Le recours au paiement en espèces reste prédominant dans de nombreuses régions du monde dont le Maroc. La généralisation du paiement électronique, à l’ensemble des transactions et des secteurs, singulièrement celui du commerce et de la distribution, constitue encore un véritable défi pour le Royaume.
Malgré la multitude d’avantages que représentent les canaux de paiement électroniques, ces derniers peinent à se généraliser dans le milieu des affaires.
Lors d’un webinaire organisé par la Fédération Tijara 2020 et Pornet, sous le thème « Dématérialisation des paiements dans le commerce et la distribution, enjeux et perspectives : Le Cashless », les participants ont soulevé les raisons de ce retard et sont revenus sur les réticences qui accompagnent la généralisation de ce mode de paiement.
Dans son mot d’ouverture, Mohamed Wajih Sbihi, président de la Fédération Tijara 2020, a déclaré que l’activité totale du paiement électronique s’élèvait à 148 milliards de dirhams au premiers semestre 2020. Ce montant comprend les opérations de retrait d’espèces sur les guichets automatiques, les opérations de paiement avec les commerçants et e-commerçants, etc.
M. Sbihi a également annoncé la mise en place d’une convention entre Tijara 2020 et le CMI, qui a pour axe stratégique d’accompagner le secteur dans le développement de la dématérialisation du paiement.
De son côté, Rachid Sarrakh, Directeur du Commerce et de la distribution, au Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique, a affirmé que la crise a contribué au changement des habitudes des consommateurs et une prise de conscience au niveau des acteurs du secteur du commerce.
Sur la stratégie du ministère pour la dématérialisation du paiement, M. Sarrakh a souligné que parmi les axes du plan de relance industrielle 2021/2023, se trouve la modernisation inclusive du secteur du commerce à travers la digitalisation.
« Le ministère travaille actuellement sur trois projets qui concernent la mise en place du Moroccan Retail Tech, un incubateur pour accompagner l’innovation dans le secteur; d’un pack TI pour la digitalisation du commerce de proximité en partenariat notamment avec Maroc PME ainsi que la généralisation du mobile paiement qui sera mené avec Banque Al Maghrib et les associations de commerçants », a affirmé M. Sarrakh.
Concernant les freins au développement du paiement électronique, M. Sarrakh a noté la réticence du commerçant de proximité par peur de la traçabilité de la fiscalité.
Il y a également le niveau faible d’équipement en termes de TPE de ces commerçants, mais aussi la méfiance du consommateur marocain qui n’a pas confiance dans le paiement en ligne. M. Sarrakh a affirmé notamment que secteur du commerce traditionnel constitue 85% du chiffre d’affaires du secteur du commerce, et que le ministère peine à introduire ces moyens de paiement auprès des commerçants traditionnels.
Pour sa part, Mikael Naciri, Directeur Général du CMI, a affirmé que le centre a enregistré au cours de l’exercice précédent, près de 37 MMDH de paiement qui se sont faits au niveau des commerçants équipés de terminaux de paiement (près de 50 000 commerçants équipés). Pour leur part, les réseaux de cash affiliés au CMI, ont collecté autour de 45 Milliards de DH en 2020.
En somme, en 2020, près de 150 milliards de dirhams ont été payés à travers des canaux électroniques processés par le CMI, a affirmé M. Naciri. Et de préciser que le CMI s’est impliqué, depuis trois ans, dans l’équipement des commerçants pour qu’ils puissent accepter les paiements wallets émis par les différents établissent de paiement.
A. Loudni