C’est un nouveau pas historique que le Maroc a franchi cette semaine vers la reconnaissance pleine et entière de la communauté internationale sur sa souveraineté territoriale et la marocanité du Sahara occidental. Après de très longs mois de relations diplomatiques gelées et de tensions entre le Maroc et son voisin espagnol, non seulement les couverts sont remis, mais l’Espagne revient sur sa neutralité historique sur la question du Sahara en appuyant et en reconnaissant l’initiative marocaine d’autonomie « comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ».
Les mots du Président du Gouvernement espagnol, S.E.M. Pedro Sánchez, dans sa lettre adressée au Souverain Mohammed VI, sont forts et éloquents à plus d’un titre. D’abord, c’est une victoire nette pour la diplomatie marocaine et de taille. En effet, la complexité de la résolution du problème du Sahara vient justement de la forte implication directe et indirecte des voisins du Maroc.
La relative neutralité de l’Espagne avait été mise à mal par l’épisode Brahim Ghali avec des conséquences directes sur la coopération économique, politique et sécuritaire entre les deux royaumes voisins, qui, faut-il le rappeler, sont des partenaires de premier plan dans de nombreux secteurs stratégiques pour les deux pays.
L’évolution des positions officielles de l’Espagne peut également être lue à travers des changements de paradigmes internes et externes. Les préoccupations du 20ème siècle ne sont plus d’actualité aujourd’hui. L’opinion publique espagnole appréhende le Maroc comme un voisin proche et ami, au contact notamment de la plus grande communauté étrangère en Espagne avec plus de 900 000 Marocains installés en terre ibérique.
De fait, la relation avec l’Algérie présente clairement une dimension stratégique pour l’Espagne, mais ne contient pas l’affect qui caractérise la proximité maroco-espagnole. Ensuite, le Maroc et l’Espagne sont liés également par la dense relation qu’entretient notre pays avec l’Union européenne, qui s’est d’ailleurs empressée, à travers son porte-parole, de saluer la nouvelle position espagnole, tant la coopération entre les deux pays est cruciale pour les aspects sécuritaires et migratoires qui préoccupent Bruxelles. De même, l’Espagne ne se serait pas engagée dans une nouvelle direction si le Maroc n’avait pas remporté d’autres victoires comme la reconnaissance par les États-Unis ou la normalisation des relations diplomatiques avec Israël. Ces nouvelles n’ont pas manqué de faire de l’écho à Madrid, encourageant certainement les autorités espagnoles à revoir leurs positions tant le momentum en faveur du Maroc semble prendre de l’ampleur à l’international.
Enfin, la récente abstention du Maroc à l’ONU à l’occasion du vote d’une résolution condamnant la guerre en Ukraine, a interpellé nombre de commentateurs et d’observateurs politiques. A l’aune de la « réconciliation » avec l’Espagne, le Maroc se dévoile en réalité comme un potentiel conciliateur international dans la crise ukrainienne. Sans présager de nos forces et de nos capacités, la retenue de la diplomatie marocaine d’une part et d’autre part la proximité avec les plus grandes chancelleries internationales, confère au Royaume une position médiane qui à la fois conforte sa souveraineté et lui donne une place prépondérante dans le concert des Nations. Toutes ces victoires, petites et grandes, sont autant de défaites pour le camp adverse dont les soutiens historiques se délitent au fur et à mesure, lorsqu’ils ne sont pas embourbés eux-mêmes dans leur actualité. Pourvu que ça dure !
Zouhair Yata