La jouirnaliste Lyra McKee, en mai 2017 à Belfast © JESS LOWE PHOTOGRAPHY/AFP/Archives Jess LOWE
Le groupe républicain dissident la Nouvelle IRA a admis mardi sa responsabilité dans la mort par balle à Londonderry de la journaliste Lyra McKee, qui a ravivé le spectre du retour des violences civiles dans la province britannique d’Irlande du Nord.
Dans une déclaration au quotidien The Irish News, la Nouvelle IRA présente « ses sincères et entières excuses à la partenaire, à la famille et aux amis de Lyra McKee pour sa mort ».
Cette jeune femme de 29 ans a été « tragiquement » tuée jeudi soir alors qu’elle se « tenait à côté des forces ennemies », a justifié le groupe en évoquant des forces de l’ordre « lourdement armées » qui auraient « provoqué les émeutes » précédant la mort de la journaliste.
La police nord-irlandaise (PSNI) a affirmé que Lyra McKee avait été tuée par un homme ayant ouvert le feu contre des policiers qui affrontaient des émeutes dans le quartier catholique de Creggan.
La semaine dernière, la formation d’extrême gauche Saoradh, qui se présente comme le Parti républicain révolutionnaire nord-irlandais, avait déjà qualifié le décès de Lyra McKee de « tragique » et adressé sa « compassion » à ses proches.
Mais elle avait également jugé « inévitable la résistance de la jeunesse de Creggan » contre la police.
Selon elle, les forces de l’ordre auraient effectué un raid dans des logements pour « attaquer les Républicains avant les commémorations » du week-end de Pâques, au cours duquel les Républicains célèbrent le soulèvement survenu à travers Dublin en 1916, qui avait abouti à la proclamation d’une République d’Irlande, le lundi de Pâques.
La police a annoncé mardi l’arrestation d’une femme de 57 ans dans l’enquête sur la mort de la journaliste. Les deux hommes de 18 et 19 ans arrêtés samedi ont, eux, été relâchés depuis, sans poursuite.
– « Troubles » –
La mort de la journaliste rappelle les heures sombres des « Troubles » qui ont déchiré la province britannique d’Irlande du Nord pendant trois décennies.
Ces violences opposant républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique, avaient fait quelque 3.500 morts avant de prendre fin grâce à l’accord du Vendredi saint de 1998. Cet accord avait imposé un retrait des forces britanniques et le désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA).
Mais des républicains dissidents, luttant pour la réunification de l’Irlande y compris par la violence, restent actifs, comme la Nouvelle IRA, créée entre 2011 et 2012.
Ce groupe avait revendiqué l’explosion en janvier d’une voiture piégée à Londonderry. Un attentat auquel a succédé la découverte de plusieurs paquets contenant des petits engins explosifs, retrouvés notamment dans des bâtiments des aéroports de Londres City et Heathrow, des actes également revendiqués par la Nouvelle IRA.
Après la mort de Lyra McKee, la police nord-irlandaise a affirmé avoir constaté un « changement radical » à Creggan, jusqu’ici réputé pour ses relations tendues avec les forces de l’ordre.
Et sur l’emblématique mur du « Free Derry Corner », symbole des revendications séparatistes, a été inscrit le message « Pas en notre nom. R.I.P. Lyra », reflétant la colère des habitants et le rejet de cette forme de violence.
Les six principaux partis politiques d’Irlande du Nord – y compris les unionistes et les républicains incapables depuis plus de deux ans de se mettre d’accord pour former un gouvernement à Belfast – ont également publié une rare déclaration commune.
« Le meurtre de Lyra, ont-ils écrit, constitue une attaque contre tous les membres de cette communauté, une attaque contre la paix et le processus démocratique ».
Les funérailles de la jeune femme doivent avoir lieu mercredi, à la cathédrale Sainte-Anne de Belfast, d’après une publication Facebook de la compagne de Lyra Mckee, Sara Canning.
« Cela va être une célébration de sa vie », a-t-elle écrit, avant d’appeler les invités qui le souhaitent à se vêtir de T-shirts en lien avec la saga littéraire Harry Potter ou les personnages de Marvel. « Je sais qu’elle aurait adoré ça », a-t-elle affirmé.
LNT avec Afp