La connectivité occupe une place prépondérante dans l’économie numérique. Elle est synonyme de création de valeur, d’emploi et représente un levier indéniable de croissance et de développement. Cependant, 800 millions de personnes en Afrique ne sont toujours pas connectées.
Pour pourvoir relever ce défi, il faut une forte implication des acteurs publics et privés pour mettre en place des stratégies ciblées, adopter des approches innovantes, tirer profit des innovations et avancées technologiques, etc.
Africa Digital Expo et Facebook ont organisé, mardi 11 août, une visioconférence sous le thème « Connectivité le challenge du millénaire », durant laquelle plusieurs questions ont été soulevées, à savoir : Quelle analyse faire des stratégies visant à connecter l’Afrique ? Quels sont les vrais obstacles ? Comment les surmonter ? Quelle solution pour les zones rurales et autres régions non-couvertes?
Intervenant à cette occasion, Ahmed Khaouja, expert marocain auprès de l’Union Internationale des télécommunications, s’est penché sur la connectivité en Afrique, les disparités entre les pays et régions ainsi que les grands projets qui sont en place.
Durant son allocution, M. Khaouja a rappelé que la journée internationale des télécommunications a été consacrée aux 17 objectifs de développement durable fixés pour 2030. « Ces objectifs ne peuvent être atteint sans une bonne connectivité parce que le numérique permettra de faire des raccourcis : lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, l’éducation… D’ailleurs, la Covid-19 a démontré qu’une bonne connectivité est importante pour le télétravail et l’enseignement à distance », a-t-il précisé.
Si la téléphonie mobile a bénéficié à 70% de la population africaine, la pénétration d’Internet sur le continent n’a pas suivi le même rythme.
Aujourd’hui, il existe 430 câbles sous-marins dans le monde, dont seulement une vingtaine en Afrique. Ces derniers s’’étirent sur des milliers de kilomètres au fin fond des océans, assurant environ 99% des liaisons intercontinentales, qu’il s’agisse d’Internet de téléphonie ou de données numériques.
Les coûts étant élevés, 40% des investissements dans les câbles sous-marins sont faits par les géants du net. Un enjeu technologique et géopolitique qui donne lieu à un affrontement entre les Gafam américains et BATX chinois.
Pour M. Khaouja, le développement de la fibre optique en Afrique est une bonne chose.
« Malheureusement, le taux de pénétration de l’internet fixe dans les maisons africaines est de 18% ce qui est très faible par rapport au reste du monde », affirme M. Khaouja, un chiffre à améliorer selon lui.
Pour illustrer ce faible taux de pénétration, l’expert marocain donne l’exemple du Portugal qui compte 3 millions de lignes FTTH (Fiber To The Home, Fibre jusqu’au domicile) contre moins de 500 000 abonnés à ces lignes dans toute l’Afrique.
En Afrique, les personnes les plus susceptibles d’avoir accès au numérique sont celles vivant dans des zones urbaines ou les villes côtières où des câbles sous-marins en fibres optiques sont disponibles.
Selon le cabinet de conseil McKinsey & Company, le PIB de l’Afrique pourrait atteindre 300 milliards de dollars si l’accès à Internet atteignait le même niveau de pénétration que le téléphone mobile.
« La connectivité est importante pour réussir la transformation digitale qui bouleverse aujourd’hui les modèles économiques établis », souligne M. Khaouja.
En effet, aucune activité économique ne semble pouvoir échapper à l’économie numérique et les mutations digitales représentent des occasions de création de valeur, de réinvention de l’offre des entreprises, d’amélioration des conditions d’existence, etc.
Cependant, le montant des investissements nécessaires pour garantir un accès à l’internet haut débit, d’ici 2030, pour l’ensemble du continent reste colossal.
Selon les travaux du « Broadband for All Working Group », pour que les africains puissent bénéficier d’un accès universel, abordable et de qualité, il faut compter 100 milliards de dollars.
Cet investissement permettra de connecter plus de 1,1 milliard d’individus supplémentaires. Mais ceci ne pourrait être possible que si toutes les parties prenantes collaborent ensembles avec des efforts inédits de la part des gouvernements, du secteur privé, des partenaires du développement et de la société civile affirme M. Khaouja.
A. Loudni
Maroc, un faible soutien de l’inclusion d’Internet
Selon l’indice d’Internet inclusif (Inclusive internet index) établi par l’Economist Intelligence Unit (EIU), en début d’année, pour le compte de Facebook, le Maroc arrive en troisième position au niveau africain et à la 62e au niveau mondial sur 100 pays analysés, représentant 91% de la population mondiale.
Cette étude est basée sur quatre critères : disponibilité, accessibilité, pertinence (en termes de recherches et de résultats), et disposition opérationnelle. Il en ressort que le Maroc est l’un des pays les plus faibles de l’indice à soutenir l’inclusion d’Internet, à l’échelle mondiale ainsi que dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. « Cela est en partie le résultat d’une stratégie nationale de développement du haut débit dépassée et du développement limité de stratégies d’e-inclusion», expliquent les experts de l’EIU.