
A la veille du mois de Ramadan, que l’on souhaite porteur de spiritualité et de bonne santé pour tous nos concitoyens musulmans, on assiste à une forme de dynamisme dans la gestion des dossiers en cours. En effet, l’arrivée du mois sacré, suivi par les deux Aid d’El Fitr puis d’El Adha, auxquels se greffe la longue période estivale, est un indicateur important du double visage de l’activité économique que connait notre pays. Il n’est donc pas étonnant de constater un phénomène d’accélération de l’activité et de la prise de décision à la veille d’une potentielle longue période d’hivernage estival, énième paradoxe de notre pays.
Ainsi, un certain nombre de dossiers se voient débloqués ou traités avec plus de diligence, ce qui a le mérite de donner une certaine visibilité sur le reste de l’année 2023. Et, alors que pendant de longs mois, les pouvoirs publics pointaient du doigt les causes externes des difficultés économiques subies localement, le discours semble avoir évolué vers un volontarisme proactif qui devrait porter plus de fruits parce que centré sur une nouvelle approche de captation et d’attraction d’investissements et de projets tournés vers l’avenir, faisant fi de la réticence au changement des acteurs et opérateurs traditionnels. Le diagnostic est donc dépassé, place à la mise en œuvre d’un « nouveau » Maroc, qui se veut porteur de projets durables, inclusifs, souverains et innovants.
Dans l’agriculture d’abord, secteur toujours dominant du PIB marocain, qui subit de plein fouet la succession des crises, de la Covid-19 à celle des exportations et de l’inflation ; avec les conséquences que l’on connait sur le pouvoir d’achat des ménages marocains et sachant que la plus prégnante est celle de l’eau, et son corollaire la sécheresse, qui est désormais systémique ; la tenue prochaine du très attendu SIAM à Meknès, après 4 années d’absence depuis 2019, s’articulera autour de la thématique « Génération Green : pour une souveraineté alimentaire durable ».
Pour le tourisme, ce sont plus de 6,1 MMDH qui ont été débloqués pour le secteur avec l’implication de 5 ministères pour la réussite de la feuille de route. Dans ce cas précis, si les projections pour ce secteur ont toujours été ambitieuses, force est de constater que cette fois, le Maroc met le focus sur tous ses atouts, de l’écotourisme au tourisme de masse balnéaire en passant par le développement des city-breaks, afin de mettre toutes les chances de son côté pour augmenter l’attractivité du pays.
La fameuse nouvelle Charte de l’Investissement, dont les décideurs peuvent être fiers de la rapidité de déploiement, de sa conception à la publication de ses décrets d’application au bulletin officiel, englobe toute cette nouvelle stratégie mise en œuvre pour le Maroc. En favorisant, comme jamais auparavant, le soutien de projets d’investissements qui cochent des cases « bénéfiques » pour le développement du pays, du désenclavement des territoires au sourcing local en passant par une approche genrée de l’emploi en faveur des Femmes ou encore le développement durable, l’État va jouer un rôle d’accélérateur des investissements là où jusqu’à présent il était le principal acteur.
Ainsi, les secteurs phares de l’économie comme l’agriculture, le tourisme ou l’industrie vont voir l’éclosion et le développement de nouveaux acteurs, « incentivés » à investir dans des projets porteurs d’avenir et de montée en gamme. L’aquaculture, l’industrie de la culture et des loisirs, la transformation des déchets ou les énergies renouvelables, le dessalement ou encore le numérique, qui englobe tout ce qu’on appelle communément le digital, seront la nouvelle vitrine d’un Maroc qui semble avoir tiré profondément et rapidement les enseignements de la Pandémie qui a révélé la nécessité de construire des économies durables, attentives à leur souveraineté, tout en garantissant la protection des populations, en particulier les plus démunis. L’État investisseur fait désormais place à un État social construit autour de l’AMO et du Revenu Social Unifié et qui transmets le relais à un secteur privé fortement encouragé et aidé à prendre la relève. En espérant que cette nouvelle dynamique soit annonciatrice de l’arrivée du beau temps malgré l’absence de pluie.
Zouhair Yata