Maroc : Du pain sur la planche
Une grille de mots croisés générée à partir de cet articles.
Le mois sacré de Ramadan approche de sa fin et il aura fait certainement beaucoup de bien au moral des Marocains, d’autant plus avec les pluies abondantes qu’a connu le pays.
Mais, une hirondelle ne fait pas le printemps et la torpeur ramadanesque ne réussit pas à cacher complètement le reste de la forêt, les chantiers en cours sont titanesques et déterminants pour l’avenir du pays et des Marocains. En témoigne les manches retroussées de l’exécutif qui a fixé, à travers une circulaire adressée à ses membres, des priorités cardinales pour la période à venir de 2026 à 2028 ou encore le roadshow organisé pour lever des fonds à l’international.
La première observation qui s’impose est que le gouvernement actuel projette son action au-delà des prochaines échéances électorales des législatives de 2026. Les Cassandre diront que c’est un signe de la projection des résultats de ces élections mais, en réalité, cela indique surtout avec certitude que quelle que soit la nouvelle majorité qui sera aux commandes, sa feuille de route est d’ores et déjà actée. En effet, la circulaire du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch met en avant deux axes majeurs pour les choix financiers du pays qui ne sortent pas d’un chapeau. D’abord, la consolidation de l’État social, en s’appuyant notamment sur les enseignements éloquents du dernier recensement général et ensuite les impératifs liés à l’organisation de la Coupe du monde en 2030. Et, si ces deux axes sont effectivement incontournables pour l’avenir du pays, le fait est qu’ils sont également intimement liés.
Un des bénéfices majeurs de l’organisation d’une Coupe du monde pour le Maroc est l’exposition internationale que cela va lui procurer, pendant la compétition certes, mais aussi avant. L’attraction des investissements étrangers, mais aussi la mobilisation de l’investissement national, sont au cœur de la stratégie de développement du Royaume qui s’est doté d’une nouvelle charte d’investissement avec pour objectif de porter la part du privé à deux tiers du volume total, en s’appuyant sur le tiers financé par l’État et sa garantie.
En un mot comme en mille, le Maroc a besoin d’argent pour financer ses réformes tout en se préparant aux échéances ponctuelles à venir. Capitaliser sur la dynamique que le statut d’hôte nous confère est une des clés de la réussite et de l’accomplissement des chantiers sociaux par ailleurs. Ce sont deux revers de la même médaille et ce momentum ne se reproduira pas deux fois à court ou moyen terme.
Le Maroc doit saisir cette opportunité pour accélérer la cadence et renforcer l’efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté multidimensionnelle, l’accès au logement pour les plus démunis, l’amélioration des conditions de vie en général de notre population. Ce n’est pas que nous ne voulons pas nous exposer en 2030 au regard du monde avec notre réalité, c’est que celle-ci mérite d’être améliorée d’urgence et cette échéance nous offre des moyens autrement difficiles à mobiliser.
Il y a du pain sur la planche pour convertir l’essai et aucun effort ne doit être épargné parce qu’au-delà de la pauvreté, des inégalités sociales et économiques, les chantiers sociaux urgents doivent aller de pair avec des réformes de fond que sont l’éducation et la santé, mais aussi la formation et l’emploi. C’est un véritable cercle vertueux que le Maroc peut enclencher et il appartient à tout un chacun d’y contribuer. Reste à espérer que les manœuvres politiciennes, les velléités partisanes et les ambitions personnelles ne viennent pas se mettre en travers de la route.
Zouhair Yata