Dossier Finance participative : Les banques sur les starting-blocks
La Nouvelle Tribune : M. Brahim Benjelloun, pouvez-vous présenter à nos lecteurs, la filiale du Groupe BMCE spécialisée dans la banque participative. Sa raison sociale, votre partenaire, la nature du partenariat… Est-il aussi sous forme de participation au capital, quelles en sont les principales qualités ?
Brahim Benjelloun Touimi : La nouvelle banque, après l’agrément de Bank Al-Maghrib et à l’issue des conventions scellées entre les Présidents Othman Benjelloun et Ahmed Youssif Adnan, est créée sous forme d’une Joint Venture entre le groupe BMCE Bank of Africa et Al Baraka Banking Group.
Elle sera financée conjointement par ces deux actionnaires à hauteur de leurs participations respectives. Le capital est réparti à 51% pour BMCE Bank of Africa et 49% pour Al Baraka Banking Group. Le total des fonds qui seront injectés sera de 400 Millions de Dirhams.
Notre partenaire, Al Baraka Banking Group (ABG) a été fondé il y a trente ans. Il représente un groupe bancaire international commercialisant, à travers plusieurs centaines d’agences réparties dans une quinzaine de pays, des produits bancaires et financiers conformes à l’éthique et à la tradition Islamiques, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique.
L’offre commerciale du Groupe Al Baraka couvre la banque de détail et la banque d’investissement. L’ensemble des produits comprend le financement et l’investissement, la gestion de trésorerie, ainsi que des services financiers à travers des banques qualifiées ici au Maroc conformément à la Loi, de « banques participatives ».
On peut entrevoir alors que notre Banque Participative commune présente de belles perspectives de croissance et de développement et qu’elle bénéficiera significativement de la conjugaison des expériences et des moyens de deux groupes majeurs dans leur paysage respectif, l’un, Al Baraka Group, disposant d’une expertise avérée dans l’univers de la finance Islamique, l’autre, BMCE Bank of Africa, étant un groupe bancaire multi-métiers et multi-africain qui dispose d’une connaissance maîtrisée, en l’occurrence au Maroc, de l’environnement sociétal, économique et financier.
Cette nouvelle banque dupliquera-t-elle tous les métiers de la banque universelle? En quoi consistent les financements participatifs ? Seront-ils destinés aux entreprises et aux personnes physiques ?
C’est une banque commerciale de détail de premier ordre au Maroc que les deux partenaires comptent développer. Elle se prépare à offrir, grâce à des ressources humaines de valeur et porteuses de valeurs, grâce à des solutions bancaires éprouvées et innovantes, conformes à la réglementation marocaine en matière de finance participative, portées par une technologie avancée, grâce à des processus fluidifiés, une prestation de service de qualité, dédiée respectivement, avec des approches adaptées à chacun, aux Particuliers, aux PME et aux Corporates.
Comment la nouvelle banque en question collectera-t-elle ses ressources ?
À l’exemple de toute Banque de cette catégorie, ses ressources procéderont, outre de son capital, des dépôts prévus d’être collectés essentiellement des Particuliers, des commissions recueillies sur les services financiers rendus et des marges réalisées grâce aux projets qu’elle financera et qui, comme de bien entendu, ne peuvent être des marges d’intérêt.
Quelle est sa stratégie commerciale ? Le fait que 5 banques soient lancées en même temps n’exige-t-il pas des actions commerciales ciblées ?
Sans doute les autorités réglementaires ont-elles, en accordant 5 licences, également cherché à parvenir à une taille minimale critique pour un tel segment de la Finance au Maroc, celle à même de créer une dynamique créatrice de valeurs positives pour la clientèle et pour les autres parties prenantes.
Bien entendu, les banques participatives elles-mêmes bénéficieront de l’émergence d’un écosystème spécifique à cette nouvelle » industrie « .
Concernant notre banque participative, la clientèle du Retail Banking, notamment les Particuliers, sera privilégiée, l’objectif, dans une première phase, étant de les servir à travers une vingtaine d’agences. Dans le même temps, la Banque offrira un large éventail de produits et services bancaires aux Entreprises, au départ les Corporates, aussi bien le financement du Fonds de roulement, le Project Finance que le Trade Finance. Une frange significative des PME pourrait, compte tenu du poids et de l’influence plus importante, des considérations liées à la personnalité de leurs propriétaires et dirigeants, être attirée à adopter également les solutions proposées par la finance participative. Les PME seront ainsi servies. Enfin, la Banque sera, bien entendu, un des acteurs clés du marché de la Trésorerie.
Comment le groupe BMCE Bank intègrera-t-il cette nouvelle entité au demeurant concurrente de l’activité de BMCE Bank?
Le fait même que le groupe BMCE Bank ait choisi, par la volonté de ses actionnaires et en premier lieu de son Président, d’ être partie prenante dans une Joint Venture est l’indication claire qu’il a intégré dans sa stratégie globale, le fait d’adresser, à travers une filiale spécifique et en partenariat, un pan de la finance au Maroc qu’est la Finance Participative.
Cette Finance est conforme à une éthique spécifique qu’est l’éthique islamique telle qu’elle est consignée dans la Loi marocaine et édictée dans la Réglementation de la Banque Centrale, le tout dans le cadre des institutions du Royaume .
De ce fait, elle va apporter une réponse effective et appropriée à une tranche significative de particuliers et d’entreprises. Elle contribuera alors et pour sa part, au même titre que la finance conventionnelle, à la poursuite de la bancarisation du pays, elle- même bénéfique à la croissance et au développement économique, au profit de franges toujours plus élargies de la population marocaine.
Aussi, s’agit-il de se réjouir que les cinq banques participatives soient – certes, elles le font en partenariat pour la plupart – promues par les grands groupes bancaires du Maroc, ce qui augure d’une harmonieuse intégration de la finance participative dans le paysage financier global du Royaume.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli