Un photomontage fait le 10 mars 2018 de portrait de ma chancelière Angela Merkel et du président français Emmanuel Macron © AFP/Archives Tobias SCHWARZ, Jean-François MONIER
Pour son premier déplacement à l’étranger, Emmanuel Macron a choisi tout comme François Hollande en son temps de se rendre lundi à Berlin où, en dépit de divergences, il entend réaffirmer le rôle moteur du couple franco-allemand dans une Europe en crise.
Le nouveau président qui quittera Paris après avoir nommé son Premier ministre est attendu à 17H30 à la chancellerie pour un entretien avec Angela Merkel puis tous deux tiendront une conférence de presse avant de partager un dîner.
« Il va défendre les intérêts de la France, je vais défendre les intérêts de l’Allemagne mais je suis sûre qu’il y aura un nombre si grand de points communs » qu’une coopération sera possible, a déclaré la chancelière à quelques heures de cette rencontre.
Assurant qu’elle le recevrait dans un « esprit d’ouverture et de grande sympathie » et sans apparaître en « Madame je-sais-tout », Angela Merkel a souligné avoir « entière confiance » dans sa capacité à améliorer la situation en France.
L’Europe « refondée et relancée » prônée par Emmanuel Macron dans son discours d’investiture dimanche risque cependant de se heurter à bien des résistances parmi les 27, à commencer par l’Allemagne.
Lui souhaite un « traité refondateur » en Europe pour parvenir à une plus grande intégration de la zone euro, avec un ministre des Finances, un budget autonome doté d’une « capacité d’emprunt » et un Parlement dédié.
Mais le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, s’il se dit « tout à fait d’accord » pour « renforcer l’union monétaire », juge en revanche qu’une réforme des traités européens ne serait « pas réaliste ».
« Des propositions, comme un budget de la zone euro, requièrent une modification des traités » qui « suppose l’unanimité des 27 États membres » et des référendums dans un certain nombres d’Etats « dont la France sans doute », fait-il remarquer dans une interview au Figaro lundi.
Wolfgang Schäuble se montre très sceptique aussi sur l’idée d’un ministre des Finances de la zone euro qui, explique-t-il, devrait « être en mesure de faire appliquer les règles budgétaires » décidées en Europe sauf à être affublé d’un « titre sans signification ».
– ‘Sans toucher aux traités’ –
Quant à l’idée d’une relance des investissements soutenue par l’Allemagne et ses excédents faramineux, elle le laisse de marbre. « Il faut être clair : on ne résoudra pas les problèmes de la zone euro en affaiblissant l’Allemagne », tranche-t-il.
Pour Wolfgang Schäuble, la solution serait plutôt de « renforcer la zone euro sans toucher aux traités » et « lancer des projets bilatéraux supplémentaires » avec la France, comme un fonds qui serait « consacré à la défense pour financer des moyens militaires communs ».
Quoiqu’il en soit, Emmanuel Macron mettra à Berlin ses pas dans ceux de François Hollande qui s’y était rendu le jour même de son investiture, le 15 mai 2012 et y est revenu il y a une semaine pour un dîner d’adieu avec Angela Merkel.
Cette dernière « veut la réussite » d’Emmanuel Macron et entend concourir « à la stabilité politique » en France, avait confié le président sortant à l’AFP dans le Falcon qui le ramenait à Paris à l’issue de cet ultime déplacement à l’étranger de son quinquennat.
Et même si elle attend de lui de nouvelles réformes, elle ne fera « rien pour (lui) compliquer la vie », avait-il assuré.
Pour le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Sigmar Gabriel, la chancelière et son ministre des Finances doivent cependant faire davantage pour soutenir Emmanuel Macron.
« Sa victoire porte en elle un devoir pour nous, en Allemagne, car il faut que Macron réussisse. S’il échoue, Madame Le Pen sera présidente dans cinq ans et l’Europe disparaîtra », a-t-il averti.
Angela Merkel avait déjà reçu le leader d’En Marche ! à la chancellerie, en mars, au cours de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron soulignant alors leurs nombreuses « convergences » de vue.
Elle a été aussi le premier dirigeant étranger à le féliciter « chaleureusement » au soir de sa victoire contre Marine Le Pen, le 7 mai. Il porte les espoirs de « millions » de Français, d’Allemands et d’Européens, avait-elle souligné le lendemain.
LNT avec Afp