l’information servie est aussi banale et plate que l’électrocardiogramme d’un patient décédé…
Le faire savoir demande ainsi un savoir faire dont sont visiblement dépourvus les appareils de communication de l’État et cette incompétence a pour effet de porter au-devant de la scène les réseaux sociaux qui alimentent en rumeurs et fake news le quotidien de l’opinion publique.
Alors, certes la situation n’est guère flamboyante et sous beaucoup d’aspects, elle paraît même inquiétante.
Mais, plus que tout autre chose, ce sont le manque d’espoir, l’absence de perspectives claires, les conséquences des promesses non tenues, l’absence de vision prospective claire et l’inexistence d’un enthousiasme communicatif qui engendrent toutes ces perceptions négatives, pessimistes, défaitistes.
L’horizon est bouché, porteur pourtant de menaces réelles pour la stabilité sociale, mais ni le gouvernement, ni les corps constitués, ni les partis n’en ont cure!
Le moral à zéro et les poches vides, tel est le quotidien des Marocains…
Fahd YATA