Par Afifa Dassouli
Le fonctionnement du FMI, l’institution internationale, repose prioritairement sur sa responsabilité à l’égard de ses États membres, condition essentielle de son efficacité.
Alors que son organisation repose sur un Conseil des Gouverneurs qui réunit 190 pays, avec un gouverneur et d’un gouverneur suppléant par État membre, généralement de hauts fonctionnaires des banques centrales.
Pour la gestion courante du FMI, le conseil des gouverneurs confère les pouvoirs au Conseil d’administration du fonds qui se compose de 24 administrateurs représentant la totalité des pays membres. Et, le Directeur général du FMI, assisté de quatre directeurs généraux adjoints, dirige les services du FMI et préside le Conseil d’administration.
Le Maroc, membre depuis le 25 avril 1958, est représenté au Conseil des Gouverneurs du FMI par M Abdellatif Jouahri, Wali de Bank AlMaghrib, et à son Conseil d’administration, par un groupe de 7 pays dont il fait partie aux côtés de l’Afghanistan, l’Algérie, le Ghana, la République Islamique d’Iran le Pakistan et la Tunisie…
Pour le FMI, la stabilité financière internationale, repose sur différents domaines de grande importance.
La surveillance d’abord, qui se concrétise par le suivi des évolutions économiques et financières, pour fournir des conseils à ses 190 pays membres. Dans le cadre de cette surveillance, qui s’exerce également aux niveaux mondial et régional, le FMI détecte les risques et recommande des changements de politique de nature à soutenir la croissance économique et à favoriser la stabilité financière. Le FMI mène ainsi chaque année des « consultations au titre de l’Article IV » auprès de ses pays membres, en se rendant sur place pour s’entretenir avec des responsables du gouvernement et de la banque centrale, principalement sur le taux de change, les politiques monétaire, budgétaire et financière, ainsi que sur les réformes structurelles.
L’assistance financière la seconde mission du fonds, se traduit à travers des prêts et autres types d’aide financière proposés aux pays membres. Contrairement aux banques de développement, le FMI n’accorde pas de prêts pour des projets spécifiques. Il vient en aide aux pays membres qui éprouvent des difficultés réelles ou potentielles de balance des paiements, l’objectif étant de leur permettre de reconstituer leurs réserves internationales ; de stabiliser la valeur de leur monnaie ; de continuer à régler leurs importations ; et de restaurer les conditions d’une croissance forte et durable tout en prenant des mesures pour remédier aux problèmes de fond.
Enfin, l’assistance technique par laquelle le FMI accompagne le développement des capacités de ses pays membres par des formations pour aider les administrations publiques à mettre en œuvre des politiques économiques avisées. Celles-ci sont destinées aux fonctionnaires pour les aider à renforcer leurs institutions et leurs statistiques économiques, ainsi qu’à accroître leurs capacités dans des domaines tels que la fiscalité et l’administration, la gestion des dépenses, les politiques monétaires et de change, la supervision et la réglementation du système financier.
Toutefois, après la crise financière internationale de 2008, le FMI a pris un nouveau tournant en faveur de la défense sociale.
Pour ce faire, il a adopté une approche moins standardisée et mieux adaptée à la situation particulière de chaque pays et élargi sa panoplie de prêts en créant notamment de nouveaux instruments dits de précaution.
Ce changement d’importance s’est concrétisé par une aide aux gouvernements pour préserver les populations les plus vulnérables.
Pour ce faire, il a procédé à une refonte de ses moyens d’intervention auprès des pays à faible revenu et renforcé les ressources qui leur sont consacrées. Tout en assouplissant la conditionnalité liée aux programmes en supprimant des critères de réalisation d’ordre structurels et les axant sur les domaines essentiels de relance économique des pays.
De fait, le FMI a élargi sa panoplie d’instruments de prêts par la création d’instruments de « précaution » pour la prévention des crises. Il s’agit de la Ligne de crédit modulable (LCM) en 2009 ; la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) en 2011.
Ces deux instruments servent à fournir aux pays éligibles une assurance contre des chocs d’origine extérieur qui pourraient impacter leur balance des paiements. Pour accéder à ces nouvelles lignes de crédits à des montants importants en fonction de ses besoins, tout pays doit avoir des antécédents économiques et un cadre institutionnel solides, et mettre en place des politiques économiques saines qu’il s’engage à poursuivre. Aves la précision que la LCM est conditionnée par un processus de qualification plus exigeant que la LPL mais permet l’accès à des montants plus élevés et sans aucune conditionnalité.
D’ailleurs, pour assumer ces nouveaux instruments de financement, le FMI a dû mettre en place une augmentation de ses ressources, dans le cadre de la 14 ème révision générale des quotes-parts, qui a engendré en 2016, un doublement du montant total des QP du FMI à 477 milliards de DTS, droits de tirage spéciaux) pour accroître sa solidité financière tout en redéployant des QP vers les pays émergents et en développement. Depuis, quatre pays émergents (Brésil, Chine, Inde et Russie) figurent parmi les dix premiers pays membres du FMI….