Maroc Telecom et Inwi, ou comment construire le futur numérique du Royaume

Maroc Telecom et Inwi, qui jusqu’à présent étaient non seulement concurrents mais aussi en guerre judiciaire et en contentieux profond, ont décidé de s’allier de manière aussi inattendue que finalement logique dans la mesure où ce sont des acteurs liés par leur engagement au service du développement du pays.

Or, alors que le Maroc organise la CAN 2025 mais surtout la Coupe du monde de football en 2030, le déploiement de la 5G et de la fibre optique à grande échelle deviennent des lames de fond à atteindre. Avec un nouveau management à la tête de Maroc Telecom, tout est désormais possible et une page est résolument tournée avec cet accord historique.

Deux joint-ventures voient ainsi le jour : FiberCo et TowerCo. Leur mission : mutualiser les infrastructures passives des télécoms pour accélérer la couverture numérique du pays tout en évitant les redondances d’investissements. Une stratégie gagnant-gagnant, non seulement pour les opérateurs, mais surtout pour les citoyens.

Une révolution silencieuse pour le consommateur

Même si les noms FiberCo et TowerCo ne parleront jamais directement aux clients, les effets de cette alliance seront bien concrets. En cinq ans, trois millions de prises fibre optique FTTH seront installées, avec un premier objectif d’un million dès les deux premières années. Résultat : un accès rapide à Internet très haut débit dans des zones aujourd’hui encore à la traîne, qu’elles soient urbaines ou rurales.

Côté mobile, 6 000 nouvelles tours télécoms verront le jour en dix ans – dont 2 000 dès les trois premières années –, augmentant de près de 50 % le parc national. Ce maillage permettra d’améliorer sensiblement la qualité du réseau 4G et surtout de préparer le terrain pour une 5G accessible et performante.

Une concurrence plus saine, des tarifs plus justes

L’un des grands atouts du projet réside dans son architecture ouverte et équitable. FiberCo et TowerCo ne vendront pas de services aux particuliers : elles loueront leurs infrastructures à l’ensemble des opérateurs autorisés, dans des conditions transparentes, non discriminatoires et strictement encadrées par l’ANRT. Cela signifie que chaque opérateur pourra proposer ses offres aux clients en s’appuyant sur les mêmes bases techniques que ses concurrents, stimulant l’innovation, la qualité de service et des offres tarifaires mieux adaptées aux différents segments de clientèle.

Une priorité : les zones non couvertes

Contrairement aux logiques purement commerciales, les deux coentreprises prioriseront les zones actuellement non couvertes. Là où l’investissement privé hésite, la mutualisation permet d’intervenir. C’est un levier décisif pour réduire la fracture numérique, qu’elle soit géographique ou sociale.

Le Maroc en phase avec les standards internationaux

Ce modèle de coopération n’est pas une première mondiale. Il s’inspire des meilleures pratiques observées en Europe, où des partenariats comme Orange-Proximus en Belgique ou Vodafone-Altice en Allemagne ont déjà prouvé leur efficacité. En s’alignant sur ces benchmarks, le Maroc envoie un signal fort de maturité dans son virage numérique et se dote de capacités réelles face à ses ambitions.