Le ministre de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MENFPESRS), M. Saaïd Amzazi, a souligné, jeudi à Marrakech, que la déperdition scolaire et le mariage des mineurs s’inscrit dans le cadre d’une relation à double sens.
Dans une allocution à l’occasion de l’inauguration officielle de la mise en œuvre de l’accord de partenariat signé le 1er mars 2021 entre le MENFPESRS et la présidence du Ministère public, en application des engagements de la Déclaration de Marrakech pour mettre fin à la violence contre les femmes, signée le 8 Mars 2020 lors d’une cérémonie présidée par SAR la Princesse Lalla Meryem, M. Amzazi a relevé que le mariage des mineurs figure en bonne place parmi les causes de la déperdition scolaire, alors que le départ prématuré de l’école et l’analphabétisme provoquent le mariage précoce, mettant en exergue l’importance de l’accord de partenariat, qui contribuera à répondre à ces deux problèmes éducatif et social.
Pour lutter contre la déperdition scolaire, le ministère a consenti des efforts considérables pour encourager les élèves à ne pas quitter les bancs de l’école, notamment à travers l’amélioration de l’offre éducative, la discrimination positive en milieu rural, le soutien pédagogique, l’élargissement de la base des bénéficiaires des programmes du soutien social, l’amélioration de l’attractivité de l’école et la réduction de la surpopulation des salles de classe, qui ont conduit à une réduction constante du taux de déperdition scolaire, a expliqué le ministre.
Cependant, les résultats ne sont toujours pas satisfaisants, puisque 10% des enfants entre 11 et 15 ans quittent les bancs de l’école chaque année, en particulier au collège, a-t-il déploré, faisant savoir que cela provoque une augmentation constante du nombre des enfants non-scolarisés et le gaspillage du capital humain dont le pays a désespérément besoin pour relever le défi du développement, ce qui nécessite des efforts concertés et une mobilisation collective pour éliminer ce phénomène.
Concernant la région de Marrakech-Safi, le ministre a rappelé que près de 26.000 élèves, y compris 12.357 filles, quittent les bancs de l’école dans les niveaux primaire et collégial, dont 72% en milieu rural.
Selon M. Amzazi, la région de Marrakech-Safi a été choisie sur la base de ces indicateurs, ainsi que des indicateurs liés au mariage des mineurs et à l’emploi précoce des filles, pour lancer la mise en œuvre de l’accord-cadre, ajoutant que le ministère œuvrera en concert avec tous les partenaires et les intervenants pour concrétiser cet accord à travers la mise en œuvre d’un projet modèle dans la région de Marrakech-Safi, qui couvrira les provinces de Marrakech, Al-Haouz, Chichaoua, Rehamna et Essaouira, puis les résultats seront partagés avec le reste des académies régionales en vue de sa généralisation dans toutes les régions du Royaume.
Dans ce sens, il a relevé que ce projet modèle vise à assurer l’accompagnement des filles pendant leur scolarité jusqu’à la fin de l’instruction obligatoire afin de lutter contre le mariage des mineurs, soulignant que l’intervention se déroulera selon quatre axes liés aux mesures préventives, aux mesures correctives, à la sensibilisation et au renforcement des capacités, au suivi et à l’évaluation.
Le ministre a saisi cette occasion pour saluer les efforts consentis par le Ministère public pour assurer la mise en œuvre des engagements de l’accord de partenariat, qui contribuera inévitablement à garantir le droit fondamental à l’éducation et à lutter contre le mariage des mineurs.
De son côté, le procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du Ministère Public, M. Mohamed Abdennabaoui a indiqué que le lancement d’une nouvelle initiative dans le cadre de la mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Marrakech pour mettre fin à la violence contre les femmes, signée le 8 mars 2020 lors d’une cérémonie présidée par SAR la Princesse Lalla Meryem, s’inscrit dans le cadre des efforts consentis par le Royaume pour relever le défi du développement durable, dont le socle est l’élément humain.
Il a souligné que la voie pour y parvenir consiste à garantir le droit à une éducation moderne, appropriée et accessible à tous, et à offrir une protection juridique, sociale et morale à tous les enfants, indépendamment de leur statut familial ou social, notant que la déperdition scolaire est le principal facteur de dissuasion qui empêche le système éducatif d’atteindre ses objectifs et provoque le gaspillage des ressources financières de l’État, le chômage, la délinquance, l’exclusion sociale, l’exploitation des enfants sur le marché du travail et une augmentation du mariage des mineurs.
M. Abdennabaoui a affirmé que le Ministère public s’est penché sur le problème du mariage des mineurs en raison de son préjudice direct à l’enfant et à son droit fondamental à l’éducation, à la santé et à un développement sain au sein de la famille, expliquant que la présidence du Ministère public s’est toujours portée partie prenante dans les affaires familiales en général et les affaires de mariage des mineurs en particulier.
Et de poursuivre que l’initiative lancée aujourd’hui en partenariat avec le ministère de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique répond à ces préoccupations et constitue une mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Marrakech 2020, afin de parvenir à la convergence effective des efforts sectoriels en matière de prévention du mariage des mineurs.
L’idée centrale de cette initiative est basée, a-t-il ajouté, sur le souci d’assurer que les enfants en général, et les filles en particulier, continuent leurs études jusqu’à la fin de l’instruction obligatoire au moins, en tant que prévention contre le mariage précoce.
M. Abdennabaoui a conclu que cette rencontre constitue un moment historique et charnière qui requiert la fédération des efforts de tous les partenaires pour relever les défis et assurer la réussite de cette noble initiative, expliquant que le choix de la région Marrakech-Safi comme région modèle à l’horizon de la généralisation de l’expérience à l’ensemble du territoire national intervient en raison du taux élevé de la déperdition scolaire et du mariage des mineurs.
Lors de cette rencontre, à laquelle ont assisté notamment le Wali de la région Marrakech-Safi, gouverneur de la préfecture de Marrakech, M. Karim Kassi-Lahlou, le président du Conseil de la région de Marrakech-Safi, M. Ahmed Akhchichine, les procureurs du Roi dans la région, et les membres du parquet général, l’accord a été remis par la Coordonnatrice générale de la Déclaration de Marrakech, Mme Amina Oufroukhi, au Directeur de l’Académie Régionale d’Education et de Formation (AREF) de Marrakech-Safi, M. Moulay Ahmed El Karimi.
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