De temps en temps, il faut reconnaitre que c’est la méthode Coué qui est la plus adaptée à la conjoncture du moment. L’autosuggestion qui consiste à se dire que tout va pour le mieux est un exercice vertueux qui nous oblige à évaluer notre environnement de manière positive.
Mais, dans un contexte objectivement désastreux depuis quelques années, de pandémie en crise économique, en passant par une inflation désormais structurelle avec comme conséquence directe une crise sociale qui rend les ménages marocains exsangue, comment se réjouir de la situation actuelle ?
Avec une température moyenne avoisinant les 30° degrés dans cette région du Maroc à la mi-novembre, une sécheresse annuelle historique, et l’absence de pluies automnales, que peut-on espérer pour le monde rural marocain dont dépendent tant de nos concitoyens ?
Face aux discours de sourds entre le Gouvernement qui défend mordicus que le Social est au cœur de sa politique publique et l’opposition, PJD en tête, qui affirme le contraire et stimule par son discours populiste les instincts les plus négatifs de la population, qui croire ?
Alors que le Maroc se défend corps et âme à l’international pour conforter sa cause nationale et la marocanité légitime de son Sahara, que penser du rapprochement militaire de l’Iran et de l’Algérie ? Quel en sera l’impact sur la géopolitique, déjà très compliquée, de la région ?
La COP27 et le G20 qui réunissent des nations affaiblies économiquement, témoignent d’une inquiétude grandissante au sein de la communauté internationale face au changement climatique. Le Maroc peut-il lutter seul face à ses conséquences ? Les prévisions du PLF2023 sont-elles déjà caduques au regard de l’évolution de la situation internationale ?
Lorsque de plus en plus de corporatismes, avocats et notaires en tête, mobilisent leurs revendications face à l’État, comment ne pas s’inquiéter du climat social actuel ?
Enfin et surtout, quand chaque mois est un calvaire financier pour des millions de Marocains, dépassés par le coût de la vie, par les prix des hydrocarbures, croulant sous les dettes et ne parvenant pas à boucler leur budget, comment espérer de nos compatriotes qu’ils soient optimistes pour l’avenir ?
Comme souvent, on se raccrochera à ce qu’on peut avec la trêve footballistique qui démarre ce dimanche. Le Maroc tout entier sera derrière son équipe nationale, emmenée par un entraineur consensuellement adoubé, avec l’espoir de voir ce collectif relever les gros défis qui l’attendent. Le foot, opium du peuple, permettra à nos dirigeants de passer une bonne fin d’année en sursis, en attendant que la réalité nous rattrape lorsque le mirage qatari se sera dissipé, quels que soient les résultats des Lions.
Ce sera donc la méthode Regragui que nous suivrons pendant quelques temps à défaut de ladite Coué, comme l’arbre qui cache la forêt.
Zouhair Yata