L'ex-Premier ministre malaisien, Najib Razak (c) se rend au bureau de la Commission anti-corruption, le 22 mai 2018 à Putrajaya © AFP/Archives Manan VATSYAYANA
L’ex-Premier ministre malaisien, Najib Razak, a été interpellé mardi dans le cadre de l’enquête sur de vastes détournements au détriment du fonds souverain 1MDB, a indiqué une source policière, nouveau rebondissement dans ce scandale financier qui secoue le pays depuis des années.
M. Najib a été appréhendé à son domicile et sera inculpé mercredi, a indiqué l’agence malaisienne anticorruption dans un communiqué.
Cette affaire de détournements de centaines de millions d’euros a largement contribué à la défaite cinglante aux législatives en mai de l’ancienne coalition qui était au pouvoir depuis 61 ans et était dirigée par M. Najib.
Peu après que M. Najib a quitté le pouvoir, la police avait révélé avoir saisi des centaines de cartons contenant des sacs à mains de luxe remplis d’argent et de bijoux, lors de perquisitions dans le cadre de l’enquête pour détournements de fonds visant celui qui fut Premier ministre de 2009 à mai 2018.
Les marchandises confisquées avaient été découvertes dans des copropriétés d’un immeuble haut de gamme du centre de la capitale Kuala Lumpur. Ces biens, estimés jusqu’à 234 millions d’euros, comprennent 116 millions de ringgits (24 millions d’euros) en liquide dans 26 devises, quelque 12.000 bijoux, des centaines de sacs à main de grandes marques ainsi que de nombreuses montres, avait précisé la police la semaine dernière.
Parmi les biens confisqués figurait une immense collection de bijoux comprenait 1.400 colliers et 2.200 bagues. Le bijou le plus cher était un collier dont la valeur est estimée à 6,4 millions de ringgits (1,3 million d’euros). Les saisies comprenaient aussi 423 montres évaluées à 78 millions de ringgits (17 millions d’euros) et 234 paires de lunettes.
L’ex-Premier ministre, soupçonné d’avoir détourné environ 640 millions d’euros, a toujours nié toute malversation. L’épouse de ce dernier, Rosmah Mansor, était très impopulaire en raison de ses dépenses extravagantes, notamment des sacs à main de grande marque et des vêtements de luxe.
Le nouveau gouvernement issu des législatives du 10 mai, dirigé par le Premier ministre Mahathir Mohamad, 92 ans, avait annoncé qu’il souhaitait récupérer les fonds détournés de la société publique 1Malaysia Development Berhad (1MDB), créée par M. Najib peu après son arrivée au pouvoir et endettée aujourd’hui à hauteur de 10 milliards d’euros.
Du temps où il était au pouvoir, M. Najib s’était attaqué à tout ce qui touchait à 1MDB, faisant clôturer des enquêtes sur le scandale, écartant des voix critiques du gouvernement à l’égard de l’affaire, muselant les médias et procédant à des interpellations de personnes évoquant le scandale.
L’affaire 1MDB fait l’objet d’enquêtes dans plusieurs pays, notamment à Singapour, en Suisse et aux Etats-Unis.
Peu après la prise de fonction de nouveau Premier ministre, M. Najib s’est vu interdire de quitter la Malaisie, alors qu’il s’apprêtait à se rendre à l’étranger. Une foule en colère s’était rendue vers un aéroport près de Kuala Lumpur, d’où il devait décoller avec son épouse, afin de les empêcher de partir.
LNT avec Afp