8ème édition des assises de l’ANCP
L’Association Nationale des Cliniques Privées (ANCP) vient d’organiser à Casablanca ses 8èmes assises nationales sous le thème : l’Hospitalisation privée pour une meilleure gouvernance.
Lors de cette journée, les participants ont débattu d’une série de thématiques en rapport avec l’état des lieux du secteur, ainsi que ses perspectives de développement à l’heure de la généralisation de la couverture sociale.
Pour le Président de l’ANCP, M. Redouane Semlali, la refonte du système de santé est une priorité nationale, afin de permettre à tous les citoyens marocains d’accéder à une couverture médicale et de pouvoir bénéficier d’une offre de santé de qualité : « Il faudrait d’abord améliorer l’offre de soins et la rendre accessible à tous les citoyens et asseoir une meilleure gouvernance sur tous les plans, notant que ces 8èmes Assises, qui se tiennent en présence des professionnels de la santé, sont placées sous le signe de l’amélioration de la gouvernance ».
En ce qui concerne la gouvernance médicale, M. Semlali a tenu à préciser qu’il faudrait pouvoir disposer de ressources humaines médicales et paramédicales, ainsi que de ressources administratives et financières, ajoutant qu’il faut également se doter d’un management de qualité qui permet de disposer d’une offre de soins de qualité pour le citoyen : « Le respect de l’éthique et de la déontologie sont les garants de la bonne pratique de la médecine, loin de tout aspect commercial », a-t-il dit.
Pour sa part, la vice-présidente du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), Mme Nadia Ismaili, a fait relever que cette rencontre s’inscrit dans un contexte particulier marqué par le chantier de la réforme du système de santé avec sa dimension territoriale, ainsi que la création de nouveaux groupements sanitaires territoriaux.
Elle a, dans ce cadre, expliqué qu’il s’agit d’un contexte riche en enseignements post-covid, estimant que la collaboration privé/public avait donné de bons résultats, prouvant ainsi le potentiel important de cette coopération.
Le secteur privé, notamment les cliniques privées, joue un rôle très important qu’il faudrait mettre à profit pour une efficience du système de santé national, a-t-elle enchaîné, affirmant l’importance de la généralisation de l’AMO : « Les discussions d’aujourd’hui portent sur les systèmes de gouvernance et les modes à suivre pour améliorer cette gouvernance aussi bien pour les ressources humaines, financières et les process, afin d’offrir des soins de santé de meilleure qualité au sein des structures privées ».
Les participants ont en outre abordé la mutualisation des plateaux techniques et des ressources humaines entre les deux secteurs, a-t-elle dit, évoquant la loi cadre n°86-12 relative aux contrats de PPP, qui manque de décret d’application. Pour elle, ces assises sont donc une opportunité pour le PPP et les groupements sanitaires territoriaux, afin de travailler main dans la main pour augmenter l’offre de soins et améliorer leur qualité au service du bien-être des Marocains. Pour rappel, le marché mondial de la santé s’élève à 11,9 trillions $, soit 12 % de l’économie mondiale. Le secteur de la santé reste toutefois le premier employeur de l’économie mondiale. La dépense mondiale de la santé s’élève à 9,0 Trillions $ (OMS, 2022), soit 10,8 % du PIB mondiale.
Au Maroc et selon les CNS (2018), les CP/EA drainent 18.9% des dépenses courantes de santé (11.2 MMDH), contre 15.2% pour les hôpitaux publics (y compris les CHU). Ils représentent ainsi le deuxième plus important prestataire de soins au Maroc après les pharmaciens et les fournisseurs de biens médicaux qui drainent 23.4 % de cette dépense. Les paiements effectués par les organismes de l’AMO aux prestataires de soins dans le cadre du tiers payant, s’élèvent à près de 7,2 MMDH en 2018 contre 4,3 MMDh en 2013 soit une augmentation de 68,3%. Les CPBL ou BNL représentent 61.4 % des payements de l’AMO en tiers payant contre 8.4 % pour les hôpitaux publics (y compris les CHU).
Pour ce qui est du niveau de la demande de soins dans le secteur privé, les données n’existent pas. En référence uniquement aux données du secteur public et à celles de l’AMO, la demande de soins au Maroc reste très faible. La fréquentation médicale en ambulatoire, elle, est de 1.7 habitant et par an, contre 2,6 en Suède, 5,3 en Espagne et 5,9 en France (OCDE, les deux secteurs). Le taux d’admission en hospitalisation dans le secteur public est de 6,2% et chez les assurés AMO est de 5,1 %, contre 10,3% en Espagne, 13,7% en Suède et 18,3 % en France.
Concernant le niveau de l’offre nationale en cliniques privées et Etablissements Assimilés (2021), le Maroc comprend 613 CP & EA dont 389 Cliniques privées regroupant 13 603 lits; 224 établissements assimilés, 196 Centres d’hémodialyse; 31 centres d’oncologie dont certaines CP et 08 centres de radiologie…
H.Z