Un site d'extraction de pétrole à Cotulla, Texas, le 12 mars 2019 © AFP/Archives Loren ELLIOTT
Le brut américain a dévissé lundi dans les échanges asiatiques passant sous 15 dollars le baril, son plus bas niveau depuis plus de deux décennies, face à une chute vertigineuse de la demande et des réserves américaines qui pourraient parvenir bientôt à saturation.
Le baril américain West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mai dégringolait de 19,27% atteignant 14,45 dollars l’unité vers 07H00 GMT, soit son plus bas niveau depuis 1999.
De son côté, le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne, était moins affecté, il cédait 2,53%, à 27,37 dollars.
Les marchés du pétrole ont plongé ces dernières semaines à leur plus bas niveau depuis une vingtaine d’année, alors que les restrictions aux déplacements dans le monde entier et la paralysie de nombreuses économies à cause de la crise du coronavirus ont fait fondre la demande.
Côté offre, le marché a été inondé de pétrole à bas coût après que l’Arabie Saoudite, membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a lancé une guerre des prix avec la Russie pour obtenir un maximum de parts de marché.
Les deux pays ont mis un terme à leur différend au début du mois en acceptant, avec d’autres pays, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour pour stimuler les marchés touchés par le virus.
Mais les prix ont continué à baisser fortement quand il est devenu clair que les réductions promises ne suffiraient pas à compenser la chute massive de la demande provoquées par la pandémie.
Selon une note de la banque ANZ, « les prix du pétrole brut sont restés sous pression, car les prévisions de baisse de la demande pèsent sur le sentiment général ».
« Bien que l’Opep ait accepté une réduction sans précédent de la production, le marché est inondé de pétrole », a-t-elle ajouté.
Et « on craint toujours que les installations de stockage aux États-Unis ne soient à court de capacité », relève la banque, ce qui a eu un impact particulièrement important sur le prix du baril américain.
Michael McCarthy, responsable stratégie pour CMC Markets, note que la chute du WTI « traduit un excès » de stocks de brut au sein du terminal de Cushing (Oklahoma, sud).
L’indice de référence américain est maintenant « découplé » de celui de Brent, référence du pétrole européen, et « l’écart entre les deux a atteint son plus haut niveau en une décennie », a-t-il souligné dans une note.
Le contrat sur le baril de WTI pour livraison en mai va bientôt expirer, signifiant que ceux qui en détiennent doivent trouver des acheteurs physiques. Mais les stocks ont déjà énormément gonflé aux Etats-Unis ces dernières semaines et ils doivent brader leurs prix.
L’agence américaine de l’information sur l’énergie a indiqué que les stocks de brut de la plus grande économie mondiale avaient augmenté de 19,25 millions de barils la semaine dernière, ajoutant aux malheurs d’un marché mondial surapprovisionné.
Sukrit Vijayakar, analyste pour Trifecta Consultants, souligne que les raffineries américaines ne parviennent pas à transformer le pétrole brut assez vite, ce qui explique qu’il y ait moins d’acheteurs et des réserves qui se remplissent.
Il y a un afflux de livraisons du Moyen-Orient et personne pour les acheter « parce que les coûts de transport sont élevés », explique-t-il à l’AFP.
« Je pense que l’on va tester les niveaux les plus bas depuis 1998 autour de 11 dollars très bientôt », a ajouté Jeffrey Halley, analyste des marchés pour OANDA interrogé par l’AFP.
LNT avec Afp