
Le FMI, le ministère de l’Economie, des Finances et de la réforme de l’administration et BAM organisent une conférence de presse
Jeudi 20 février, une conférence de presse a été organisée conjointement par le FMI, le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, et Bank Al-Maghrib, afin de faire le point sur la visite au Maroc de Mme Kristina Georgiva, Directrice Générale du Fonds.
Et la première conclusion à tirer est que le Maroc et le FMI semblent hautement satisfaits par leurs relations bilatérales, comme ont tenu à le répéter avec force les trois intervenants. En effet, M. Benchaaboun, ministre de l’Economie, a longuement souligné « la qualité des relations entre le Maroc et le FMI », ajoutant que « les réformes qui sont conduites par le Maroc sur les plans structurel et sectoriel, ont connu des réalisations importantes durant les dernières années et nous ont permis de passer le cap d’un certain nombre de crises », ce qui « a été noté par le FMI et confirmé lors de nos entretiens bilatéraux ».
Même son de cloche pour M. Jouahri, qui a rappelé que le Maroc est le « seul pays inscrit au titre de la LPL ». Durant ses entretiens avec la DG du FMI, « nous nous sommes promis que ce partenariat ne fera que se consolider », a-t-il ajouté, notant que Mme Georgiva est la 1ère directrice du FMI issue d’un pays émergent, ce qui donne l’espoir d’une plus grande attention accordée aux pays similaires, dont le Maroc. Il a décrit le Fonds comme « un médecin » mais aussi « un banquier », qui diagnostique les maux d’un pays d’un côté, mais apporte également ses conseils et son soutien financiers.
Un « exemple » pour l’Afrique
La directrice du FMI, qui a déclaré avoir « grandement apprécié son séjour et ses échanges » avec les responsables marocains, n’a pas été avare en compliments vis-à-vis du Maroc : « Le Maroc montre le chemin dans la région et le continent africain. Il mène des réformes difficiles mais bénéfiques, qui se concentrent sur ce qui compte : les jeunes et les femmes ». « Le Maroc a une portée unique, vers l’Europe, le monde arabe, et le reste de l’Afrique. Nous sommes satisfaits de voir qu’il est engagé de manière très constructive dans le développement du continent », a-t-elle ajouté.
Mettant en avant la nécessité pour la finance d’être « inclusive et durable », elle a déclaré que le FMI « veut soutenir le Maroc pour qu’ils puissent réaliser ses attentes ». Interrogée sur le Nouveau Modèle de Développement, elle a indiqué que le FMI « accorde une grande valeur à la détermination du pays de regarder vers l’avenir de manière très inclusive », et qu’il est « prêt à fournir toute analyse qui pourrait être utile ». « Dans un environnement en mutation, il est important de construire des politiques agiles et flexibles, et d’investir dans le capital humain », a-t-elle précisé. Elle a également expliqué que le Fonds « est prêt à apprendre des travaux de la commission », « pour transférer ces leçons à d’autres pays ».
Le point sur certains dossiers
La presse marocaine n’a pas manqué l’occasion d’interroger les trois intervenants sur des dossiers qui interpellent les milieux financiers marocains. Concernant la flexibilisation du dirham, la DG du FMI a déclaré « soutenir la position de BAM », et que le sujet sera plus amplement abordé lors de la mission du Fonds en mars.
La Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL) prendra fin cette année. Elle aura permis de donner confiance aux investisseurs privés, et a donc eu un effet bénéfique selon les autorités. Sera-t-elle reconduite ? Prendra-t-elle une nouvelle forme ? Mme Georgiva a indiqué que ce sujet sera discuté au cours de l’année, et que le gouvernement marocain décidera « de ce qui est nécessaire ». « Le Maroc est proche de la sortie de la LPL », a déclaré M. Jouahri de son côté. « Modulable ou pas, nous en discuterons », a-t-il ajouté, notant son souhait de voir le Maroc donner confiance aux investisseurs sans avoir besoin de l’appui du FMI.
L’organisation des Assemblées Annuelles du FMI et de la Banque Mondiale à Marrakech, un événement majeur pour le Maroc, a été également discutée. Se déclarant très satisfaite de l’avancée du projet, la DG du FMI a déclaré vouloir « s’assurer que le Maroc va bénéficier de tous les avantages qu’apporte l’organisation de cette événement », ajoutant que Bab Ighli sera la « capitale financière mondiale » pendant une semaine.
Les espoirs dans la reprise maintenus
Confirment les prévisions de croissance à 3,7% pour le Maroc cette année, malgré la faiblesse des précipitations, Mme Georgiva a tout de même admis que « la conjoncture mondiale démarre cette année avec beaucoup d’incertitudes, et sur certains éléments, nous n’avons pas encore suffisamment de précisions pour savoir les évolutions dans les mois à venir ». L’impact du coronavirus a été pris en compte par le FMI, qui espère qu’il provoquera simplement une courbe en V, c’est-à-dire une baisse brusque suivie d’une reprise très rapide.
Et concernant l’agriculture au Maroc, M. Benchaaboun a déclaré qu’il « ne faut pas exagérer son poids dans la croissance. De plus, elle a fait preuve de beaucoup de résilience, notamment au niveau de sa valeur ajoutée ». M. le ministre a enfin abordé la question de la soutenabilité de la dette, à 65% du PIB, dans tous les esprits avec une nouvelle crise qui se dessine en Argentine : « Nous avons terminé l’année 2019 en léger recul par rapport à 2018, et sur la base des études qui ont été faites, y compris avec le FMI, les stress tests montrent que la dette marocaine est soutenable, et peut atteindre 70% sans problème », a-t-il rassuré.
Selim Benabdelkhalek